@ l’auteur,
Non, en effet, cette situation n’est pas immuable. Rien n’oblige
un pays à rester dans l’union européenne, heureusement.
Vous faites bien de rappeler les acquis obtenus suite aux
mouvement de mai 68 : ceux-ci n’ont pu être obtenus que parce que le
gouvernement avait la possibilité de dévaluer la monnaie pour maintenir et
relancer la compétitivité de l’économie.
Maintenant, avec l’union
européenne que cette possibilité n’existe plus, que le gouvernement n’a plus aucune marge de manœuvre, c’est l’austérité
obligatoire. Tant que l’on obstine à partager la même monnaie que des pays dont
les intérêts et les besoins sont incompatibles avec les nôtres, et donc à s’astreindre
à négocier notre politique économique, budgétaire avec ces pays, il ne pourra
en être autrement.
Comme cela a été maintes et maintes fois démontré, l’union
européenne ne peut pas être réorientée dans un sens social.
La preuve avec votre idée de SMIC européen : il est certain qu’une majorité de Bulgares ou de
Roumains accepteraient volontiers cette idée. Le problème est que le montant qu’ils
considéreraient comme acceptable (voir même comme un progrès) comme SMIC
européen serait certainement inacceptable pour nous Français.
Si vous voulez mettre le SMIC au niveau du RSA actuel, faire
un SMIC européen est la marche (funèbre) à suivre !
Déjà, rien que sur le principe, renégocier notre pacte
social à l’échelle européenne, c’est le meilleur moyen de le détruire
totalement.
Ensuite, faire ça dans le cadre de l’union européenne... Cata
à la grecque garantie !
Cette organisation est vérolée depuis sa conception. Rien
que le fait de mettre les pays et leurs gouvernements sous dépendance des
banques pour leur financement (Art.123 du traité de Lisbonne) fait que
forcément ces gouvernements sont sous leur coupe... Tant qu’ils ont la coupable
lâcheté de laisser leur pays dans cette union mortifère.
C’est l’Allemagne qui avait insisté pour que, par cet
article, « les marchés imposent leur discipline au latins dispendieux »,
et leur évitent d’avoir à subir les tendances inflationnistes des pays du « Club
Med ». Ce faisant, elle a pu verrouiller la politique monétaire commune
sur le cap qui lui convenait le mieux, mais qui est loin de convenir aux
autres, nous compris.
L’Allemagne a donc, avec l’euro, une monnaie bien adaptée à
la compétitivité de son économie, qui se montre plutôt performante (par rapport
aux autres pays de la zone euro, mais certainement pas par rapport à leurs
voisins Helvètes).
Le peuple Allemand ne connaissait donc pas d’autre pression
sur ses acquis sociaux que celle qu’il a accepté de subir sous les mandats de
Schröder. Donc ils ont eu le social qu’ils
ont bien voulu avoir.
C’est pourquoi je
refuse que le social que l’on a en France dépende de ce que nos voisins veulent
avoir, et même, veulent bien nous payer !
Car même s’ils en voulaient pour eux, je ne pense pas qu’ils
auraient envie d’en payer aux autres.
Que vous ne vouliez pas l’admettre est une chose, mais la
réalité est là : si voulez faire du
social à l’échelle européenne, cela
dépendra forcément de la bonne volonté des pays les plus riches à le financer,
forcément...
Ne serait-ce que parce qu’il faudra forcément leur voix pour
modifier certains articles des traités (alors que c’est tellement plus simple
de quitter cette union de merde). Là, c’est du ressort de la simple logique.
A l’échelle nationale existe un peuple uni et soudé. Oui, c’est
bien la solidarité nationale, notre République
Jacobine tant décriée par certains rétrogrades, qui permet aux portions de
notre territoire les plus démunies, comme la Lozère ou la Martinique, de fournir
les prestations sociales et les services publics à leurs habitants.
Et les habitants de ces départements peuvent aller se faire
une carrière à Paris, à Lyon... Tous ne finissent pas à nettoyer les moquettes,
bien au contraire ! C’est ça, un pays, une communauté humaine soudée :
les gens sont interchangeables d’un
point à un autre du pays, même en des points radicalement différents, la solidarité nationale s’efforce de
garantir l’égalité de tous. Ce n’est
que dans un tel espace que l’on peut obtenir du progrès social.
Il ne peut rien avoir de tout cela à l’échelle
supranationale : aller de Grèce en Allemagne, c’est changer de langue (d’alphabet,
même), de coutumes, de repères. Peu de gens le font.
Les Espagnols et les Portugais, c’est plus chez leurs
cousins Sud-Américains (logique) qu’ils émigrent en masse que vers le centre
économique de la zone euro.
Quant aux Allemands qui ont voté Merkel ou SPD en septembre,
je ne pense pas qu’il y en ait beaucoup parmi eux qui toléreraient l’idée de
financer du social en Grèce, en Espagne ou au Portugal avec de l’argent Allemand.
A la décharge de nos voisins, je ne pense pas qu’il y ait
beaucoup de Français qui accepteraient de faire ça avec de l’argent Français
non plus... Parce qu’après tout, pourquoi financer le social de Grecs et pas
celui d’autres pays qui sont encore plus dans le besoin et plus proches
culturellement (Afrique Francophone) ?
Donc le problème est bien un problème d’échelle : on ne peut rien faire qui puisse amener du
progrès social à l’échelle européenne.
Par contre à l’échelle nationale, c’est possible et cela a même
déjà été fait en partie, jusqu’à ce que l’intégration européenne ne vienne remettre
en cause des acquis de dure lutte.
La conclusion est simple : retrait de l’union européenne et enterrement définitif de cette funeste
et fumeuse « idée européenne ».