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Accueil du site > Tribune Libre > Brèves de sucre

Brèves de sucre

et pendant ce temps-là...

J'en ai marre ! Je n'en peux plus ; je rêve d'un prince même sans charme ou un preux chevalier, ça irait, qui chevaucherait avec moi un beau destrier blanc ou noir, peu importe, je les aime tous les deux, et me fasse oublier ce monde de fous, cet asile d'aliénés qui veulent nous aliéner nous tous ; je rêve d'espaces où mes pieds s'enracinent, où mes mains fouillent la terre ou le crin des chevaux, où ma tête, dans le lune ou les étoiles, se met en méditation.

Et même sans prince je partirai ; c'est moins sympa, c'est moins plaisant mais, de toutes façons, mon cheval ne prend qu'un cavalier. J'ai trois chevaux, bon, tant pis.

Je vous parlerai du sucre un peu plus tard. Pour l'instant, je vais vous parler de la terre.

« Vends propriété 102 hectares, trois maisons, dont une à retaper, source, xxxxxxx euros. L'annonce est sur le site de la SAFER, sensée être l'agence qui « régule » le retour de la terre aux paysans. Elle est dans une agence, qui n'a qu'une envie c'est de vendre pour faire son pourcentage. Dans cette agence, on parle à peu près français, avec un accent à chier, mais on se comprend. Sur cent hectares, on peut élever des moutons, des vaches ou des chèvres, on peut faire « de la viande (pouah !) ou du lait (pouah !) ; mais bon, le végétarisme n'est pas pour demain.

Alors, il y a un petit couple qui rêve d'être paysan, sans doute idéalise-t-il les bêtes, la nature, la neige le froid le chaud le sec les inondations, mais il a envie de vivre comme ça, retrouver les valeurs simples et ancestrales, ce qui est, forcément, un coup de la droite dure, puisqu'il n'y a qu'elle qui aime la lune les vaches et les chiens. Vous l'aurez compris, tout bien pesé, en comptant sur les parents les amis les emprunts, ils arrivent à peine tous les deux à deux cent mille euros. Et puis, il y a un couple de quinqua, qui a bossé toute sa vie, là-haut dans le grand nord, qui rêve pour sa retraite de retour à la nature, bien qu'il n'y soit jamais allé- à condition qu'il y ait du confort, faut pas déconner- l'un rêve d'un âne pour l'aîné des petits enfants, l'autre d'un poney pour la cadette qui adooore les chevaux ; ils aimeraient bien quelques poules aussi. Ils ont jamais vécu ça mais ils sont sûrs que ça ne pose pas de problème, d'autant plus que xxxxxxx euros, c'est donné. Le sud de la France, c'est forcément super comme climat, le doute ne leur vient même pas à l'esprit.

Adjugé vendu ; les Hollandais, Allemands Belges ou autres Anglais débouleront avec leur barda avant l'été. Ah ! L'été !

Pendant ce temps, le petit couple rendu à l'évidence de son insolvabilité, a trouvé un hectare à louer, avec une source dont il ne sait pas qu'elle est à sec l'été, et achète une caravane, super occas, et, tous les deux se mettent à trimer comme des dingues pour faire pousser leurs carottes dans les caillasses, semer pour les poules, se réjouir de leur bonheur. Mais ils jouent le jeu un peu quand même ; ils font les marchés, mettent des couleurs sur leur étalage, pratiquent des prix prohibitifs, vendent leur plan un euro- les bobos, qui ont acheté la propriété où ils auraient pu assouvir leur désir d'élevage, ont les ronds, eux, pour un euro le plan de tomate. Tout roule.

Au bout d'un petit moment, les maraîchers sont fatigués, et les bobos s'ennuient. Ils disparaissent dans la nature, et d'autres, les mêmes, viennent les remplacer.

Pendant ce temps, les vaches sont enfermées dans ce -qu'on-ne peut-pas-nommer-étables, les cochons sont torturés dans leurs hangars, les agneaux, sevrés à trois semaines partent en Espagne se faire engraisser et reviennent en France se faire estourbir en gigots longs ou courts selon la mode, les veaux sont entravés, jamais tété maman, les poules... n'en parlons pas ; les poules, c'est quasi préhistoriques comme bestioles !

Pendant ce temps, les bobos trouvent les maraîchers sympas et mettent du beurre sur leurs épinards, et le peuple citadin qui ne sait pas à quoi ressemble une poule en bouffe quand même.

C'était la première brève : souvenir de la campagne de France.

Je garde le sucre pour la fin ; pas parce que c'est le plus important, mais justement, parce que ça n'a aucune importance, au point où nous en sommes.

