« Le combat des
Gilets jaunes, dans une certaine mesure, constitue un refus, une révolte contre
cet immobilisme des organisations syndicales et politiques réduites à gérer
conjointement avec le pouvoir le système en place, alors même que la tendance
générale du capitalisme n’est pas d’améliorer les conditions de celles et ceux
qui produisent la richesse, mais à les dégrader. »
Je trouve que c’est bien vu.
Nos concitoyens souhaitent en fait des solutions qui passent
par les voies institutionnelles parce qu’ils redoutent à juste raison les
aventures incontrôlées et incontrôlables. En dépit du fait qu’ils sont bien
conscients que ces institutions sont devenues dysfonctionnelles du point de vue
de la démocratie qui est censée être quand même un peu représentative de la
société et de ses intérêts, du point de vue aussi de l’efficacité du pilotage économique
et social.
Ils attendent, espèrent un sursaut de la classe politique qui
ne vient pas. Les différents clans n’arrivent pas à dépasser leurs intérêts
politiques particuliers en se hissant à la hauteur de l’intérêt général. Au
contraire, ils trouvent de l’intérêt à entretenir tous les clivages qui s’expriment
et exploiter les événements propices à
leurs entreprises en espérant être le joker et le gagnant d’un jour qui va
durer 5 ans.
Cela est possible parce qu’il n’y a plus d’alternative viable
à gauche pour faire une proposition recevable pour le pays. Cela s’explique par
le fait qu’une partie de la gauche a réussi pendant un temps a trompé le pays en
parvenant à afficher les apparences de la gauche tout en faisant avec zèle la
politique des droites avec leurs conséquences. Résultats : effets connus
de ce type de politique encore aggravés par un contexte de crise+perte de
confiance généralisée+récupération des mécontentements par les droites extrêmes
expertes de ces situations.
Nous sommes rendus à un nœud gordien qui devrait être
tranché. Cela n’en prend pas le chemin parce que les droites ont compris le
danger et font et feront tout pour diaboliser le noyau dur de la gauche
historique, celle de 81, incarnée pour l’essentiel par LFI et que les apparatchiks
de la gauche qui marchent à droite verraient bien continuer leurs petites
affaires et carrières comme avant en rénovant (c’est une de leurs spécialités)
leur vocabulaire et la configuration de leurs promesses.Et surtout en contenant
la contagion de ceux qui méritent de s’appeler
la gauche.
L’affaire est pour l’essentiel dans les mains de nos
concitoyens dont les médias vont s’occuper avec beaucoup de zèle. Allons nous
avoir de la mémoire, prendre du recul, résister à la propagande qui va nous
embarquer dans une cascade d’événements, de coups de théâtre, de petites
phrases, de personnalisation à outrance, de sondages et enquêtes dont les
contenus essentiels ne sont connus que
de ceux qui les paient, les stratèges des campagnes. Allons de nouveau accepter et
lier la conduite du pays à une assemblée nationale dont la légitimité de la majorité
repose sur + ou – 20% du corps électoral ? Allons-nous nous dérober devant
le rendez-vous historique qui nous attend, sortir du néolibéralisme qui n’a pas
l’intention dans ses profondeurs, malgré les ruses de circonstance, de renoncer
à son emprise ? Comme toujours dans les rendez-vous historiques, la
décision est lourde à prendre et comporte une part d’incertitude. Comme la
plupart des grandes décisions que nous prenons dans notre vie. Autrement, le
champ est libre pour ceux qui savent très bien ce qu’ils veulent sans
hésitations ni états d’âme et nous avons déjà une idée de ce qui nous
attend dans le paradis néolibéral.