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Accueil du site > Tribune Libre > Compétitivité, piège à salariés !

Compétitivité, piège à salariés !

Qu’elle doive s’imposer par un « choc » (Laurence Parisot) ou progressivement (François Hollande), elle fait consensus au Medef et à l’UMPS.

Le raisonnement est simple : si la casse de l’emploi (notamment industriel) s’accélère en France (où 500. 000 postes d’ouvriers ont déjà disparu sous Sarkozy…), c’est parce que la force de travail y est trop chère. Les entreprises ne peuvent donc pas faire face à la concurrence.

Ce raisonnement présuppose que nous sommes en compétition – ce qui est indéniable en économie capitaliste. Il suppose également que cette compétition est complètement ouverte, et qu’il est impossible, par exemple, de protéger la production nationale aux frontières – ce qui est indéniable dans l’Europe des traités supranationaux.

Il oublie soigneusement un détail : c’est que la première cause du « manque de compétitivité » des entreprises françaises est la surévaluation de l’euro, dont toutes les économies d’Europe souffrent – sauf celle de l’Allemagne, dont l’industrie assemble des produits achetés en Europe centrale… hors zone euro !

 

« Modèles »

Sans compter que le Kapital d’outre-Rhin a tellement comprimé les salaires que 25% des travailleurs y touchent moins de 9 € 15 de l’heure (brut !). Sans parler de la précarité, qui y a littéralement explosé. Tout cela sans qu’on l’accuse de concurrence déloyale – l’Allemagne est intouchable, et l’inénarrable Montebourg, ministre du « redressement productif », préfère faire diversion avec la Corée…

Au passage, économistes et journalistes osent maintenant vanter les progrès réalisés en matière de compétitivité par l’Italie et… l’Espagne (mais oui !). Il faut dire que dans ce dernier pays, le taux de chômage officiel dépasse maintenant les 25 % : l’arme absolue contre les salaires ! D’ici à ce qu’on nous vante le modèle grec…

Le cri d’alarme sur la « compétitivité » n’est donc rien d’autre que la remise au goût du jour du refrain de la « concurrence » entonné par les capitalistes dès le 19ème siècle, transposé dans l’économie mondialisée : les patrons de tous les pays sont d’accord pour se livrer à une concurrence effrénée, qui les oblige à casser les salaires – c’est-à-dire que la concurrence entre patrons s’impose aux salariés. Dans cette compétition, le travailleur de France (qu’il soit français ou immigré d’ailleurs), est sommé d’accepter une amputation de son salaire et de sa retraite, une dégradation de son statut et de ses conditions de travail, etc., pour rester « compétitif » avec les travailleurs allemands, italiens, espagnols, polonais, chinois…

 

« Naïveté »

Remarquons au passage que lesdits Chinois dopent leurs exportations – donc leur production – avec une monnaie non-convertible et administrée par eux-mêmes. Ce qui fait dire à nos économistes en vue : « nous avons été naïfs… », et d’ajouter tout bas : « … et nous le resterons ! ». Car la mise en concurrence soi-disant « libre et non faussée » de produits vendus dans une monnaie sous-évaluée comme le yuan avec des produits vendus dans une monnaie surévaluée comme l’euro est d’une redoutable efficacité pour laminer les salaires en Europe.

Ce qui se cache derrière la « compétitivité », c’est donc la guerre. Non pas une guerre de l’Europe contre la Chine, ni de la France, contre la Pologne, l’Italie, l’Espagne ou l’Allemagne. Non : c’est la bonne vieille guerre du capital contre le travail.

Ce n’est pas nous qui le disons, c’est Warren Buffet, l’homme d’affaires multimilliardaire étasunien : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. » (25 mai 2005, sur CNN). 

Et tant que la France sera dans la zone euro, qui plombe ses exportations et sa production ; tant qu’elle sera dans l’Union Européenne, qui organise la « concurrence libre et non faussée » (en réalité : forcée et truquée) entre les salariés d’Europe et du monde entier, les travailleurs de France se feront écraser dans cette guerre de classe.

Mais pour qu’ils la gagnent, il faudra qu’ils cessent d’être perpétuellement sommés d’accroître leur « compétitivité », et donc qu’ils mettent fin à la compétition… c’est-à-dire au capitalisme.

