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Accueil du site > Tribune Libre > Bis répétita en Syrie

Bis répétita en Syrie

L'Histoire se balbutierait-elle en Syrie ? Un rapport déclassifié de la DIA (Defense Intelligence Agency) sur la situation syrienne de 1982 éclaire de façon troublante la situation actuelle. Connaissez-vous la DIA ? C'est une agence de renseignement dépendante du ministère de la défense des USA. Son document déclassifié le plus célèbre actuellement sur la Toile révèle que les pays occidentaux, la Turquie et les Etats du Golfe soutienne la création d'une principauté salafiste dans l'est de la Syrie afin d'isoler le régime Syrien.

Un autre rapport déclassifié, écrit en 1982 après le terrible massacre de Hama relate une situation syrienne assez semblable à celle qui existe actuellement. Le massacre de Hama a été perpétré par les forces de sécurité syriennes afin de mater l'insurrection des Frères Musulmans dans la ville. Il a fait 20000 morts civils et 3000 morts dans les forces de sécurité syriennes. Robert Fisk, un des seuls journalistes sur place, décrit la violence qui se déchaîne, les attentats suicides de jeunes filles pour tuer les forces de sécurité syrienne.

La Syrie est alors confrontée à une insurrection islamiste des Frères Musulmans, qui commettent de nombreux attentats terroristes et assassinats. Les Frères Musulmans sont soutenus par l'Irak et s'infiltrent à partir de la Turquie. Une propagande contre le régime est lancé à partir de l'étranger. Le régime est engagé dans une lutte à mort contre les Frères Musulmans et réprime avec férocité. En lançant l'insurrection à Hama, les Frères espèrent soulever tout le pays. Cette tactique échouera et les autres villes resteront calmes.

Le rapport mentionne que les Syriens sont pragmatiques, qu'ils détestent le régime d'Hafez Al Assad mais qu'ils le voient comme un facteur de stabilité et qu'ils ne veulent absolument pas d'un gouvernement islamiste des Frères Musulmans. En matant la révolte de Hama le sang et en le faisant savoir, Hafez al Assad va consolider son régime pour de nombreuses années.

Un texte récent donne une explication à la brutalité avec laquelle le gouvernement Syrien a réprimé l'opposition islamiste. Les Alaouites au pouvoir actuellement ont été opprimés par les Sunnites pendant des siècles en Syrie. Ils savent très bien que les islamistes sunnites ne négocieront jamais avec eux et que leur survie est en jeu s'ils perdaient le pouvoir.

Deux forces impitoyables s'affrontent à nouveau en Syrie, le pouvoir et les islamistes. Confronté à la même menace que son père, Bachar et les service syrien utilisent les même tactiques. Mais sans le succès sanglant de 1982...

Pour finir, signalons qu'un des principaux responsable du massacre d'Hama, Rifaat Al Assad, frère de Hafez, coule des jours heureux en France. Il prétend être soutenu par l'Arabie Saoudite


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10 réactions à cet article    


  • Alren Alren 3 décembre 2015 23:01

    La bienpensance commence à dénoncer les états théofascistes que sont entre autres l’Arabie Saoudite et le Qatar.

    Peut-être ont-ils compris que l’intervention russe en Syrie est en train de changer le jeu et qu’il est temps de prendre le« tournant » comme disaient les Kollabos après la victoire soviétique de Stalingrad contre les nazis.

    Alors qu’on peut se désoler du rabougrissement de la France dirigée par des Sarkozy et des Hollande, ce constat est quand même réjouissant !


    • Hijack Hijack 4 décembre 2015 00:00

      Rappelons que si Rifat vit en France ... c’est qu’il a tjrs été pour la soi disant démocratie occidentale, il aurait tout aussi bien vivre aux USA. Sur cette démocratie il était en opposition avec son frère Hafez. Qu’il ait le soutien des saoudiens prouve qu’il a pris le mauvais chemin.

      Qui pourrait logiquement, humainement donner tort au gouvernement syrien de l’époque d’avoir fait arrêter la progression islamiste, encouragée par les USA, comme tjrs.

