• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > L’Algérie française - De 1830 à 1954 - Volet n° 1

L’Algérie française - De 1830 à 1954 - Volet n° 1

 

A l’abdication de Charles X, en 1830, au lendemain de la prise de la Régence d’Alger par le corps expéditionnaire commandé par le Général de Bourmont, l’instabilité politique intérieure en France devient quasi permanente. A l’aube de la Monarchie de Juillet, Bourmont a fait place nette en Algérie, après la reddition du Dey Hussein et des Janissaires.

«  Au lendemain de la conquête, tout reste à faire ». Une période de flottement va suivre la victoire française, à Paris comme en Algérie. Louis-Phillipe a pris le pouvoir et les libéraux louis-phillipards attendent pour prendre le problème à bras le corps, laissant les militaires sur le terrain s’occuper administrativement de ce territoire nouvellement conquis, à défaut d’y installer un « gouvernement pérenne ».

Louis-Philippe, surnommé le « roi bourgeois », laisse aller les choses et se désintéresse du «  branle-bas du débarquement  », qui, vraisemblablement n’a pas marqué les esprits au plus haut sommet de l’État.

Or, c’est l’Angleterre qui va être le déclencheur de l’intérêt soudain de Louis-Philippe pour l’Algérie. La Grande-Bretagne use de toute sa diplomatie – coutumière du fait – pour manipuler depuis Londres les politiciens marionnettes français.

Elle persuade la France de « jouer ses cartes en Algérie », mais en contrepartie, elle lui demande de fermer les yeux sur le conflit entre la Hollande et la Belgique – (siège d’Anvers).

L’Angleterre sait pertinemment que la France ne nourrit aucune ambition territoriale ni en Belgique, ni en Hollande. Mais les Anglais réputés assez retors ont analysé la mentalité de Louis-Philippe. Il n’est pas un foudre de guerre, il n’a pas l’âme conquérante, mais plutôt celle d’un boutiquier, il porte sur les évènements des analyses superficielles. Les Anglais – en apparence – ne s’intéressent pas à l’Afrique du Nord, prétendant laisser à la France, les mains libres.

Sous le regard de la « perfide Albion » qui scrute ses décisions, il en va pour lui de « l’honneur national », face aux Anglais.

On le somme de faire preuve d’esprit d’initiative. Plusieurs milliers de soldats français stationnent en Algérie, parmi des populations autochtones très diverses, désunies, promptes au coup de feu, « dépourvues de structures politiques et d’organisation moderne ».

Louis-Philippe est conscient – renseigné par son Etat-Major et par ses diplomates, que « d’autres envahisseurs » seraient prêts à prendre la place des Français et combler le vide gouvernemental. Son entourage le presse et lui conseille « l’utilité » de terminer l’œuvre entreprise.

Louis-Philippe sous pression décide donc de « garder sa conquête  ».

Tout comme Charles X, le nouveau monarque a de nombreux opposants et ennemis de sa politique libérale. L’Algérie servira à se débarrasser d’une population qu’il a du mal à maîtriser si ce n’est à mater, en l’envoyant loin de Paris et de la France, de l’autre côté de la Méditerranée.

L’implantation va s’opérer à l’intérieur du territoire, dans les beylicats d’Oran et de Constantine.

L’installation des premiers colons ne se fera pas sans douleurs, sans drames et dans des difficultés extrêmes pour ces Français non-habitués à un climat éprouvant, malsain, pour les civils comme pour les militaires. Ils « paieront de leur santé, sinon de leur vie », l’implantation dans des secteurs du pays « insalubres et pestilentiels ».

Un témoignage en 1842 décrit l’état de santé de ces paysans cultivateurs, défricheurs : «  Boufarik était la localité la plus mortelle d’Algérie. Les visages des rares habitants échappés à la fièvre pestilentielle étaient verts et bouffis. Bien que la paroisse eût changé de prêtre en trois fois, en un an, l’église était fermée ; le juge de paix était mort, tout le personnel de l’administration civil et militaire avait dû être renouvelé et le chef du district, resté seul debout, avait été investi de toutes les fonctions par le décès ou la maladie de tous ses titulaires. »

Mais cela n’arrête pas pour autant les candidats à l’implantation. Il s’installent en Algérois, dans la Mitidja, au Sahel, en Oranie, à Bône et Philippeville.