Les humains n'arrêtent pas de se regarder le nombril ; ils sont les plus malheureux, ils pleurent sur le malheur de l'un, s'offusquent de la violence de l'autre ! Ne peut-on s'oublier un peu ? Non, ils veulent de la barbaque, aller aux îles canaries en avion low cost, y prendre un plateau de fruits de mer, mais chez eux aussi en rentrant, restent pas en place, s'ennuient quand ils ne bougent pas, sont curieux de tout, veulent tout goûter, les petits garçons, les petites filles, les sushis, se foutent de ce qu'ils font, se foutent de comment c'est fait ... ils rattrapent des millénaires de frustrations, de malheur, de labeur, d'oppression , d'envie, d'être roi, d'être princesse, d'être riches,... C'est bien ma veine d'être née à ce moment-là !

Mais pendant qu'ils jouissent de toutes ces richesses, ils laissent tout aller à vau l'eau ! Pardi, il y en a qui jouissent moins des plaisirs basiques que d'autres, plus élevés, de gouverner le monde, l'asservir, le mettre à leurs bottes !

Pendant ce temps là, on interdit aux petites graines de rester des petites graines, là, gratuites pour qui les recueille les choie et les ressème. Niet ! Interdit  ! http://19.r.mailjet.com/nl/0o/xp955.html?a=6N7Zkm&b=fec77321&c=0o&d=4f700739&e=2bba6127&email

Mais tout le monde s'en fout, parce qu'il faut, fissa, sortir de l'Europe pour retrouver nos despotes bien à nous, ceux qui parlent la même langue, encore que...

L' Écume, l'écume n'est plus celles des jours qui endolorie notre adolescence si ardente et si folle, ni celle des vagues qui bulle notre peau frémissante de plaisir, ce n'est même pas la mousse d'une bière belge qui se happe et dessine des moustaches à la plus belle des filles, non plus celle des mourants dégoûtants, débordant de lèvres livides, pas celle dont n'étaient pas faites les pipes en bruyère de mon père, encore moins celle qu'ôte Marthe, la cuisinière, concentrée sur son bouillon de pieds de porc, ni Marie sur ses confitures ; non l'écume des choses, ce qui se voit, n'a pas de consistance et se laisse « écumer », se recomposant sans cesse. Ça déborde, nous engloutit, nous submerge ! C'est à qui propose l'écumoire la plus efficace !

Pendant ce temps la soupe de grenouilles cuit.

Mais non, celle qu'on nous propose est toute synthétique, artificielle, appétissante ; on y plonge nos cuillères, on y abîme nos neurones, on y perd nos calories.

...On vole et stérilise nos terres, on confisque nos graines, on réduit à peau de chagrin la récolte de nos diversités, on nous égalise, on artifice notre vitalité, on ridiculise nos cultures, on confirme le seul chemin, on inhibe nos envolées, on endocrine nos cellules, mais on ne fait pas ressusciter nos morts.

Et pendant ce temps là, on a chacun sa petite idée.

Et le sucre ? attendez-vous. Rien de plus, il est là : http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/industrie-sucre-ne-pas-dire-eleves-ce-qu-faut-manger-729.html

Quant au reste allons-y, il est urgent de boycotter ; ne plus positivez ; n'avoir que ses pieds, palmés ; ne valoir moins que rien ; souffler sa bougie avant de s'endormir ; désobéir aux ordres ; boudez, mais calmes, nous n'avons plus ni père ni mère à qui réclamer notre pitance ; ne pas gaspiller les coups de pied au cul ; voler de ses propres ailes, n'avoir d'essence que la sienne ; récupérer la peau de l'ours... abattre des montagnes, ...et oser s'amuser ensemble !


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20 réactions à cet article    


  • claude-michel claude-michel 4 février 2014 10:45

    Bon truc...L’humanité est en plein lavage de cerveaux depuis des siècles (voir des millénaires)...sont métro-boulot-dodo toute la sainte semaine et le ouic-inge encore en bagnole sur l’autoroute qui augmente sans arrêt...ça fait rien c’est comme les cigarettes ou la nourriture...zont l’habitude depuis le temps...réagissent plus à grand chose aujourd’hui..des zombies ma pauvre..plantés devant les écrans plats..ou les pouces sur leur i-phone...(ça va...oui ça va) c’était un énième sms... !
    ben non ça va plus mais ils ne voient pas..son aveugle ou réagissent pour des banalités comme dimanche à Paris...mais pas pour virer a grands coups de pieds aux culs ce gouvernement...sont cul de jatte... ?

    +++


    • alinea Alinea 4 février 2014 15:29

      Le courage est beaucoup plus difficile que la colère ; celle-ci est un exutoire nécessaire si on ne veut pas devenir fou ; ce qui est curieux, c’est que nous sommes très unis dans la colère, mais bien peu dans le courage !


