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Commentaire de IP115

sur La paix peut-elle être envisagée sérieusement au Soudan ?


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IP115 20 juillet 2007 23:48

@Romain et Bateleur

Je constate que vous vous retrouvez toujours en face des mêmes en train de défendre l’indéfendable (rappelez vous le fameux double langage de leur maitre à penser : frère Tariq et sa fameuse takia) ... pathétique !

Pour revenir au sujet et pour ceux qui ne seraient pas encore convaincu qu’il s’agit bien d’un génocide racial et ethnique, voila un extrait des conclusions d’Amnesty International sur le sujet :

4.1 La dimension raciale du conflit

« Omar al Bashir nous a dit que nous devions tuer tous les Noubas(37). Il n’y plus de place ici pour les Nègres. » Un Janjawid. ## Propos rapportés par un réfugié originaire de Kenyu, interviewé par Amnesty International, au Tchad, en mai 2004.

Dans le Darfour, les relations et les échanges entre groupes nomades et sédentaires sont rythmés par les saisons et la recherche par les nomades de pâturages pour leurs troupeaux sur un territoire où se trouvent des terres cultivées. Les tensions et affrontements entre groupes se sont multipliés dans un contexte marqué par la désertification et donc par la diminution des pâturages ainsi que par une extension des surfaces cultivées. Dans le cadre du conflit, les tensions ont pris un caractère ethnique et racial. Les différences existant entre les groupes du Darfour n’étaient pas aussi accusées dans le passé : des accords coutumiers, des mariages intercommunautaires, des échanges et des mécanismes traditionnels de résolution des conflits confortaient des relations généralement paisibles.

L’idéologie fondée sur l’ethnie et la race qui a accompagné les attaques de 2003 et 2004 au Darfour est devenue une cruelle réalité qui ne peut être ignorée. L’accentuation des différences entre les groupes est en partie due à la manipulation des concepts de race et d’ethnie par toutes les parties au conflit du Darfour. Cependant, il convient de noter que certains groupes ne correspondent pas toujours aux étiquettes (Arabes, Africains, Noirs(39)) qui leur ont été données dans le cadre du conflit. Ainsi, les Tama, un petit groupe ethnique composé essentiellement de paysans, ont été à la fois victimes d’attaques et accusés à plusieurs reprises d’avoir coopéré avec les Janjawid lors du conflit de 2003-2004.

« Esclaves ! Noubas ! Avez-vous un Dieu ? Rompez le ramadan ! Même nous qui avons des peaux claires n’observons pas le ramadan. Et vous qui êtes noirs et laids, vous prétendez... Nous sommes votre Dieu ! Votre Dieu est Omar al Bashir. » « Vous les Noirs, vous avez défiguré le pays ! Nous sommes venus vous brûler... Nous tuerons vos maris et vos fils et nous coucherons avec vous ! Vous serez nos femmes ! » Un Janjawid. ## Propos rapportés par un groupe de femmes Masalit du camp de réfugiés de Goz Amer, interviewées par Amnesty International en mai 2004.

M., âgée de cinquante ans et vivant à Fur Baranga, raconte : « Le village a été attaqué durant la nuit, en octobre 2003. Les Arabes sont venus en auto et à cheval. Ils disaient : « Il faut tuer toutes les femmes noires, y compris les enfants. » »

Les allégations de recrutement de nomades étrangers, principalement au Tchad, pour combattre aux côtés des Janjawid, ajoute à la dimension ethnique et raciale du conflit. Ahmad Allami, conseiller personnel du président tchadien Idriss Deby, a accusé les Janjawid d’avoir recruté des « éléments arabes » au Tchad(40) ; ses allégations rejoignent celles de réfugiés soudanais interviewés par Amnesty International au Tchad, qui ont affirmé que des nomades Salamat venus du Tchad et des guerriers venus de Mauritanie ont été recrutés pour combattre au Darfour.

« Ce que nous avons appris des Janjawid, c’est qu’Omar al Bahir dit aux étrangers qu’ils sont Arabes et qu’ils devraient venir vivre dans un pays dirigé par des Arabes. Qu’il ne devraient pas rester là où ils sont dirigés par des Africains. Ils disent que le Soudan est un pays destiné aux Arabes. » ## M., Soudanais réfugié au Tchad, interviewé par Amnesty International en mai 2004.

