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Accueil du site > Tribune Libre > Crise du semi-conducteur

Crise du semi-conducteur

 

À l'heure où l'on nous promet un avenir vert et technologique. Les événements récents ont permis de mettre en exergue certaines failles de l'industrie électronique. D'autres tendent même à interroger la soutenabilité d'une telle production.

 

D'avance, je souhaite m'excuser auprès de mes amis non-techniciens pour la courte introduction quelque peu abrupte qui va suivre. Mais il paraît essentiel d'exposer certains faits techniques afin de pouvoir bien appréhender la suite.

Ils sont partout, dans nos téléphones, nos ordinateurs, mais aussi dans les frigos, micro-ondes et aspirateurs. Il y en a des centaines dans les voitures et on en trouve même dans certaines ampoules. Certains l'auront deviné, je parle ici de cartes électroniques, mais plus particulièrement de semi-conducteurs, ou circuits intégrés. Ceux-ci sont des puces, des composants électroniques, plus ou moins complexes ayant des applications diverses.
Certains sont spécialisés dans la gestion de batteries, d'autres stockent des données binaires, d'autres gèrent le wifi, l'usb et même les processeurs tombent dans cette catégorie. Malgré leur diversité, ces composants ont un dénominateur commun, ce sont en réalité des cartes électroniques que l'on a miniaturisées dans des puces de quelques mm carré dans un souci d'économie d'espace.
Ces "cartes" que l'on trouve à l’intérieur des semi-conducteurs sont appelées wafer. Un wafer est trivialement une plaque de silicium dont on grave ses composants à l'aide d'UV.
Si un semi-conducteur est très complexe, qu'il nécessite beaucoup de composants mais que l'on souhaite conserver un encombrement limité, il va nous falloir jouer sur la taille des composants du wafer. Nous appelons ça la finesse de gravure, et au-delà de la contrainte d'espace, la miniaturisation des composants permet d'augmenter la vitesse de fonctionnement et de diminuer la consommation électrique.
Aujourd'hui, nous savons graver à 5 nanomètre (pour rappel, un brin d'adn = 2 nm, le virus du covid = de 20 à 200 nm ). Vous l'imaginez très certainement, graver à de telle dimension requiert des machines, des investissements et des process qui dépassent l'entendement. Par exemple, il n'existe qu'une seule société capable de produire les machines qui font de telles gravures, il s'agit des néerlandais ASML. Et seulement deux sociétés ont acquis leurs machines qui permettent la gravure à 5nm ( TSMC et Samsung ). 5nm reprèsente la pointe de la technologie. Il y a évidemment des process plus anciens mais toujours utilisés, allant de 7nm à plusieurs centaines de nanomètres pour des technologies vieilles de plus de 20 ans.

Maintenant que les bases techniques ont été posées, nous pouvons nous intéresser au vif du sujet, à savoir, comment arrivons nous à ce que l'on qualifie de crise du semi-conducteur ?

Il paraît pertinent d'aborder la crise dans un ordre chronologique, à commencer par le contexte pré-covid de cette industrie atypique.
Comme je l'ai laissé entendre en introduction, nous assistons à une surenchère du techno-capitalisme, ajoutant intelligence et complexité à chaque bien de consommation qui pourrait s'y prêter. Prenons l'exemple des écouteurs devenus sans fil. Là où un simple câble suffisait, il nous faut maintenant : un récepteur Bluetooth, un convertisseur numérique-analogique, un amplificateur, une batterie et enfin une puce qui gère la batterie. Sachant que cette circuiterie est nécessaire pour chaque écouteur. Les exemples de sur-technologies font foison. Il paraît salutaire de questionner la pertinence de ces initiatives. Particulièrement si il s'agit là de l'avenir vert et technologique que l'on nous promet, nous voyons l'aspect technologique, mais pas vraiment le côté vert..

Tous ces biens de consommation ordinaire maintenant truffés de technologies rendent donc les fabricants de ces biens dépendant aux "fabricants" de semi-conducteurs ( les guillemets sont importants ).
Pour citer les plus connus, nous trouvons Qualcomm, STMicroelectronics, Renesas, NXP, Texas Instrument et bien d'autres.
Étant donné la lourdeur des investissements nécessaires à l'établissement d'un "fab" ou "foundry" (les usines qui grave les wafers). La plupart des fabricants de semi-conducteurs sont en fait des concepteurs qui lèguent la production à des sociétés spécialisées. Les laissant eux même dépendant aux graveurs de wafers ou fondeurs.

