Pour ma part, la situation a assez duré. Les experts estiment que 200.000 personnes au moins ont été tuées et plus de deux millions d’autres chassées de leurs foyers au Darfour depuis 2003. Des diplomates issus des Nations Unies, de l’Union africaine ( UA), de la Ligue arabe, de l’Union européenne et de 18 pays, dont la Chine, ainsi que des représentants du gouvernement soudanais et des groupes rebelles du pays ont participé à cette réunion ? Soit. Quels sont les résultats ? Que la solution vienne de la Lybie, de l’Union européenne, de la France ou de l’Angleterre, ou des deux pays réunis, des États-Unis ou des pays arabes, elle doit être envisagée objectivement. Il faut cesser les massacres au Darfour. Omar El Béchir et Khaddafi s’entendent pour mettre un terme immédiatement aux massacres du Darfour, je veux bien. Cela ne constitue pas pour autant un satisfecit de ma part. Tandis que le gouvernement soudanais, l’Union européenne et des représentants de 14 autres pays étaient présents en Libye, aucun des groupes rebelles du Darfour n’y a participé.

Pour Ban Ki-Moon : «  la rencontre (de Tripoli) a confirmé à nouveau le fort soutien international en faveur d’un rôle déterminant de l’ONU et de l’UA dans les négociations pour obtenir une solution politique au conflit du Darfour ».

Bravo. Les résultats, maintenant ? Ban Ki Moon a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU d’envoyer une troupe de maintien de la paix de 26 000 hommes dans la province soudanaise du Darfour dans les trois mois à venir. Dans les trois mois ? Hélas, trois fois hélas ! « Le mois dernier, le gouvernement du Soudan a accepté - sans conditions - le déploiement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU et de l’Union africaine, une opération conjointe. Je crois que nous avons fait d’importants progrès, et nous devons maintenant accélérer nettement le pas », a déclaré M. Ban lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU à New York

Il est heureux que Ban Ki-Moon ait ajouté : « Je pousserai pour que cette date soit ramenée au 1er septembre ».

Bravo, bis.

Ce qui était invraisemblable, hier, l’est aujourd’hui. Le géant chinois se lève enfin pour s’exprimer sur la question, au-delà du commerce des armes. Pour le président chinois Hu Jintao, « La communauté internationale devrait saisir la période actuelle favorable pour mettre en oeuvre de façon équilibrée les opérations de maintien de la paix et le processus politique ».

Une question maintenant : « est-ce Khartoum n’aurait pas l’intention de saper la mission de la force si le déploiement se faisait contre son gré ? ».

N’y a-t-il pas en chacun de nous, au-delà de nos clivages idéologiques, un sentiment d’exaspération mêlée d’urgence pour sauver une population ? Des résultats, voilà ce qu’il faut. Les palabres, plus tard. Maintenant, il faut des résultats. D’où qu’ils viennent, il faut des résultats pour sauver la population du Darfour.

Pierre R.

Montréal (Québec)