Vous écrivez :
« … dans une communauté villageoise primitive plus ou
moins autarcique, où chaque agriculteur vit de sa propre production et
n’échange les surplus que contre ce qu’il ne produit pas lui-même, et le plus
souvent, avec les artisans du village, il y a peu de chance que cette économie
génère une forme de capitalisme, considérée comme accumulation significative de
capital. »
Ce tableau idyllique n’a hélas jamais existé dans la vie
réelle. C’est un peu comme du Giono !
Dans la vie réelle, il existait chez les Romains des
latifundia, grands domaines agricoles appartenant à de riches patriciens et
cultivés par des esclaves. Au moyen âge, le sort des serfs était le même que
celui des esclaves, et les fermiers libres étaient métayers et devaient la
moitié de la récolte au propriétaire. Pendant la période classique, les
aristocrates se partageaient avec les abbayes 90% de la propriété foncière. Les
petits propriétaires terriens datent en fait du dix-neuvième siècle (tout comme
la plupart des paysages ruraux, après qu’il y ait eu une vaste redistribution
des terres et une révolution agronomique (assèchement des marais en
particulier). Cela n’empéchait pas ces ferniers qui payaient des impôts d’avoir
une comptabilité dans laquelle on distinguait capital mort (terres et matériel)
et capital vivant (bétails).
Il y a eu de fait accumulation de capital dès qu’il y a eu propriété privée
des exploitations agricoles, et ça nous ramène au néolithique. Certains disent
que les systèmes d’écritue sont apparus dans des régions où l’agriculture était
développée, basée sur l’irrigation, et les tablettes d’argile et autres papyrus
étaient avant tout des documents comptables pour enregistret les crédits et les
dettes de chacun.