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Accueil du site > Tribune Libre > Comprendre le chaos politique

Comprendre le chaos politique

L’espace politique était autrefois clair, les choix faciles en fonction de l’idéologie. À l’extrême gauche étaient les gauchistes qui voulaient l’anarchie, puis les communistes qui voulaient instaurer un socialisme intégral, les socialistes qui voulaient réformer le capitalisme vers plus de social, le centre qui ne voulait rien changer, la droite qui voulait renforcer le capitalisme et l’extrême droite qui voulait fasciser la société.

De nos jours, tout cela a volé en éclat et on ne comprend plus rien.

La droite et les socialistes ont plus ou moins disparu, l’hyper-centre a pris le pouvoir tout en remettant en cause de manière fondamentale la démocratie, l’extrême-droite fait dans le social, les communistes ont disparu, remplacés par LFI qui fait dans le sociétal et les écologistes veulent faire disparaître les classes moyennes et basses, trop polluantes à leurs yeux.

Par-dessus tout cela, la guerre en Ukraine montre des divergences essentielles, et semble n’être rejetée que par LFI et le RN.

Si la droite moderne, transformée en hypercentre, reste malgré tout cohérente, en prônant le libéralisme à fond contre la population, la gauche semble errer.

Comment comprendre les évolutions ?

Le système capitaliste a changé de paradigme, les profits étant générés par l’immatériel au détriment du matériel, la position vis-à-vis de cette transformation explique les nouveaux choix politiques qui se font désormais sur trois axes :

  • l’axe strictement du développement capitaliste, de l’anticapitaliste au capitalisme immatériel (turbo-capitalisme) en passant par le capitalisme traditionnel (matériel)

  • l’axe social entre anti-social et pro-social

  • l’axe de la modernité, entre traditionalisme et modernité (sociétale, comme le wok(en)isme)

Comment se situe la gauche ?

Fondamentalement, elle est piégée par le capitalisme immatériel qui a intégré les critiques sociétales pour mieux bloquer le côté social. Le turbo-capitalisme est moderne, intégrateur des minorités, mais uniquement lorsqu’elles lui permettent d’étendre son marché du travail. Mais cette façade lui sert pour critiquer ses opposants internes.

La droite traditionaliste, proche du RN, est elle du côté du capitalisme classique, donc s’oppose au turbo-capitalisme et à la gauche sociétale.

Ce qui se discute est le caractère plus ou moins anti-social des socialistes et des écologistes.

Si on ajoute l’international, on peut voir les positions relatives de Biden, Trump et Poutine.

Le schéma général est comme ci-dessous :

Ce qui donne dans les trois dimensions :

PNG

Il n’y a pas vraiment de formation à la fois moderne, anticapitaliste et sociale. Mélenchon pourrait l’être mais son modernisme sociétal s’oppose au social dans la mesure où les classes pauvres rurales ne sont pas dans son champ de vision. Le social a deux aspects : la ruralité traditionaliste et l’urbanité moderniste. Mélenchon est clairement du côté de l’urbanité moderne.

On voit alors la logique des convergences et des divergences :

  • L’opposition fondamentale entre Biden et Poutine, justifiant une guerre mondiale allant jusqu’à la destruction nucléaire de l’humanité. Tout les oppose, entre un Biden furieusement turbo-capitaliste, moderniste (notamment via le wok(en)isme/éveillisme), et antisocial face à un Poutine traditionaliste, plutôt Keynésien, avec une composante sociale non négligeable.

  • Les convergences par rapport au traditionalisme entre Trump, Poutine, le front national et les communistes orthodoxes

  • Une convergence sur le plan social entre ces derniers, Mélenchon et Poutine

  • L’alignement sur les trois axes (type de capitalisme, social et modernité) entre Biden, les socialistes et les écologistes, à la fois turbo-capitalistes, antisociaux et modernistes, dans la lignée de l’ultralibéralisme devenu turbo-libéralisme, même si cet alignement présente des nuances.

  • Une divergence de fait entre le pôle socialistes-écologistes et Mélenchon (LFI) sur les aspects sociaux et du type de capitalisme, mais une convergence sur la modernité.