Avec les risques de maladies, de fièvres paludéennes, ils doivent aussi faire face à l’insécurité dans tout le pays. Ils continuent malgré tout les travaux d’assèchement des marécages dans « des conditions d’hygiène déplorables ».

Les difficultés s’accumulent.

La première, sera d’ordre militaire. Louis-Philippe s’est décidé pour une « occupation restreinte ». C’est-à-dire, « conquête progressive « . Il prône une conquête par secteurs. Mais n’ayant à sa disposition aucun plan global de prévu, les contours de ces secteurs ne sont justement pas déterminés.

Un plan global de conquête et d’occupation, n’ayant pas été fixé pralablement, les militaires vont mettre des années à occuper tout le terrain. Loin d’être une partie jouée d’avance. Les chefs militaires ne connaissent rien au terrain africain. Les corps expéditionnaires découvrent petit à petit que « l’Afrique n’est pas l’Europe », tou y est différent, le climat, la topographie, la mentalité des autochtones, leur façon de guerroyer, leur armement, équipement, etc. Les Français voient arriver sur eux, des hommes aguerris, courageux, spartiates, connaissant parfaitement le terrain.

Voici la description d’un témoin de l’époque de ces cavaliers farouches et hors pair : « … cavaliers au teint fauve, aux vêtement flottants, aux longs fusils, criant, hurlant, arrivant de toute vitesse de leurs chevaux, debout sur les étriers, la bride au vent, les mains libres, faisant feu sans s’arrêter puis tournant court et, toujours au galop, rechargeant leurs armes. Puis revenant à l’attaque pour se dérober encore et, par les tours et retours de ce va-et-vient perpétuel, s’efforçant d’étourdir et de décourager l’adversaire... ».

Le premier Gouverneur Général Clauzel, tente de se concilier les Chefs des tribus des territoires voisins d’Alger. Mais ceux-ci opposent aux Français une franche hostilité. De part et d’autre, des combats sans merci se livrent.

Les corps expéditionnaires français gagnent de jour en jour du terrain.

Le 31 octobre 1838, les termes officiels de « possession française dans le Nord de l’Afrique » sont supprimés au profit du nom « Algérie » qui deviendra le terme officiel pour désigner le pays.

Les résultats des Français sur le terrain, convainquent suffisamment Paris. Les valses-hésitations font place à un réel enthousiasme, de la part de la France.

C’est à ce moment-là qu’apparaît Abd – El – Kader.

Né en 1808, près de Mascara, issu d’une famille de dignitaires religieux, son père est Marabout d’origine chérifienne, Abd – El – Kader profite du désordre généré par la prise d’Alger et le départ du Dey Hussein et des Janissaires, pour se faire proclamer : « Sultan des Arabes ».

Le Général français Desmichels le reconnaît comme « Émir », ce qui assoit un peu plus son autorité sur les tribus de « toute la région qui s’étend de la frontière marocaine à Médéa  ». Le Général Desmichels accusé d’être trop conciliant envers l’Emir, est remplacé par le Général Trézel. Les hostilités reprennent. En 1834, il attaque les Français et les défait à la Macta.

En 1837, le Général Bugeaud signe le Traité de la Tafna et concède à l’Emir la possession de la Province d’Oran et de la majeure partie de celle d’Alger.

Abd-El-Kader, rompant les accords, proclame le djihad « la guerre sainte » contre la France, envahit la Mitidja et « massacre les premiers colons  ».

Abd-El-Kader {JPEG}

Une guerre sans merci alors s’engage. Bien que moins nombreux que les Français, les troupes de l’Émir sont plus mobiles et « mieux adaptées aux conditions de vie ». Les soldats français sont désorientés, car trop lourdement équipés.

Le Général Bugeaud a alors l’idée d’adopter la tactique de son ennemi : mobilité, tenue plus légère et pratique du raid et de la razzia. Pour parvenir à vaincre les troupes d’Abd-el-Kader, Bugeaud fait appel à la légion étrangère, et les spahis recrutés parmi les tribus adversaires de l’Émir.

Les troupes de Bugeaud vont contrôler « la plus grande partie du territoire algérien ». Les troupes d’Abd-el-Khader s’épuisent en batailles et en « escarmouches » incessantes en vue de harceler l’ennemi qui a beaucoup retenu de la tactique des troupes de l’Émir. De plus, son camp « mobile » ( Smala) ne représente pas que des avantages, bien au contraire, car lui et sa « Smala » se déplacent sans arrêt, traqués et charriant 350 groupes de tentes (douars) soit près de 20000 hommes.