Didas Kalos

http://www.resistance-politique.fr/article-competitivite-piege-a-salaries-112308444.html


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37 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 11 novembre 2012 13:40

    Le travail tel qu’il est conçu dans notre société ne sert qu’à enrichir quelques oisifs qui vivent sans travailler, ces oisifs qui disent que le travail coûte cher, mais cher pour qui ? Pour ces parasites qui nous exploitent et ne génèrent que de la misère, du chômage et de la précarité. Ce sont ces gens là qui dans le même temps encensent la valeur travail, car toutes ces fortunes privées ont été générées par l’exploitation des travailleurs, qu’ils soient jeunes, vieux, hommes, femmes, du nord ou du sud, ils ne représentent aux yeux des exploiteurs qu’un moyen de créer de la richesse, à leur seul profit.........
    voir :
    LA FABLE DU TRAVAIL CHER
    http://2ccr.unblog.fr/2012/04/12/la-fable-du-travail-cher/


    • lebreton 11 novembre 2012 17:29

      Commes tous les curetons qui vendent des places de paradis ,si au moins il y avait moins de cons pour les croire mais non ,ils continuent de croire tous les enculés de politicars de merde qui sévissent et s’engraissent sur le dos du peuple ,je suis vulguaire oui mais je dit la stricte vérité ,si j’en vois certains se faire buter ,je n’irai pas pleurer ,sans révolution point de salut ,quand dans un pays comme le notre on compte huit millions de pauvres ,20% de chômeurs y de quoi pousser sa gueulante ! 


    • vieux grincheux 12 novembre 2012 03:20

      @ Robert Gil et Lebreton


      j’ approuve vos coups de gueule mais il est bon de proposer des solutions qui respectent l’ EGALITé CITOYENNE, Garantie par la Constitution et INCOMPATIBLE AVEC L’ EXPLOITATION.

      Comment est-il possible de mettre dans une position dominant/dominé (le salariat) son EGAL ?

      Quant à l’ inégalité des salaires femmes/hommes, n’ en parlons pas, c ’est une HONTE ABSOLUE !!!

      Heureusement nos voisins germanophones ont potassé le sujet et pondu le REVENU DE BASE :


      et voici la Réponse de J Renault :Votre argumentation est hélas ce qu’on retrouve souvent à gauche (voir ce que j’écrivais à ce sujet ici http://wp.me/p1peJJ-76 ). Pourtant, il me semble que le revenu de base inconditionnel apporte des éléments qui ne sauraient laisser indifférent les hommes et femmes de gauche (notamment l’éradication de la pauvreté).

      D’une certaine manière, vous exprimez vos doutes et vos craintes de manière synthétique dans votre dernier paragraphe : l’acceptation du revenu de base « serait une catastrophe pour les salariés ». C’est un choix de défendre les salariés versus les précaires, et de laisser croire aux précaires qu’un jour aussi, ils auront cette chance d’être un salarié…

      Vous placez le droit au travail comme LE droit sacré. Vous dites que le droit au travail serait nié par l’instauration du revenu de base inconditionnel. Je dis moi aujourd’hui que les droits fondamentaux de la personne sont niés et que cela ne semble émouvoir personne pour autant.

      Ainsi, l’article 25 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (http://www.un.org/fr/documents/udhr/#a25) stipule que : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux »

      Il n’est à aucun moment indiqué que le travail soit un préalable à ces droits fondamentaux. Cela me semble l’un des dysfonctionnement majeur de nos sociétés de considérer que la situation de précarité est admissible, l’exclusion une banalité. Pour « faire société » il faut commencer par ne jamais accepter que certains en soient exclus. Après, éventuellement, on peut discuter. Mais les conditions de vie dignes ne sont pas négociables.

      Quant à savoir si pour le salarié le revenu de base inconditionnel serait une mauvaise nouvelle… Finalement, les conditions de travail étant ce qu’elles sont devenues par la raréfaction (durable) de l’offre sur le marché de l’emploi, on peut considérer qu’un revenu de base inconditionnel permettrait de rétablir un rapport de force plus juste entre employeur et employé.

      Chacun sachant ses besoins de base couverts, il pourrait refuser ou quitter un emploi qu’il ne jugerait pas digne, ou aux conditions déplorables. Chacun pourrait aussi choisir une activité de son choix, pas forcément dans le secteur marchand. La dignité n’est pas dans le travail. La dignité est dans la Liberté de choisir son activité, qu’elle soit rémunérée ou non.