À partir de là, on peut comprendre que les citoyens ordinaires aient de la difficulté à s’orienter.

Bien entendu, l’UE et Macron sont sur la ligne exacte de Biden : turbo-capitalistes, modernistes et antisociaux. Il est normal qu’ils détestent Trump et plus encore Poutine. On comprend aussi pourquoi le Rassemblement National est moins anti-Poutine, puisque proche au moins au niveau du traditionalisme. On comprend aussi pourquoi les écologistes, notamment, sont pour la guerre contre la Russie (surtout en Allemagne).

L’axe anti-capitalisme/turbo-capitalisme cache en fait deux axes : anti-capitalisme/capitalisme classique et le même par rapport au turbo-capitalisme, mais la combinaison des deux n’est pas évidente. Puisque les vrais turbo-capitalistes sont à la fois pour le capitalisme immatériel et contre le capitalisme traditionnel, ce qui n’en fait pas des anti-capitalistes, ou en situation de neutralité sur l’axe du capitalisme, au contraire.

Sur les axes capitalisme matériel (traditionnel) – capitalisme immatériel (turbo-capitalisme), cela donne le résultat suivant :

PNG

On voit confirmées les tendances : trois groupes qui s’opposent :

  • Le groupe Biden, socialistes, écologistes

  • Le groupe opposé Trump, Le Pen, Poutine

  • Le groupe anti-capitaliste Mélenchon, communistes

On voit aussi que Biden, l’UE, Macron, sont à un point extrême du champ idéologique, mais qu’ils ont besoin de masquer ce point, notamment sa caractéristique fortement anti-sociale, pour se faire accepter par la population victime de leurs politiques. Il est essentiel pour eux de tenir verrouillé le système de l’information.

Ce modèle permet de mieux comprendre les déplacements de la tectonique des plaques politiques, jusqu’à expliquer en partie les oppositions et les affrontements, par exemple entre Macron, moderniste-sociétal, anti-social et turbo-capitaliste et Poutine, traditionaliste, relativement prosocial et situé entre le keynésianisme et le capitalisme classique. Tout les oppose.


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10 réactions à cet article    


  • Brutus S. Lampion 12 mars 16:26

    Ah d’accord, si j’ai bien compris, Poutine et Trump seront candidats à l’Elysée en 2027.


    • Brutus S. Lampion 12 mars 16:27

      @S. Lampion

      j’avais mal lu !
      en fait, c’est nous qui allons voter aux Etats-Unis et en Russie.

      c’est ça ?


    • Yann Esteveny 12 mars 17:25

      Message à tous,

      Voici un cours élémentaire en politique pour ceux qui n’y connaissent rien.

      Il y a trois forces à connaître :

       La subversion « blanche » rassemble le libéralisme, la synarchie, la technocratie qui dirige l’occident et vous emmène vers le Nouvel Ordre Mondial. Le Forum Economique Mondial de Davos sélectionne les marionnettes à la tête des pays.

       La subversion « rouge » draine tout le côté marxiste, communiste et progressiste. En France, ce petit monde est sous la férule de la « subversion » blanche qui emploie ces idiots utiles contre la ContreRévolution. La subversion « rouge » n’a que le pouvoir de diriger la masse abêtie dans des voies de garage de rêve d’une nouvelle révolution.

       La ContreRévolution défend la patrie et sert le Bien Commun de la société en élevant l’âme de sa population. L’Ancien Régime en France était clairement dans cette catégorie Les royautés qui ne sont pas sous la férule de la subversion « blanche » comme la Syrie ou même la Russie peuvent être classées dans cette catégorie.

      Sur vos écrans de télévision, vous ne verrez que le petit cirque politique français de l’extrême-gauche à l’extrême-droite au service des deux premières forces. Un ensemble d’acteurs sans pouvoir dirigent des partis politiques virtuels et vous présente une triste comédie chaque jour avec des chamailleries sociétales.

      Toute la haine occidentale à l’encontre de la Russie provient que ce pays n’est pas soumis à la première force.