Bugeaud porte contre lui un coup décisif, le 16 mai 1843, la cavalerie du Duc d’Aumale porte la charge. Après une bataille féroce, Abd-El-Kader, acculé, prend la fuite abandonnant tout sur place. Pour lui, cette défaite signe la fin de sa carrière politique. Les tribus se détournent de l’Émir et se soumettent aux vainqueurs : les Français. L’Emir se rend au Général Lamoricière.

Interné en France pendant 5 ans, il sera délivré par Napoléon III, se retirera en Syrie où il interviendra en 1860 pour sauver des massacres par les Turcs, de nombreux Chrétiens.

D’Abd-El-Kader, l’on retiendra un Chef militaire d’un grand prestige et respecté autant par les Algériens que par les Français.

...

NB : Les extraits de texte que j’emprunte pour les besoins de cet article, ainsi que pour les articles précédents, à Charles-André Julien – professeur à la Sorbonne, « Histoire de l’Afrique du Nord – Tunisie – Algérie – Maroc – de la conquête arabe à 1830 » - Éditions Payot Paris – 1952 » sont retranscrits en italique, ou entre guillemets.

Tous les extraits de texte empruntés (avec son aimable autorisation) à la thèse de Pierre Gourinard, historien, professeur docteur en Histoire-Géographie, sont retranscrits pour les besoins de l’article, en italique ou entre guillemets.

Idem pour les autres sources.

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.8/5   (10 votes)




Réagissez à l'article

40 réactions à cet article    


  • Decouz 7 juillet 2022 11:13

    Abd El Qader a aussi une autre facette prestigieuse, il est un poète et métaphysicien de l’école d’Ibn Arabi.

    Il avait négocié sa reddition contre la possibilité d’aller vivre en Orient, mais il fut emprisonné en divers lieux, le plus longtemps à Amboise, avant que Napoléon ne le délivre.

    Ce sont les Druzes qui ont attaqué les chrétiens à Damas (sans que le gouverneur ottoman n’intervienne).


    • DLaF mieux que RN ou Z / Ukraine SAVING-Private-ASSANGE 7 juillet 2022 12:21

      @Decouz

      Ce couillon d’Abd el Qader... si seulement il avait foré à Hassi Messaoud à peine à 800 kms  d’El Dj’zaïr... La CIA se serait fait un plaisir de virer les Français, elle même ...
       smiley


    • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 7 juillet 2022 13:22

      @Decouz

      Bonjour et merci de ces précisions. Abd El Quader était un adepte du soufisme. Comme beaucoup de lettrés musulmans, il pratiquait la poésie. Les conditions de son enfermement ont été honteuses, balloté de chateau en chateau, pendant 5 ans. Napoléon III lui portait de l’estime, beaucoup d’estime. Son image, par la suite, par la République n’a jamais été ternie. Et c’est tant mieux. 

      Les Chétiens d’Orient effectivement, et vous avez raison de le préciser, ont été persécutés par les Druzes, mais les Turcs également. De toutes façons les Chrétiens d’Orient n’ont jamais été protégés par personne. 
      Les chétiens syriens actuels en savent quelque-chose, en 2022, s’il en reste encore dans cette partie du monde. Bien à vous.


    • Clark Kent Séraphin Lampion 7 juillet 2022 17:20

      @Nicole Cheverney

      Le soufisme reste bien vivant dans les montagnes algériennes, au grand dam des autorités.


    • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 7 juillet 2022 17:56

      @Séraphin Lampion

      Dans l’Aurès particulièrement. 


    • Clark Kent Séraphin Lampion 7 juillet 2022 18:42

      @Nicole Cheverney

      oui, chez les Chaouias, mêlé de fakirisme


    • Decouz 7 juillet 2022 20:22

      @Séraphin Lampion
      Dans les villes aussi.


    • Mirlababo 8 juillet 2022 10:05

      @SAVING-Private-ASSANGE

      Les groupies d’Assange ont un niveau de réflexion oscillant entre 0 et 100 ans d’un point de vue temporel et ils ne connaissent que les USA (et encore de manière grossière).

      Si seulement si ces idiots pouvaient avoir la décence de fermer leur clapet et de comprendre où est leur place... 