      Je comprends que le revenu de base inconditionnel vous choque : il rompt le lien emploi-revenu. On change de paradigme. On ne perd plus sa vie à la gagner.

      KONSELEDIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIISEU !!!!

      VG


    • zelectron zelectron 18 novembre 2012 12:32

      Le travail tel qu’il est conçu dans notre société ne sert qu’à enrichir quelques oisifs qui vivent sans travailler : les fonctionnaires  ?


    • Francis, agnotologue JL 18 novembre 2012 12:37

      Si les fonctionnaires étaient riches, c’est les commerçants qui seraient contents !

      Pfff !


    • amipb amipb 11 novembre 2012 13:59

      Il faut lire le rapport d’ATTAC/Copernic qui démonte point par point l’illusion de la sacro-sainte compétitivité : http://www.france.attac.org/sites/default/files/en_finir_avec_la_competitiv ite.pdf

      Depuis plusieurs années, l’argent gagné par les entreprises est en grande partie reversée aux actionnaires, plutôt qu’en recherche et développement. Comment une entreprise peut-elle être innovante sans investissements, sans recherche ?

      De plus, les salaires sont toujours vus comme une charge plutôt qu’un investissement alors que les actionnaires, eux, ne participent en rien à la bonne santé d’une entreprise.


      • amipb amipb 11 novembre 2012 14:06

        Concernant l’article, j’ai toutefois du mal à comprendre comment le communisme peut nous sortir de l’impasse de nos paradigmes actuels.

        Cette idéologie s’accomode très bien, semble-t-il, avec un capitalisme forcené, notamment en Chine, et permet aux grands pontes du Parti d’amasser des fortunes conséquentes. Ce n’est pas pour rien que Xavier Bertrand a signé un protocole avec ce parti en 2009...

        Les vieilles idéologies ne seront jamais un remède pour les problèmes modernes : elles sont même partie intégrante du problème et l’une des raisons pour lesquelles nous n’arrivons pas à changer notre vision du monde.


      • Pingouin094 Pingouin094 11 novembre 2012 14:57

        Hum,


        La dictature chinoise n’a pas grand chose à voir avec le communisme, à part d’en avoir repris le nom. Mais pour ce qui est de la mise en application des préceptes de Marx, sans parler de leurs évolutions en 150 ans, non rien à voir.

        En tout cas, pas grand chose à voir avec les partis qui en France refusent le système capitaliste ( Front de Gauche dont le PCF, NPA, LO ) ni avec les états démocratiques qui affichent également ce but ( Bolivie, Venezuela ...)

      • bigglop bigglop 12 novembre 2012 20:05

        @Amip,

        Merci d’avoir rappelé le coût du capital dans la prétendue compétitivité dont les politiques et les médias nous gavent et omis dans ce bon article.

        JL Mélenchon a bien souligné ce coût dont personne ne veut parler

        Enfin la « révolution copernicienne » de Moscovici n’a rien à voir avec celle de la Fondation Copernic et de Frédéric Lordon


      • alinea Alinea 11 novembre 2012 14:43

        Ce que je voudrais savoir c’est qui tient les rênes pour que le PS ait applaudi des deux mains le contenu du rapport Gallois ; ils doivent bien savoir comme moi, que l’exportation représente 20% de la production française : le reste étant destiné au marché intérieur ; donc laminer les salaires, hypocritement par le biais d’une hausse de TVA, ce qui revient, l’un comme l’autre, à une perte du pouvoir d’achat, c’est laminer la consommation de ces mêmes biens ; crédit d’impôt sans condition pour les entreprises - payé par le contribuable, sans que celui-ci puisse savoir où ira cet argent : dividendes aux actionnaires pour garder les investisseurs étrangers ? Investissement direct dans les conditions de production ?
        En aucun cas, et bien évidemment, investissement pour améliorer les conditions de travail, ce qui avait pourtant été découvert il n’y a pas si longtemps, comme un excellent moteur de productivité !
        Cherchons l’erreur ! Faisons une enquête ou, oui, allons nous coucher : « sans nous » vos magouilles"


        • Fergus Fergus 11 novembre 2012 17:34

          Bonjour, Alinea.

          En réalité, nous sommes tous les cocus de cette grande farce. Car si ce qu’a écrit Résistance n’est malheureusement que trop vrai, il ne donne pas le moyen de sortir de ce piège à cons dans lequel nous avons donné tête baissée depuis des décennies et que nous continuons par nos votes à approuver tacitement et quasiment sans souciller.

