Tout sport de compétition-spectacle
est une construction idéologique qui se traduit par le partage
militant de valeurs communes, le sentiment d’avoir le privilège de
vivre un quotidien exaltant, la stéréotypie des comportements et
des modes d’expression, les difficultés de mise en mots et
d’élaboration verbale, les démonstrations et célébrations
d’appartenance communautaire…
Comme toute communauté, l’institution
sportive crée une conscience collective et un sentiment
d’appartenance fortement ancrés. Elle possède tous les atouts
pour y parvenir et les maintenir : l’existence de mythes, la
prolifération des rituels, codes de toute nature, emblèmes
ostentatoires et célébrations pleines de magnificence qui ne
cessent de rappeler à tous les bénéficiaires, et en particulier
les « supporters », leur affiliation. L’uniformité du
langage utilisé par les commentateurs des médias divers devient un
emblème et un signe de reconnaissance entre sportifs et spectateurs.
L’idéologie sportive implique un
triple assujettissement à l’idée, à l’idéal et à l’idole.
Cette allégeance donne à l’adepte de l’idéologie, acteur ou
spectateur, une triple assurance :
-
protection contre une menace
vitale d’effondrement et de perte
-
défense contre l’ouvert et
l’inachevé
-
accomplissement du fantasme
narcissique d’omnipotence, d’omniscience et d’immortalité.
Mais, si la soumission à
toute idéologie redonne au moi l’illusion narcissique de
toute-puissance possible, elle dissout du même coup le sujet du
désir, le sujet humain, pour l’inféoder à un idéal, à un objet
surestimé et surinvesti, pour obnubiler et fasciner sa pensée.
Pour les dirigeants manipulateurs,
l’idéologie sportive présente l’avantage d’articuler le
psychique inconscient et le sociétal. De plus, elle rend homogène
cette mixture (comme l’art, le langage, ou la religion…) en
réduisant les écarts. Elle nie les disparités, les paradoxes, les
contradictions pour valoriser et préserver un cadre commun. Le
président de la république communie avec les autres « tifosi »
dans les tribunes et descend sur la pelouse pour consoler les héros
dépités
Comme toute mythologie, le sport
absorbe les autres idéologies et les recycle… », il ne sert pas
une politique particulière, on y met les valeurs que l’on veut, y
compris de nos jours les valeurs socio-économiques libérales. C’est
la grande communion solennelle des membres d’une nation.