    • DLaF mieux que RN ou Z / Ukraine SAVING-Private-ASSANGE 7 juillet 2022 12:18

      Les troupes de Bugeaud vont contrôler « la plus grande partie du territoire algérien »

      Contrôler 2,5 millions de km2 !!! Jusqu’à Tamanrasset ?!

      Fortiche ce général.

      Et Poutine qui manque de troupes pour à peine 0,6 millions de km2


      • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 7 juillet 2022 13:25

        @SAVING-Private-ASSANGE

        Bonjour, pour répondre à votre question, le territoire n’était pas arpenté, il s’agissait de secteurs mal définitis. Bugeaud a étendu sa conquête sur une période de dix ans, voire plus. Bien à vous.


      • Clark Kent Séraphin Lampion 7 juillet 2022 17:16

        @SAVING-Private-ASSANGE

        Le territoire du Sahara n’était pas à l’ordre du jour. La partie de forme triangulaire artificiellement annexée à l’Algérie l’a été à la période de l’AOF.
        Idem pour le Mali et le Niger qui se partagent cette zone désertique dessinée par la colonisation
        Ce détail réduit considérablement la surface de voilure...


      • DLaF mieux que RN ou Z / Ukraine SAVING-Private-ASSANGE 7 juillet 2022 21:44

        @Séraphin Lampion

         Ben faudrait que le gvt d’Alger si prompt à revendiquer réparation, rende cette partie triangulaire au néant d’avant le débarquement à Sidi Fredj...
        Au lieu de cela, il est en conflit avec le Maroc pour un petit village, Tindouf depuis bientôt 50 ans !!!
        Mesquins ces Algérois, pas qu’avec les Roumis...


      • Mirlababo 8 juillet 2022 10:11

        @SAVING-Private-ASSANGE

        Comme c’est intelligent cette comparaison, toute la pertinence des groupies d’Assange.

        L’armement est le même au 19e siècle qu’au 21e siècle, c’est bien le guignol.

        Le climat est le même en Ukraine qu’en Algérie, oui mais bien sur... brave guignol.

        Ukraine soutenu par de puissantes nations, les USA en tête avec leurs chiens européens.

        Et l’Algérie soutenue par qui en comparaison ?

        Comment peut on être aussi con... dégagez ignare ! 


      • DLaF mieux que RN ou Z / Ukraine SAVING-Private-ASSANGE 8 juillet 2022 12:00

        @Mirlababo

        T’énerve pas m’hamed, tu vas te faire du mal.. après tu diras que c’est à cause des Roumis.
        Voici une vidéo où tu vas pouvoir te détendre en famille
         smiley

        https://www.dailymotion.com/video/xisne


      • Et hop ! Et hop ! 7 juillet 2022 15:10

        «  pour manipuler depuis Londres les politiciens marionnettes français »


        Je dénonce ces insinuations antisémites et nauséabonde qui ont fait condamner la caricature d’Avignon.


        • Clark Kent Séraphin Lampion 7 juillet 2022 15:30

          Bugeaud n’était pas vraiment un sentimental.

          Avant de retourner en Algérie, il était rentré en France après le traité de Tafna en 1837. Il avait déconseillé dans son rapport, la conquête de l’Algérie et déploré une « possession onéreuse dont la nation serait bien aise d’être débarrassée ». Il avait préconisé le maintien des territoires conquis (enclaves d’Alger et Oran) sous statut militaire, pour éviter toute colonisation de peuplement. Ce statut durera jusqu’en 1870.

          Mais Thiers l’a nommé Ministre de l’Algérie en 1840, et là il a pu donner toute sa mesure par la politique de la terre brûlée : « «  Le but n’est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d’empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, […] de jouir de leurs champs […]. Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes […], ou bien exterminez-les jusqu’au dernier ../… Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas ! Fumez-les à outrance comme des renards. »

          C’est fort de ces expériences que « l’homme de la rue Transnonain » s’est affronté aux révolutionnaires de 1848 qu’il qualifiait de « canaille rebelle ». Le marquis de Boissy a rapporté à Victor Hugo les paroles de Bugeaud, qu’il avait notées dans ses carnets : «  Eussé-je devant moi cinquante mille femmes et enfants, je mitraillerais. »


          • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 7 juillet 2022 17:13

            @ Séraphin Lampion.