          Hollande lui-même est aussi un cocu (d’aucuns diront un complice) car il craint non sans raisons que le premier en Europe qui casse de manière isolée le jouet ne soit mort économiquement dans les 6 mois, victime de la vindicte de tous les autres et de celle des marchés financiers qui provoquerait une emballement des taux à la grecque. Le noeud du problème est là : faut-il casser le jouet en espérant que d’autres suivront, eu égard au poids de la France ? Un sacré pari !!!


        • alinea Alinea 11 novembre 2012 18:09

          Fergus : à vous lire, je pense à des femmes grecques que j’ai entendues, avant leurs élections, et qui reconnaissaient qu’elles ( ils) avaient reconduit d’années en années cette politique, comment dire, par passéisme, et qu’aujourd’hui, ils( elles !) s’en mordaient les doigts.
          Quelle est notre marge de manoeuvre, à nous, pour pouvoir garder nos doigts intacts ?
          je ne parle pas d’une minorité qui vote Mélenchon et une autre Le Pen ; d’ailleurs si, on peut en parler, mais tout bien additionné, on reste coi ! quoi ?


        • Fergus Fergus 11 novembre 2012 19:53

          @ Alinea.

          La seule solution, actuellement, ce serait que les peuples les plus sensibilisés descendent massivement dans les rues de leurs pays pour : 1) crier « Stop, on ne joue plus, vos règles sont truquées ! » ; 2) réclamer la démission immédiate de la Commission ; 3) exiger une réforme urgente du rôle de la BCE. Mais encore faudrait-il que ce mouvement transcende les partis, la mise en avant des bannières partisanes étant le meilleur moyen de tuer toute action d’envergure.


        • alinea Alinea 11 novembre 2012 20:06

          Je suis absolument d’accord avec vous Fergus !
          cela ne se produira que quand l’irrémédiable aura été commis.( j’en suis du moins tout à fait convaincue)
          L’homme seul n’est déjà pas bien malin mais quand il s’assemble, il nivelle par le bas !
          Je pense depuis un bon moment qu’il ne nous reste plus qu’à nous instruire encore et encore, et à organiser des réseaux, des rencontres, qui seront, le moment venu, de précieux outils de survie et de " démerd’ ’ ; ce qui se passe au niveau politique en France me paraît plus positif que ce qui s’est passé en Italie avec la mort d’une Gauche digne de ce nom.
          Quoiqu’il se passe, nous devons être prêts, de manière à ne pas laisser passer l’extrême-droite, comme cela est historiquement si courant en pareilles circonstances !


        • Ruut Ruut 12 novembre 2012 06:23

          Solution en 3 points :
          1. Sortir de l’EURO
          2. Mettre des taxes douanière d’importations (l’importation devenant plus cher que la production locale) -> Ré-industrialisation massive réamorcée
          3. Tenir au moins 5 ans sans produits de haute technologie le temps que nos industries les produisent.


        • taktak 12 novembre 2012 16:55

          @ fergus, effectivement, les exigences des marchés, et celles des classes populaires sont incompatibles. Le fait est pourtant que l’election a tranché en faveur du programme (pourtant faiblard) de Hollande qui est incompatible avec la doxa de la classe dominante : c’est bien la preuve que les injonctions de l’UE, des marchés, de la presse ne sont ni légitimes ni démocratique, et également la preuve que la France n’est pas profondément réactionnaire comme on le lit ici ou là de façon fort défaitiste.
          Mais, le fait que la social démocratie fasse le choix de conserver le système, de rester dans l’UE et dans l’Euro ne lui laisse pas la moindre latitude que d’appliquer la totalité des recettes des libéraux qui tiennent le système politique de façon de plus en plus totalitaire via l’UE, la BCE, le FMI, et ce dans les moindres détails... Il convient à ce sujet d’être particulièrement conscient que le projet européen qui a accouché de l’UE est un projet qui depuis ses origines a pour but de priver les peuples de leur souveraineté afin d’organiser leur exploitation par les classes dominantes dans un vaste marché commun.