Parmi ces fondeurs, il y en a un immanquable, le Taïwanais TSMC, un mastodonte de l'industrie qui représente 50% du marché du semi-conducteur, suivi de loin par Samsung (20%) et d'autres rendus quasiment négligeables du fait de l'hégémonie Taïwanaise. Nous noterons toutefois l’existence de SMIC, le graveur chinois, qui à défaut d'être le plus en pointe ou prolifique va revêtir une importance géopolitique non négligeable dans la description des événements à suivre. Ces événements feront de TSMC et SMIC, le centre de tensions géopolitiques sur fond de guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. La guerre économique sino-américaine a rompu un accord tacite, qui était : des technologies, contre de la main-d’œuvre corvéable et peu chère.

Trump et l'intelligence américaine, craignant de perdre l'hégémonie technologique, se crispant sur la 5G, se lancent dans une guerre commerciale contre la Chine. Le grand public entendra principalement parler de Huawei, avec, entre autres l'interdiction pour ces derniers d'utiliser les services Google. Ce conflit atteint un niveau rocambolesque lorsque la directrice finnancier - mais aussi soeur du dirigeant - de huaweï est arrêtée au Canada à la demande des Etats-Unis. Ce qui entraînera en représailles l'arrestation de 2 ressortissants Canadiens en Chine. Derrière ces frasques se prend une décision qui va largement remettre en question le " technologies contre main d’œuvre". La mise sur liste noire de SMIC et l'utilisation de l'extra territorialité pour tenter d'empêcher les entreprises chinoises de commercer avec TSMC. Les entreprises occidentales sont donc largement incitées à abandonner SMIC au profit de TSMC, intensifiant ainsi la dominance de TSMC. Une autre manière de considérer ce dernier constat serait de dire qu'à cause de cette décision, encore plus de sociétés sont maintenant dépendantes de TSMC et du bon fonctionnement de ses usines.

C'est à peu près dans le même temps que le covid devient une crise mondiale.
Les usines automobile à l’arrêt pour des questions sanitaires, et, les logiques de flux tendus les rendant incapables de gérer du stock. Les constructeurs auto ( grands consommateurs de semi-conducteurs ) décommandent en panique les semi-conducteurs à produire. Couplé à une demande exceptionnelle en biens informatiques du fait du télétravail, les lignes de production sont redirigées pour absorber la demande.
Les constructeurs auto ayant failli à prédire la courte reprise de l'été 2020, se trouvent contraints à laisser leurs usines fermées, faute de semi-conducteur. La réorganisation d'une ligne de production de semi-conducteurs pouvant prendre plusieurs mois. Les constructeurs auto auront loupé le coche de cette première accalmie. Un exemple traumatisant pour les industries électroniques.
Ce traumatisme explique les comportements que l'on observe depuis début 2021. Déterminés à ne pas connaître le même sort que les constructeurs auto, nous assistons à une vague de "panic buying". Un comportement que l'on pourrait comparer à l'engouement que l'on a connu pour le papier toilette lors du premier confinement. Chacun cherche à faire du stock pour rattraper le ralentissement et se prévenir d'une future pénurie. Ils créent justement la pénurie par ce type de comportement.
Et nous assistons à une situation sans précédent, là où un composant coûtait 2€ pièce et disponible en très grande quantité ( des dizaines voire centaines de milliers ), aujourd'hui il faut débourser 60€ pièce pour une disponibilité réduite à quelques centaines voire milliers d'unités. La situation est rendue encore plus apocalyptique de par les délais d'usines annoncés, là où autrefois ces délais étaient de 8 semaines pour les best-sellers, nous tablons plutôt aujourd'hui sur du 52 semaines ou plus (1 an). Les rares stocks étant préemptés par les multinationales ou autres grandes entreprises, nombre de sociétés plus modestes se trouvent en famine, une famine annoncée pour durer longtemps (certains parlent de 2023). La situation est telle que certains redessinent leurs systèmes pour y mettre des puces ayant une meilleure disponibilité. D'autres ne rechignent pas à accepter des contrefaçons fonctionnelles.

