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Commentaire de Pascal L

sur Pourquoi la science va mal en France. Conséquences et remèdes


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Pascal L 30 juin 2014 16:16

Comme ingénieur, j’ai lu quelques thèses et également assisté des thésards, puis je me suis occupé des embauches pour l’établissement d’un grand groupe industriel privé.

 La conclusion est que de mon point de vue, la qualité d’une thèse va de « sans intérêt » à « brillantissime ». Le simple fait d’avoir une thèse n’est donc pas un critère suffisant pour une embauche, mais ça peut aider.
En général, j’ai convoqué les candidats avec un doctorat, sauf si c’était le nième candidat dans la même spécialité hyper-pointue enseignée à l’université la plus proche.
Dans ces entretiens, je me suis intéressé à la capacité et l’envie du candidat à sortir de sa spécialité. Même si un projet en cours peut porter sur la spécialité du candidat, une embauche est toujours un investissement et se fait en principe pour une période assez longue. Le candidat ne pourra donc pas continuer à travailler sur sa spécialité tout au long de sa carrière. Question salaire, nous proposions des salaires identiques aux ingénieurs des grandes écoles, mais de toute façon, un candidat brillant n’avait pas de problèmes avec sa carrière. On peut toujours se poser la question de l’intérêt d’une thèse pour quelqu’un qui veut travailler dans l’industrie. Ce n’est probablement pas rentable, sauf si le candidat y apprend à devenir intelligent (ce que l’on n’apprend pas dans les écoles d’ingénieurs) et acquiert des méthodes de travail solides.

J’assiste actuellement au développement du financement par projet. C’est quelque chose de relativement nouveau pour la recherche académique, et les effets n’en sont pas très positifs :
 - le chercheur va passer une bonne partie de son énergie à monter des projets et faire du reporting (50 à 80% de son temps dans certains cas, temps pendant lequel il ne va pas chercher),
 - les appels à projets porte sur des sujets dans l’air du temps, donc exit les projets très innovants,
 - la motivation des chercheurs est basée sur la publication, ce qui peut être très contradictoire des objectifs des autres contributeurs au projet et peut conduire à une bureaucratisation des publications.

Pour encourager et faciliter la recherche publique est privée, cela ne passe pas seulement par une volonté politique. Les capitaux permanents dont disposait l’état on fondu avec le déficit du commerce extérieur et l’Euro n’a aucune capacité à créer des capitaux permanents. Le fonctionnement actuel de la création monétaire ne permet pas des investissements dont le retour serait au-delà de 2 ans et la recherche en fait partie. La solution passe par une refonte des mécanismes de création monétaire ou l’abandon du monopole de l’Euro.

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