          Au delà, on peut aujourd’hui être convaincu que cela ne dérange pas profondément les sociaux démocrates dont le fond politique est somme toute très proche de celui de la droite. Certains parle de reniement, je ne le crois pas. Désormais, le reniement pour eux serait de remettre en cause la libre domination des marchés, de servir les classes populaires plutôt que les marchés. La démocratie, ils s’assoient dessus, comme on l’a vu avec le TSCG. Il n’y a donc définitivement rien à attendre d’eux, à part s’en servir pour mettre à la porte ceux qui ont fait la preuve du désastre de leur politique et de leur comportement.
          En ce sens, les velléités d’arrangement électoraux avec le PS de certains au FdG sont particulièrement nuisibles, et ne peuvent que tuer le FdG comme ils ont déjà achevé EELV.

          Pour s’en sortir, face au totalitarisme de l’UE capitaliste, il faut fédérer la Nation autour des aspirations des classes populaires en profitant de l’abandon du cadre National par la classe dominante et de l’identité de clivage classe dominante / classe exploité et Gouvernance supra nationale (UE, BCE, FMI) / souveraineté Nationale : en premier lieu rendant sa souveraineté au peuple et en impulsant une dynamique de progrès autour d’un projet progressiste de type CNR apte à changer le rapport de force entre les classes populaires laborieuses et les classes dominantes profiteuses.


        • Acid World Acid World 11 novembre 2012 14:49

          Exactement. Quand on dit que le travail est « trop cher », il faut se demander trop cher pour qui. Quand nous serons parvenus à moins d’inégalités on pourra même se lancer dans la sortie du productivisme, car le contremaître qui nous fouette dans le dos s’appelle Croissance.


          • joelim joelim 11 novembre 2012 15:31
            Article concis (qualité rare) qui présente clairement le vif du sujet.

            La concurrence « libre et non faussée » est en effet une vaste plaisanterie, du moins ça le serait si ce n’était aussi grave.

            Comment peuvent-ils tromper et éventuellement se tromper à ce point ?

            Une partie d’entre eux, clairement, ne réfléchit pas, épousant la bonne vieille antienne idéologique qui améliore leur capital personnel à court terme (car ces gens raisonnent dans le court terme il faut le savoir).

            Mais il doit bien y en avoir d’autres qui comprennent le problème. Comment peuvent-ils mentir à ce point avec leur concurrence « libre et non faussée ? » Je pense qu’en fait un certain nombre d’entre eux se sont persuadés que c’était la solution la moins pire. Non que ce soit le cas : c’est moins pire à court terme pour eux une petite minorité et c’est tout. Ils s’en sont persuadés tout simplement parce que c’est confortable et aussi parce qu’il regardent régulièrement C dans l’air ou lisent le Monde, où on leur vend cela à longueur d’années. C’est une attitude minable et irresponsable, une idéologie contraire aux valeurs humaines fondamentales, basée sur l’intérêt personnel à court terme. Le problème est que cette idéologie est toute puissance encore dans les médias. Mais j’enfonce une porte ouverte, LOL.

            Bonne chose, qu’il y ait des articles de fond le dimanche (et pas que des rediffs).

            • alinea Alinea 11 novembre 2012 15:50

              joe : le bon sens c’est toujours enfoncer des portes ouvertes ! Seulement il semble bien que ces portes aient été refermées dans notre dos !


            • Luc le Raz Luc le Raz 11 novembre 2012 16:52

              Ce que nous vivons ressemble à une prise d’otages de la part du capitalisme financier. « Ou vous acceptez nos conditions ou on vous enterre » Dans ces conditions quelles sont les options d’un gouvernement qu’il soit de droite ou de gauche ? Payer le rançon en acceptant les conditions des kidnappeurs ou en les attaquant là où ça fait mal, les bourses smiley. « J’ai comme un doute ». Voir à ce sujet les réactions des pigeons voyageurs. (Même Obelix s’y met)
              Bref ce n’est pas évident...
              Concurrence libre et non faussée ? Vaste blague... C’est comme si on demandait à des boxeurs de combattre des adversaires sans tenir compte de leur poids, (la monnaie, le salaire horaire, etc...).
              Tout ça pour dire que nous, les otages, sommes dedans et jusqu’au cou ! Et ce n’est pas des pouvoirs politiques qu’il faut attendre des perches et/ou des bouées de secours.