      Au moins, à présent, Bachar, même pas politique au départ, ambitionnait d’être simplement ophtalmo à Londres avec sa famille, mais à la mort par accident de son frère, prévu pour remplacer Hafez le père, l’a contraint à venir ... contre son gré à l’époque où il disait ne resterait que le temps de la transition ... bref, les choses ont changé depuis et le voilà devenu un des meilleurs stratèges du monde, faisant face à presque la totalité de la planète (à part Russie, Chine, Iran et quelques petits ) contre l’agression de son pays, infesté de toutes parts de terroristes armés, financés, entraînés par l’Empire ... bcp de pays voisins se sont ligués contre lui en soutenant l’agression de la Syrie. Il a pris de la hauteur Bachar, devenu le bouclier pour tous les syriens non criminels, qu’ils soient musulmans ou chrétiens ... en faisant court.


      • leypanou 4 décembre 2015 12:36

        @Hijack
        Il a pris de la hauteur Bachar : il ne faut pas aller dans le sens des Fabius et autres qui, pour rabaisser le président syrien l’appelle par son seul prénom, surtout vu votre positionnement politique.

        Et les journaleux des MSM font de même pareil : ils diraient quoi ces moins que rien si on parle du président de la république en disant François ou le MAE de Laurent ou le premier ministre de Manuel ?


      • Hijack Hijack 5 décembre 2015 00:01

        @leypanou

        Je l’appelle Bachar, comme il m’arrive de dire Vlad ou Vladimir ... souvent l’ami Vlad.
        Je ne me positionne pas comme Fabius.
        D’ailleurs, je disais Bachar avant Fabius ... mais pour dire le contraire de notre soi disant ministre.
        En fait ... on peut appeler une personne par son prénom, le plus souvent par sympathie ... ce qui le font par mépris, sont méprisables.


      • njama njama 4 décembre 2015 11:15

        @ bruno
        Il me faut rectifier votre erreur, (faute de frappe ?) vous avez noté au sujet de ce qui est appelé le massacre de Hama, « Il a fait 20.000 morts civils et 3000 morts dans les forces de sécurité syriennes », ce n’est pas ce qui est écrit dans ce Rapport de la DIA de 1982 déclassifié en 2012, estime le nombre total de victimes à environ 2.000
        voir 2. CONCLUSION page 7 >> « The total casualties for the Hama incident probably number about 2,000. This includes an estimated 300-400 members of the Muslim Brotherhood’s elite Secret Apparatus or about on third of their total Secret Apparatus strength in Syria." »

        et page 6 >> « On the same date, Muslim Brotherhood sources in Vienna claimed 2 000 governement forces had been killed and another 3 000 wounded ... »

        Des chiffres à géométrie variable
        Estimation des pertes (Wikipedia) : Si les estimations les plus basses parlent de 10 000 morts, les plus élevées, comme celle établie par le Conseil syrien des droits de l’homme, parlent de 40 000 morts lors de cette bataille4. En revanche, un rapport officiel initialement secret de la Defense Intelligence Agency (DIA)5 américaine, déclassifié en 2012, estime le nombre total de victimes à environ 2 000.
        Massacre de Hama ou bataille de Hama ?
        Les « frères musulmans » ont exécuté (massacre) quelques 80 élèves-officiers dans une école militaire en juin 1979, triés sur le volet, puisque tous alaouites (chiites). Une mini saint-Barthélémy si on peut dire !
        La bataille de Hama en février 82 est une bataille militaire contre l’insurrection armée des frères musulmans. L’armée a assiégé cette ville durant un mois.
        Que se passerait-il ici en France si quelques fous allaient massacrer 80 élèves-officiers à l’école St-Cyr de Coëtquidan ... l’armée n’interviendrait pas contre ces sectaires dangereux ?
        A ma connaissance, les frères musulmans avaient refusé de déposer les armes.


