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Commentaire de Clark Kent

sur Le capitalisme en Russie après la révolution d'octobre 1917


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Clark Kent Clark Kent 14 septembre 2022 14:41

La question n’est pas « capitalisme » ou « socialisme », mais économie adaptée ou pas aux besoins.

En URSS, tout était bon marché, mais il manquait toujours quelque chose. Il n’y avait pas de « marché », mais une économie planifiée, sauf que les plans des différents secteurs n’étaient pas corrélés les uns aux autres alors qu’ils le sont aujourd’hui dans les grands monopoles capitalistes qui ignorent eux aussi la notion de « marché »et en Chine, grâce aux progrès de l’informatique notamment.


Le Gosplan décidait quels biens et quelle quantité produire dans toutes les usines et entreprises du pays, mais le problème c’est qu’il n’était pas basé sur des besoins réels, mais sur ce que les bureaucrates avaient décidé. L’offre n’était pas adaptée aux besoins.


Le principal moteur de la croissance économique était l’outil de production (l’offre et non la demande) à commencer par l’industrie., et pendant la « guerre froide » l’URSS vivait dans la hantise permanente de la prochaine guerre, ce qui rendait prioritaires l’industrie lourde, la défense, la métallurgie et tout ce qui était censé contribuer à la victoire de cette guerre..


Les marchandises étaient vendues à des prix fixes (certaines marchandises étaient vendues à perte, car le Gosplan avait déjà fixé leur prix) et n’étaient pas vendues partout. Les villes étaient divisées en catégories : certaines recevaient les marchandises en premier, à commencer pas Moscou, et d’autres en dernier.


La situation s’est aggravée dans les années 80, lorsque des trains transportant des habitants d’autres villes, surnommés « trains à saucisses », se rendaient à Moscou pour l’achat de saucisses introuvables ailleurs, comme la moutarde en France aujourd’hui pour les mêmes raisons : concentration et monopole.


Sinon, on achetait ce qui était disponible, sans choix possible, à n’importe quel prix et souvent au marché noir. Le manque d’argent n’était pas un problème pour un soviétique : il gagnait plus que ce qu’il était capable de dépenser. Seulement 14% de la production parvenait aux magasins, les 86% restants étant distribués par des méthodes de commande administrative ou « tombant du camion ».


Il n’était possible d’acheter une voiture sans délai qu’au marché noir. Légalement, il fallait « faire la queue » pendant sept ou huit ans, sauf qu’on ne pouvait entrer dans la file d’attente qu’en tant que salarié d’une entreprise. De nombreux produits étaient distribués de cette façon, et ils tombaient plus facilement entre les mains de certains que dans d’autres...


Aucune entreprise ne pouvait d’ailleurs « faire faillite » puisqu’un système de « subventions » redistribuait les excédents des entreprises rentables à celles qui ne l’étaient pas, ce qui a tué l’initiative en matière de production, mais comme personne ne voulait être accusé de sabotage industriel (sévèrement réprimé), le seul objectif était de « respecter le plan », atteindre les objectifs fixés administrativement.


Dans les années 1960., la Pravda a publié un article intitulé « Ouvrez le coffre-fort où sont les diamants », qui proposait la rentabilité comme principal critère pour les entreprises. Kossyguine a mis en place une réforme dans ce sens (le « socialisme à visage humain ») et le revenu national a alors augmenté de 42% !


Mais le « printemps de Prague » de 1968 a fait craindre au Politburo de perdre ses « privilèges » et tout est revenu à sa place.

C’est le pétrole qui a prolongé l’agonie du malade. En 1973, l’OPEP a décidé d’en réviser les prix quatre fois par an et l’Union soviétique a commencé à en tirer des revenus de plus en plus élevés,, des gisements ayant été découverts en Sibérie occidentale en 1967-1968, ce qui a permis au système soviétique de continue d’exister. Mais c’était reculer pour mieux sauter : l’effondrement s’est produit quinze ans plus tard, par aveuglement des apparatchiks accrochés aux manettes.


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