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Accueil du site > Tribune Libre > Hezbollah : inexcusable indulgence française

Hezbollah : inexcusable indulgence française

La condamnation politique et médiatique du discours du président iranien Ahmadinejad fait ressortir, par contraste, la formidable indulgence (voire la sympathie), médiatique mais surtout politique, dont bénéficie en France le petit frère de l’Iran des Gardiens de la Révolution : le Hezbollah.

À la conférence de Téhéran, où Ahmadinejad a déclaré vouloir "rayer Israël de la carte", le chef du Hezbollah a fait lire un message dont personne n’a bien voulu parler. Hassan Nasrallah y disait : "Nous réunirons tous les moyens pour anéantir le régime qui occupe Qods." (source : AFP) Le Hezbollah, comme l’Iran, vise en effet la destruction de l’État d’Israël, comme le disent, par exemple, la BBC et le Parlement australien, et comme le message cité par l’AFP le rappelle.

Il faut en effet rappeler que le Hezbollah est une émanation de la Révolution iranienne, c’est même son produit d’exportation le plus "réussi" jusqu’à présent. Ce sont des Gardiens de la Révolution, les Pasdarans, qui sont à l’origine de la création du Hezbollah, au Sud-Liban en 1982, dans la foulée de l’invasion israélienne. Depuis, l’Iran finance, entraîne, arme son petit frère.

Pourtant, la diplomatie française est aussi molle face au Hezbollah qu’elle est ferme face à la Syrie ou (dans une certaine mesure) aux déclarations du président iranien. C’est ce qu’indique, par exemple, sa réaction au dépôt, la semaine dernière, du rapport de Terje Roed-Larsen, chargé du suivi et de l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu, pourtant présentée par la France avec les États-Unis. Roed-Larsen n’a pu que constater que le Hezbollah n’avait pas entamé de processus de désarmement. Le porte-parole du Quai d’Orsay résumait ainsi la position française sur la question :

Il y a la résolution 1559, qui prévoit le désarmement de toutes les milices libanaises et non libanaises. Il y a le souhait que l’État libanais puisse asseoir son autorité sur l’ensemble du pays. En même temps, il y a la réalité politique du Hezbollah, dont on sait qu’il a des élus au Parlement, et dont on souhaite encourager l’évolution.
On voit donc que la France, qui n’a jamais eu beaucoup d’enthousiasme pour cet article de la résolution 1559 relatif aux milices, n’est pas très pressée, parle d’un "souhait" face à une "réalité". Pas de quoi, pour le Hezbollah, se sentir sous la pression de la communauté internationale (où la volonté française est décisive sur les questions relatives à la Syrie et au Liban, comme on le voit en ce moment pour la Syrie justement). Or cette pression de la communauté internationale est nécessaire puisque, justement, le Hezbollah est puissamment armé et peut facilement intimider les autres groupes.

Autre signe de l’indulgence française : la distinction que continue de faire le Quai d’Orsay entre les activités militaires d’une part, et politiques et sociales de l’autre, de l’organisation chiite pro-iranienne, distinction destinée à souligner la "complexité" de la question, et l’impossibilité de qualifier le mouvement dans son ensemble de "terroriste" (et de le classer ainsi sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne). Cette distinction a été mise en pièces à plusieurs reprises, et tout dernièrement encore, par le rapport annuel 2004 des services de sécurité intérieure et de renseignements des Pays-Bas. Page 19 de ce rapport, ce constat simple, limpide :

"Investigations have shown that Hezbollah’s terrorist wing, the Hezbollah External Security Organisation, has been directly and indirectly involved in terrorist acts. It can also be concluded that Hezbollah’s political and terrorist wings are controlled by one co-ordinating council. This means that there is indeed a link between these parts of the organisation. The Netherlands has changed its policy and no longer makes a distinction between the political and terrorist Hezbollah branches. The Netherlands informed the relevant EU bodies of its findings."
On pourrait ajouter que non seulement il y a un lien entre les différentes parties de l’organisation, mais qu’elles sont toutes orientées au service des activités terroristes. Les activités sociales (allègrement financées par l’Iran) permettent au Hezbollah de s’acheter la fidélité de centaines de milliers de chiites pauvres, ce qui lui procure une base destinée à garantir la pérennité de ses activités militaires et lui permet d’imposer au Liban ses buts de guerre (la destruction d’Israël), imposés par Téhéran et approuvés par Damas. On en a la preuve en ce moment même où le gouvernement libanais est tenu par la résolution 1559 de désarmer le Hezbollah, alors qu’il a deux de ses membres qui appartiennent au groupe terroriste !

