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Accueil du site > Tribune Libre > Défendons les conquis sociaux !

Défendons les conquis sociaux !

La bataille pour le progrès social passe aussi par les mots. La spoliation des conquêtes sociales s'opère dans les faits, mais également dans les discours.

Les acquis sociaux attaqués

Le terme « acquis » est porteur d'une ambiguïté : on voudrait y entendre du définitif, mais il désigne aussi le contingent. L'acquis c'est l'obtenu, ce qui n'était pas présent dès le début, ce qui est advenu. Donc ce qui peut se perdre.

A moins de croire que ce qui est acquis l'est une fois pour toute, la bataille pour l'amélioration de l'existence doit sans cesse être menée, dans ses dimensions défensives et offensives. Et c'est cette dimension combative que le sens de l'expression « acquis social » rend mal.

Par-delà cette carence sémantique, c'est toute une connotation négative que le spectacle politico-médiatique contribue à associer à l'emploi de l'expression. Si le syndicaliste sait parfaitement à quoi il fait référence lorsqu'il manifeste « pour la défense des acquis » (car il sait ce que signifie pousser l'âge du départ en retraite, par exemple), le téléspectateur et le journaliste qui l'aide à « décrypter l'info » sont davantage enclins à voir là des ringards, des emmerdeurs, et des privilégiés. Un imaginaire mis en sketch par Les Inconnus :

Dans la rhétorique patronale, on mettra l'accent sur l'« archaïsme » de ces « citadelles imprenables du corporatisme », « boulets de l'économie française » (la « compétitivité » ainsi que le « coût du travail » ne sont jamais loin), etc. L'acquis social, c'est ce dont il faut se débarrasser pour que tout aille mieux, selon un raisonnement posant que le préalable à l'amélioration de son sort socio-économique est le renoncement à toute protection socio-économique.

Denis KesslerLes annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme...
A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !
(…)
Cette « architecture » singulière a tenu tant bien que mal pendant plus d’un demi-siècle. Elle a même été renforcée en 1981, à contresens de l’histoire, par le programme commun. Pourtant, elle est à l’évidence complètement dépassée, inefficace, datée. Elle ne permet plus à notre pays de s’adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales. Elle se traduit par un décrochage de notre nation par rapport à pratiquement tous ses partenaires.
Le problème de notre pays est qu’il sanctifie ses institutions, qu’il leur donne une vocation éternelle, qu’il les « tabouise » en quelque sorte. Si bien que lorsqu’elles existent, quiconque essaie de les réformer apparaît comme animé d’une intention diabolique. Et nombreux sont ceux qui s’érigent en gardien des temples sacrés, qui en tirent leur légitimité et leur position économique, sociale et politique. Et ceux qui s’attaquent à ces institutions d’après guerre apparaissent sacrilèges.1

En effet, pour ceux qui se targuent de « ne s'interdire d'évoquer aucun tabou », les arguments sont toujours les mêmes : les acquis sociaux constituent des obstacles au dynamisme économique.

La technique est connue : on commencera par concéder (éventuellement) que ce fut une avancée, puis on affirmera que l'ennui, c'est que l'on ne peut pas se permettre de maintenir de tels dispositifs dans le contexte contemporain (mondialisation, compétitivité, chinois, etc.). L'horizon de cette « modernisation », c'est le capitalisme du XIXe siècle.

Ces acquis sont les produits de luttes

Présentés dans les médias exclusivement sous l'angle de ce que l'on défend (traduire : ce sur quoi on s'arc-boute, tel celui qui défend sa calèche contre le chemin de fer), on finit par oublier que leur origine est le fruit d'une lutte.

Parler de conquêtes sociales permet de rappeler que les avancées sociales sont rarement un cadeau de la part des possédants ou du pouvoir : il faut les arracher par le syndicalisme, la grève, la résistance, le recours à l'inspection du travail, la justice prud’homale ou pénale2. Ces propriétaires ne lâchent jamais rien sans avoir peur (pour leurs affaires, leurs pouvoirs, leurs biens personnels, leurs vies). Telle est la véritable origine de la Nuit du 4 août, telle est l'explication de la « générosité » de la Droite après la guerre :