      • tashrin 12 mars 17:41

        Mouais

        La gauche et la droite traditionnelles ont surtout fusionné avec le centre dans une espece de magma globaliste, européiste, supranational, et considérant l’economie de marché comme unique horizon. La veritable alternative se situerait plutot entre globalistes d’un coté, et souverainistes de l’autre, vu qu’on assiste au demantelement des etats nation au profit des multinationales qui vont tout avaler et devenir plus puissantes que la puissance publique

        Sauf que du coup, on a le choix entre globalistes et globalistes, vu que les rares porteurs d’une lecture differente sont interdits de media


        • Octave Lebel Octave Lebel 12 mars 21:07

          Quelques remarques .Prenons garde aux généralités généralisantes qui peuvent cacher plus qu’elles ne montrent.

          À 80% nous vivons en milieu urbain, c’est-à-dire que l’aire urbaine en fait s’est étalée considérablement. Sans perdre de vue que ce milieu n’est pas homogène socialement du point de vue des revenus, du chômage, du logement, de la présence et la qualité du service public .École publique soumise à une carte scolaire, offre de santé notamment pour les spécialités qui font défaut aussi dans bien des aires géographiques en milieu dit urbain . Qu’à l’intérieur de ce milieu dit urbain non homogène certains,  majoritairement les plus modestes et la classe moyenne, sont contraints à des déplacements longs et difficiles avec une dégradation de l’offre des TER par exemple. À noter en 2023, 48% de nos communes ne satisfont pas à l’obligation de 25% de logements sociaux quand les communes d’un département comme la Seine-Saint-Denis elles sont à 50%.La France en Europe est la championne des ghettos de pauvres et d’immigrés, diagnostic posé depuis longtemps , et nous avons vu qu’ à partir de Sarkozy jusqu’à Macron la droite s’est opposée de concert avec l’extrême-droite aux politiques visant à démanteler ces ghettos avec le résultat que l’on sait (des zones de non-droit) préférant la culture de rentes électorales délétères qui ne font en réalité qu’aggraver la situation générale.

          Bien sûr que les classes pauvres rurales sont dans le champ de vision de LFI. Ruffin et d’autres en parlent très bien. Elles ont évidemment des intérêts qui ont leurs spécificités

          mais aussi des points communs avec celles des milieux urbains comme le pouvoir d’achat, le chômage, l’accès aux services publics .Moins nombreuses, elles sont surtout moins visibles et moins médiatisées en ressentant un sentiment d’abandon. LFI a le dos large mais on ne peut pas lui mettre sur le dos smiley

           

          « Il n’y a pas vraiment de formation à la fois moderne, anticapitaliste et sociale. Mélenchon pourrait l’être mais son modernisme sociétal s’oppose au social dans la mesure où les classes pauvres rurales ne sont pas dans son champ de vision. »

          « La réponse aux classes populaires rurales est d’abord économique »(article de Manuel Bompard « Cagé, Piketty : à la conquête du 4ème bloc ? »

          Article un peu technique mais quelquefois, il faut ce qu’il faut si on veut avancer et approfondir.

          https://manuelbompard.fr/2023/09/cage-piketty-a-la-conquete-du-4eme-bloc/?%20target=_blank


          • Jean-Paul Foscarvel Jean-Paul Foscarvel 12 mars 22:11

            @Octave Lebel
            Merci pour le lien.
            Je suis d’accord avec la réponse sociale et économique pour les classes populaires rurales (mais aussi urbaines d’ailleurs), mais les forces auxquelles s’opposer sont désormais considérables, puissantes et manipulatrices.
            Le complexe Gafas-Pharma-finance, désormais appuyé par le CMI, utilise tous les leviers pour diviser, séduire, manipuler, censurer, éliminer.
            Ce complexe se sert de la modernité et de l’environnement afin de détruire les bases sociales et économiques des Etats, allant jusqu’à les privatiser comme Milei en Argentine (sauf que Milei n’est probablement pas à mettre du côté moderniste).
            On a donc deux forces principales, celle du système, capitalisme dont les profits sont issus de l’immatériel et de la finance, et celle du traditionalisme, qui reproche au premier non pas tant le côté anti-social, mais le côté sociétal, et est plutôt pour un capitalisme traditionnel, matériel, industriel.
            La Nupes est alors formée d’un côté par les socialistes et écologistes, pro-système, libéraux et anti-sociaux (surtout les écologistes avec les mesures d’exclusion des logements et automobiles), et LFI, plus pro-social.
            En passant de la ligne droite simple à ces trois axes, cela permet de comprendre des éléments a priori bizarres. Mais je ne prétends pas tout expliquer, notamment quant aux positionnements réels qui sont plus complexes et surtout variables dans le temps.


