Ce n’est pas en m’écrivant une tartine sur la norme Euro, RT et la
différence micro/macro que cela vous rend plus savant. Dans votre grande
argumentation, vous avez justement dit quel était le moteur de toutes
ces évolutions : le critère économique et non la vertu.
Plus l’essence coute cher et moins les véhicules polluants (disons
consommateur sinon vous allez me réécrire une tartine sur la différence
entre CO2 et particules) se vendent. Plus se chauffer coute cher, et
plus les gens font attention à l’isolation et ainsi de suite.
Si on prends un exemple récent, en regardant les chiffres, on se rend
compte que l’adoption du bonus/malus écologique a eu un effet sur les
achat de véhicules neufs bien plus importants que toutes les messages
moralisateurs sur le fait que polluer ce n’est pas bien.
Le développement spectaculaire des énergies renouvelables en France et
ailleurs en Europe ne s’explique que par la politique de subventions et
de tarif de rachat associé. Enlevez cela et 99% des gens refuseront d’installer un tel système pour payer
l’électricité 2 à 4x plus cher pour l’instant (évitez de me faire un exposé sur les
énergies renouvelables,on gagnera du temps).
Vous prenez l’exemple de ville propre en Suisse. Nul doute que cela fait
partie de l’éducation de chaque citoyen. Ceci dit, ce n’est pas pour
autant que cela fait une grande différence en terme de pollution entre
les citoyens suisses et français (niveau chiffre en émission de
CO2/habitant, on est un peu moins bon que les Suisses et largement
meilleur que les Allemands que vous auriez aussi pu citer en exemple pour la
propreté de leur ville).
Tout ça pour dire que je n’ai rien contre les petites économies
d’énergies. Je pense être moi-même quelqu’un de plutôt vertueux en la
matière et j’aurais pu ajouter des dizaines d’autres gestes bien plus
efficaces en terme d’économies d’énergie. Cependant en supposant que par
miracle, 100% des citoyens français adopteraient les gestes indiqués dans
cet article, on arriverait peut-être à économiser 10% d’énergie au
global (et encore je suis généreux). Du coup quand je lis que le titre de l’article est « Sortir du nucléaire, les bons éco-comportements doivent se généraliser », moi j’appelle ça de la niaiserie.
Le but de l’action politique est de travailler en amont par l’édification de normes rendant obligatoire le développement de processus sans cesse plus écologiques et en aval par l’incitation fiscale rendant économiquement attrayant les comportements écologiques (et/ou non attrayant les comportements polluants). Car au final la propension qu’a un individu à polluer dépend essentiellement de la possibilité technique qui lui est offerte (travail en amont) et du cout de l’énergie au regard de son pouvoir d’achat (travail en aval). La vertu n’a qu’une valeur marginale là-dedans.