Serge HalimiTout n'est pas possible pour la droite ; le grand corps de la classe ouvrière bouge encore. Au cours des années 1971-1975, la France enregistre, en moyenne, quatre millions de journées de grève par an (contre 500 000 en 1992). On observe une mobilisation sociale – puis une démobilisation – du même ordre en Italie, en Allemagne de l'Ouest, au Royaume-Uni, en Belgique. Un peu comme Juin 36 avait été promptement suivi d'une loi sur les congés payés (deux semaines) qui n'eût jamais été votée sans le mouvement de grève, Mai 68 débouche assez vite sur la quatrième semaine de congés payés (1969), la création du Smic et la mensualisation (1970). Puis, en 1974, ce sera l'indemnisation du chômage pendant un an à 90 % du salaire brut. La droite est alors au pouvoir. Le coût salarial augmente, mais c'est le prix à payer pour éviter une explosion sociale.3

Dans la vulgate de Droite, un tel progrès social n'était à la rigueur possible que parce que la production de richesses était grande : la condition d'une redistribution plus juste, c'est de renouer avec la croissance (argument que l'on retrouve au Parti socialiste actuel4). Mais ce n'est pas pour cela que les puissants lâchaient du lest ; la véritable raison, c'est qu'ils avaient la trouille :

Serge HalimiC'est que l'existence d'une « économie mixte » dans nombre de pays occidentaux au lendemain de la guerre ne s'expliquait pas uniquement par les souvenirs de la faillite du capitalisme déréglementé dans les années 30. La puissance du mouvement ouvrier (la CGT compte cinq millions de membres à la Libération, encore plus de deux millions dans les années 70, et les syndicats britanniques infiniment davantage), l'éclosion de nouveaux « États socialistes », tantôt dans le sillage de l'armée Rouge (Europe de l'est), tantôt dans celui d'authentiques révolutions nationales (Chine, Vietnam, Cuba), exerçaient une pression sociale et politique obligeant bien des classes dirigeantes occidentales à se montrer prudentes.5

Quand les pressions internes (perte d'influence des syndicats et des partis communistes, conversion des partis sociaux-démocrates au marché) et externes (effondrement du bloc socialiste, pays émergents s'engageant dans la mondialisation) vinrent à manquer, les classes dominantes purent se décomplexer.

Et si on les appelait des « conquis sociaux » ?

En conservant l'expression « acquis sociaux », on peut laisser à penser que ce que les puissants ont un jour donné dans leur grande mansuétude, ils peuvent légitimement le reprendre à tout instant, puisque ces réformes sociales ne furent que de généreuses concessions. Ce qu'ils ont fait à un moment, ils sont fondés à le défaire. Il faut insister sur le fait qu'on les a contraints à faire ces concessions.

Ne serait-il donc pas plus adéquat de recourir à la notion de conquête6, en insistant par là sur le procédé d'obtention (la lutte, le conflit), tout en gardant à l'esprit le caractère précaire de ses résultats (ce qui est conquis peut être repris, comme l'on reprend une ville pendant une guerre) ?

Un discours progressiste sur l'histoire sociale se devrait donc : 1) de toujours réaffirmer le caractère juste des « acquis sociaux » face à toute manœuvre de dénigrement sémantique, 2) de dépasser les ambiguïtés de l'expression en lui substituant celle de « conquis sociaux ».

-

1 Denis Kessler, « Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! », article paru dans Challenges, 4 octobre 2007. On consultera l'article Wikipédia consacré à cet influent idéologue du Capital pour se renseigner sur cet homme brillant et affairé.

2 Beaucoup aiment à oublier ces différentes formes que peut prendre le conflit pour réduire ce dernier à la seule violence.

3 Serge Halimi, Le grand bond en arrière (2004), pp. 60-61

4 Le credo de la gauche sociale-libérale est d'évacuer toute conflictualité. A nos oreilles bourdonnent encore ces discours de campagne lénifiants où Ségolène Royal en appelait mielleusement à la réconciliation entre les salariés et les entreprises, et l'on entend chaque jour nos dirigeants socialistes en appeler à une modernisation du dialogue social - sans jamais dire comment il peut y avoir négociation équilibrée entre des rapports de force inégaux. Patrons et salariés doivent lutter main dans la main pour reconquérir ce point de croissance qui nous fait défaut.

5 Serge Halimi, Le grand bond en arrière (2004), pp. 20-21

6 Une recherche Google (le seul outil permettant de trancher scientifiquement les débats de sciences sociales - comme chacun sait) établit l'asymétrie des popularités des deux expressions : « acquis sociaux » : 422 000 résultats ; « conquis sociaux » : 1 100 résultats.