              • mic0741 mic0741 11 novembre 2012 17:48

                Je ne partage pas tout à fait le point de vue de l’auteur. Il me semble que dans ce débat on oublie un élément essentiel, et dont personne ne parle, c’est que pour produire, il faut vendre (et pour créer de l’emploi, il faut produire). Or nous, Français, ne savons pas vendre. Pour vous en convaincre, allez sur n’importe quel salon, régional, national, international et comparez le comportement des vendeurs de produits français avec celui des vendeurs étrangers. Comparez l’accueil, la compétence technique, la disponibilité, la puissance de conviction, l’écart est flagrant. Pour avoir participé à de nombreux projets européens, je remarque que, d’une manière générale, les anglais sont les champions du lobbying, les allemands sont convaincants, mais les français ont tendance à lâcher prise.

                Certes l’Allemagne a su baisser ses coûts de production en allégeant ses charges salariales (elle a d’ailleurs profité de l’intégration de l’Allemagne de l’est, où les salaires étaient au lance-pierre, pour le faire avaler aux Allemands de l’ouest), créant ainsi, à son avantage, un déséquilibre dans les échanges avec ses partenaires européens, pendant qu’en France on augmentait les salaires. Mais ce n’est pas la seule explication : comment l’Allemagne vend-elle en France et à l’étranger des voitures plus chères, à qualité équivalente, que les voitures françaises. Ce n’est pas qu’une question de prix de revient puisqu’il s’agit de prix de vente. Ce qui est vrai pour les voitures l’est aussi pour d’autres produits allant du sanitaire aux machines industrielles. Et la différence se retrouve en profit des entreprises, qui peuvent soigner leurs actionnaires, mais aussi investir pour innover.

                Nous avons, parait-il, les meilleures écoles commerciales, mais apparemment pas les meilleures écoles de vente. Je fais entre commercial et vente une distinction fondamentale, le premier étant en quelque sorte la théorie et la deuxième la pratique.

                Par conséquent, il faut peut-être baisser le coût du travail, pour minimiser le déséquilibre entre l’Allemagne et la France, mais il faut surtout apprendre à vendre (compétitivité hors coût). Quelque soit l’avis qu’on peut avoir sur le capitalisme, l’urgent pour la France est certainement de s’orienter vers un rééquilibrage par rapport à l’Allemagne, parce que lutter contre le « capitalisme » n’est certainement pas la solution de court terme, même si je partage l’idée que le capitalisme consiste à enrichir les riches au détriment des pauvres.


                • Fergus Fergus 11 novembre 2012 20:02

                  Bonjour, Mic.

                  En fait, ce n’est pas entre « commercial » et « vente » que vous faites la différence, mais entre « commercial » (marketing) et « force de vente ». Et là, force est de reconnaître avec vous que nous ne sommes réellement bons que lorsque le produit... se vend seul (ex. les articles de luxe). Ce n’est pas nouveau, et c’est directement la conséquence de l’approche élitiste française : à quoi servent des surdoués de l’intelligence marketing si la force de vente n’est pas à la hauteur ?


                • mic0741 mic0741 11 novembre 2012 23:23

                  Merci Fergus pour cette petite précision.

                  nous ne sommes réellement bons que lorsque le produit... se vend seul 
                  Oui, et hélas, nous ne connaissons pas bien non plus l’analyse de la valeur...

                • Fergus Fergus 12 novembre 2012 09:24

                  Bonjour, Mic.

                  Amusante, cette réflexion sur « l’analyse de la valeur ». Lorsque j’étais en activité, durant ma période responsable de formation, j’ai monté un stage à l’attention de chefs de marché et chefs de produits, précisément parce que le reponsable de l’Unité Marketing de ma boîte et moi-même avions constaté à quel point ce concept essentiel était, sinon totalement méconnu des professionnels, du moins très largement sous-estimé alors qu’il devrait être au coeur de leur démarche.


                • rjh53 12 novembre 2012 10:17

                  Votre réponse me parait très simpliste. Parce ce qu’on est plus agressif en vendant ne veut pas dire qu’on vent mieux. Si un produit est bon, il se vendra. La baisse en vente est surtout due à la surproduction et du verrouillage du système par les grandes boites et le capital financier qui se voient obliger à se battre sur des marchés globales et cherchent à se protéger auprès de leurs états (nos classes politiques - qui sont leurs portes-paroles) qui procède d’un argument bien développer par Marx de que le capitalisme mène toujours finalement au chaos parce qu’il surexploite les situations auxquelles il est confronté. Si nous acceptons jouer le jeu du du moins-disant, nous nous verrons obligé à accepter des règles de société de chien mange chien et l’éclipse de la démocratie (comme celle-ci n’apporte aucune valeur ajouté). A cela il faudrait ajouter que le mot compétitivité n’est pas apte pour décrire comment créer de la valeur ajouté (pour les entreprises et pour la société). Ceci est un sujet beaucoup plus complexe qui ne se resout pas avec des mesurettes et la cobardise face à nos partners allemands qui ne le sont pas et qui cherchent à maintenir leur avantage comparatif à tout prix. Le capitalisme, c’est la guerre. Pour cela il y a l’impérialisme, le garde-fou du système.


