On pouvait autrefois lire la presse sans y écrire, écouter la radio sans y parler, regarder la télévision sans y passer. Internet a promis à chacun qu’il pourrait y naviguer et y contribuer.

Puisque vous avez cédé à cette promesse, vous m’autoriserez cette faiblesse.

Concernant les tutos sur tout et le reste, ils ont le mérite d’exister et le défaut d’être chronophages. Faut-il faire confiance à l’algorithme de google qui place en tête de liste les plus consultés ? Il se peut que parmi 30 tutos traitant d’un même sujet le meilleur soit celui qui est sorti en dernier (par exemple grâce à un travail de synthèse de son auteur). Arrive-t-il à remonter en tête de liste ? Il se peut aussi que le meilleur artisan en plomberie ne sache pas manier les bons outils du vidéaste.

Votre image du siphon dit-elle votre crainte que la vie se résume à un mode d’emploi, à une succession de gestes ? On achète des machines qui vient constituer notre environnement, munies de boutons tellement explicites qu’on n’est pas tenu de lire le mode d’emploi, l’incitation à appuyer sur le bon étant naturelle. Les vieux de l’informatique ont connu ça avec la transformation de l’écran en clickodrome. Au point que celui qui savait concevoir un enchaînement de commandes qu’il soumettait à la machine sous fprme de script passe pour un handicapé de l’informatique parce qu’il ne connaît pas l’outil planqué quelque part dans le cloud et qui fait presque la même chose. La vérité est entre ces deux extrêmes, à mon avis.

Il est une matière dont le prix n’est pas excessif, c’est le sol. Je ne vois pas les gens se ruer dessus.

J’ai pu méditer pendant des années sur le désintérêt des jeunes pour l’enseignement général. Ca ne date pas d’hier ; dans ma jeunesse le combat concernait la survie du latin. Combat gagné par la langue portant en elle le plus d’opérativité, l’anglais. De ces années de tentatives pédagogiques, j’avance qu’il est inutile de chercher à orienter l’intérêt d’un jeune vers les considérations générales sans le convaincre de réinvestir dans l’esprit critique.