    • claude-michel claude-michel 4 février 2014 16:03

      Par Alinea....La colère amène souvent le courage...cela dépend des personnes..de l’instant.. !


    • alinea Alinea 4 février 2014 16:35

      Le problème , c’est que la colère est souvent une atteinte à nos émotions ; on s’indigne, on s’énerve, chacun pour des choses différentes. Là, nous avons pourtant à faire à du lourd ; le problème de la paysannerie et de l’agriculture, du foncier, ce n’est pas rien : c’est tout !
      On se met en colère parce qu’on nous pique des sous dans notre porte-monnaie, mais pas quand on bouzille notre culture, nos savoirs ancestraux, les connaissances millénaires, notre liberté, responsabilité et amour pour notre environnement.
      Tout le monde s’en fout ou bien se sent impuissant !
      Le courage de sortir de nos gonds que nous procurera notre colère, se fera sur le plus petit dénominateur commun : des conneries ! ou, des prétextes cachant le désastre, mais que nous ne verrons pas !
      ( j’espère que vous avez signé !!... même si je ne crois pas qu’une signature changera le cours de l’histoire !)


    • alinea Alinea 4 février 2014 16:43

      Une image me vient : vous vous mettez en colère quand on vous vole votre sac ; mais si on démolit votre maison, vous êtes abattu : vous savez que la colère ne peut pas grand chose ; aujourd’hui on s’indigne pour un oui pour un non, mais on démolit notre maison et nous ne savons pas quoi faire !
      paysannerie, industrie, éducation, santé, culture,etc,... on subit en râlant.
      C’est une excellente question philosophique, pour le bac de cette année !! :

      Pourquoi portons-nous notre regard sur des faits multiples et incessants, et pas sur leur cause et leurs solutions ?


    • Henri Diacono 5 février 2014 05:48

      Bravo Alinéa. Je me suis régalé. Le Cri et le... Rire qu’il ne faut pas oublier, les deux meilleurs remèdes à l’enfumage général. Vos trois chevaux vous seront encore plus reconnaissants de vous être ainsi défoulée et viendront souvent vers vous, en amis sincères, afin de se faire grattouiller le chanfrein. Vous venez de prendre un bon bol d’air que les autres ne pourront jamais respirer, les « pôvres ». Je vous en prie, ne changez pas !
      A Claude, Pourquoi rejeter encore une fois toute cette merde dans laquelle l’espèce qui est la nôtre patauge depuis toujours, sur ceux qui nous gouvernent. Il y aura toujours ici bas Dominants et Dominés. Alors quoi faire ? C’est simple. S’arranger pour sortir du troupeau des « dominés » sans trop de casse pour soi-même et regarder passer le train qui les conduit là où il ne faut surtout pas aller. En criant quelquefois et en riant souvent.
      Amicalement à vous deux.
      Au fait Alinéa, le sucre je m’en fous. Bien apprécié la pirouette du site à consulter. Et comme je suis paresseux mais guère fainéant, j’ai opté pour la paresse.


    • Karol Karol 4 février 2014 16:53

      Bonjour Alinéa,
      La file et bien calme aujourd’hui. Que se passe-t-il ? Celle sur « dégénérer » était plus active et je suis arrivé après la bataille, Le samedi c’est compliqué pour moi.

      J’ai l’impression que l’on tourne en rond sur cette époque finissante qui n’en finit pas de s’éteindre. Tout ou presque est dévasté, tout n’est que ruine et sables mouvants et, pour sortir de ce marécage dans lequel nous sommes tous plus ou moins englués, il ne faut pas trop s’agiter pour trouver des appuis solides car ils sont rares. 

      Quant à cette histoire de sucre, seuls les loups peuvent apprendre aux moutons comment se nourrir sainement.

      C’est bien connu, après un Big Mac , des frites et un Coca il FAUT manger 5 fruits et légumes par jour pour ne pas mourir prématurément et ainsi ne pas avoir le temps d’ingérer la dose de merde industrielle que les multinationales du secteur ont fixé pour chaque individu dans leur « business plan ».

      Je dois avoir l’esprit mal tourné en ce moment.


      • alinea Alinea 4 février 2014 19:15

        Notre génération disparue, il n’y aura plus de mémoire ! Plus de nostalgie ; quand on est gosse on accepte son environnement, et même on l’aime !
        Que l’industrie rentre à l’école, ça fait déjà un petit moment qu’on en parle, qu’on le sait ; mais tout se fait insidieusement, sans à-coups ; quand on se réveillera, il sera trop tard, tous auront accepté cette réalité comme « la » réalité !
        Non, pour le mauvais esprit ! je crois qu’on ne fait pas encore tout à fait le tour des dégâts ! Il n’y a pas de complot !! juste que la seule valeur est le profit ; comme dit Claude, on n’a plus qu’à se retirer ; et c’est ce que je vais faire. Après tout, rester dans la bataille ne nous enfonce qu’un peu plus dans notre impuissance !

