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Commentaire de SPQR audacieux complotiste chasseur de complot

sur Le Pentagone tente d'apprivoiser les rebelles nigériens


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https://www.zeit-fragen.ch/fr/archiv/2023/nr-18-22-august-2023/niger-und-die-neue-weltordnung

Que faut-il retenir du coup d’Etat qui a vu un groupe d’officiers de haut rang renverser Mohamed Bazoum, le Président pro-occidental du pays, le 26 juillet au Niger ? En quatre ans, c’est le sixième putsch de ce type dans la région du Sahel et de ses environs. Faut-il pour autant considérer ces territoires de l’Afrique sub-saharienne comme des pays coupés du monde et ne plus s’en préoccuper ? Cette idée est sous-jacente dans une bonne partie de la couverture médiatique, mais dans quelle mesure nos médias cherchent-ils à nous faire mieux comprendre les événements mondiaux et dans quelle mesure s’emploient-ils à nous en faire ignorer les tenants et les aboutissants ?

Le coup d’Etat récent –tout sauf un cas isolé

Si je puis me permettre une suggestion, c’est de ne pas voir dans ce dernier développement un phénomène isolé en Afrique, mais d’en saisir l’importance dans le contexte plus vaste dans lequel il s’est produit, pour ainsi dire à l’échelle planétaire. C’est bien plutôt une manifestation de la cohérence et de l’influence croissantes de tout ce qui n’est pas occidental, dans sa version du 21e siècle, qui est en train d’assaillir l’Occident. Nos médias ne parviennent pas à en parler, ni à l’écrire, ni à le diffuser. Le Niger, d’après ce que j’ai lu, vient de se déclarer partie prenante de ce phénomène historique. Et les grands médias ne supportent pas non plus d’en faire état. Ceux qui ont renversé Bazoum sont dirigés par Abdourahamane Thiani, ancien chef de la Garde présidentielle, et nourrissent manifestement un profond ressentiment à l’égard de la présence postcoloniale des Français. D’après certaines sources – médias, groupes de réflexion – Bazoum était sur le point de limoger Thiani, et les événements de la fin juillet ont été motivés, essentiellement ou principalement, par des rivalités personnelles, des ressentiments, ou les deux à la fois.
   Partout, on a évoqué, en bien ou en mal selon le cas, l’animosité des Nigériens à l’égard des Français expatriés parmi eux. On retrouve ces mêmes tendances dans de nombreuses régions de l’Afrique francophone. Le passé est le passé, affirment les Nigériens, les Maliens et bien d’autres : Nous sommes au XXIe siècle, pas au XIXe. Mais le fait historique n’est qu’une partie de la question, et je dirais même que ce n’est pas la partie la plus importante. Nous ne devrions pas faire trop de cas de l’histoire ou de la mémoire dans ce contexte. En effet, ceux qui ont mené le coup d’Etat sont tournés vers l’avenir, et non vers le passé. Et suggérer que le coup d’Etat qui a destitué Bazoum était une simple affaire de politique de palais, quelle qu’elle soit, revient à servir une entrée en guise de plat principal. Non, il faut voir plus large pour saisir la nouvelle réalité qui se dessine au Niger et dans ses environs.

Rattachement au « Nouvel ordre mondial »


Un choix dans leur propre intérêt


Style colonial et postcolonial

Chacune des anciennes puissances impériales avait son style de colonisation bien à elle. Les Belges étaient célèbres pour leur violence et leur impitoyable exploitation, les Britanniques s’appuyaient sur les structures politiques traditionnelles – tribus, chefs, sultanats, etc. – et gouvernaient par le biais de l’« indirect rule », comme on disait alors. Les Français recréèrent la bureaucratie administrative de la métropole, exercèrent un pouvoir direct et, comme chez eux, imposèrent à tout le monde de parler français.
  Il en allait de même pour les styles postcoloniaux. Les Français ont semé la pagaille dans nombre de leurs anciennes colonies parce que, par essence, ils n’ont pas encore laissé derrière eux la conscience coloniale. Ce constat devient flagrant si l’on établit un parallèle entre les relations de Paris avec les nations francophones et celles de Londres avec le Commonwealth britannique. Je ne dirais pas que ce dernier est une grande et heureuse famille, mais on n’y voit pas le genre de calamités dont nous avons été témoins récemment dans le Sahel. Les Français manifestent parfois une certaine arrogance dans les relations sociales. Ils dominent toujours les industries extractives et d’autres sphères de l’économie comme si l’indépendance – que le Niger a revendiqué en 1960 – n’avait jamais eu lieu.

Présence militaire : ni les Français ni les Américains

Le Mali voisin a expulsé le contingent militaire français après les coups d’Etat successifs de 2020 et 2021. Dix jours après le coup d’Etat du 26 juillet, le nouveau gouvernement de Niamey a déclaré qu’il annulait une série d’accords militaires avec Paris régissant la présence militaire française. « Si la France ne modifie pas sa position, ses 1500 soldats présents au Niger vont donc devoir partir », a indiqué la semaine dernière la Brookings Institution, « ce qui réduira considérablement la capacité militaire de l’Occident dans une région du monde où la menace terroriste est de plus en plus forte, meurtrière et évolutive ».
  Cette situation soulève le problème de la pérennité de la présence du Pentagone au Niger – environ un millier de soldats et une base de drones au nord-est de Niamey, à partir de laquelle le Pentagone surveille les activités terroristes présumées jusqu’en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest. Je n’ai pas d’informations à ce sujet pour l’instant. J’imagine que les échanges entre Washington et Niamey sont incessants, mais les dirigeants du coup d’Etat nigérien donnent l’impression qu’ils n’apprécient pas plus la présence des troupes américaines sur le sol nigérien que celle des troupes françaises. Certains officiers nigériens seraient favorables à un passage de l’aide militaire russe au détriment de l’aide américaine, et plus particulièrement au profit du Groupe Wagner, qui est déjà opérationnel au Mali.////////////


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