Il est temps de
conclure.
Je remercie tout
d’abord les nombreux intervenants dont les apports ont enrichi la
discussion.
Nous avons parfois
dévié du sujet en comparant les mérites respectifs des systèmes
propriétaires et des systèmes libres, ce qui n’était pas
complètement le sujet mais avait quand même un rapport avec le
sujet.
J’ai écrit cet
article de manière impulsive à la lecture du communiqué ambigu que
j’ai cité en tête d’article. A priori j’avais compris que nos
députés voulaient la création d’un OS national créé ex-nihilo.
Cela m’a paru, comme à la plupart d’entre vous, qui savent de quoi
il retourne, une idée stupide.
J’ai également été
choqué de l’expression d’une volonté d’indépendance dans un
domaine finalement très marginal alors que le pays abandonne son
indépendance dans des domaines cruciaux. Il y bien un côté
ridicule, que je maintiens, même si cela déplaît à certains de
militer pour un OS ’souverain’ quand on a abandonné sa souveraineté
dans à peu près tous les domaines.
Par la suite, un
lecteur attire mon attention sur une intervention de Madame Delphine
Batho, parlementaire, qui parle plutôt, d’un OS basé sur le noyau
linux, ce qu’on appelle dans le jargon une ’distro’.
La question devient
alors « Cela a-t-il un sens de concevoir une nouvelle distro
linux qualifiée de ’standard français’ ? ». Là j’avoue
qu’on peut avoir des avis partagés. Tout d’abord on me fait
remarquer que la chose existe déjà avec CLIP. Je doute fort que
Madame Batho ait entendu parler de CLIP et sache exactement ce qu’est
un noyau Linux. Madame Batho bien que relativement jeune pour une
parlementaire me semble complètement inculte en matière
d’informatique, d’ailleurs elle ne doit sa promotion qu’à son
militantisme pas à ses diplômes puisqu’elle est juste bachelière,
ce qui de nos jours ne lui permettrait pas de trouver un emploi de
caissière dans un supermarché. En tout cas Madame Batho mélange
tout laissant à penser que l’introduction d’un OS souverain pourrait
contribuer à réglementer le web. Réglementer le web c’est
contrôler tous les accès, ce qui n’est pas extraordinairement
compliqué dans la mesure où 95 % des utilisateurs passent par
un FAI, le restant, comme les universités, utilisant une connexion
directe.
Je cite l’exemple de
la gendarmerie française et je salue cet exemple, je l’approuve sans
réserve. Que fait la gendarmerie ? Elle choisit une
distribution populaire, Ubuntu, et la personnalise pour ses besoins.
En quoi consiste cette personnalisation ? Et bien à mon avis
tout simplement en installant des applications spécifiques dont les
gendarmes ont besoin, que ce soit des outils standards ou des outils
spécifiques conçus par des fonctionnaires bénévoles ou des
programmeurs payés par le corps des gendarmes. Maintenant GendBuntu
n’est pas à proprement parler un fork d’Ubuntu, elle sera actualisée
à chaque nouvelle version LTS d’Ubuntu. Et de fait cette
actualisation, si les choses sont bien faites sera faite de manière
plus ou moins automatique les applis et les données étant
conservées. Les gendarmes ne sont pas, en tant que tels, des
beta-testeurs des nouvelles versions.
Le profit pour la
gendarmerie est avant tout de faire de substantielles économies,
mais pas seulement, ils garantissent leur investissements ans la
mesure où, autant que j’ai pu en juger il y a toujours compatibilité
ascendante, chose qui n’est pas le cas chez MS. J’ai écrit des
applications pour XP qui ne passent plus sous W7 et suivants.
On peut regretter
que l’E.N. n’ait pas suivi le même chemin avec, par exemple Edubuntu
ou bien une EnBuntu typiquement française. Enfin quand je prends
l’exemple d’Ubuntu je ne fais pas de pub particulière, c’est juste
un exemple de distribution populaire, gratuite pouvant être
facilement personnalisée. Il serait intéressant de voir quelle
rente font à MS les écoles, les collèges les lycées et les
universités. Cet argent ne serait-il pas mieux employé à recruter
des enseignants ou à acheter du matériel ?
Bon, alors
maintenant la question qui se pose est la suivante :
Un OS national
(souverain), disons FrenchBuntu, FrenchMint, pour caricaturer ou
alors des versions personnalisées GendMint, EduMint etc. ?
Je pense que la
première solution est mauvaise, autrement dit que les députés ont
tort dans tous les cas de figure, et voici mon argumentation.
Soit le FrenchBuntu
est un fork dans ce cas il devra évoluer séparément et prendre en
compte la diversité des matériels, l’évolution technologique, les
innovations en matière d’interface graphique, etc.. etc.. Nous
entrons là en plein dans la problématique de la maintenance d’un
O.S. l’économie ayant seulement été réalisée au départ. Un
lecteur qui connaît bien la question dit que ce n’est pas réaliste
et je l’approuve.
Si ce n’est pas un
fork, c’est une simple personnalisation de ce qu’on voudra Debian,
Ubuntu, Mint, ou pourquoi pas Suse qui a aussi ses qualités, encore
une fois nous ne sommes pas là pour faire de la publicité ni pour
faire un comparatif. Donc cette personnalisation devra suivre
l’évolution technologique et faire des mises à jour suivant le
développement du modèle choisi au départ, c’est par exemple ce que
fait Mint à partir d’Ubuntu en toute clarté.
Mais maintenant,
qu’on veuille bien considérer que les besoins des gendarmes,ne sont
pas ceux de l’Eucation, ni ceux du personnel de santé. Donc le
FrenchBuntu devra encore être personnalisé en FrenchEdBuntu, etc.
Donc en somme à
quoi sert le FrenchBuntu. A rien !!!
Il suffit en fait
que l’État conseille aux administrations d’utiliser un système
open-source, ce conseil pouvant aller jusqu’à une recommandation,
dans la mesure où ces produits sont gratuits cela laisse peu de
place à la corruption.
Un autre aspect des
choses est mon opposition à la création d’un corps de
fonctionnaires responsable de l’OS souverain. Et là, c’est mon
expérience professionnelle qui parle. De toute évidence certains
intervenants ont eu des vécus similaires. L’introduction de la
technologie dans le cadre de la fonction publique (audiovisuel,
micro-info) etc. est une vraie catastrophe. C’est la porte ouverte au
copinage à la cooptation, et au final c’est une gabegie, un
désastre. Et puis comme le souligne un lecteur bien informé. Est-ce
le rôle de l’État de promouvoir un matériel ou un produit
logiciel ? Non, l’État doit se cantonner dans ses fonctions
régaliennes.
Si la France a des
désirs d’indépendance qu’elle commence par les affirmer dans les
domaines essentiels que sont la défense, la diplomatie, l’économie.
Je le répète c’est ridicule de pérorer avec un ’OS souverain’
quand on a vassalisé le pays totalement. C’est de l’enfumage.