            Bonjour, Bugeaud n’était pas du tout aimé des cercles de pouvoirs parisiens. Il avait des méthodes réprouvées et réprouvables. Des propos tout à fait inconcevables. Mais en face, je rappelle qu’ils n’avaient pas des petits enfants de choeur et que les « premiers colons » issus de la « canaille rebelle » de 1848, (détestés par Bugeaud et Louis Phillipe), furent massacrés. On imagine bien les conditions d’un tel massacre et les méthodes adoptées.

            Bugeaud était une brute, un personnage de son époque. De la même pate que les révolutionnaires de 1793 qui étaient aussi violents et de véritables ordures fanatiques, massacrant à tour de bras leurs compatriotes de Vendée (guerres de Vendée)  quatre départements rasés, près de 600 000 habitants. (Certains parlent de 900 000). Un génocide  Mais chut.... Surtout pas en parler. La pleurniche des « bien pensants », toujours ciblée avec les éléments de langage idoines qui reviennent systématiquement, sont devenue le sport favori du camp du bien et surtout ça sert... électoralement parlant. 

            Là, dans l’article de Rakoto, paru aujourd’hui, on parle de quoi ? de l’OAS ! Comme si l’on résumait sept ans de guerre terrible, cruelle, à un épisode très court qui n’a pas duré 12 mois. Tout le reste passant à l’as... 

            Bien à vous.


            • Clark Kent Séraphin Lampion 7 juillet 2022 17:41

              @Nicole Cheverney

              Ah oui ? Même confronté à l’horreur, il y a toujours pire.


            • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 7 juillet 2022 17:58

              @Séraphin Lampion

              Si vous devez regarder les horreurs, alors regardez-les dans toute l’acception du terme, mais j’ai l’impression que Séraphin Lampion est devenu borgne.  smiley


            • Clark Kent Séraphin Lampion 7 juillet 2022 20:56

              @Nicole Cheverney

              Vous évoquez Bugeaud et je réagis sur Bugeaud. Si vous évoquiez les Chouans, je réagirais sur les Chouans.


            • Mirlababo 8 juillet 2022 10:17

              Merci dame Nicole, c’est intéressant 


              • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 8 juillet 2022 12:23

                @ Mirlababo

                Bonjour, les détails de l’implantation (je préfère ce mot car il est plus juste que le mot « colonisation » qui ne veut rien dire et qu’on a employé à tors et à travers. On parle de colonies de fourmis, de cigales, par exemple, pour évoquer le nombre, le peuplement.

                L’implantation sous-entend  que les Français qui ont fait souche depuis 1830, ont participé à la mise en valeur de l’Algérie. On passe sous silence, les nombreux Musulmans qui ont pu grâce aux lois françaises péréniser les terres qu’ils possédaient, qu’ils ont fait aussi du commerce avec les Français, qu’ils se sont eux aussi enrichis. Est-ce une crime ? 

                La dynamique économique et commerciale n’a pas profité qu’aux Européens. Quant à dire que les Européens vivaient séparés des Musulmans, c’est une évidence, la façon de vivre est différente. Les lois religieuses de l’Islam ont été respectées, tous les bâtiments religieux sont restés en place. Car malgré ce que veut bien raconter le camp du bien, les Français, à partir du moment où ils ont commencé à s’intéresser à l’Islam, en vivant au contact des Musullmans, ont appris à connaître les ressorts secrets de cette religion. Je rappelle que le Coran a été traduit et magistralement par un Français. La subtilité de la mentalité islamique n’a échappé à personne, ni leur façon de penser, ni de vivre. Si les Turcs pendant la Régence d’Alger s’étaient bien comportés en respectant les lois maritimes en vigueur en Méditerranée, aurions-nous débarqué en Afrique du Nord ? Non. 

                Par contre, les Anglais, il n’est pas sûr qu’ils ne s’y soient pas intéressés, mais il existait dès le 19e siècle, un grand projet de refondation du monde islamique, il a fallu la guerre 14/18 pour ébranler le monde et que les Anglais avaient un seul objectif faire tomber l’Empire ottoman qui les gênait, unifier et soulever contre eux les tribus arabes du Moyen-Orient, ce à quoi s’est attelé Lawrence d’Arabie, pour accéder au contrôle de Suez, l’Egypte, la Jordanie, le Liban, la Syrie, l’Irak, l’Arabie.