« Le gouvernement a donné aux Arabes la confiance en soi, des armes, des voitures et des chevaux. Nous pouvons pas revenir en arrière ; il n’y aura plus de sécurité pour les Africains au Darfour. » ## Soudanaise interviewée par Amnesty International au camp de réfugiés de Mille (Tchad), en mai 2004.

Les divisions ethniques crées par le conflit sont en outre aggravées par l’intervention militaire du gouvernement. En refusant d’avoir recours aux moyens politiques ou traditionnels de résolution des conflit pour trouver une solution au problème du Darfour, le gouvernement n’a pas seulement exacerbé les tensions dans la région, il a aussi durablement remis en cause les méthodes mises au point par les communautés pour résoudre leurs conflits et leur capacité à parvenir à une réconciliation.

L’un des mobiles des attaques menées par les Janjawid semble être le vol du bétail et des biens des groupes sédentaires. Les témoignages des personnes déplacées font de plus en plus souvent état de l’installation de familles Janjawid dans des villages dont la population a été chassée par la force. Ce qui laisse entendre que les Janjawid auraient élaboré une stratégie visant à leur garantir l’accès aux régions de pâturages.

« Ils ont commencé à planter et puis à récolter, sur nos terres, et ils nous ont dit que nous pouvions revenir, mais pas chez nous, seulement là où ils nous diront d’aller. Ils possèdent tout le bétail du Darfour maintenant et toute la terre fertile des Masalit. Ils ne partiront pas. » ## Réfugié originaire de Kenyu au camp de Goz Amer, interviewé par Amnesty International en mai 2004.

Cependant, il faut aussi tenir compte des gains que pourraient réaliser les Janjawid en échangeant et en vendant le bétail volé. Selon les témoignages recueillis par Amnesty International auprès de Soudanais réfugiés au Tchad, des milliers de têtes de bétail, de chèvres et de moutons leur ont été volés par les Janjawaid. Ces exactions privent les groupes sédentaires de leurs moyens d’existence et menacent leur droit à l’existence. Étant donné le grand nombre de bêtes volées, les Janjawid pourraient y voir une source de revenus non contrôlés, leur facilitant l’achat, en tout liberté, d’armes et de munitions, en plus de celles qui leur sont fournies par le gouvernement soudanais.

Les « hakama »

Au Darfour, le terme « hakama » désigne les chanteuses traditionnelles dont la fonction est d’encourager les combattants par des chants et des youyous. Dans le monde, des femmes participent parfois activement aux conflits armés et il n’y pas qu’au Darfour qu’elles accompagnent les combattants en chantant pour les encourager. Dans le présent contexte, Amnesty International a recueilli des témoignages attestant la présence de femmes aux côtés des Janjawid.

Selon les témoins, celles que les réfugiés soudanais appellent « hakama » ou « femmes janjawid » semblent chargées de la communication pendant les attaques. Il semble qu’elles ne participent pas directement aux attaques, mais elles prennent part aux pillages. Amnesty International a aussi recueilli plusieurs témoignages faisant état de la présence d’hakama lors de viols commis par les Janjawid. Les hakama auraient directement harcelé les femmes soumises aux agressions sexuelles et les auraient injuriées. M., chef masalit du village de Disa, a raconté que durant les attaques menées en juin 2003 par les Janjawid et en juillet et août par les militaires, 63 personnes ont été tuées, dont sa propre fille. En juin, les Janjawaid ont, semble-t-il, accusé les villageois d’être des « traîtres à Omar Hassan al Bashir ».

« En juillet, l’armée a arrêté plusieurs personnes, dont un garçon de dix-sept ans, Brahim Siddiq. En juin, durant leur attaque, les Janjawid ont dit : « Vous êtes les complices des opposants, vous êtes Noirs. Aucun Noir ne peut rester ici, aucun Noir ne peut rester au Soudan ». Les femmes arabes accompagnaient les agresseurs avec des chants à la gloire du gouvernement. Elles les encourageaient, disant : « Le sang des Noirs coule comme l’eau, nous prenons leurs biens et nous les chassons de notre territoire et notre bétail ira brouter sur leurs terres. Le pouvoir d’al Bashir appartient aux Arabes et nous vous tuerons jusqu’au dernier. Vous les Noirs, nous avons tué votre Dieu ». Elles insultaient aussi les femmes disant : « Vous êtes des guenons, vous êtes noires et vous êtes mal habillées. » »

extrait de : http://web.amnesty.org/library/index/fraAFR540762004


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