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Commentaire de Internaute

sur L'ère post-industrielle et la crise économique


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Internaute Internaute 7 janvier 2011 09:18

On pourrait aussi citer Jean-Jacques Servan Schreiber (fondateur du magazine l’Express à 29 ans) qui à publié en 1967 son livre « Le défi américain ». Il explique que la Californie a déjà 20 ans d’avance sur la France et se propulse vers la société post-industrielle et la civilisation des loisirs. Ce qu’il appelle dans son langage le « technological gap » ne cesse de croître inéluctablement entre la Californie et la vieille France, complètement dépassée et à jamais laissée sur le bord du chemin.

Avec le recul du temps on peut apprécier le niveau d’élucubration intellectuelle auquel est arrivé ce monsieur, par ailleurs fort intelligent.

Ces penseurs ont le travers de conceptualiser des notions quotidiennes bien comprises par tout le monde même si la plupart n’arrivent pas à les formuler et de bâtir un édifice théorique sensé prévoir la société future. La plupart se sont plantés.

Le langage tout d’abord, ou comment faire accepter le retour à la société de l’Ancien-Régime. Notre futur serait dans les services, aux particuliers et aux entreprises. Qu’on ne se trompe pas. Le « service aux particulier » est déjà dans le dictionnaire sous le mot « domestique ». On nous propose un avenir de cuisinière, nourrice, bonne, garçon de courses, valet, chauffeur, jardinier, garde-malade. Tout cela c’est du réchauffé pour nous masquer que les vrais boulots nous passent sous le nez.

On mélange l’évolution technique et l’évolution économique. C’est vrai que le machinisme diminue les emplois industriels et encore cela reste à démontrer. Il y a moins d’ouvriers par type de produit (télé, autos etc) mais il y a mille fois plus de produits différents sur le marché. Dans nos société le problème est qu’ils sont partis ailleurs pour augmenter la marge des multinationales et les fins de mois des députés. Ce mouvement n’a rien, mais rien à voir, avec l’accroissement des services par rapport à la production industrielle. D’ailleurs, la plupart des « services industriels » peuvent eux-aussi être délocalisés, comme l’informatique en Inde (MicrSoft développe Windows à Bengalore) et les nouveaux micro-processeurs en Chine (Intel - 4,7 milliards de $ d’investisement pour une usine plus moderne qu’au US qui vient d’être ouverte)

La seule chose qu’on nous fait miroiter est donc bien de nous réserver les emplois de domestiques et celà est INACCEPTABLE.

Ceux qui parlent d’une société de services qui remplacerait la société industrielle nous proposent en fait une société vidée de sa substance, les services et les emplois étant réalisés ailleurs. Il n’y a pas de problème à passer à une entreprise ou 3 clampins produisent avec des machines pour 10.000 personnes. Tant que c’est dans un Etat, le gouvernement peut toujours leur prendre une maxi-taxe sur leur maxi-marge afin de la répartir sur les laissés pour comptes de l’évolution technique. Seulement, ceux qui nous parlent de l’inéluctabilité de la société de service alors qu’ils poussent en fait le commerce international sans limites, oublient toujours de préciser qu’il n’y aura pas de répartition car les députés français sont bien incapables de taxer les ouvriers et les patrons chinois auxquels ils ont donnés nos emplois et nos services. L’argent perdu ne sera jamais retrouvé.

Quand à la formation, cela encore c’est du pipeau aussi vieux qu’Arlette Laguiller qui disait que nous aurions les chômeurs les mieux formés du monde. Les emplois qualifiés sont dans l’industrie. C’est là que se trouve la masse des emplois à haute valeur ajoutée. C’est la seule raison pour laquelle le fordisme a si bien marché aux Etats-Unis et pourquoi les employés des industries mécaniques ont obtenu des avantages sociaux (congés, assurances maladies, retraite) impensables ailleurs et im-payables aujourd’hui aprés la faillite de la GM.

Les emplois dans le secteur des services, à part quelques diamants qu’on montre à la télé (neuro-chirurgien, trader, inventeur de Google...) sont pour la plupart des emplois de trés basse qualité, ne necessitant aucune formation, aucun savoir-faire particulier. Pour torcher le cul d’un malade à l’hôpital, servir chez MacDo, tenir une caisse à Auchan, faire avancer un Saxby dans un hangar de logistique, conduire un camion ou arroser les fleurs de la Mairie il n’est pas nécessaire d’avoir la moindre qualification. C’est dans ce type de travaux qu’on trouve le gros des services.

Excusez-moi d’avoir été long mais il me semble important de ne pas confondre l’évolution vers plus de services (tout à fait gérable au sein d’une même entité économique) avec la fausse excuse de se rabattre sur les services pour produire moins cher à l’étranger afin d’augmenter les marges.


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