          • Octave Lebel Octave Lebel 13 mars 13:00

            @Jean-Paul Foscarvel

            Non, il me semble que vous cédez un peu à l’analyse rapide que font la plupart des commentateurs médiatiques pressés en inversant le rapport de représentation. Ce sont nous les électeurs-citoyens qui donnons du poids et du pouvoir aux mouvements politiques autrement les choses seraient assez figées. Nous ne leur appartenons pas. Par contre vous posez de mon point de vue la bonne question quand vous vous interrogez sur la représentativité de LFI vis-à-vis des classes rurales pauvres et j’ai apporté quelques éléments de réponse.

            C’est toute la problématique d’un mouvement politique comme LFI s’il veut aboutir à une meilleure représentation et implication de ses concitoyens qui sont la condition de son existence et de sa reconnaissance. C’est vital et encore plus s’il accède aux responsabilités en partage avec d’autres de préférence afin de garder cette ouverture indispensable. Il doit cultiver un lien fort avec les gens dans les différentes composantes de leur vie, travail, emploi, pratiques culturelles au sens large, leur niveau d’information général, leurs aspirations à une démocratie plus réelle, plus solidaire, plus responsable afin de contourner et dépasser les pratiques politiques actuelles qui consistent surtout à ne pas partager loyalement l’information utile et nécessaire pour abuser de la bonne volonté et/ou de la résignation du plus grand nombre. L’idée générale, c’est l’alliance de l’intelligence collective avec les valeurs et pratiques d’une authentique démocratie. C’est une utopie qui n’existe pas mais qui est en chemin. On peut s’interroger sur tous les comportements humains qui la contredisent mais voir aussi le chemin parcouru par ceux qui nous ont précédés qui ont connu des horreurs qui ne dérangeaient pas grand monde.

            De ce point de vue la NUPES est à la fois un socle une dynamique de rassemblement à partir d’analyses et propositions qui sortent du terrain et non de laboratoires de politiciens professionnels. Les représentants du PC, du PS et d’EELV se comportent encore et toujours comme  des responsables de parti d’état major ayant une clientèle. On a vu ce que cela a donné au 1er tour de la présidentielle.

            Une poignée d’élus défaits se sont affichés dans la NUPES en récupérant des mandats inespérés pour très vite jouer de leur différence comme ils disent en pensant nous emmener, à l’insu de notre plein gré, avec eux. A la remorque encore et toujours du libéralisme dont ils prétendent incarner comme leurs prédécesseurs la consolation sociale et charitable. Nous avons déjà donné. Une dernière leçon s’impose à ceux qui nous pensent idiots et incultes.

            Dernier point, si on regarde de près les données des élections, un léger basculement de l’abstention est de nature à rebattre toutes les cartes. Pourquoi un silence si assourdissant dans nos médias ? Désintérêt d’une réflexion sur la démocratie ?

             

             


          • Octave Lebel Octave Lebel 13 mars 13:04

            @Octave Lebel

            Une correction :

            "De ce point de vue la NUPES est à la fois un socle et une dynamique de rassemblement"


          • zygzornifle zygzornifle 13 mars 12:41

            Déjà en premier lieu il faudrait apprendre a voter ....


            • Maître Yoda Maître Yoda 13 mars 17:42

              En ce qui me concerne, j’approuve tout-à-fait votre tentative d’explication du chaos politique ambiant.

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