        Oui, c’était calme ; j’ai le défaut assumé de ne pas savoir vendre !! dommage pour les pétitions !

        Bonne soirée Karol


      • Karol Karol 4 février 2014 19:21

        Malgré mon esprit ronchon je vais signer la pétition.


      • alinea Alinea 4 février 2014 19:32

        Il y en a deux Karol !!!
        Bon, les graines, quand même ; personnellement je ne crains pas de désobéir, mais si nous sommes peu à le faire, cela va devenir compliqué !!!


      • Karol Karol 5 février 2014 08:51

        C’est fait.


      • Claude Claude 4 février 2014 17:16

        Notre monde fout le camp.
        Seuls les imbéciles ne le savent pas encore.
        Hypnotisés par les biens matériels de la société de consommation.
        Que nous reste t il pour exprimer notre désespoir ?
        La rue, les manifs, peut être.
        Ou bien rester retrancher et sauver ses meubles.
        Partager quelques idées, sur ce site ou ailleurs,
        Bien triste satisfaction,
        En attendant la révolution ?


        • alinea Alinea 4 février 2014 19:17

          La prise de conscience ne se fait jamais par articles interposés, le désir de réflexion non plus ; j’ai l’impression de libérer mon trop-plein et si je le partage, ça fait du bien !!
          Merci à vous


        • Claude Claude 4 février 2014 19:22

          Continuez, c’est un plaisir de vous lire !


        • alinea Alinea 4 février 2014 21:33

          Sincère merci Claude  smiley 


        • marmor 4 février 2014 18:44

          Les années 50/60 chez mon anar de grand père dans l’Ariege montagneuse, un petit village. Les champs, disséminés dans la montagne, sur les « plainiés » ( zones plates ). 500, 1000 m2 en moyenne. Que de la culture vivrière, bio, bien sûr, mais à l’époque le mot n’existait pas ! Seul angrais, la fumure des animaux. Du blé, de l’avoine, du seigle, et du blé noir, pour arrêter la migration des cailles. Les céréales envahies de coquelicots et chardons bleus. Des épis bien pleins, bien sains, bien dorés. De belles récoltes faites dans la joie du dépiquage partagé. Des moissons à la faucille, des gerbes liées à la paille, montées en gerbier, puis engrangées. Jamais vu de semences achetées, et tous les ans les blés étaient toujours aussi beaux, les pailles bien droites.
          Fini.... J’ai signé la pétition.


          • marmor 4 février 2014 18:56

            Mon grand regret, mes enfants ne connaîtrons jamais ces bonheurs de conduire les vaches attelées au joug, ou le merens et son licol de travail pour tirer le chariot à patins, ou le bruit de la cognée de mon grand père abattant un frêne ou un chêne, pas trop gros, car il fallait le ramener à l’épaule, les merveilleux légumes du jardin, les poêlées de girolles et coulemelles, les grenouilles de l’étang au pied du Moncalm à 2000m d’altitude, et les farios pêchées à la main dans le ruisseau voisin......


            • alinea Alinea 4 février 2014 19:06

              Des bonheurs qu’on ne peut regretter que si on les a connus ! Ainsi, pour tout ! On ne peut pas en vouloir aux jeunes de nous traiter de ringards quand on évoque ces récoltes, cette luxuriance qui n’était gagnée que par son travail, son savoir et son savoir faire ! Personne n’aurait l’idée aujourd’hui de s’extasier devant un champ de blé sans bleuets, sans coquelicots, et qui fait... trente hectares !!


            • Mivile Mivile 4 février 2014 21:07

              A peine ai-je commencer à lire des pseudo-informations sur le site lesucre.com que je découvre que « contrairement aux idées reçu,il n’y a pas de lien entre la consommation de sucre et le diabète »...


              • alinea Alinea 4 février 2014 21:38

                Ça déculpabilise ceux qui aime les bonbons !!
                J’ai lu quelque part que le diabète avait à voir aussi avec le fameux cholestérol ! Honnêtement je ne suis guère instruite ; ce que je sais, c’est que le sucre blanc n’est ni plus ni moins qu’un poison !!

                Les enfants pourront dire à maman que le monsieur leur a dit que c’est bon, si on en n’abuse pas. Qu’aura-t-il dit de l’abus ? smiley

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