Et malgré une relative accalmie de la crise du Covid, nous connaissons toujours des perturbations de la chaîne de production. En cause, des évènements tout aussi incontrôlables qu'une pandémie mondiale. Début 2021, une violente tempête de neige met à mal le réseau électrique Texan. La production de semi-conducteurs étant énergivore, Samsung est contraint de mettre à l’arrêt son usine texane pour une semaine. Cela pourrait paraître relativement anodin ; cependant, cette coupure dans la production signifie des pertes colossales. Les semi-conducteurs sont produits par lots de plusieurs dizaines de milliers au cours de process durant 2 à 3 mois, et, une coupure électrique, même si prévue et contrôlée, signifie la mort des lots en cours de production. Car la production nécessite un environnement strictement contrôlé ( température, poussières, humidité ..), choses que l'on ne peut assurer sans électricité.
De l’autre côté du globe, à Taïwan, là où siège TSMC, un autre désastre écologique plane sur la production. Cette fois-ci diamétralement opposée à la situation Texane, une grave pénurie d'eau frappe le pays.

Pour une production de 40.000 wafer par mois, il est nécessaire de consommer quotidiennement l'équivalent de la consommation annuelle d'une ville de 60.000 habitants

Cette dernière citation suffit à résumer l'ampleur de la crise ; Taïwan connaît pour la deuxième année consécutive une saison des typhons.. sans typhon. Et alors que le niveau des nappes phréatiques atteint un niveau critique, le gouvernement rationne ses populations et promet de ne pas perturber la production de semi-conducteurs. TSMC fait venir de l'eau en camion depuis le sud du pays pour assurer la production. Les pressions internationales sont telles qu'il était difficile pour les gouvernants de privilégier la population sur la production électronique. Car au-delà des biens de consommation grand public, l’armement moderne est aussi rendu dépendant de ces puces. Mais nous admettrons que la crispation est d'abord d'ordre économique.
Enfin, vérifiant la loi de Murphy, un incendie frappe une usine de renesas au Japon ( un gros producteur de semi-conducteur à destination de l'industrie automobile). Un incendie tout à fait accidentel s'est déclaré à cause d'une surcharge dans le réseau électrique.
Et nous atteignons le nœud du problème, cette industrie est trop peu résiliente, trop gourmande en ressource. Il est raisonnable de craindre pour la soutenabilité de cette industrie si l'on voit le changement climatique s'aggraver. Aussi la hausse soutenue de la demande en semi-conducteurs, et la raréfaction des acteurs capables d'en produire suffisent à interroger la santé de cette industrie.
Comprenant l'aspect vital de cette industrie pour leur économies ; les dirigeants occidentaux annoncent chacun la création de fab sur leur territoire afin de sécuriser l’approvisionnement en semi-conducteurs.
D'une part les américains investissent 52 Mds$, l'Union européenne se montre ambitieuse en allouant 160Mds$ dans la production de semi-conducteurs. Français et Allemands semblent se mettre d'accord pour financer une usine Intel en Allemagne. Encore une fois les français loupent le coche avec STMicroelectronic, le champion français du semi-conducteur. Malgré son retard sur les dernières technologies, cette usine aurait pu être l'occasion de combler le retard.

Avant tout, nous devons interroger la pertinence de ces relocalisations. Nous baignons déjà dans un monde hyper-connecté, augmenter la production dans de telles proportions nous pousse à nous demander ce que nous allons faire de toutes ces nouvelles puces ? Que nous apportent-elles vraiment ? Les confinements ont su rappeler aux citadins l’intérêt et les bienfaits de la campagne. Cette crise est aussi l'occasion d'interroger notre mode de consommation et notre rapport aux technologies. Cette crise semble démontrer la fragilité de cette industrie, et, par extension, du techno-capitalisme. Enfin, il paraît assez illusoire d'espérer un avenir vert et hyper-technologique tellement les deux sont incompatibles. Particulièrement au vue des probables catastrophes qui pourrait nous attendre.

 

sources

Taïwan sécheresse :

https://technoguide.fr/2021/03/18/tsmc-signe-un-accord-pour-plus-de-100-camions-citernes-alors-que-la-secheresse-a-taiwan-devrait-saggraver/

https://www.reuters.com/article/us-taiwan-drought-semiconductors-idUSKBN2AO0G3

-https://www.reuters.com/world/asia-pacific/taiwan-lifts-toughest-water-curbs-rain-eases-drought-2021-06-06/

tempête au texas :

https://www.eetimes.com/chipmakers-halt-production-in-texas-after-power-outages/

https://eu.statesman.com/story/business/2021/03/12/nxp-could-lose-100-million-due-weather-shutdown-austin-plants/4664621001/

https://www.bloomberg.com/news/articles/2021-02-17/texas-power-failure-shuts-chip-factories-squeezes-tight-supply