                Alors, à côté de la force de frappe des Anglais, je pense que la petite Algérie même française, faisait piètre figure à côté de l’appétit giganteste des Anglo-Saxons. Cependant, l’implantation des Français en Algérie a été (à son niveau), dantesque, car semée de difficultés, et 130 ans après, la prédiction de Wellington s’est concrétisée. 

                Bien à vous.


                • Clark Kent Séraphin Lampion 9 juillet 2022 09:42

                  @Nicole Cheverney

                  « … le mot «  colonisation » qui ne veut rien dire »

                  Ah bon ?

                  Le mot colonie vient du latin « colere » qui signifiait "mettre en culture, cultiver" et désignait dans l’antiquité un groupe de gens qui quittaient leur région d’origine et mettaient en culture une région en friches. Par exemple, Massilia a été fondée au sixième siècle av. J.-C. par un groupe de Grecs originaires de Phocée.

                  Au seizième siècle, on a employé le mot « colonie » pour les territoires conquis, peuplés et mis en culture par les Européens en Amérique du sud et du nord. Ensuite, les Européens ont aussi « colonisé » (autrement dit mis en culture) d’autres territoires occupés parfois par des nomades, comme la Sibérie, l’Afrique du sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, etc.

                  Il est vrai qu’au dix-neuvième siècle, le mot colonie s’est appliqué à des territoires conquis et administrés par les Européens sans qu’il y ait forcément de peuplement comme en Afrique noire et en Asie du Sud. Mais quoi qu’il en soit, la « colonisation » (c’est le mot utilisé par les historiens pour désigner la réalisation d’un « empire ») s’est traduite par l’introduction des mœurs et du droit des nouveaux arrivants dans les territoires concernés. Ce n’est pas seulement une « implantation » comme un comptoir (Chandernagor, Macao, etc.). La « colonisation se distingue également de l’immigration » dans laquelle ce sont les nouveaux arrivants qui sont sommés d’adopter les mœurs et le droit des habitants du pays d’accueil et le font de plus ou moins bon gré.

                  De ce point de vue, les premiers Européens établis en Amérique du Nord ont été des colons du fait qu’ils ont imposé leur domination et leurs mœurs aux autochtones, alors que les Européens qui les ont suivis par la suite ont été (et sont) des immigrants puisqu’ils s’assimilent spontanément aux précédents arrivants. Même s’ils gardent un accent, la génération suivante ne garde comme identité d’origine que le nom de famille (pour le mâles, tout du moins…)


                • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 9 juillet 2022 11:11

                  @Séraphin Lampion

                  Bonjour, j’aurais pu préciser que j’emploie le mot « implantation »dans le cas de« l’Algérie française ». Car le mot colonisation a pris un sens tout à fait péjoratif et lourd de sens, pour culpabiliser les Pieds-noirs et la France, ce qui n’apas lieu d’être. 
                  Macron a associé le mot « colonisation » à l’expression « crime contre l’humanité », pour complaire au « politiquement correct ».
                  Je parle donc sciemment d’implantation, car pour moi cela prend le sens d’enracinement, c’est bien plus significatif, vrai et sans équivoque possible. 
                  Bien à vous. 


                • Clark Kent Séraphin Lampion 9 juillet 2022 11:48

                  @Nicole Cheverney

                  Ce n’est pas parce que de plus en plus de gens emploient le verbe « supporter » pour signifier « soutenir » (une équipe de foot) qu’il faut décréter que « supporter ne veut plus rien dire et le remplacer systématiquement par « endurer » ou « étayer » (un jeune arbuste).

                  Le vrai sens des mots continue à exister, même si des zozos se complaisent à adopter des postures de soumission vis-à-vis de l’occupant en utilisant des anglicismes et, du coup, introduire d’une manière pernicieuse une idéologie détestable.


                • Aristide Aristide 10 juillet 2022 10:54

                  @Séraphin Lampion

                  C’est bizarre votre impossibilité à admettre la polysémie ; le mot supporter n’y échappe pas et supporter n’est pas seulement lié au soutien à une équipe de foot.

                  Victor Hugo « Celui qui n’est pas capable de supporter la pauvreté n’est pas capable d’être libre. »

                  Mais je crois que vous supportez assez mal la contradiction !!!


