Le défaut réside dans la formule "un euro cotisé, même droits pour
tous" qui est celle de la retraite à points.
Comme je l’explique dans ma tribune, la retraite à points est un système individualiste
qui nous coûte plus cher en dividendes et nous place dans l’incertitude de
toucher notre retraite au cas où l’assurance fait faillite. Ce dernier cas se
voit dans les pays qui pratiquent la retraite par capitalisation.
« Un euro cotisé, même droits pour tous » pourrait convenir si les
salaires n’étaient pas distribués aussi injustement. Lorsqu’on voit que la
majeure partie des gens qui ont un métier qualifié d’essentiel ne sont pas payés
décemment et, qui plus est, on des conditions de travail très pénibles, votre
proposition les contraindrait à porter leur fardeau jusque dans la tombe.
Inversement, ceux qui perçoivent des salaires indus et scandaleux car il est
évident que leurs gains manquent aux plus faibles, continueraient à faire
perdurer cette inégalité jusque dans leur tombe. Sans compter qu’en général,
ils vivent plus vieux que les premiers.
J’insiste aussi sur l’aspect solidaire de notre système de retraite car il
est vital pour la démocratie. La démocratie, c’est du lien social pour pouvoir
débattre mais c’est aussi de l’entraide et de l’égalité de droits. On ne débat
jamais si bien qu’avec des gens avec lesquels on s’entraide et à pied
d’égalité. La démocratie a besoin d’un peuple fort et c’est comme cela qu’il se
fortifie. Or, le projet néolibéral c’est de l’affaiblir par l’individualisation
des individus pour retirer au peuple sa souveraineté. La solidarité est l’exact
contraire de ce projet antidémocratique. Je vous invite à réfléchir plus en ce
sens.