chaîne en tension :

https://www.businessinsider.fr/us/chip-shortage-car-companies-automakers-61-billion-loss-2021-1

https://edition.cnn.com/2021/01/11/tech/ford-plant-shutdown-computer-chip-shortage/index.html

https://www.gamesradar.com/ps5-and-xbox-series-x-shortage-explained-why-its-so-hard-to-find-a-console/

guerre économique sino-americaine :

https://www.reuters.com/article/taiwan-tech-idUSKCN26F0JS

https://techwireasia.com/2020/09/the-us-could-ban-chinas-biggest-chipmaker-next/

https://www.reuters.com/article/us-china-canada-trial-idUSKBN2B400Q

consommation d'eau fabrication wafers :

https://www.sustainalytics.com/esg-blog/world-water-day-water-use-semiconductor-industry/

https://www.chinawaterrisk.org/resources/analysis-reviews/8-things-you-should-know-about-water-and-semiconductors/

https://spectrum.ieee.org/podcast/semiconductors/design/semicondutor-manufacturing-plants-can-use-as-much-water-as-a-small-city

partage du marché des wafers :

https://www.counterpointresearch.com/mega-wave-capex-cycle-logic-semiconductor-industry/

ASML :

https://www.forbes.com/sites/linleygwennap/2020/10/12/apple-moores-law-is-running-out/?sh=71ef60e6529a

d'autres articles :

https://www.eetimes.com/coronavirus-tests-techs-supply-chain-resilience/

https://www.eetimes.com/electronics-supply-chains-splitting-between-china-and-u-s/

https://www.eetimes.com/supply-chain-poised-for-coronavirus-disruption/

https://www.eetimes.com/lessons-learned-covid-19-impact-on-the-dod-supply-chain/

https://www.bloomberg.com/graphics/2021-semiconductors-chips-shortage/

https://www.cnbc.com/2021/03/16/2-charts-show-how-much-the-world-depends-on-taiwan-for-semiconductors.html


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21 réactions à cet article    


  • xana 13 juillet 2021 18:27

    Vivement que la Chine annexe réellement Taiwan...


    • babelouest babelouest 13 juillet 2021 18:57

      @xana officiellement Taiwan fait toujours partie de la Chine, c’est un peu comme si la Corse faisait sécession (on remarquera qu’elle ne s’y risque pas). Ce sont les anglo-saxons qui ont décidé de ne reconnaître que Taiwan, comme ils l’ont fait aussi pour cette aberration qu’est le Kosovo....
      .
      Particularité : les Taiwanais devraient alors réapprendre leur langue, parce qu’ils en sont toujours au vieux langage mandarin, extrêmement compliqué, alors que la Chine continentale a simplifié grandement sa langue.


    • V_Parlier V_Parlier 13 juillet 2021 21:15

      @xana
      Et vivement que les traitres qui nous gouvernent depuis 35 ans (voire plus) se fassent à leur tour remplacer par des chinois. Eux aussi ils sont payés trop cher dans une économie ouverte. (Ce n’est pas sur la Chine elle même que je tape ici. Les pays agissent normalement selon leurs propres intérêts. Et les pigeons n’ont qu’à s’en prendre qu’à eux mêmes).


    • V_Parlier V_Parlier 13 juillet 2021 21:12

      Je connais bien la situation décrite bien factuellement dans l’article (travaillant dans ce domaine). Mais pour ce qui est de la relocalisation, nos politiques nous jouent un spectacle de grand guignol après 35 ans de délocalisations massives et indiscutables, allant de la production au développement même. C’est bien trop tard, on a perdu le savoir faire (et sans protectionnnisme ce ne sera que du dumping à fonds perdus pour quelques pistonnés). Les plans dits « de sauvagarde de l’emploi » se succèdent dans les filiales françaises des multinationales, au point que maintenant la pénurie de semi-conducteurs m’en touche une sans faire bouger l’autre. Je dirais même que c’est bien mérité : Ils se casseront la gueule avec nous, la fameuse « high cost manpower » si « has-been » à virer par plans successifs. Que tout se casse donc la gueule. D’ailleurs c’est probablement ce que prévoient les globalistes, recourant à la covidofolie pour trouver un prétexte au désastre.


      • JC_Lavau JC_Lavau 13 juillet 2021 21:46

        Il est faux qu’un « réchauffement climatique » entraîne moins de pluies. Juste le contraire.

        Quoi que serine la propagande aux nuls.