                • chantecler chantecler 10 juillet 2022 11:10

                  @Aristide
                  Faut dire que parfois la contradiction est sans fin et insensée .
                  Surtout avec les trolls qui rabâchent toujours les mêmes arguments, histoire d’évacuer tout débat je suppose ?
                  Quand je dis argument je suis généreux ...
                  Car la plupart du temps c’est du n’importe quoi : du crétinisme , de la confidence de café de commerce , du mensonge répété pour la mille et unième fois .
                  Je n’écris pas ceci spécialement pour vous .


                • Aristide Aristide 10 juillet 2022 11:31

                  @chantecler

                  Vous vous classez dans cette catégorie ?

                  Lucide tout de même !!!


                • charlyposte charlyposte 8 juillet 2022 12:44

                  Que dire du 8 mai 1945 à SÉTIF ! là ou tout a commencé via le FLN et sa montée en puissance smiley


                  • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 8 juillet 2022 12:54

                    @charlyposte

                    Bonjour, ça c’est la théorie officielle de la montée en puissance du FLN,et le bla bla habituel. Les raisons sont ailleurs, (bien que cet évènements ait joué un rôle, mais certainement pas le principal), ce que je vais tenter d’expliquer dans mes prochains articles, tous consacrés à la « guerre d’Algérie ». Bien à vous.


                  • charlyposte charlyposte 8 juillet 2022 14:55

                    @Nicole Cheverney
                    On peut aussi dire que SÉTIF fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase !


                  • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 8 juillet 2022 16:10

                    @charlyposte

                    Elle a fait certainement débordait le vase. Mais qui tenait le vase ?
                    Les Musulmans ? Vous croyez à cette fable ? 


                  • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 8 juillet 2022 16:13

                    @charlyposte

                    Erratum : elle a fait certainement déborder le vase.


                  • Decouz 8 juillet 2022 12:55

                    Oui certains musulmans ont pu en profiter, surtout les plus riches qui ont pu acheter les terres lorsqu’elles ont été prises, en totalité (séquestre) en punition de révoltes ou en partie lorsque certains terres tribales ont été redistribuées et « marchandisées », c’est à dire qu’on les a sorti du droit musulman communautaire (propriété des tribus ou des familles) pour en faire conformément au droit romain des biens soumis aux lois commerciales.

                    Le rêve de Bugeaud au départ c’était de faire des paysans-soldats, mais les conditions étant trop dures, beaucoup ont abandonné et au moment de la guerre, une majorité d’Européens vivait dans les villes.

                    C’est vrai que certains français se sont intéressé à la vie des populations, mais la plupart n’avait pas accès à leurs vies intimes, ils avaient leurs propres lieux, cafés, plages, distractions, pétanque, anisette.

                    Je viens de relire « La baie d’Alger » de Gardel, ambiance pied-noire et le début de a guerre, ce n’est pas qu’un roman et on devine que c’est en partie autobiographique


                    • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 8 juillet 2022 16:33

                      @ Decouz

                      Bonjour,

                      C’est vrai que certains français se sont intéressé à la vie des populations, mais la plupart n’avait pas accès à leurs vies intimes, ils avaient leurs propres lieux,cafés, plages, distractions, pétanque, anisette.

                      La principale barrière fut la religion. Car si au début de l’implantation, certains ont tenté une christianisation (sur certaines tribus kabyles), jamais les Français n’ont tenté quoi que ce soit pour une christianisation forcée, comme le firent les Anglais, les Espagnols ou les Américains sur leurs colonies. Au contraire, nous avons toujours porté sur l’Islam un regard curieux, et vif. 

                      Vous dîtes, les Européens avaient leurs propres lieux, cafés, plages, distractions, pétanque, anisette, mais les Musulmans aussi. Ils avaient leurs propres codes de vie, un schéma très traditionnel familial, dans les campagnes comme dans les villes. 

                      Mettre l’accent sur cet aspect des choses procède d’un regard superficiel, les Musulmans, avant d’être « travaillés » par la propagande FLN ne s’en sont jamais plaint. L’idée ne leur venaient pas à l’esprit de remettre en cause leurs propres codes de vie pour constituer une sorte d’homogénéité sociétale avec les Français qui vivaient  les images d’archives en attestent  à l’occidentale, femmes et hommes mélangées dans les cafés, théâtres, etc...

                      Seuls, les dignitaires musulmans fréquentaient les mêmes endroits que les Européens. La religion a certainement séparé les classes sociales, accentuant les disparités. Je pense que ces deux communautés avaient le droit de vivre chacune comme elles l’entendaient. 


