• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Brath-z Brath-z 15 décembre 2012 13:53

En effet, même si c’est la question du Front de Gauche qui aujourd’hui structure la discussion autour des enjeux stratégiques, les relations avec le PS ne sont pas écartées pour autant. Les situations locales et la perspective des élections de 2014 renforcent d’ailleurs le questionnement quant à l’attitude du PS. Ceci-dit, soyons honnêtes : le PS n’a pas attendu le Front de Gauche pour avoir une attitude d’agression à l’endroit du PCF. Régionales de 2004, et surtout législatives de 2007 et municipales de 2008 avaient démontré spectaculairement sa volonté d’éradiquer la présence du PCF pour le forcer à être totalement inféodé au PS.
La stratégie du Front de Gauche, d’ailleurs initiée par le PCF (appel en octobre 2008 à la gauche du PS pour faire liste commune du « non de gauche » aux européennes de 2009, avant même le départ de Mélenchon et Dolez pour fonder le PG), est précisément une réaction à cette attitude. Si les régionales de 2010 ont donné lieu à des divergences stratégiques locales importantes (la moitié des conseillers régionaux PCF ont été élus sur des listes du PS au premier tour), la double pression exercée par la pérennisation du Front de Gauche et par la gauche du PCF pour une autonomisation totale vis-à-vis du PS devrait rendre rares les divergences stratégiques majeures.

Pour ce qui est de la relative homogénéité des résultats du Front de Gauche, elle est vraie au niveau départemental si on se fie au vote de l’élection présidentielle, mais d’une part elle n’est plus vraie si on regarde une autre échelle que le département (des cartes ont été produites par le géographe Christophe Guilluy prenant pour base le canton, par exemple, qui indiquent d’énormes disparités), et d’autre part, elle concerne également l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle de 2012 (c’est même l’un des faits majeurs de cette élection : auparavant, seul le candidat FN obtenait des résultats sensiblement homogènes - même si la ligne de fracture est/ouest était présente -, tandis que c’est désormais devenu la norme).
Pour les législatives, c’est déjà plus discutable.
De plus, cette homogénéisation relative (existante néanmoins, même si moins spectaculaire qu’on le croirait en regardant les résultats au niveau départemental) a été la poursuite d’un phénomène entamé à l’occasion des élections cantonales de 2011 dans la moitié du pays. Les observateurs avaient déjà remarqué que globalement, le Front de Gauche n’avait progressé que dans les « terres de mission » du PCF, enregistrant même une très légère baisse (moins de 0,5 point) dans les « bastions communistes ». Mais malgré tout, cette progression du Front de Gauche dans les « terres de mission » du PCF n’y a pas fait monter les résultats au-dessus des « bastions communistes ». Globalement, la « ligne de force nord-sud » du PCF, qui passe par le Nord-Pas-de-Calais, l’Île-de-France, le Limousin et l’Auvergne et le Languedoc-Roussillon, demeure la ligne de force du vote Mélenchon en 2012.

Une nuance néanmoins : alors que Jean-Luc Mélenchon y enregistre des résultats du même ordre qu’André Lajoinie en 1988 ou que Robert Hue en 1995 (les résultats de 2002 et 2007 seront passés sous silence, leur ordre de grandeur étant trop éloigné de celui de Mélenchon en 2012), les départements du Nord-Pas-de-Calais ne figurent plus dans le quartile le plus fort des départements ayant voté Mélenchon. Ils se retrouvent dans le deuxième voire le troisième quartile, tandis que l’Aquitaine, le Midi, le nord de la Provence et le Rhône, qui se situaient globalement plutôt dans le troisième quartile des départements, passent dans le deuxième. Ceci-dit, ce mouvement d’émergence d’une fracture nord/sud avait déjà débuté dès le milieu des années 1980, de même pour l’homogénéisation est/ouest. Alors qu’en 1981, le quartile le plus bas de Georges Marchais intégrait la quasi totalité des Pays de la Loire, de la Bretagne et de la Normandie, dès 1988, la Bretagne était presque entière intégrée au troisième quartile, progression poursuivie par le vote Robert Hue en 1995, tout comme cela a été le cas du vote Mélenchon en 2012.
Même : certains anciens « bastions communistes » comme l’est de la Lorraine, perdus par le PCF depuis les années 1990, ont été récupérés par Mélenchon.
Globalement, le vote Mélenchon est caractérisé par :
- une « ligne de force » qui va de l’Île-de-France au Languedoc-Roussillon en passant par le Limousin et l’Auvergne
- une « zone d’ancrage » qui englobe l’ensemble du sud de la France à l’exception du sud de la Côte d’Azur et qui remonte jusqu’au Limousin
- une « zone de maintien » dans le Nord-Pas-de-Calais, qui n’a pas enregistré la même dynamique que les autres « bastions communistes » persistants de la « ligne de force nord-sud » du PCF
- deux « zones de progrès » en Bretagne et Normandie et à l’est de la Lorraine, cette dernière étant un ancien « bastion communiste »
- une « zone vide » qui traverse le Pays de la Loire, la Picardie, les Ardennes et l’ouest de la Lorraine, séparant le Nord-Pas-de-Calais, la Normandie et la Bretagne (qui globalement semblent s’homogénéiser) du reste de l’implantation notable du vote Mélenchon

A titre d’information :
- répartition des départements par quartiles du vote Georges Marchais en 1981 (15,35%)
- répartition des départements par quartiles du vote André Lajoinie en 1988 (6,76%)
- répartition des départements par quartiles du vote Robert Hue en 1995 (8,64%)
- répartition des départements par quartiles du vote Jean-Luc Mélenchon en 2012 (11,10%)
(informations issues du site france-politique.fr du journaliste indépendant Laurent de Boissieu)

Le PCF se renouvelle, il est vrai. Ceci-dit, il est confronté à un « creux générationnel » : globalement, la génération 30-50 ans est absente du parti. On devrait donc en toute logique assister à un brusque rajeunissement des membres du PCF au cours des deux décennies qui viennent, à moins que le PCF ne parvienne à renforcer son attractivité pour cette génération des 30-50 ans. Pour le moment, son attractivité me semble surtout dirigée auprès des jeunes, le MJCF enregistrant une importante vague d’adhésions.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès