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Commentaire de ffi

sur Affaire Éric Zemmour : non à la curée ! oui au vrai débat de fond ! mais jusqu'au bout !


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ffi ffi 25 mars 2010 13:48

"Je ne reproche pas à Zemmour d’être allé trop loin, mais, au contraire, d’être resté en chemin et d’avoir bâclé ses raisonnements"

En fait, le débat est resté stéréotypé, entre Murat qui affirme que certains seraient systématiquement contrôlé 17 fois par jour et Zemmour, par réflexe conditionné, qui justifie les pratiques policières par sa célèbre phrase...

Ce n’est jamais que la n-ième redite de cette contemporaine partition discordante.

Mais comment chacune des parties en présence pourraient-elles affiner leurs catégories de pensées si tout débat est interdit ?
N’est-ce pas cette interdiction à priori du débat qui fait que les discours en restent à un combat de stéréotypes ?
N’est-il pas fort surprenant de constater que tout débat sur le racisme s’enferme systématiquement en des pugilats stéréotypés ? Cela l’est d’autant plus que le racisme est précisément basé sur l’affirmation de stéréotypes. Ironie de l’histoire, la lutte anti-raciste engendre ainsi une pensée stéréotypée, ce qui est le propre du racisme !

Peut-on être raciste des racistes ? Qu’est-ce que le racisme exactement ?

Extraits du dictionnaire ethymologique de jacqueline Picoche(édition Le Robert)

Citation :

RACISME : inventé au XIXème siècle (pour expliquer des phénomènes humains en terme) de RACE XVème siècle. "famille, consirérée dans la continuité des générations et des caractères«  ; XVIIème »groupe ethnique" : Mot généralement rattaché à ratio « catégorie, espèce », par l’intermédiaire de formes méridionales (...) : en italien razza XIVème "espèce de gens« , équivalent de l’ancien provençal rassa XIIème »bande d’individu qui complotent ensemble« et en dialecte italien septentrionnal rassa  »convention entre membre d’une même famille ou d’un même métier" Qui Vient du Latin reri, ratus « compter », d’où ratio « calcul », "faculté de calculer ou de raisonner« , »explication« . A partir du VIème siècle  »catégorie, espèce d’animaux"

Cette histoire du mot montre bien que le racisme est une manière d’expliquer des phénomènes humains (en comptant la diversité) par la classification des personnes suivant diverses catégories d’humanité. Le racisme est une tendance intellectuelle qui veut croire que pour expliquer le vice de certains, la simple donnée d’une catégorie identitaire suffit.

Or il est clair que les races sont des vues de l’esprit, et qu’elles sont préjugées à priori. L’homme est universel, ce qui explique ses errements sont ou bien son absence de vertu ou bien sa bêtise.

La vertu n’est l’apanage d’aucune catégorie projetée, elle se juge selon les actes ou les propos de l’individu. Souvent le raciste tend autant à adorer par préjugé, c’est-à-dire qu’il préjuge que certains hommes, du fait de leur appartenance à une catégorie, projetée par eux-même comme bonne, auraient toute vertu ; qu’à haïr, c’est-à-dire qu’il préjuge que certains hommes, du fait de leur appartenance à une catégorie, projetée par eux-même comme mauvaise, n’auraient que des vices.

D’où cette inclination, pour les sociétés racistes, à suivre aveuglément un fuhrer, un gourou, un duce, un guide, parallèlement à des comportements de haine raciale.

Ceci que ces catégories soient des classes, des races, des métiers, des bandes, des castes.

Platon, dans son livre « le Menon » à clairement établit que la vertu ne s’enseigne pas, ni ne se transmet par le sang.

Le racisme est une manière de penser, ce qui fait qu’on ne peut voir le raciste comme membre de la race des racistes. En tant que manière de penser, une seule phrase est insuffisante pour déterminer le racisme dans la pensée de quelqu’un, car une manière de penser ne peut être jugé que dans l’articulation des plusieurs expressions. Par ailleurs, il peut arriver à chacun de tenir des propos racistes sur certains sujets, c’est-à-dire de balancer de gros stéréotypes, sans être pour autant un raciste dans l’âme.

C’est là qu’est utile un véritable débat, car il permet de dépasser les stéréotypes pour affiner la pensée. Interdire à priori la discussion avec ceux qui évoquent des stéréotypes, c’est refuser de permettre à la pensée de l’auteur du stéréotype de s’affiner. Ce véritable débat, l’anti-racisme hystérique l’empêche, et donc l’anti-racisme fait le lit du racisme.

Prôner la diversité incline à diverger, ce qui mène à la discorde.

Prôner l’universalité incline à converger, ce qui mène à la concorde.

J’attends toujours que quelqu’un me cite une philosophie du diversel, aussi aboutie que la philosophie de l’universel. M’est avis qu’elle n’aboutira qu’à engendrer l’adversité sociale et communautaire, la division, le divorce, la discorde.

Le fait est que l’anti-racisme agit face au racisme d’une manière typique de la manière de pensée raciste, c’est-à-dire en discriminant à priori tout ceux qui sont préjugés comme faisant partie de la race des racistes. Dans l’incapacité de mener un débat de raison pour affiner la pensée de ce siècle, cette mécanique catégorique, au départ, simple commodité politique, radicalise toutes les positions et confortent ainsi les stéréotypes.

L’anti-racisme est donc un racisme hypocrite, puisqu’il procède de la même mentalité que celle qu’il prétend combattre. C’est la fausse vertu de nos tartuffes contemporains. Il ne suffit pas en effet de se réclamer vertueux pour l’être effectivement.

Comment reprocher à Zemmour de s’arrêter au milieu du gué, puisque précisément il lui est empêché d’aller au bout de sa pensée ?

Ce que je reprocherais à Zemmour, de ce que j’ai entendu de ses propos, c’est sa naïveté sur les bienfaits des empires, et quand vous l’invitez à Venise pour « ouvrir la boîte magique dans laquelle vous attendent quelques-uns des plus vieux secrets des Vénitiens », j’y vois la même naïveté de votre part, car Venise, c’est l’invention de la spéculation bancaire, l’idéologie impériale et son tape-à-l’oeil si caractéristique.

Mais je verrais néanmoins avec plaisir un débat filmé et mis en ligne, prolongé, entre Eric Zemmour et vous, si ce débat sait bien sûr s’élever au-delà des stéréotypes contemporains, donc pas selon la méthode de la guerre de tranchée, non, selon une méthode socratique, car seule cette méthode d’interrogation permet de s’élever au-dessus de nos préjugés empiriques.

Je suis bien entendu disponible pour y participer.


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