                • mic0741 mic0741 12 novembre 2012 15:28
                  Bonjour rjh53
                  J’ai parlé de mon expérience personnelle sur le terrain, pas de grandes théories politiques...

                • xmen-classe4 xmen-classe4 11 novembre 2012 23:46

                  compétitivité des pays en l’occurence.

                  le communisme deviens n’importe quoi, pauvre karl marx !


                    • rhea 1481971 12 novembre 2012 08:30

                      La production d’énergie coûte de plus en plus chère, les ressources diminuant, l’être humain globalement devra travailler plus et gagner moins. C’est la réalité matérielle qui nous attend. Les postures des uns des autres sont causées par la bagarre engendrée pour la répartition d’un gâteau qui s’étiole. Peut être dans un avenir lointain de nouvelles sources d’énergie seront trouvées, à moyen terme on en est loin. Améliorer la compétitivité c’est ça.


                      • Romain Desbois 12 novembre 2012 08:35

                        Il est faux de dire que la production d’énergie coûte de plus en plus cher.

                        De plus on a fait de gros progrès sur le rendement, sur l’isolation.

                        Les énergies renouvelables baisseront de plus en plus lorsque il y aura une production de masse.

                        D’ailleurs ce qui a fait tout foiré , c’est que bien que le prix de revient d’un panneau solaire ait été diviser par deux en dix ans , les installateurs n’ont pas baissé leur prix de vente. Ils ont tué la poule aux oeufs d’or.

                        Du coup on se plaint de nourrir le coucou chinois alors que si on avait écouté les écolos il y a trente ans la France serait en tête des produits exportés.

                        Alors que l’on a un ministère du redressement productif....


                      • captain beefheart 12 novembre 2012 12:40

                        Je refuse d’être considéré comme « coût de travail » et je suis d’avis que quand le gouvernement poursuit dans cette direction vers l’esclavage j’ai le droit de monter une organisation criminelle avec une code d’honneur ,ce que l’organisation criminelle des politiques n’ont pas.
                         Organisation qui aura comme objectif principale l’enlèvement de patrons-voyous ,de politiques-voyous et de flics-voyous ,dans le but de les rançonner après un procès ,pour distribuer la recette parmi les gens.


                        • Le péripate Le péripate 12 novembre 2012 13:20

                          Il y a bien eu une guerre du capital contre le travail. Elle a été gagné par l’homme qui a décidé de ne plus gratter la terre avec ses ongles mais d’utiliser un bâton.
                          C’est de la vieille histoire.


                          • katakakito 12 novembre 2012 14:02

                            A signaler pour aller dans le même sens que l’article, un texte de Laurent Cordonnier dans le blog du Monde diplomatique.
                            "Un choc de compétitivité pour les actionnaires 
                            http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2012-11-09-choc-de-competitivite

                            Il montre courbes à l’appui que le crédit d’impôt (mesure déjà appliquée X fois) va directement dans la poche des actionnaires sans relancer quoique ce soit suivant le principe des vases communiquant.


                            • fred74 fred74 12 novembre 2012 15:28

                              Bonjour,

                              Ne vous y trompé pas, nous sommes en compétition.....mais pas comme vous le pensez.....

                              Notre compétition est interne, et extérieur accessoirement , Le patronat français profite de ce qui se profile à l’horizon pour mettre les citoyens de ce pays sur le genoux.

