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Commentaire de Richard Schneider

sur L'enseignement en détresse....


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Richard Schneider Richard Schneider 2 février 2012 20:45

à velosolex :

Sans vouloir (trop) entrer dans les détails, il ressort de votre commentaire que vous ne connaissez pas « bien » le métier d’enseignant.
Je ne vais pas refaire un nième article sur le sujet : cela ne suffira probablement pas pour vous convaincre.
Pour être enseignant, il faut Bac.+3 et une année de formation (jusqu’à cette année) et réussir un concours extrêmement sélectif... 
Pour info. :
1. Un prof.certifié ou des écoles gagne : 
- début de carrière : 1 342 €/mois
- dix ans de d’’ancienneté : de 1 795 à 1 903 €/mois

- fin de carrière : de 2 530 à 3 011 €/mois

D’après les études de l’OCDE, les enseignants français sont parmi les moins bien rémunérés d’Europe.

2. Les réformes, parlons-en : chaque nouveau ministre de l’EN veut « sa » reforme ; et des ministres de l’EN, il y en a eu ! Les enseignants ont été gavés de réformes depuis trente ans ... Trop de réformes tuent la réforme.

3. En ce qui concerne le contrôle des profs, il y a déjà la note administrative donnée par le chef d’établissement. Ce dernier devra à l’avenir également attribuer une note pédagogique à un enseignant : c’est une aberration ! Un Principal ou un Proviseur, qui a fait des études d’Allemand par ex., comment pourrait-il apprécier la qualité de l’enseignement dispensé par un prof de math ? D’ailleurs les chefs d’établissement sont majoritairement défavorables à cette « réforme », voulue par Châtel.

4. Dernier enfumage que le pouvoir a bien réussi à faire entrer dans les têtes : les profs ne travaillent pas beaucoup (pas assez ?). C’est faux. Si les certifiés, par ex., doivent 18h/hebdo en présence des élèves (de plus en plus nombreux dans les classes), il faut en réalité multiplier par deux cet horaire tant les préparations, les corrections etc ... sont « bouffeuses » de temps. Et ajoutons encore les conseils de classe, les réunions avec les autres collègues ou les regroupements pédagogiques avec les Inspecteurs ... On est loin des 18 heures toujours pointées d’un index accusateur par les politiciens de la droite libérale (et leurs fidèles électeurs).

Vous le signalez à juste titre : le métier d’enseignant a changé depuis les années 70. Les réformes incessantes, le public hétérogène, l’influence des médias (télé puis internet et ses dérivés) ont abouti à un appauvrissement des connaissances scolaires des élèves : la pauvreté du vocabulaire, l’illettrisme, la dysorthographie, l’absence croissante de repères etc ... font qu’enseigner est devenu un métier très difficile. Car, le maître n’est plus seulement celui qui transmet un savoir, qui apprend à lire et à écrire, mais il doit de plus en plus souvent remplacer les parents défaillants ... 

Je sais bien - et c’est la théorie que j’ai déjà plusieurs fois énoncée - que l’école libérale d’aujourd’hui tend à devenir une sorte de « supermarché » où les clients (parents et élèves) veulent pouvoir se servir et qui râlent quand ils n’obtiennent pas satisfaction.

Bref, on demande à l’école républicaine de pallier les carences de la société libérale mondialisée ... et aux enseignants de ladite école de remplacer outre les parents, mais aussi les AS, les éducateurs, et même quelquefois les représentants des forces de l’ordre ...

À force de taper sur le corps enseignant, l’enseignement gratuit, laïc et obligatoire deviendra un « grand corps malade » : profs payés au rabais, démotivés qui accueilleront les enfants du peuple, alors que les meilleurs pédagogues et les meilleures écoles seront réservés aux gosses de riches dont les familles pourront payer pour une éducation de qualité. Ainsi, l’oligarchie n’aura aucun mal à se reproduire. 

Mais c’est exactement l’objectif poursuivi par ce gouvernement depuis 2007.


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