Excellent papier, ne serait-ce que parce qu’il situe les
choses au bon niveau, le niveau de réflexion des grands décideurs (du moins peut-on
l’espérer), loin de la débilité médiatique qui nous est infligée, toutes
chaines confondues, matin midi et soir.
L’article souligne un fait d’importance : pour la
Russie et les Etats-Unis, ne pas perdre cette guerre est « vital ». Perdre
cette guerre, c’est perdre le statut de grande puissance militaire (et rester,
au moins pour ce qui concerne les USA, une puissance commerciale de premier
plan, comme l’Allemagne après avoir perdu la guerre). C’est dramatique mais c’est
la réalité, et cette réalité empêche d’envisager une issue rationnelle.
Les Etats-Unis sont pour le moment les grands gagnants de
cette guerre. Ils feront tout pour qu’il en soit ainsi à l’avenir. Et ce « tout »
peut aller très loin. La France est parmi les perdants, l’Allemagne y gagnant
le droit à se remilitariser. La Russie
est pour le moment la grande perdante, avec l’Ukraine bien entendu.
L’auteur envisage l’hypothèse où, en cas de recours aux
armes nucléaires tactiques « de faible puissance » par la Russie, en
particulier sur les filières d’importation d’armes occidentales en Ukraine, les
Etats-Unis laisseraient l’Europe (France + GB) se « démerder »,
en refusant pour leur part la montée aux extrêmes. Il est vrai que la disparition
de l’Europe comme puissance économique et potentiellement militaire, après une
confrontation avec la Russie, arrangerait bien les USA qui pourraient ainsi se
consacrer à 100% à confronter la Chine. Mais un lâchage de l’Europe par les USA
pourrait tout aussi bien se révéler mortel pour les USA en tant que « la » grande puissance
mondiale (l’Europe n’est pas l’Afghanistan).
Honnêtement, je ne vois pas du tout ce qui peut se passer
dans les 12 prochains mois. Je pressens qu’il ne va rien se passer de bien agréable,
même avec le secours de Hegel.