Cette indulgence française est d’autant plus incompréhensible et inacceptable que le Hezbollah a déjà commis des attentats terroristes contre des Français, notamment l’attentat du Drakkar à Beyrouth, en 1983, qui a coûté la vie, par un attentat suicide, à 58 militaires français, membres de la force multinationale de maintien de la paix.

Mais à quoi bon cette indulgence ? Il y a bien sûr la sympathie que cette organisation suscite en France dans certains milieux (et dont le récent article de Mouna Naïm du Monde est une illustration sur laquelle je ne souhaite pas ici m’attarder). Mais il s’agit aussi pour la diplomatie française, engagée dans une tentative délicate consistant à faire sortir la Syrie du Liban tout en limitant, autant que faire se peut, les gains géopolitiques que les États-Unis pourraient tirer de cet affaiblissement syrien, de ménager une organisation qui nuit puissamment aux intérêts américains dans la région.

Le cynique calcul français a bien été perçu par le Hezbollah lui-même, qui s’emploie lui aussi à ménager la France, lui manifestant donc une indulgence en retour. Vendredi dernier, lors de l’annuelle « journée d’al-Qods » (instituée par Khomeiny pour dénoncer « les crimes sionistes », et que le Hezbollah promeut au Liban), Nasrallah a justement prononcé un discours très intéressant de ce point de vue.

Il a haussé le ton dans sa défense de la Syrie, et a lancé des salves contre l’Onu et ses rapports Mehlis et Roed-Larsen, ainsi que contre les États-Unis et Israël qui "instrumentalisent", "manipulent", "profitent", etc. La France, pourtant très en pointe contre la Syrie, et sans qui rien ne pourrait se faire à l’Onu sur ces sujets, n’a tout simplement pas été citée par Nasrallah !

On peut donc se poser la question : y a-t-il un pacte de non-agression entre le Hezbollah et la France, dans lequel chacun aurait fait le choix de ménager l’autre ? Voici qui fait en tout cas les affaires d’un Hezbollah qui avait déjà exprimé des avances publiques à la France au printemps dernier avec la fameuse lettre de Nasrallah à "un ami français" et qui ne rêve que de casser l’actuelle alliance franco-américaine (encore solide) au Levant.

Tout oppose la France et le Hezbollah  : le Hezbollah est une organisation intégriste qui déteste l’Occident, qui a du sang français sur les mains, dont la France a dû interdire la télévision (Al-Manar) d’émettre sur son territoire pour cause d’antisémitisme, qui défend les intérêts syriens au Liban contre la France, qui soutient les groupes palestiniens les plus extrémistes contre Mahmoud Abbas que pourtant la France veut renforcer. Le Hezbollah est né de la même idéologie que celle qui a fait tenir ses propos "révoltants" au président iranien. Pourtant, la France ménage le Hezbollah. Il est temps que cela cesse.


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11 réactions à cet article    


  • Fred (---.---.163.124) 2 novembre 2005 11:16

    Il ya bien longtemps que la France nous casse les couilles avec sa politique pro Arabe.....


    • Courouve (---.---.97.22) 2 novembre 2005 12:09

      La politique pro-Arabe de la France est devenue une nécessité compte-tenu du nombre d’immigrés en provenance de pays Arabes que nous avons sur notre territoire.