        • Antoine Querat 14 juillet 2021 10:27

          @JC_Lavau
          Je crois qu’il est hasardeux de prétendre que le réchauffement climatique provoque l’un ou l’autre. Il me semble que le consensus est de dire que les événements météorologiques extrêmes vont se multiplier.
          Et l’on constate justement que l’industrie du semi-conducteur est peu résilientes a ces événements, qu’ils soient froid et humide ou chaud et sec.


        • mmbbb 14 juillet 2021 11:16

          @JC_Lavau la preuve Taiwan qui est dans une zone humide n a pas de flotte , nous le mois de juillet semble être la mousson ! 


        • JC_Lavau JC_Lavau 14 juillet 2021 13:31

          @Antoine Querat. Le con-sang-suce, cela s’achète, avec aussi nombre de menaces à la clé contre les rares incorruptibles.

          Ces ruses pour compromettre des milliers de scientifiques naïfs

          ...

          Maître Panisse t’a vendu le Pitalugue, et tu admires ta perspicacité...

          ...


        • mmbbb 14 juillet 2021 13:44

          @JC_Lavau Je croyais que c etait les pluies acides ! 


        • Popov Popov 14 juillet 2021 12:26

          Super article merci beaucoup ! Je comprends mieux la pénurie des semi-conducteurs. Il y avait aussi une inondation dans la seule des (2 ?) usines qui produisaient de la mémoire SSD (clés USB) en 2017 ? et on avait eu une pénurie de ce coté la. Qui dit résilience dit réparation, miniaturisation (je dirais même nano-miniaturisation) non seulement des processeurs mais de toutes les cartes électroniques impliquent l’obsolescence et la consommation. il faudrait si c’est possible pouvoir re-grossir et changer les composants qui tombent le plus facilement... c’est plus facile de réparer une machine des années 80 que des années 2020 pour la même fonctionnalité, il est ou le progrès ? très bien vu les écouteurs c’est emblématique de ce problème. On ne répare plus : on change et on jette, il faut changer de paradigme.


          • Antoine Querat 14 juillet 2021 15:36

            @Popov
            Merci !

            Je ne suis pas trop informé de la pénurie de 2017, en revanche, en 2011 aussi, le tsunami qui avait causé la catastrophe de Fukushima avait largement impacté la production de mémoire NAND et DRAM ( respectivement la mémoire flash/SSD et la RAM ). sachant que le Japon représente une part très importante de ces productions, respectivement 35 et 13 % de la production mondiale de l’époque.
            https://www.computerworld.com/article/2506919/memory-chip-prices-surge-in-aftermath-of-japan-s-quake.html

            en plus de ça, une inondation frappait aussi en 2011 la Thaïlande, impactant la production de disque dur
            -> https://www.theguardian.com/technology/2011/oct/25/thailand-floods-hard-drive-shortage
            Encore un autres point à prendre en compte : le piratage en 2018 d’une usine TSMC
            -> https://www.reuters.com/article/taiwan-tsmc-virus-idINKBN1KR0B9
            et d’après les expert en sécurité TeamT5, ces attaques ce multiplie

            Taiwanese cyber security firm TeamT5 has observed a steady increase in attacks on the island’s chip industry corresponding to the tightening of U.S. export controls on China

            ->https://teamt5.org/en/posts/stormmedia-bloomberg-the-world-is-dangerously-dependent-on-taiwan-for-semiconductors/

            Nous nous sommes relevé de tout ça, et il y a de bonne chance pour qu’on se relève de cette nouvelle crise, mais, combien de temps cela durera t il ?

            le second point que vous soulevez pourrait être le sujet de mon prochain article, à savoir l’électronique low-tech. C’est en apparence un oxymore, mais il faut, à mon sens commencé à réfléchir à des alternatives d’électroniques, durables, réparables, évolutives, et surtout sobres. Revenir à des choses surtout fonctionnelles et en finir avec les fioritures.
            Connaissant l’industrie, il y a peu de chance pour que le paradigme change de ce coté la.
            Car c’est la seul solutions pour les capitaliste de faire selon eux du vert et de la croissance.


          • Popov Popov 14 juillet 2021 22:30

            @Antoine Querat
            oui vous avez raison pénurie mondiale de disque dur, c’était en 2011 due aux inondations en Thaïlande (40% de la production de disque dur ! et non pas SSD non pas 2017 désolé)


          • Mellipheme Mellipheme 14 juillet 2021 12:49

            Excellent article, bien documenté.