        • bruno bruno 5 décembre 2015 01:24

          @njama
          Sur le nombre de morts, le rapport est écrit en mai 1982. Je ne pense pas qu’il soit fiable. Fisk, le seul journaliste qui connaisse le moyen orient estime le nombre de morts à 20’000. Amnesty International estime le nombre de mort à 25000, tout camps confondus.
          Il est certain que l’armée syrienne a payé un tribut élevé et la première semaine a effectivement été une bataille urbaine, contre des combattants fanatiques et prêts à tout. Le terme massacre vient du fait que l’armée syrienne a réprimé pendant deux semaines après avoir repris la ville aux islamistes. Et les civils ont payé le prix fort. D’ailleurs, c’est Rifaat qui se vantait d’avoir tué 38’000 habitants. Assad sachant qu’il jouait sa survie a laché les chiens... Mais le rapport dit bien que la majorité des habitants savait bien qu’il était garant de la stabilité du pays. Et j’ai l’impression que c’est toujours le cas. Les services syriens ont réprimés les manifestations sans pitié. Mais on sait aussi que les manifs était infiltrés dès le début par des islamistes et que les forces de sécurité ont eu des morts (et beaucoup). Pour une analyse sans manichéisme, je pense que l’interview de l’ancien chef de la DGSE résume très bien la situation : http://www.les-crises.fr/2012-analyse-de-la-situation-en-syrie-par-alain-chouet/


        • njama njama 5 décembre 2015 12:12

          @ bruno

          Je ne pense pas que la DIA et les américains avaient des amitiés particulières avec la Syrie, bien au contraire. C’est un document officiel, historique donc, pas des spéculations de journalistes. Je vous trouve assez cavalier de le sous-estimer sans produire d’autres sources fiables, d’autant plus qu’il date de 1982, et de services de renseignements qu’on ne peut suspecter d’être complaisants. Pour plus d’exactitude historique il faudrait pouvoir croiser ces données avec celles de Syrie.
          Faisons donc un récapitulatif, 2.000 morts côté frères musulmans, et autant côté forces de l’ordre selon ce rapport, admettons 5.000 ou 6.000 et autant de blessés, soit 10 ou 12.000 « victimes » environ.
          Wikipedia cite le chiffre de 40.000 du Conseil syrien des droits de l’homme repris du Journal Le Monde du 02.02.2012, c’est de la propagande de la coalition qui ne repose sur aucune source, et de plus celui n’existe pas. Il y a bien un Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), et un Conseil national syrien (CNS, ) mais pas Conseil syrien des droits de l’homme (404 Not Found)
           
          Il faut prendre en compte que le gouvernement syrien était face à des actes de terrorisme. Pouvez-vous envisager qu’il reste les bras croisés ? que ces putschistes islamistes étaient des enfants de chœur ?

          Historique de l’insurrection des frères musulmans de 1976 à 1982.
          Menée contre l’autorité du Parti Baas, elle a été surnommée la « longue campagne de terreur »1. Durant le conflit, les islamistes ont à la fois attaqué des civils (Alaouites, baassistes, laïques, nationalistes et communistes) et des militaires. « Les bombes placées dans les gares, les attentats contre les membres du parti Baas et leurs familles ou encore le massacre de sang froid de 83 cadets alaouites à l’école militaire d’Alep en 1979 demeurent solidement ancrés dans la mémoire collective syrienne. Ces atrocités, comparables à celle des guerres en Algérie ou en Irak, confie le journaliste Robert Fisk, atteindront leur paroxysme lorsque les Frères liquident près de 300 membres du parti Baas à Hama à la veille du bombardement de la ville par l’artillerie syrienne »2.

          Des civils ont également été tués par les forces syriennes lors des raids de représailles. Le soulèvement islamiste atteint son point culminant en 1982 avec le massacre de Hama perpétré par les forces du président syrien Hafez el-Assad, lorsque plusieurs milliers de personnes ont été tuées dans le siège de la ville par les troupes de l’armée régulière syrienne.

