@Nicole Cheverney
« … le mot «
colonisation » qui ne veut rien dire »
Ah bon ?
Le mot colonie vient du latin « colere » qui signifiait "mettre en culture,
cultiver" et désignait dans l’antiquité un groupe de gens qui quittaient leur région
d’origine et mettaient en culture une région en friches. Par exemple, Massilia a
été fondée au sixième siècle av. J.-C. par un groupe de Grecs originaires de
Phocée.
Au seizième siècle, on a employé le mot « colonie »
pour les territoires conquis, peuplés et mis en culture par les Européens en
Amérique du sud et du nord. Ensuite, les Européens ont aussi « colonisé »
(autrement dit mis en culture) d’autres territoires occupés parfois par des
nomades, comme la Sibérie, l’Afrique du sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande,
etc.
Il est vrai qu’au dix-neuvième siècle, le mot colonie s’est
appliqué à des territoires conquis et administrés par les Européens sans qu’il
y ait forcément de peuplement comme en Afrique noire et en Asie du Sud. Mais
quoi qu’il en soit, la « colonisation » (c’est le mot utilisé par les
historiens pour désigner la réalisation d’un « empire ») s’est
traduite par l’introduction des mœurs et du droit des nouveaux arrivants dans
les territoires concernés. Ce n’est pas seulement une « implantation »
comme un comptoir (Chandernagor, Macao, etc.). La « colonisation se
distingue également de l’immigration » dans laquelle ce sont les nouveaux
arrivants qui sont sommés d’adopter les mœurs et le droit des habitants du pays
d’accueil et le font de plus ou moins bon gré.
De ce point de vue, les premiers Européens établis en
Amérique du Nord ont été des colons du fait qu’ils ont imposé leur domination
et leurs mœurs aux autochtones, alors que les Européens qui les ont suivis par
la suite ont été (et sont) des immigrants puisqu’ils s’assimilent spontanément
aux précédents arrivants. Même s’ils gardent un accent, la génération suivante
ne garde comme identité d’origine que le nom de famille (pour le mâles, tout du
moins…)