Dans « Le Libéralisme »
(1927), l’économiste
austro-américain Ludwig
von Mises, précurseur du mouvement libertarien, écrivait que le
fascisme pouvait ponctuellement sauver le libéralisme économique en
sacrifiant la démocratie :
« On ne peut nier que le fascisme et
les mouvements similaires cherchant à mettre en place des dictatures
sont remplis des meilleures intentions et que leur intervention a,
pour l’instant, sauvé la civilisation européenne. Le mérite qui
en revient au fascisme demeurera éternellement dans l’histoire.
Mais bien que sa politique ait apporté provisoirement le salut, elle
n’est pas de nature à nous assurer les succès futurs. Le fascisme
était une solution d’urgence. Le considérer comme quelque chose de
plus serait une erreur fatale. »
Les catastrophe provoquées par cette
« solution d’urgence » qui s’est prolongée ayant démontré
la lucidité de cette analyse, les héritiers idéologiques de ce
théoricien ont trouvé d’autres méthodes pour maintenir le grand
capital au pouvoir : la propagande et la fabrication du
consentement via les médias et les réseaux sociaux. Il en résulte
une forme de société dans laquelle la démocratie est une illusion,
où la violence est remplacée par le conditionnement. Le
totalitarisme peut se manifester sous une autre forme que celles
qu’il a prises dans le passé. Utiliser le terme « fascisme »
pour désigner la situation que nous connaissons n’est pas seulement
une approximation mais une erreur d’analyse.
Il est navrant de constater que les
théoriciens du libéralisme sont parfois plus pertinents que ceux
qui prétendent représenter le mouvement ouvrier.