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Luc24 Luc24 20 mai 2023 16:47
« La Russie doit perdre cette guerre », par Jonathan Littell

Pour Poutine, comme pour son ministre [des Affaires étrangères] Lavrov, le mensonge est au cœur de sa formation, c’est un outil naturel. Le dialogue, pour lui, ne sert qu’à prendre un avantage et à avancer ses pions, avant de repasser à la force quand il le faut. Une négociation ou un accord – tels les accords de Minsk de 2015 censés mettre fin au conflit du Donbass – n’est qu’un moment servant à geler un gain, jusqu’à ce qu’une ouverture se présente pour faire de nouveaux gains. C’est comme ça que ça fonctionne. Penser, comme le fait Kissinger, qu’on peut revenir au statu quo ante est une aberration. Penser qu’on peut amener Poutine à des négociations de bonne foi, et qu’il respecterait (enfin !) les termes de ses engagements, est ridicule. Si nous n’avions pas été aussi impuissants, aussi timorés, aussi aveugles, si nous avions réarmé l’Ukraine dès 2015 ou placé des troupes de l’Otan sur son territoire, ne serait-ce qu’à titre de formateurs, jamais Poutine – qui ne comprend qu’une seule loi, celle du plus fort – n’aurait risqué cette guerre. Si on lui laisse le moindre profit de celle-ci, on ne fait que préparer la prochaine.

(...)

Poutine est un homme qui au XXIe siècle mène une guerre du XXe pour atteindre des objectifs du XIXe. Pour lui, qui se compare maintenant au tsar Pierre le Grand (1672-1725), l’annexion complète de l’Ukraine est une question existentielle, qui n’a rien à voir avec ses rodomontades sur l’Otan. L’Ukraine ne doit plus exister, c’est tout. Et il n’y a aucune concession, aucune ouverture diplomatique, aucun compromis « raisonnable » que nous pouvons lui offrir qui l’empêchera de mener cette ambition à terme, qui serait capable de sauvegarder l’intégrité territoriale, politique et économique ainsi que l’avenir européen de l’Ukraine. Demander aux Ukrainiens d’arrêter les combats, et de négocier un Minsk 3, 4 ou 5, c’est préparer le terrain pour une réinvasion de l’Ukraine dans quelques années, le temps pour Poutine de rebâtir son armée et de refaire ses stocks d’hommes, d’armes et de munitions. Et s’il meurt entretemps, mais que son régime lui survit, son successeur fera de même.

(...)

« Il ne faut pas humilier la Russie. » Depuis vingt ans, plus on se plie en quatre pour accommoder la Russie ou du moins la ménager, plus Poutine adore clamer qu’on l’humilie, lui qui manie l’humiliation de ses interlocuteurs comme une science. Qu’on continue à entrer dans son petit jeu est étonnant. En réalité, Poutine s’humilie tout seul. En prétendant rejoindre les grands de ce monde sans en respecter les règles les plus élémentaires. En bafouant et violant les droits des gens quand ça lui convient, en Tchétchénie, en Géorgie, en Syrie, en Ukraine maintenant. Et en engageant la guerre avec une armée minable, inepte, archaïque, et de surcroît pillée et affamée par ses généraux. Si vraiment il nous en veut pour ça, nous en veut mortellement, ce n’est pas à nous de présenter nos excuses, mais bien plutôt de lui infliger une bonne leçon et de le renvoyer à la place qui est la sienne, la place qu’il s’est choisie.


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