La question n’est pas « capitalisme »
ou « socialisme », mais économie adaptée ou pas aux
besoins.
En URSS, tout était bon marché, mais
il manquait toujours quelque chose. Il n’y avait pas de « marché »,
mais une économie planifiée, sauf que les plans des différents
secteurs n’étaient pas corrélés les uns aux autres alors qu’ils le
sont aujourd’hui dans les grands monopoles capitalistes qui ignorent
eux aussi la notion de « marché »et en Chine, grâce aux
progrès de l’informatique notamment.
Le Gosplan décidait quels biens et
quelle quantité produire dans toutes les usines et entreprises du
pays, mais le problème c’est qu’il n’était pas basé sur des
besoins réels, mais sur ce que les bureaucrates avaient décidé.
L’offre n’était pas adaptée aux besoins.
Le principal moteur de la croissance
économique était l’outil de production (l’offre et non la demande)
à commencer par l’industrie., et pendant la « guerre
froide » l’URSS vivait dans la hantise permanente de la
prochaine guerre, ce qui rendait prioritaires l’industrie
lourde, la défense, la métallurgie et tout ce qui était censé
contribuer à la victoire de cette guerre..
Les marchandises étaient vendues à
des prix fixes (certaines marchandises étaient vendues à perte, car
le Gosplan avait déjà fixé leur prix) et n’étaient pas vendues
partout. Les villes étaient divisées en catégories : certaines
recevaient les marchandises en premier, à commencer pas Moscou, et
d’autres en dernier.
La situation s’est aggravée dans les
années 80, lorsque des trains transportant des habitants d’autres
villes, surnommés « trains à saucisses », se rendaient à Moscou
pour l’achat de saucisses introuvables ailleurs, comme la moutarde
en France aujourd’hui pour les mêmes raisons : concentration et
monopole.
Sinon, on achetait ce qui était
disponible, sans choix possible, à n’importe quel prix et souvent au
marché noir. Le manque d’argent n’était pas un problème pour un
soviétique : il gagnait plus que ce qu’il était capable de
dépenser. Seulement 14% de la production parvenait aux magasins, les
86% restants étant distribués par des méthodes de commande
administrative ou « tombant du camion ».
Il n’était possible d’acheter une
voiture sans délai qu’au marché noir. Légalement, il fallait
« faire la queue » pendant sept ou huit ans, sauf qu’on
ne pouvait entrer dans la file d’attente qu’en tant que salarié
d’une entreprise. De nombreux produits étaient distribués de cette
façon, et ils tombaient plus facilement entre les mains de certains
que dans d’autres...
Aucune entreprise ne pouvait d’ailleurs
« faire faillite » puisqu’un système de « subventions »
redistribuait les excédents des entreprises rentables à celles qui
ne l’étaient pas, ce qui a tué l’initiative en matière de
production, mais comme personne ne voulait être accusé de sabotage
industriel (sévèrement réprimé), le seul objectif était de
« respecter le plan », atteindre les objectifs fixés
administrativement.
Dans les années 1960., la Pravda a
publié un article intitulé « Ouvrez le coffre-fort où sont les
diamants », qui proposait la rentabilité comme principal critère
pour les entreprises. Kossyguine a mis en place une réforme dans ce
sens (le « socialisme à visage humain ») et le revenu
national a alors augmenté de 42% !
Mais le « printemps de Prague »
de 1968 a fait craindre au Politburo de perdre ses « privilèges »
et tout est revenu à sa place.
C’est le pétrole qui a prolongé
l’agonie du malade. En 1973, l’OPEP a décidé d’en réviser les prix
quatre fois par an et l’Union soviétique a commencé à en tirer des
revenus de plus en plus élevés,, des gisements ayant été
découverts en Sibérie occidentale en 1967-1968, ce qui a permis au
système soviétique de continue d’exister. Mais c’était reculer
pour mieux sauter : l’effondrement s’est produit quinze ans
plus tard, par aveuglement des apparatchiks accrochés aux manettes.