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Commentaire de easy

sur La survie du « sans papiers »


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easy easy 2 mars 2012 16:55



«  »«  » L’esclave traditionnel vivait dans la sécurité alimentaire, le moderne « trime le ventre vide » «  »« 

Ca peut sembler paradoxal ou exagéré mais c’est bien le cas.

Pendant la haute époque de l’esclavagisme en Amérique, Guyane et Antilles comprises, les esclaves étaient achetés et leurs propriétaires avaient naturellement intérêt à les garder en bon état.
Là-dessus, sont arrivés les »36 mois« . Il s’agissait d’Européens libres mais sans le sou ou faillis qui acceptaient de s’offrir, depuis la France, à des maîtres ou financiers ou entreprises aux conditions suivantes :
Traversée financée par le maître, puis 3 ans de service gratuit sur place, puis libération de toute dette et octroi d’une parcelle de terre.
Ca semblait jouable et beaucoup ont signé.

Une fois sur place, ils ont découvert que leur maître ou sponsor les traitait bien pire que ses esclaves. Car la stratégie face aux 36 mois consistait à en tirer le maximum pendant cette durée et de les vider de toute énergie afin qu’ils ne puissent profiter de l’octroi de la parcelle et faire alors concurrence.
Ces 36 mois ont tellement souffert que très peu ont réussi le cursus prévu. Beaucoup sont morts, se sont évadés et ceux qui ont tenu jusqu’au terme des 3 ans ont le plus souvent demandé à rentrer en Europe tellement ils étaient dégoutés.


Nietzsche, qui n’a jamais travaillé à suer, avait tôt fait de comparer le travail en usine à de l’esclavage. Poser l’esclavage antique en repoussoir absolu est une erreur du seul fait que celui qui en était le maître avait dû investir et qu’il avait tout intérêt à le faire durer. C’est du reste pour cela que ce principe a tenu pendant des millénaires

C’est le fait de l’interchangeabilité des individus qui permet de les traiter en kleenex donc de les essorer selon une stratégie assez subtile qui tient compte des réserves d’énergie (physique et morale) originelle que comporte tout organisme prélevé depuis un milieu où il vivait sainement. On voit très bien cette exploitation des réserves individuelles jusqu’au dernier jus dans Les raisins de la colère.


Les clubs de foot, de basket, achètent un individu prometteur. Ils calculent eux aussi selon une stratégie de citron. S’il le pressent trop, ils ne peuvent revendre cher une épave. Ils jouent donc de finesse pour en tirer le meilleur jus tout en ne l’épuisant pas afin de pouvoir le revendre encore plus cher car semblant encore très prometteur.
Oui, les clubs sont des esclavagistes mais selon une formule très proche de l’Antique. Et comme ils paient leurs joueurs très chers, ça donne une allure très reluisante au tableau. On aurait envie d’être à la place de ces surdoués du ballon tant ils sont bien payés et couvés.


Tous les Mohamed Kemigue qui acceptent de se faire transporter clandestinement contre 2000€ sont bernés. A leurs yeux, depuis leur Afrique, ils ont l’impression qu’on les achète cher »Ouh la la, ça représente 10 ans de salaire ! Mon maître fait un gros investissement, je lui serai précieux. Il va me garder"
Une fois débarqués en Espagne, les malheureux découvrent que 2000€ sont très vite amortis et que leur maître n’a aucun intérêt à les faire durer (surtout qu’il prend des risques judiciaires).
Un trafiquant pris en train d’employer un clandestin depuis seulement 3 mois sera moins sanctionné que s’il l’utilise depuis 3 ans. Il a donc intérêt à pratiquer un turn-over rapide.

Je crois que les Mohamed Kemigue qui auront survécu à la stratégie très courtermiste de leur maître ont bien de la chance car la plupart ont très probablement été tués après quelques mois d’épuisement maximum.
Pas de témoins, pas de corps, pas de papiers, pas de recherches, pas d’enquête, pas de sanctions.

Par méconnaissance, ces travailleurs kleenex, qui ne sont pas des esclaves, sont victimes des pires crapules et sont exploités à mort.


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