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Commentaire de Nick Corey

sur Todd et la variable économique dans Où en sommes-nous ?


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Nick Corey 2 mars 2020 18:21

@Kapimo
Comme Todd dit : il identifie la classe.
Simplement, il passe trop de temps à dire que c’est différent des autres pays. Si, effectivement, la France a une centralisation qui n’existe pas ailleurs, le moment que l’on vit actuellement en France est autant étatique que la révolution conservatrice dans l’anglosphère des années 80 ou le programme Shröder (le méchant dans les tortues ninja, j’ai toujours trouvé ça génial) dans l’Allemagne des années 2000. Le pantouflage est propre aux moments des offensives libérales (comme celles du XIXè siècle, et finalement celles du XVIII, et même avant...). Karl Polanyi, que Todd cite, par ailleurs, a très bien expliqué dans la Grande Transformation, que l’État Providence est une création du libéralisme sauvage anglais du dix-septième siècle.
Ça n’a rien d’une spécificité française. Si le Medef paraît pitoyable au regard des mouvements patronaux des autres pays « avancés », c’est juste parce qu’il est à la traîne.

Alors oui : la France est nulle en économie depuis toujours. Et j’en éprouve une étrange fierté...
Charlemagne a conquis l’Europe pour éviter d’avoir à développer le commerce en France, l’écrasante majorité des Capets avaient des trous aux poches et le sens du commerce d’un poussin en bas âge, Quatorze a été économiquement dadaïste, et lorsque Seize a demandé de l’aide aux experts anglais, ces derniers n’ont rien pu faire. Les grands projets industriels du XIX sont des modèles de fiascos financiers...
Mais le libéralisme est plus qu’un championnat du monde du commerce, c’est surtout et avant tout une philosophie, un modèle idéologique complet, dans lequel le niveau en économie ne fait pas la définition. Il y a des pays très pauvres qui sont néolibéraux.
En France, nous on fait de la politique. Comme il disait Coluche, on a les plus grands spécialistes au monde en politique française. C’est amusant dit comme ça, mais y a du sens. En fait, c’est la tradition politique française (qui, par ailleurs, inclut une forte armée) qui a permis de résister aussi longtemps à la société de consommation au vingtième siècle, et à la psychose néolibérale individualiste jusqu’à récemment. De Gaulle, ce vieux gangster que je ne porte pourtant pas dans mon cœur, incarnait en quelque sorte cette image. Et honte à son petit-fils d’avoir vu en McRon son héritier.

Voilà que je m’égare encore.


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