 


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17 réactions à cet article    


  • TicTac TicTac 31 janvier 2013 11:16

    Il est intéressant de lire la défense des acquis sociaux (et surtout les acquis sociaux catégoriels) sous l’angle de l’égalité prônée par les défenseurs du mariage pour tous...

    Je revendique les acquis sociaux pour tous !

    • paul 31 janvier 2013 12:50

      La sémantique, le détournement du sens des mots, pour dévaloriser, rabaisser, ringardiser :c’est tous les jours, de façon insidieuse que l’on peut le constater .
      « Exilé fiscal » c’est presque noble comme attitude ( voyez Victor Hugo ) au lieu de : fuyard fiscal .
      « État providence » : terme utilisé en 1864 par un député, dans un sens péjoratif par opposition aux solidarités traditionnelles et à la justice sociale : les libéraux l’assimilent au collectivisme, à l’assistanat, comme si solidarité signifiait don, aumône , les bonnes œuvres .. ect ...
      Détournement du sens des mots au profit de valeurs plus marchandes, compétitivité, profits ...


      • paul 31 janvier 2013 13:24

        Précision, l’exemple de Victor Hugo n’illustre que le terme d’exilé et plus généralement les exilés politiques .


        • lulupipistrelle 31 janvier 2013 14:04

          C’est ça oui, défendez une société de droits différents, une société de privilèges, et un système qui ressemble de plus en plus avec ses services publics obligatoires - les banalités sont de retour, au système féodal...

          Trop tard : ce système obsolescent ne tient pas l’épreuve de la réalité.

          • Louna 31 janvier 2013 16:10

            Excellente analyse, merci !


            •  C BARRATIER C BARRATIER 31 janvier 2013 19:13

              D’accord….

              Le citoyen qui se défend est  minoritaire. Les syndicats ne représentent qu’eux-mêmes, il y a relativement peu de syndiqués en France. Les politiques promettent de rouler pour le citoyen mais une fois élus ils roulent pour eux-mêmes…Vont-ils voter un recul de leurs acquis généralement en abus de pouvoir ?

              Voir en table alphabétique des news :

              « Elus aux contribuables : Votre argent nous intéresse personnellement » 
              http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=223


              • Richard Schneider Richard Schneider 31 janvier 2013 19:23

                à l’auteur,

                Excellente analyse à laquelle tout citoyen de « gauche » ne peut qu’adhérer !
                Malheureusement, la situation étant ce qu’elle est, on ne voit pas comment les classes populaires pourraient s’unir et défendre les « conquis sociaux » - belle expression qui exprime bien que JAMAIS, dans toute l’Histoire, les possédants ont donné des avantages à ceux que le système leur permettait d’exploiter.
                Comme c’est bien montré dans votre texte, le système ultra-libéral est triomphant. Depuis 89, la roue de l’Histoire a tourné : les partis communistes ont éclaté, les partis socialistes ont préféré composé avec la « main invisible du marché », les syndicats soit ils sont débordés, soit ils « jouent le jeu » ... Et les pays émergeants ont adopté la doxa capitaliste.
                Entendu ce matin à la télé un syndicaliste de Marseille lors de la manifestation :
                « le gouvernement (de gauche) préfère se battre pour imposer des lois sociétales, dont se moquent les 5 à 6 millions de chômeurs et de pauvres ».
                L’ultra-libéralisme sociétale rejoint l’ultra-libéralisme économique ...

                • Parachrématistique Parachrématistique 31 janvier 2013 20:15

                  @ Richard Schneider

                  Merci de votre lecture.

                  *** "Malheureusement, la situation étant ce qu’elle est, on ne voit pas comment les classes populaires pourraient s’unir et défendre les « conquis sociaux »« ***

                  La »situation" dont vous parlez se caractérise essentiellement par un fatalisme, à mon avis, c’est-à-dire la croyance que l’on vit dans un contexte économique qui rend impossible la conservation des améliorations acquises. Ce fatalisme lamine la contestation sociale.

                  La conséquence est que soit l’on défend ces conquis sociaux (au mieux), soit on y renonce (au pire). On cède dans ce second cas au fatalisme ambiant (crise, mondialisation, dette, blablabla) en se disant qu’en effet, il faut vite liquider ces avantages indus (comme en ballon on jette du lest pour remonter).

