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bernardo gui 2 mai 2007 14:34

Bonsoir, Aborder le sujet de sectes en France semble un thème racoleur, facile, consensuel. En effet ces mouvements minoritaires, voir marginaux s’inscrivent bien dans ce que pensent la majorité de nos concitoyens sur la nocivité de ce qui est à la marge de la société. Les sectes servent facilement de bouc émissaires idéal pour expliquer tel ou tel comportement que l’on ne comprends pas et pour se revaloriser soi même, se persuader que l’on est quelqu’un de bien, de normé. On rencontre exactement le même phénomène à de degrés divers avec les immigres, les gens du voyages, les juifs. La marginalité sociale elle-même est devenue suspecte, en tout cas en matière religieuse.

A force d’entendre ce genre de poncifs habituels sur la nocivité fantasmée, virtuelle des sectes, vous verrez que dans quelques années, les scientologues ou les témoins de Jéhovah pour ne citer que les plus représentatifs, vont devenir les nouveaux juifs, et que l’antisémitisme culturel que l’on a connu au début du XXe siècle en Europe, va se développer au sein de la population envers les mouvements dit sectaires si on suit l’idée de l’adage « critiquez, critiquez, il en restera toujours quelque chose ; ou il n’ y a pas de fumée sans feux ». Si on suit cette logique, un jour on commencera à rédiger des lois anti-sectes sous la pression de l’opinion publique pour écarter de la société les membres de ces associations, (par exemple que tous membre d’une secte soit interdit de la fonction publique), puis les citoyens seront invités à dénoncer leurs voisins de manière anonyme bien sur, on organisera peut-être des pogroms, puis des camps de concentration... Je ne comprends pas l’acharnement de l’auteur de cet article qui visiblement n’ a pas eu de problème personnels avec un de ces mouvements et qui sous des airs de chevaliers blancs, tient un discours qui n’est ni républicain, ni laïc, mais franchement anticlérical, discriminatoire, inquisiteur, réactionnaire... pour ne pas dire plus.

Pour dialoguer d’une manière dépassionnée au sujet des sectes, il faut respecter les points suivants :

1°) Tout d’abord, Il faut respecter la loi. En France les mouvements dit sectaires sont surveillés. Si un des membres enfreint la loi, il sera condamné comme tout un chacun, si une association en tant que personne morale est condamnée, elle peut être dissoute comme le prévoit la loi. Heureusement qu’il existe des lois, des institutions souveraines et des possibilités de recours dans un état de droit, face à des personnes qui jouent au Torquémada des temps modernes. I’article n’est pas loin de dénocer un complot sarko-scientolo-jéhovistes contre la république. C’est ce que l’on disait des juifs dans les années 30 dans l’horrible « protocoles des sages de Sion ». Je rappelle que les rapports parlementaires n’ont pas force de loi, et qu’un parlementaire digne de ce nom ne doit pas attiser la haine, l’ostracisme sur une partie de la population, mais se doit en tant qu’élu de contribuer à faire vivre ensemble des cultures différentes, mais nullement jeter de l’huile sur le feux. Je suis pour ma part inquiet de la dérive des commissions parlementaires sur ce sujet sensible aussi bien sur les méthodes d’investigation employées que sur les conclusions auxquelles elles aboutissent.

2°) Il ne faut pas faire d’amalgame. Il n’est pas satisfaisant, intellectuellement parlant, de faire de cas isolés une généralité, et d’en déduire, sur les dires de quelques personnes, que tel mouvement est dangereux. C’est comme si vous affirmiez que l’Église catholique est une organisation dangereuse sur les dires de quelques fidèles mécontents ou déçus de leur curé, et il y en a. Dans la cas contraire cas, il faudrait penser à notifier comme secte l’église catholique qui couvre les dérives pédophiles de certains de leurs prêtes. Il ne faut pas qu’il y ait deux poids deux mesures dans un état laïque. De même, il ne faut pas mettre dans le panier « suspect » toutes les minorités religieuses sous prétexte qu’elle sont minoritaires ou récentes ou d’origine étrangère. Il s’agit la d’un a priori de départ illégal.

4°) Il faut juger sur des actes et non sur des présomptions qui s’apparentent plus à des jugements de valeurs diffamatoires. Il faut faire confiance aux pouvoirs publics du ministère de l’intérieur lorsqu’ils affirment qu’il y a très peu de plaintes à l’encontre de ces mouvements, principalement en ce qui concerne les enfants. « Il n’y a pas plus de dérives à l’intérieur de ces mouvements que dans le reste de la société » affirme raphaël Logier sociologue et universitaire dans un article de Libé du 20/12/06.

3°) Pour un débat constructifs, éclairant qui permet de se forger une opinion, Il faut citer des arguments à charge et à décharge. Il y a aussi des universitaires, des sociologues, des parlementaires courageux qui ne sont pas du tout d’accord sur les méthodes des commissions parlementaires : Jean baubérot, Massimo introvigne, Régis dericquebourg, Christian Vanneste, Raphaël Liogier pour n’en citer que quelque uns. Je vous invite à prendre le temps de lire les déclarations de ces personnes et de les inclure dans votre réflexion. Il faut aussi citer des personnes qui trouvent du contentement à adhérer à ce genre de mouvements, donc il est indispensable de vérifier ce que ces mouvements apportent de positifs à un individu, une famille.

C’est malheureusement ce que vous ne faites pas dans votre article, et que n’ont pas fait les différentes commissions parlementaires qui se sont penchées sur ce sujet. Comme le dit le sociologue jean Baubérot, « il s’agit de dépasser une démarche d’opinion pour aller vers une démarche de connaissance qui oblige à mettre de coté notre jugement moral afin de l’éclairer ». Il y a un danger évident à ostraciser ce genre de mouvement. Le premier étant de les marginaliser un peu plus et de les plonger dans la clandestinité, avec la des dérives réelles et non plus virtuelles. Le deuxième, plus grave encore est de créer une société conformiste, avec une pensée unique, totalitaire qui élimine toutes formes de différences. C’est pourtant ce qui fait la beauté du monde. J’irai même plus loin, je considère que la société se nourrit des marges pour progresser, pour évoluer. Il ne s’agit pas d’un point de vu, mais d’une réalité historique.

Cordialement. Bernardo Gui


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