      • frencheagle (---.---.24.2) 2 novembre 2005 13:41

        on voit bien que l auteur semble ne pas connaitre la realité de ce qu il se passe a l heure actuelle

        la france est coparrain de la 1559 donc qui prevoit le desarmement de cette milice mais il faut egalement prendre en compte qu on ne peut pas la desarmer par la force que ce soit par le gouvernement libanais (ce pays ne peut pas se payer le luxe d une nouvelle guerre civile vu le caractere assez heterogene des differentes communautés religieuses), d ou des risques de guerre civile et qu on ne peut pas avoir des elements etrangers pour la desarmer le desarmement du hezbollah doit se faire pacifiquement et par les libanais eux meme et l action de la france s inscrit dans ce processus pacifique de soutien au gouvernement libanais.

        je pense meme que le hezbollah vu ce qui arrive a son allié syrien va devoir se desolidarisé et de l iran et de la syrie et donc la tache serait plus aisée

        il serait beaucoup interessant de lire en fait les demandes de cette association qui milite pour un liban laique dont je met ici le lien


        • samir (---.---.43.154) 3 novembre 2005 15:03

          samir de l’algerie l’auteur de cette article est totalement loin des réalités dans le moyen orient. le hezbollah est né pour chasser l’occupant israelien du territoire libanais comme toute resistance ligitime comme la resistance francaise pendant la deuxieme guerre mondiale et la resistance du peuple algerien pour se liberer du colonialisme. concernant les resolution de l’onu ;israel l’avait pietiné pendant de longues annees mais personne n’a bougé pour persuader israel de se mettre a la ligitimite internationle.mais les imperialistes se levent toujours pour adopter des resolutions injustes envers les pays arabes et musulmans.


          • (---.---.170.165) 15 décembre 2005 07:08

            Bah voyons...utiliser le terme de resistance avec le groupe terroriste Hezbollah est une insulte a tous les resistants qui ont sacrifie leur vie pour une juste cause. Les membres du Hezbollah font le salut nazi regulierement, ils ne vivent que par haine des juifs, fanatisme et satanisme. Ca fait 5 ans que Israel n’est plus present au Liban. Et un Liban souverain devrait se debarasser de ces intrus qui occupent le sud de leur pays, des intrus armes, dangereux. Le Hezbollah est d’ailleurs considere au departement d’etat americain comme le groupe terroriste le plus dangereux.


          • JCDUS (---.---.155.248) 15 décembre 2005 17:15

            Le hezbollah est groupe libanais qui a libéré le sud du Liban des occupants israeliens donc ce sont des résistants libanais comme les résistants français pendant la guerre mondiale et je rappelle certains il reste encore une partie occupée par Israel. Ce n’est pas parce que les Etats-Unis ont dit que le Hezbollah Libanais est un groupe terroriste que c’est vrai mais de quel droit ils peuvent dire telle ou telle chose ? Il y a 2 ans ils disaient que l’Irak a des armes de destructions massives, ... on a vu la vérité le monde entier a vu la vérité. Des tortures,des prisons dans le monde, du terrorisme américain internationl et légal alors ouvrons bien les yeux et regardons bien qui est qui, arrêtons de les suivre comme des moutons


            • Sylvio (---.---.119.6) 15 décembre 2005 18:25

              Lire la définition de wikipédia là dessus.

              Il est considéré comme un mouvement de résistance par une partie des pays arabes et tenu pour une organisation terroriste par certains gouvernements, dont (entres autres) les États-Unis[1], la Grande-Bretagne[2] et Israël. L’Union européenne inclut l’officier supérieur des services de renseignements du Hezbollah Imad Fa’iz Mughniyah (alias MUGHNIYAH, Imad Fayiz) sur sa liste de terroristes [3]. Cette classification est contraignante mais ne concerne pas la branche civile du parti et sa branche armée située à l’interieur du Liban. Sur le mouvement considéré dans son ensemble, l’Union européenne a jusqu’ici jugé que le Hezbollah ne s’inscrivait pas parmi les mouvements terroristes, malgré plusieurs demandes américaines.

              De toute évidence les américains essayent de faire passé ce mouvement comme une organisation térroriste, ce qui n’a rien d’étonnant puisque ce groupe a été fondé pour résister à l’invasion israélienne. Il n’est donc forcément pas bien ami avec les israéliens. Les états unis sont le meilleur allié d’Israel - recherche à stigmatisé de nombreux mouvement arabe ou musulman pour accréditer leur guerre au térrorisme - et classe toutes les organisations (et pays) étrangères en bien ou mal / ami ou ennemi... Donc rien d’étonnant à ce qu’ils considèrent ce mouvement comme térroriste.