                  L’article souligne la dimension de lutte, de conflit, de combativité qu’il faut associer à ces conquis sociaux.
                  Il s’agirait donc de promouvoir une attitude offensive plutôt que simplement défensive. Et un bon mot d’ordre fédérateur pourrait être le suivant : étendre toutes les conquêtes sociales à l’ensemble de la population, et non seulement à ceux qui les ont obtenus. Exiger leur universalisation plutôt que simplement défendre son bout de gras. Les régimes spéciaux de retraite devenant le régime général, par exemple.

                  Ne rougissons pas de demander la Lune, il nous la faut.


                • Parachrématistique Parachrématistique 31 janvier 2013 20:32

                  @ Richard Schneider

                  *** « L’ultra-libéralisme sociétal rejoint l’ultra-libéralisme économique » ***

                  C’est la thèse de Jean-Claude Michéa (L’Empire du moindre mal) : si le libéralisme politique s’interdit de poser des valeurs communes permettant de faire société (d’assurer le lien social, comme on dit), alors on doit s’en remettre aux mécanismes aveugles du marché censés coordonner les actions individuelles égoïstes pour assurer la satisfaction de l’intérêt général .
                  La neutralité axiologique du libéralisme politique a pour corolaire nécessaire le libéralisme économique. Mettez un doigt dans John Locke (si je puis dire...), vous aboutissez à Adam Smith, selon un engrenage fatal.

                  C’est aussi très précisément une thèse de Serge Halimi (Le grand bond en arrière) : l’abandon des classes populaires par le PS français ou le parti démocrate américain s’explique (entre autres facteurs) par une focalisation sur les questions sociétales, et une acceptation des thèses libérales sur les questions sociales et économiques.

                  Vous parliez d’agir ; pourquoi ne pas envoyer ces deux ouvrages au 10, rue de Solférino ? Ils vont adorer.


                • alinea Alinea 31 janvier 2013 20:30

                  Il nous faudrait inscrire dans la Constitution que les acquis sociaux sont indéboulonnables.. ; Si on les considère comme un progrès, nous sommes en totale régression ; parce que se battre toujours pour les mêmes choses, dans des conditions de plus en plus difficiles, c’est désespérant ! Quant aux discours de Sarko sur les acquis ( conquis) des dockers ou des chemineaux par exemple, il est tout simplement dégoûtant ; et tout le monde a marché comme si le coeur du problème était justement une jalousie à l’égard de ceux qui se sont fortement mobilisés ! Plus ça va, plus les problèmes deviennent inextricables et plus le pouvoir marche sur du velours. C’est tout bonnement ahurissant...


                  • Richard Schneider Richard Schneider 31 janvier 2013 20:40

                    Réponse à votre commentaire,

                    J’admire votre optimisme ... 
                    Je ne peux être qu’en accord avec vous quand vous écrivez « étendre toutes les conquêtes sociales à l’ensemble de la population ». Malheureusement, il semble bien que ce n’est pas l’opinion de ladite population. Les plus défavorisés préfèrent attaquer haineusement ceux qui sont un peu plus favorisés qu’eux. Exemple : le travailleur pauvre en voudra essentiellement à celui qui gagne un tout petit peu plus que lui ! Et on pourrait remonter l’échelle.
                    La fameuse « prise de conscience », chère aux marxistes, cela fait bien longtemps qu’elle s’est diluée dans la société hédoniste actuelle.
                    Croyez bien que j’ai apprécié « la dimension de lutte, de conflit » qui se dégage de votre article. Je crains fort qu’avec la mondialisation, l’européïsme etc ..., les gens n’aient perdu le sens profond des « conquis sociaux » arrachés par une lutte acharnée et opiniâtre de nos ancêtres.
                    Bonne soirée,
                    RS

                    • Parachrématistique Parachrématistique 31 janvier 2013 21:12

                      @ Alinea et Richard Schneider

                      Mon optimisme relève en fait de la méthode Coué...

                      La stratégie qui consiste à lever les individus les uns contre les autres, c’est en effet dégueulasse, mais diablement efficace.
                      Il est regrettable de voir que beaucoup emploient toute leur énergie à chercher à nuire aux conditions d’existence des autres plutôt que d’exiger d’avoir les mêmes droits/avantages/statuts.


                      • lulupipistrelle 31 janvier 2013 23:40

                        d’exiger d’avoir les mêmes droits/avantages/statuts..... ça vous vient pas à l’idée qu’ils feraient gerber ? 