            Juste un point concernant les velléités de « relocalisation » en Europe. STMicroelectronics n’est pas volontaire pour devenir un TSMC européen soutenu par de l’argent public. La stratégie de STM est de développer leurs propres produits, pas de fondre pour autrui.

            Être fondeur/graveur pour des concepteurs américains fait peut-être du sens pour un taïwanais ou un chinois (avec les difficultés que vous signalez), mais n’a aucun avenir pour un européen.


            • Antoine Querat 14 juillet 2021 14:54

              @Mellipheme
              Merci, la rédaction de cet article fut un exercice tout à fait plaisant.
              Le point que vous soulevez est tout à fait pertinent.
              Effectivement, à ma connaissance ST ne semble pas en prendre la direction d’un fondeur, à vrai dire le point ici était plus de mettre en lumière le manque de protectionnisme européen.
              Mais comme vous le rappelez très justement, les contraintes économiques de la zone rendent ce type industrie difficilement viable en Europe.


            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 juillet 2021 13:36

              En ce moment il y a une pub pour un barbeuc connecté...Tain ...


              • Antoine Querat 14 juillet 2021 15:42

                @Aita Pea Pea
                Je garde l’espoir que beaucoup de gens soit surpris voir choqué par ces initiatives.
                C’est au final assez prévisible quant on comprends un peu le système capitaliste.
                Je compatis à votre désarroi


              • Nicolas36 14 juillet 2021 17:47

                @Antoine Querat. 

                Les origines de la crise concernant les composants électroniques en général sont antérieurs à ce qui est décrit dans l’article. Un situation de pénurie des composants était annoncée dans les industries utilisatrices déjà en début 2018. 

                Les industriels gros utilisateurs ont passés des commandes prévisionnelles massives auprès des fabricants et cela a contribué à assécher la marché artificiellement. 

                Tout les utilisateurs ont cherchés à couvrir 6 moins voir 12 mois de consommation par des stocks et des commandes fermes. 

                Le problème vient effectivement à la base de la forte croissance régulière de la demande de composants électroniques face à un déficit d’investissements car la filière avait des marges trop faibles. 

                La réalité était que les producteurs souhaitaient augmenter leurs marges et que la concentration industrielle par obligation de rentabilité à entrainé un freinage de la production. 

                D’ou la pénurie déjà annoncée début 2018. La panique de sur stockage général à fait le reste.

                Les élucubrations de Trump et plus tard la pandémie ont contribué à retarder les décisions d’investissements qui font défaut actuellement. 

                Toute l’histoire vient d’une question classique de coup d’accordéon consécutif à la concurrence sauvage et la baisse des prix. 

                Le Covid à plutôt retardé le choc car la demande s’est ralentie globalement pendant bien 18 Mois. 

                Les ruptures auraient déjà du être catastrophiques fin 2019. Le Covid a brouillé les carters sans plus. 

                Cela devait arriver. C’est le marché qui crée ce type de régulation violente. 


                • Antoine Querat 14 juillet 2021 18:39

                  @Nicolas36
                  Merci pour votre contribution !
                  Effectivement il me semble que le marché était déjà tendu, mais je n’étais pas au fait de ces prévisions, ni du comportement des industriels en réaction à ces prévisions. (et aucun de mes pairs non plus !!).
                  Je suis preneur si vous avez des sources concernant ces prévisions à me partager, cela pourrait m’aider dans l’optique d’amender l’article.
                  Les mécanismes que vous décrivez paraissent tout à fait crédibles et typique de nos sociétés capitalistes.
                  Pour la question du covid, qui a certes mis en pause l’industrie l’instant de quelques mois, j’ai le sentiment qu’il à fortement contribué à ce que « l’accordéon » se replie violemment à l’orée des premiers signes de « reprises » ou « normalisations ».
                  Et je vous rejoins, cette crise était très certainement vouée à éclater.


                • ETTORE ETTORE 16 juillet 2021 13:14

                  Juste pour rebondir sur la pléthore gadgétisé....

                  Ai essayé la nouvelle Peugeot .... A la limite , il vous faut un copilote.

                  Fonctions à foison, modalités de conduite incrémentées et digitalisées...

                  Bref, c’est ...Soit vous roulez, soit, vous faites joujou avec des « systèmes » sois disant placés dans le champ visuel ( idéal avec un strabisme divergeant).

                  Mais bon, chez les autres....Pas mieux, c’est ce que « veulent les gens » paraît il .

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