                      • Decouz 8 juillet 2022 17:05

                        Bien sur le refus venait des deux cotés, cependant la propagande du FLN est arrivée dans une période historique propice, je ne partage pas une vision idyllique de la cohabitation des deux communautés. Le feu peut couver longtemps, surtout si rien n’est fait (par ceux qui auraient pu désamorcé, si cela était possible), et si il est attisé (par ceux qui veulent changer la situation.

                        Il y avait trois tendances chez les rebelles, une tendance marxiste, qui était aidée par tous les pays communistes ou alliés, et qui pensait en termes de décolonisation mondiale, une tendance religieuse (Association des Ulémas) et une tendance nationaliste pure qui voulait simplement appliquer les principes de la Révolution française, souvent des soldats qui avaient combattu dans l’armée française.


                        • Nicole Cheverney Nicole Cheverney 9 juillet 2022 11:02

                          @ Decouz

                          période historique propice

                          Bonjour, Je m’interroge toujours sur la « simultanéité » de toutes ces aspirations à l’indépendance, comme si tous ces pays s’étaient donnés le mot. En fait, pour l’Algérie, à part quelques groupes fortement politisés, et financés de l’extérieur, les populations civiles ne demandaient rien.

                          J’y vois donc bien projet occidental derrière tout ça, d’affaiblissement de la France. Affaiblissement qui s’est poursuivie jusqu’à nos jours, pour nous donner aujourd’hui, un pays irrécupérable. 

                          De plus, on larguait l’Algérie, entre autre, avec la 5eme république, je le rappelle et les gesticulations gaulliennes, sans daîgner une seule seconde faire les réformes de justice sociale indispensables, à la fois pour les Musulmans et les Européens, en majorité de classes sociales modestes. 

                          L’armée française en 1958, sur laquelle la « doxa » vomit avec une aisance déconcertante, avait fait un travail extraordinaire de « pacification ». Qui fut brisée dans son élan par la politique de « dégagement » de De Gaulle. J’y reviendrai en détail.

                          Bien à vous.


                          • Joséphine Joséphine 10 juillet 2022 11:36

                            De 1988 à 2019 il y aurait eu presque 18 millions de demandes de nationalité française auprès du Consulat français à Alger. Plus de 80% de ces demandes ont été rejetées fort heureusement. Pourquoi vouloir devenir français après avoir gagné l’indépendance ? Quelqu’un peut il apporter une réponse à ce mystère ?

                            D’autant plus que les algériens ressassent tout le temps la colonisation et ses « atrocités », un peu comme nous on ressasse l’Occupation. Pour les algériens la période coloniale française représente « lézeureléplusombres », et le FLN c’est leurs résistants. Je comprends encore moins leur envie de venir en France. 


                            • Decouz 10 juillet 2022 11:56

                              Si on entre dans la logique des décolonisations, la décolonisation proprement dite n’est qu’une « condition préalable », elle n’entraine aucunement un meilleur régime, il faut le faire, mais tout reste à faire, c’est peut-être ça la politique.

                              Maintenant il est sur que le régime algérien exploite un maximum les « martyrs » avec force films (d’ailleurs intéressants, ils ont pu être filmés par les Français qui avaient la maitrise des médias à l’époque) et paroles de propagande (comme chez nous, pire je pense).

                              Pour les fils d’Algériens de chez nous la France c’est pas bien, mais l’Algérie c’est pire. On pourrait croire qu’au lieu de prendre le bon des deux cotés, ils préfèrent détester le mauvais des deux cotés.

                              Pourquoi les Algériens veulent venir ? Parce qu’ils ne sont pas bien chez eux, et qu’ils croient, fantasment, comme tous les candidats à l’émigration, que ce sera mieux en France.

                              Il n’y a pas, plus, de travail, mais en Algérie, c’est pire, il y a des problèmes de logement, mais en Algérie, c’est pire, en fait tout est pire pour la vie quotidienne, sans parler de la bureaucratie, de la corruption, du système de santé etc

                              Vous ajoutez à ça une part de rêve.

                              Il faut tenir compte du décalage entre les générations, les jeunes n’ont connu ni la période française, ni la période de la guerre, et ce ne sont pas eux qui ont la maitrise de l’information.


                              • Decouz 10 juillet 2022 12:04

                                Le gouvernement utilise le terme de « shahîd », martyr, qui a une connotation religieuse, alors que les motivations de la lutte étaient diverses.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité