@Jean Dugenêt
1991 :
l’URSS explose. Explosion pacifique laissant des dizaines de millions de Russes
ethniques hors de Russie.
L’Ukraine,
la Biélorussie et d’autres républiques de l’URSS votent leur indépendance à une
très forte majorité, c’est incontestable. La Crimée a sans doute (je n’ai pas
les chiffres) voté en cœur l’indépendance avec le reste de l’Ukraine.
Compte tenu
de l’ampleur de ces événements survenus dans un temps très court, non anticipés
ni préparés, nul besoin d’être prophète pour se douter que des ajustements
interviendraient, tôt ou tard, nécessairement. L’Histoire ne s’arrête pas.
Un quart de
siècle plus tard, avec le Maïdan et le vote des Criméens pour leur rattachement
à la Russie, nous y sommes. Vote contesté par les Occidentaux qui espéraient
récupérer Sébastopol, mais vote traduisant néanmoins la réalité du moment.
Les choses
auraient (peut-être) pu se stabiliser si les accords de Minsk avaient été suivis d’effet. Tel
ne fut pas le cas, le gouvernement ukrainien suivant les consignes des USA qui préparaient
de facto une confrontation armée dans le Donbass.
Les traités
genre Budapest ou autres ? Les grandes puissances nucléaires n’en tiennent
aucun compte quand leurs intérêts sont en jeu. Rein de surprenant à ce que la
Russie s’assoie dessus (la Russie n’a d’ailleurs pas ratifié Budapest, mais n’étant
pas juriste, j’ignore le sens de cette non-ratification, ce détail n’ayant en l’occurrence
aucune importance).
L’intangibilité
des frontières ? La jurisprudence USA+UE au Kosovo la met par terre.
Et c’est la
guerre de Poutine contre l’Ukraine, en quelque sorte l’horreur à l’Est de l’Europe.
Après l’émotion,
on réfléchit. On écoute Porochenko parler des enfants ukrainiens qui vont à l’école,
et des enfants de l’Est de l’Ukraine qui vivent dans des caves sous les bombes
depuis 8 ans. Le ton est à la haine brute vis-à-vis des populations dissidentes
de l’Est. Et l’on se dit que ces gens-là ne pourront plus jamais vivre ensemble
dans le même pays.
On réfléchit
à la stratégie américaine en Ukraine, résolument anti russe, visant à séparer l’Ukraine
de la Russie en suivant la vision de Brzezinski. Stratégie à risque, grosse de
conflits quand on pense aux liens familiaux, économiques, culturels entre
Ukraine et Russie.
Et l’on
observe ce qui se passe réellement. A Kherson par exemple, ville intacte car
prise sans combats : une administration d’occupation se met en place. Qu’en
pense la population ? Impossible à savoir, deux propagandes, la nôtre et
la russe s’annulant. Occupation type nazie ? On verra.
On perçoit
qu’au-delà de l’Ukraine, ce moment historique est important, aussi important
que l’explosion de l’URSS en 1991. Le camp occidental se regroupe. Le reste du
monde ajuste ses positions et stratégies. Personne ne sait où l’on va
réellement. Un moment d’équilibre instable.
Ramener tout
ça à une guerre coloniale c’est, je me répète, une ânerie. C’est l’amorce de la
confrontation de deux mondes à l’échelle de la planète, confrontation idéologique, économique, militaire.