          https://fr.wikipedia.org/wiki/Insurrection_islamique_en_Syrie


          • bruno bruno 5 décembre 2015 17:16

            @njama
            Honnêtement, je ne sais pas le nombre de morts. Je me fie aux estimations de Fisk et d’Amnesty de l’époque. Je suis d’accord que 40’000 personnes tuées est largement exagérée. Mais je ne pense pas que le propagande anti-syrienne soit à chercher dans la sur-estimation du nombre de morts.Je crois plutôt qu’elle se niche dans le fait que les journaux citent le nombre de victimes sans remettre les évènements de Hama dans leur contexte, celle d’une guerre terroriste contre le pouvoir syrien (l’article du Monde qualifie d’opérations coup de poing les actions des frères musulmans...). Et oublient de mentionner que la population soutient Assad malgré tout. Cela donne l’impression qu’Assad a décidé de massacrer la population de Hama sans raison, juste pour le gout du sang. C’est ce contexte que l’article essaie de restituer,


          • njama njama 5 décembre 2015 22:47

            @bruno

            « Cela donne l’impression qu’Assad a décidé de massacrer la population de Hama sans raison, juste pour le gout du sang. »

            Quel intérêt aurait eu Hafez al Assad à faire ça ?
            L’exagération sur le nombre de victimes de ce massacre (ou de bataille) de Hama est une histoire de propagande liée à ce qui se passe en Syrie, pour faire passer l’image (des médias) d’un dictateur (sanguinaire) de père en fils, ce qui est débile de mon point de vue.
            La période de 1976-1982 n’a rien à voir avec celle de 2011 et Bachar n’est pas Hafez ...


          • njama njama 5 décembre 2015 12:21

            @ bruno
            "Mais on sait aussi que les manifs était infiltrées dès le début par des islamistes et que les forces de sécurité ont eu des morts (et beaucoup)."

            Ici à l’époque personne ne voulait l’entendre, ... les médias - influencés par le Quai d’Orsay - racontaient que Bachar massacrait son peuple, or rien n’est plus faux.
             ...c’est ça le drame, et le terrible engrenage qui a généré ce chaos en Syrie.
            On assistera après au même scénario en Ukraine.

            documentaire anglophone d’octobre 2012 de Lizzie Phelan et Mostafa Afzalzadeh. des manifestants pacifiques qui tuent une cinquantaine de policiers ? ... 

            Fabriquer la contestation : la vérité en Syrie - (Manufacturing dissent )

            http://www.youtube.com/watch?v=84YzV9gTf_I

            Dans cette vidéo de 44:03) le témoignage d’Alaa Ebrahim, journaliste dont le frère dans l’armée syrienne a été tué. Il dit :

            (à 3:29 > 4:31) :
            « Jusqu’à ce jour, les 4 premiers morts des manifestations à Daraa, j’ai interviewé des manifestants qui étaient à leurs côtés ainsi que des officiers de sécurité et des policiers. En fait leurs récits ne s’accordent pas toujours très bien , mais il y a une chose sur lequel ces personnes sont toutes d’accord, personne ne sait qui a tiré sur les manifestants qui furent tués le premier jour. Les manifestants m’ont dit que les coups de feu venaient du haut d’un château d’eau de la ville. Et en fait ils ne pouvaient identifiés les tireurs. »

            puis il dit à 11:53 > 13:08

            « Au début, l’histoire qu’ils ont racontée c’était que des manifestants pacifistes étaient réprimés par un état policier. Selon eux l’armée et les forces de sécurité ont été utilisées. Ils n’ont pas précisé que jusqu’à mai l’armée ne fut pas impliquée, pas même lorsque 50 policiers furent tués comme à Daraa les premiers jours. Personne ne mentionne que le jour où l’armée a décidé d’entrer dans Daraa, les soldats portaient leurs tenues de combat, gilet pare-balles et casques, 70 soldats furent tués le jour où ils entrèrent dans Daraa, ce qui témoigne d’une violente attaque sur l’armée et une très grosse attaque de snipers. J’ai vu de mes yeux un colonel de l’armée, il reçut un tir provenant d’une distance de plus de mille mètres, ce qui indique un haut niveau d’entrainement. Ils n’ont pas mentionné cela parce que les nouvelles disaient »Ok, il y a des manifestants pacifistes et cet état autoritaire qui réprime les manifestations. Et ils ignoraient tout le reste"


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