"Pourquoi ne pas s’asseoir autour d’une table entre personnes civilisées
et discuter des problèmes calmement, en prenant toutes les bonnes
idées, qu’elles soient étiquetées de gauche ou de droite, pour arriver à
une société meilleure ?"
Vous avez mille fois raison, mais la plupart de nos contemporains sont enfoncés dans des certitudes idéologiques, persuadés - ce qui est vraiment le propre de tous les imbéciles - d’avoir tout compris, d’avoir définitivement raison. Dans leur suffisance ridicule, tout point de vue opposé non seulement n’a pas lieu d’être, mais constitue une atteinte à leur misérable dignité, et un crime inexpiable. Les sans-culottes de la terreur, les guillotineurs les plus atroces sont toujours parmi nous.
Ce qui aura fait la grandeur de ce rassemblement nocturne autour de la statue de la République, c’est la mise en pratique de vertus diamétralement opposés à ces vices de l’intelligence. Je me rappellerai longtemps ce long dialogue entre quelques révolutionnaires patentés et Finkielkraut, l’affreux réactionnaire. Il passe là, on le reconnaît. Quelle surprise ! Vous ici ? Est-ce qu’un académicien serait disposé à nous rejoindre enfin dans notre juste lutte ? Aussitôt, on lui tend un micro, et un débat philosophico-politique tout à fait passionné s’engage, qui restera un des meilleurs moments de la nuit debout parce qu’enfin, rien n’est plus spécifiquement humain ni plus favorable à l’émergence d’une compréhension partageable de l’état des choses -on le sait depuis Platon-, que la guerre des idées. Je regrette vraiment d’être allé me coucher avant la fin du débat.