                        Les conditions de ceusse que vous avez l’air de défendre, certains s’en foutent... Ils veulent juste décrocher du système.. Ils ne veulent ni de votre sécu, ni de l’assedic, ni de la retraite, ils veulent choisir leur temps de travail, et faire ce qu’ils veulent de leur argent... 

                      • lulupipistrelle 31 janvier 2013 23:50

                        Mais ça a l’air de vous faire peur... pourquoi ? vous craignez qu’ils s’en sortent mieux ? ou vous ne voulez pas lâcher les poules aux oeufs d’or ? 


                      • alinea Alinea 3 février 2013 01:07

                        La petite bande, lulu, vous fait appartenir à une élite ; de tous temps les élites se sont foutues du sort de leurs congénères ! Vous ne faîtes pas peur mais plutôt... pitié !


                      • joshuadu34 joshuadu34 1er février 2013 06:37

                        Bel article, et belle analyse sémantique...

                        Reste une simple question a se poser sur le fond, celle concernant la non possibilité actuelle du maintien des acquis (ou conquêtes, je vous laisse libre du choix...), et si bien portée par Stéphane Hessel :

                        Quelles richesses la France possédait-elle, au sortir de la guerre, qu’elle ne possède plus, et qui lui permettait d’obtenir, justement, les véritables avancées sociales conquises par le C.N.R. ? Les entreprises, et l’état, ont-ils donc tellement perdu d’argent qu’ils sont plus mal en point qu’après une guerre ayant décimé la population, détruit des villes, vidé le budget de l’Etat, laissé une France à l’agonie ? Les entreprises ont-elles vu le rapport coût du travail/productivité se dégrader à tel point ? Leur chiffre d’affaire a t’il connu un tel écroulement que l’effet en est comparable au bombardement d’usines, laissées pour ruines ?

                        Je n’en ai pas le sentiment, bien loin de là ! Jamais l’économie, malgré ses crises structurelles, ne s’est si bien portée, jamais la productivité n’a été si forte dans une France qui entretient sans arrêt sa position quasi dominante sur le ratio productivité/salaire, jamais les entreprises françaises n’ont engrangé de tels bénéfices, et même malgré la crise de 2008 !

                        Reste juste une constatation simple : ne peut-on plus entretenir notre système de solidarité ou nos dirigeants et les patrons n’ont-ils pour but que de rogner sur le social, le laissant aux bonnes oeuvres de dames patronesses du XIXième siècle, uniquement pour pouvoir maintenir la croissance à 2 chiffres qu’ils se sont imposé depuis plus de 20 ans ?

                        Pour ceux qui douteraient, face à ces questions, allez donc chercher les chiffres d’affaire d’Arcelor, de Peugeot et de bien d’autres, loin d’être négligeables... De même, pour Renault, souvenez vous que Renault, Nissan et Dacia ont les mêmes actionnaires, et voyez comme les chiffres des trois réunis permettent à ceux qui les dirigent de s’engraisser...


                        • Parachrématistique Parachrématistique 1er février 2013 16:16

                          @ joshuadu34

                          Merci.

                          En effet, le seul moyen de combattre le fatalisme est de lui opposer la croyance (fondée sur une contre expertise économique) que l’on peut faire autrement.
                          C’est ce que rappelle Hessel, en ajoutant un argument a fortiori : on a bâti l’État social au moment où la France était économiquement au plus mal, donc on voit pas pourquoi on ne maintiendrait pas ce système social en l’état, a fortiori dans la période présente, où la France n’a jamais disposé d’autant de richesses.

                          La véritable question n’est pas de savoir comment sauver ce qui est encore sauvable, mais comment poursuivre l’oeuvre de nos anciens, et étendre toujours plus la générosité de la société avec ses membres.

                          Quelques exemples de « contre expertises » :

                          - l’important rapport d’Attac et de la Fondation Copernic sur la compétitivité (un contre rapport Gallois) : En finir avec la compétitivité.

                          - un article de Laurent Mauduis sur Médiapart (normalement réservé aux abonnés), intitulé Ces dix années de cadeaux fiscaux qui ont ruiné la France, dans lequel sont croisés trois rapports officiels sur la fiscalité, qui mettent en évidence l’ampleur du tarissement organisé des ressources de l’État.

                          - les travaux passionnants de Bernard Friot et du Réseau Salariat. Au-delà de la critique, s’y fait jour une proposition de société, s’appuyant sur une extension progressive de la part socialisée du salaire.

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