              L’influence et les préssions américains des USA sur l’Europe conduisent donc l’Europe à déplacer cette organisation du clan de résistant au clan de térroriste.


              • Roger (---.---.231.162) 15 décembre 2005 20:51

                Vous dites, cher ami : « Les états unis sont le meilleur allié d’Israel - recherche à stigmatisé de nombreux mouvement arabe ou musulman pour accréditer leur guerre au térrorisme - et classe toutes les organisations (et pays) étrangères en bien ou mal / ami ou ennemi... » Très bien : alors dites-moi comment les Américains voient les Frèeres Musulmans égyptiens ? Amis ou ennemis ? Ou y aurait-il plus de nuance dans leur position ?...


              • (---.---.202.213) 31 décembre 2005 12:06

                on voit d ou tu viens et il est normal que tu demandes aussi des etrangers d israel de retourner chez eux...comme les syriens partent du liban....mais ca on sait de quel camp tu es...


                • gaiaol (---.---.215.93) 7 février 2006 23:39

                  Hezbollah resistant ou Hezbollah terroristen’a aucune valeur valable sauf celle de jouer avec les ombres. Ils ne font ni la pluie ni le beau temps. Les véritables détenteurs du pouvoir au Moyen Orient sont Israel et les Américains. S’ils décident de faire la paix, ils la signent en quelques heures.

                  Pour le moyen Orient il y a deux choix. Uniquement deux.

                  La paix. Us Army se retire du Moyen Orient et Israel devient un pays neutre.Ce choix implique de se reconnaître comme un état de la région au même titre que le Liban ou la Jordanie, de marquer clairement qu’on entend entretenir avec son environnement des relations de bon voisinage et de respect mutuel, non de domination dans le cadre d’une alliance avec des états extérieurs à la région et surtout pas avec l’ennemi déclaré du Proche Orient, les Etats-Unis flanqués de l’Angleterre.Evidemment, rien n’est possible tant que le problème Palestinien n’est pas réglé, au minimum sur la base de la 242. Jamais rien ien n’est gagné d’avance, mais il me semble que l’apaisement peut venir à plus ou moins court terme.

                  La guerre. C’est celui qui prétend reconnaître à Israël des droits particuliers, y compris celui de se comporter comme le gendarme de la région et d’intervenir dans le règlement de l’inévitable remodelage régional. Et de persister dans la voie du pourrissement de la situation en Palestine.

                  Je souhaite ardemment que les différents pays de la région, s’attachent chacun a améliorer leur sort individuel et collectif, a participer a l’essor économique, culturel et scientifique mondial, paisiblement et qu’au lieu des avions bombardiers et des chars de combats, des armes nucléaires et dautres, issrael apporte surtout la paix

                  Mais cette politique n’est possible que si Israël s’accepte loyalement comme un état décidé à mener une vie paisible dans la région, ce qui est totalement incompatible malheureusement avec le maintien d’une posture agressive qui ne semble pas près d’être abandonnée.


                  • Malkut (---.---.130.228) 26 février 2006 19:28

                    Oui, à sa création, le Hezbollah était un groupe radical, près a tout...Il faut dire aussi que le groupe a émergé de la guerre, il aurait difficilement pu prôner l’amour charitable. Mais le Hezbollah a changé, il c’est inspiré de son rival Amal pour devenir un parti politique pragmatique et gérant de nombreux services sociaux, que l’état était incapable de mettre en place. Le Hezbollah ne cherche à imposer ni la charia, ni la république islamique, mais au contraire, prône, toujours comme Amal, le dialogue intercommunautaire, et l’unité nationale. Grâce à sa politique sociale, et au prestige acquis par sa victoire sur israël, le Hezbollah s’est implanté durablement dans les cœurs au sud Liban, lui assurant une grande victoire électorale aux élections municipales. Dénoncer le Hezbollah comme organisation terroriste est une double imposture : C’est d’abord nier le droit des peuples à résister face à une invasion étrangère. C’est ensuite ignorer son évolution comme force politique. Tout cela relève d’une seule attitude, celle du mépris profond pour les libanais. Le drame du Liban, c’est avant tout la convoitise des étrangers, qui ici se permettent de juger en lieu et place des libanais.

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