• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Negawatt

sur La face cachée du pétrole


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Negawatt (---.---.10.103) 2 avril 2006 18:37

Salut à tous,

Pic, déplétion, fin du pétrole ... plan et calendrier

Il n’y a pas si longtemps, on disait que les réserves de pétrole étaient infinies. Ce n’était pas forcément un mensonge mais on voulait dire par là que les réserves étaient incommensurables ce qui reste encore vrai si on s’attache au premier sens du terme. On ne sait donc toujours pas quelle quantité exacte il reste à exploiter mais il apparaît maintenant que les quantités que nous arrachons au sous-sol ne sont plus à la mesure de ce que nous consommons.

Il ne faut pas confondre, pic, déplétion et fin du pétrole. Au pic correspond un point culminant de la production journalière. La déplétion est la décroissance de cette production. La fin du pétrole est très improbable car il restera très probablement du pétrole que l’on ne saura peut-être jamais extraire. Entre le pic et la déplétion, on peut envisager un palier dont il est impossible aujourd’hui d’évaluer la durée (cf. Jean Laherrère - ASPO).

L’authentique problème que nous avons à résoudre est que, pour ces trois événements, nous sommes incapables de donner des dates et pourtant, il faudrait que l’on puisse établir un tableau de marche de réorganisation des sociétés acro-dépendantes aux hydrocarbures. Autrement dit, ce que nous devons désormais rechercher, c’est un consensus général à défaut de données scientifiques fiables pour agir.

Des plans existent mais il nous manque le calendrier. Pour ce qui concerne le plan, ma préférence va à celui de Négawatt (http://www.negawatt.org/). On peut retenir de ce plan un point qui fera le lien avec la partie suivante : la consommation électrique des seuls leds de nos appareils ménagers, Hifi et informatiques en tout genre équivaut à la production annuelle de 3 réacteurs nucléaire ! Si ce n’est pas du gaspillage évitable ça ?!!!

Nucléaire

Ce que je disais au début au sujet du pétrole, je l’entends maintenant au sujet du nucléaire. Je ne me ferais vraiment pas d’illusion de ce coté. J’aimerais même que les honorables participants de ce forum qui avancent - très imprudemment à mon sens - que les réserves d’uranium sont infinies, le prouvent. Sait-on que nous n’en avons plus sur le territoire français depuis 2001 ? Depuis lors, dire que grâce à ce procédé de transformation de l’énergie la France assure sa souveraineté est un mensonge : nous importons l’uranium du Niger, du Saskatchevan (Canada) et bientôt d’Australie. Par ailleurs, le nucléaire ne remplacera jamais les hydrocarbures, même si on l’utilise pour produire de l’hydrogène. Avec 58 réacteurs (un grand maximum étant donné les 15000 tonnes annuels de déchets toutes périodes produits), nous couvrons un peu moins de 80% de notre consommation (différent de « besoins ») en ... électricité ! et que notre consommation d’électricité n’équivaut qu’à 20% de notre consommation d’énergie globale !

Voyons les choses en face. l’EPR est une resucée poussive des réacteurs actuels : il n’améliore ni les rendements ni la sécurité. Le surgénérateur ? Avons-nous oublié qu’il porte un nom : Superphénix. Ce réacteur de recherche n’a jamais fonctionné, est arrêté depuis 1997 et je me demande si nous ne devrions pas consacrer tous nos moyens à des mesures qui devront avoir des effets dans les 5 ans qui viennent. Le surgénérateur ne pourrait fonctionner dans le meilleur des cas que vers 2020 ! Quant à ITER, soyons sérieux. Là aussi, ce n’est qu’un laboratoire qui a lui seul va consommer l’équivalent de la production d’un réacteur rien que pour tenter de démontrer que l’hypothèse scientifique est bonne (cf. France Inter - Terre à terre - 12, 19, 26 novembre 2005)... sans compter les 10 milliards d’euros qu’il va - au bas mot - coûter aux contribuables pour un résultat qu’on ne peut espérer qu’aux alentours de 2040 ou 2050, je ne sais plus ! Sommes nous dans l’urgence ou pas ? Pensons aux effets destabilisateurs que pourrait produire un baril à 200 dollars imminent !

Le sujet est vaste mais je terminerai sur ce point en disant que 14% seulement de l’énergie consommée en France provient de moyens de transformation qui ne dépendent pas d’approvisionnements en provenance de pays tiers comme le solaire et l’éolien, le grand et le petit hydraulique, la géothermie, les bioénergies etc. Pour tout le reste soit pour 86 % nous sommes dépendants de ressources que nous ne contrôlons pas directement !

Un dossier assez complet et apparemment mis à jour régulièrement : Nucléaire : contre la banalisation de l’insoutenable http://www.attac95se.org/index.php?2006/03/24/18-nucleaire-contre-la-banalisation-de-l-insoutenable

Dérèglement climatique

Pour finir, je pense que cette discussion forte intéressante jusque là a fait trop souvent l’économie du corollaire du problème de l’énergie qu’est le dérèglement climatique. Ce problème, quand il se concrétise à des effets radicaux qui relèguent les autres questions au second plan. Voyez les effets de Katrina. Il faut je crois maintenant avoir le courage d’affirmer que l’écologie est un primat ce qui signifie que l’économie ne l’est pas !

C’est pour moi une grande motivation et une grande impatience de voir se mobiliser les sociétés pour appliquer un plan comme Négawatt. Le supplément scientifique du Monde (n°9 de mars 2006) insiste beaucoup sur ce qui m’apparaît comme un élément clef de notre avenir : la décentralisation des modes de production d’énergie qui va dans le sens de la nécessaire la lutte anti-gaspillage et de la responsabilisation du consommateur.

Je ne sais pas s’il est encore temps, mais il nous faut absolument d’urgence AN-TI-CI-PER, il nous faut une grande prise de conscience et comme Eric Laurent, Kunstler, Wingert, je suis consterné par l’inaction des hommes politiques excepté un, Yves Cochet (je ne suis pas adhérent Vert !), qui semble vouloir compter sur nous tous et nous considérer en personnes adultes et responsables pour agir efficacement et dans un cadre démocratique maintenu et même développé. (cf. le journal La décroissance, n°30, février 2006).

Voyez deux textes forts étonnants : « Assombrissement et effet de serre » http://yonne.lautre.net/article.php3?id_article=1345 Profitez en pour jeter un oeil sur la production très enrichissante de ce site que j’ai découvert il y a quelques semaines seulement.

« Rapport du Pentagone sur le changement climatique » Par Peter Schwartz et Doug Randall Traduit de l’anglais par Arnaud Pouillot http://www.paxhumana.info/IMG/pdf/rapportpentagone_climat-2.pdf

D’une affaire comme celle-là, on devra s’en sortira tous ou on ne s’en sortira pas !

Fraternellement vôtre :)


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès