Bugeaud n’était pas vraiment un sentimental.
Avant de retourner en Algérie, il était rentré en France après le traité de
Tafna en 1837. Il avait déconseillé dans son rapport, la conquête de l’Algérie
et déploré une « possession onéreuse dont la nation serait bien aise d’être
débarrassée ». Il avait préconisé le maintien des territoires conquis (enclaves
d’Alger et Oran) sous statut militaire, pour éviter toute colonisation de
peuplement. Ce statut durera jusqu’en 1870.
Mais Thiers l’a nommé Ministre de l’Algérie en 1840, et là
il a pu donner toute sa mesure par la politique de la terre brûlée : « «
Le but n’est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est
d’empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, […] de jouir de leurs
champs […]. Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes […], ou bien exterminez-les
jusqu’au dernier ../… Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes,
imitez Cavaignac aux Sbéhas ! Fumez-les à outrance comme des renards. »
C’est fort de ces expériences que « l’homme de
la rue Transnonain » s’est affronté aux révolutionnaires de 1848 qu’il
qualifiait de « canaille rebelle ». Le marquis de Boissy a rapporté à
Victor Hugo les paroles de Bugeaud, qu’il avait notées dans ses carnets : «
Eussé-je devant moi cinquante mille femmes et enfants, je mitraillerais. »