                              Leur but n’est pas de nous rendre compétitifs cela n’est pas le problème, mais de ce remplir les poche à bon compte.
                              Leur esprit nation est depuis longtemps une foutaise, un entrepreneur qu’il soit de bebel oued ou du fin fond de l’Auvergne tout comme moi, ne l’est que pour vivre mieux, les gros trusts eux veulent faire du fric...... Et si possible sans trop le distribuer......
                              Alors pour les naifs qui pense encore quand il regarde BFM ou ANTENNE 2ou autre....
                              L’europe est une mafia qui ne porte pas son nom, le trafic de drogue se généralise, jamais les profils n’ont été aussi juteux qui se les partages ???....demandez vous comment des gens comme delarue et ceux que nous ne connaissons pas utilise ces produit sans être inquiété...
                              Parce que l’état ramasse au passe ni vue ni connu. ..Regardez les flics qui se font épingler pour trafics de cocks alors qu’ils ne font qu’arroser leur indiques pour des infos.....
                              Nous sommes devenu les états unie d’Europe, avec des moutons que nous sommes....
                              Nous belons, mais aucun mouvement de contestation, Le pen fait même 18% ......
                              Dieu nous en préserve.....et je vote Le pen.......ce qui devrais n’avoir jamais vu le jour....
                              Les politiques sont presque tous des vendus.....aucun honneur......Souhaitons nous bonne chance, bien que le chance n’est rien à voir la dedans......C’est de courage que nous manquons .....courage


                              • ZenZoe ZenZoe 12 novembre 2012 16:26

                                Problème insoluble que celui de la compétitivité. Si on regarde les choses au niveau mondial (puisqu’on en est là, on est mondialisés maintenant, avec aucune chance d’un retour en arrière), on a :
                                - d’un côté une démographie qui met de plus en plus de travailleurs sur le marché.
                                - de l’autre une robotisation de plus en plus forte visant à remplacer les travailleurs.
                                C’est une course sans fin, et les travailleurs ne partent pas gagnants.
                                Sauf qu’un jour, quand tous les travailleurs de tous les pays seront tellement pauvres qu’ils ne pourront plus rien acheter ni épargner, les multinationales et les banques se dégonfleront plus vite qu’un ballon crevé - car à la base, c’est quand même la consommation et l’épargne qui les font tourner ! Il va bien finir par y avoir une grande crise ! Les cartes pourront peut-être être rebattues alors sur des bases plus saines.
                                On peut la faire arriver plus vite cette crise en développant une économie parallèle basée sur le troc et refuser de jouer le jeu de la consommation, mais pas sûr que les gens le veuillent finalement.


                                • Barkette325 12 novembre 2012 17:28

                                  Tres bon article, ça résume très bien et de manière précise et concise ce que décris Naomi KLEIN dans ses deux livres « La stratégie du choc, monté d’un capitalisme du desastre » ainsi que « No logo, la tyrannie des marques » que je suis en train de lire ! 

                                  Le but est simple, appliquer un choc à l’ensemble de la population, naturel (typhon, tsunamie ect ou bien provoqué avec les crises de grandes ampleurs comme actuellement afin d’appliquer le capitalisme de l’ecole de chicago, qui consiste en le dementellement des etats souverains, les privatisations à tout vas des secteurs publics, le dumping sociale, la baisse des salaires, reformes structurelles ils appellent cela dans leurs jargons... dans l’unique but d’enrichir un petit nombre toujours plus. 

                                  Merci car je me suis régale en lisant cet article et je me dis que tout espoir n’est pas perdu !

                                  Un autre bouquin que je vous conseil vivement est le livre « GRANDORIA » de Raymond Dominique POIRIER 

                                  La première mission d’un gouvernement est bien sur de bien veiller à préserver l’intérêt général, or on s’ aperçoit que depuis une cinquantaine d’année, gauche ou droite confondue le bateau file toujours dans la même direction ! C’est ce qui s’appel naviguer à la godille et ça continue encore de nos jours. 

                                  Hier la grèçe, aujourd’hui l’Espagne ... demain la France 
                                  L’avenir est sombre ! 
                                  L’argent ne se mange pas ! 


                                  Liens :



                                  • Roi des flans 13 novembre 2012 15:15

                                    l’immigration fait boule de neige et comme d’après l’OCDE, les deux tiers des immigrés arrivant en France ont un niveau d’éducation inférieur au premier cycle des collèges, le niveau de qualification et de salaire devrait rattraper celui de la Chine sous peu
                                     
                                    UE, codécision sur l’immigration et droit du regroupement familial, soit 93% de l’immigration hors de décision de l’ État.
                                     
                                    Le PIB/habitant en France est en chute depuis 10 ans ...

                                    Mais heureusement grâce au FDG il y aura bientôt 27 gouvernements anti-capitalistes en Europe ... et le libéralisme sera alors condamné dans une grande unanimité ...

                                    « On enchaine les peuples par les traités »
                                     

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