Le provençal « aprivadar » (issu du latin « privatus »
qui a donné « apprivatiare »)
et le berrichon « appriver »
ont le même sens de « rendre privé », c’est-à-dire s’approprier
quelque chose (ou quelqu’un) jusque là étranger, c’est-à-dire « non
familier ».
Apprivoiser, c’est aussi
domestiquer, asservir, rendre dépendant et priver l’autre de sa liberté, d’un
côté comme de l’autre.
D’ailleurs, le texte de
Saint-Exupéry n’est pas aussi limpide qu’il en a l’air, car il implique une
contrainte très forte dans le passage final qui contient le message principal
mais que vous ne citez pas : « Tu deviens responsable pour toujours de ce
que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose... ».
Nouer des liens comporte des avantages, mais cela enchaine et
interdit souvent son propre épanouissement. C’est ce qu’ont compris tous les pervers
narcissiques qui polluent leurs victimes et se nourrissent de leur substance qu’ils
leur pompent comme les femelles taon pompent le sang des chevaux.