@alinea
C’est sûrement pour ça que Poutine a essayé jusqu’au bout
Au fond,
Poutine porte en lui tout le drame de l’Europe. Son évolution vers la guerre à
partir de la conférence de Münich était inévitable (mon point de vue). La
stratégie US en Europe y conduisait, fatalement.
Une analyse
paresseuse et simpliste conduit à penser : tout est de la faute de
Poutine, une sorte de nouvel Hitler. A l’appui de cette vision des choses, le
fait que la Russie n’ait jamais « lustré » la société communiste-soviétique
comme l’Allemagne l’a fait avec le nazisme (vrai, mais avec une différence énorme :
l’Allemagne a perdu la guerre alors que l’URSS l’a gagnée).
Ce serait
donc la faute à la victoire de l’URSS en 45 que les choses ont mal tourné, mal
évolué en Russie, vers une sorte de national capitalisme/socialisme (les restes
de l’URSS). Conclusion : il faut vaincre la Russie par la guerre, sinon
par la guerre du moins par une forte pression militaire (OTAN aux frontières)
pour la faire évoluer comme l’Allemagne après 45.
D’où l’UE-OTAN
(impossible de séparer les deux, l’UE étant consubstantielle à l’OTAN) avec des
visées de conquêtes vers l’Est par changements de régime (l’UE, c’est la
guerre), le but ultime étant de changer le régime russe, en faire une sorte de
régime pro-occidental à l’allemande ou à la française, dans le camp US face à
la Chine.
Cette
stratégie américaine, adoubée par les élites d’Europe occidentale et nos médias,
conduisait à la guerre, c’était inévitable. Pour des raisons historiques, symboliques, identitaires et
structurelles.
En effet, la
Russie est non seulement celle qui a gagné la guerre en 45, mais aussi une
puissance nucléaire quasi égale à l’hégémon US, l’autre vainqueur de la guerre.
La Russie ne pouvait pas se ranger dans le camp US comme une Allemagne, Tchéquie,
Hongrie ou Pologne ... impossible au plan symbolique, impossible au plan militaire
(équilibre des forces nucléaires) sauf à détruire l’identité russe fondée sur
la victoire en 45.
On pensait
que la faiblesse du PIB russe, de l’ordre de celui de l’Italie ou de l’Espagne (nos médias le répétaient chaque jour), avec la
pression de l’OTAN aux frontières de la Russie, permettrait de changer les choses
à Moscou : erreur sur le fond, incompréhension de ce qu’est la Russie, l’identité russe.
C’est cette
impossibilité qui conduit à la guerre en Ukraine, c’est le cul de sac de la
stratégie US en Europe. Un cul de sac profitable aux USA d’un certain point de
vue, avec l’affaiblissement de l’Allemagne et de l’UE concurrents des US, mais
un cul de sac qui a une résonnance mondiale. Le reste du monde comprend qu’en
Ukraine se termine l’aventure occidentale de domination absolue, que de toute
façon c’était le bon moment vu la décadence occidentale. On entre dans une
nouvelle ère.
Védrine
analyse cette catastrophe en 3 mots : « des occasions manquées ».
Comme si une relation mieux gérée avec la Russie eut permis d’évoluer vers
autre chose. Je pense qu’il se trompe. La stratégie US (que Védrine a soutenue
en ex-Yougoslavie, quand il faisait le baise-main à Mme Albright, celle qui a
terrorisé l’Irak) en Europe allait inévitablement vers ce cul de sac et la
guerre.
Cette guerre
en Ukraine est-elle mortelle pour l’Europe ? Possible, en tout cas très
dangereuse. La bêtise caractérielle des Macron, Cameron … peut conduire au
pire. Giscard l’avait compris, qui approuvait l’annexion de la Crimée.
Une
négociation actant l’annexion de la Crimée et définissant un statut spécial à
la partie Est de l’Ukraine, un statut de très grande autonomie dans le cadre de
l’Ukraine (super Minsk), plus un accord global en Europe sur le stationnement des
troupes et armes OTAN et Russes à proximité de la frontière russe permettraient
de mettre fin à cette guerre. On y arrivera peut-être, sauf une marche vers le
suicide. L’UE dogmatique n’arrivera à rien. Je fais confiance aux USA (pragmatiques) pour y arriver. De toute
façon, on n’a pas le choix.