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Accueil du site > Actualités > Société > Peut-on étudier scientifiquement les comportements sociaux ?

Peut-on étudier scientifiquement les comportements sociaux ?

À travers les fameuses expériences de Stanley Milgram sur la soumission à l’autorité, nous présentons une discipline relativement méconnue du grand public : la psychologie sociale. Cette discipline s’intéresse aux pensées, émotions et comportements sociaux. De part son champ d’investigation et sa démarche scientifique, elle est une discipline incontournable si l’on veut comprendre l’humain et les phénomènes sociaux. Au-delà de la simple connaissance, les données issues de la psychologie sociale se révèlent une ressource citoyenne, capable d’orienter positivement notre avenir. Il est temps que cette discipline soit vulgarisée et présentée au plus grand nombre.

Il est difficile d’ouvrir un journal ou de regarder un journal télévisé sans qu’il ne soit question de comportement humain. Guerre, répression, torture, génocide, dictature, démocratie, viol, vol, agression, pouvoir, inégalités sociales, corruption, politique, vote, bonheur, dépression, accident, victoire, échec, etc. Cette liste est loin d’être exhaustive et pourtant, à chaque fois, il y est question de comportement humain et de psychologie sociale. La compréhension de ces phénomènes est d’un enjeu considérable ; au-delà de la simple connaissance, il est question de nous-mêmes et de la possibilité d’orienter positivement notre avenir. Par conséquent, une connaissance scientifique de ces phénomènes est vitale. C’est précisément l’objet d’étude de la psychologie sociale et plus généralement des sciences du comportement social. Cette discipline méconnue du grand public, mais également des médias et des politiques, demande à être vulgarisée et présentée au plus grand nombre. Dans cet article, nous présentons certains travaux sur la soumission à l’autorité afin d’illustrer comment les psychologues sociaux étudient scientifiquement le comportement humain.

Vous êtes-vous déjà posé la question de savoir si n’importe qui, vous y compris, était capable de tuer un autre être humain ? Est-ce que dans un contexte particulier, comme un génocide, nous sommes capables de nous transformer en tirant, capables de commettre de véritables atrocités ? Pour répondre à cette question, on peut tenter de trouver la réponse au fond de soi, sans aucune garantie, réellement aucune de parvenir à une réponse solide et fiable. Une deuxième solution consiste à réaliser une expérience de psychologie sociale. C’est la démarche qu’a entreprise Stanley Milgram, un psychologue social, en réalisant une série d’expériences dans les années 60.

Il faut rappeler qu’à cette époque, le monde est en état de choc suite à la découverte des camps d’extermination en Europe ; les gens s’interrogent sur les raisons qui peuvent pousser les hommes à tant de barbarie. L’explication privilégiée à l’époque met en avant des explications en termes de personnalité pathologique, comme en témoigne la surprise d’Hannah Arendt face à la personnalité, somme toute banale, d’Adolf Eichmann, responsable nazi. Alors qu’elle s’attendait à voir un homme incroyablement cruel, barbare, pervers, une personnification du mal, elle se retrouve face à un homme qu’elle présente comme quelqu’un de médiocre, avant tout préoccupé par sa carrière, « un bourgeois, ni bohème, ni criminel sexuel, ni fanatique pervers, pas même un aventurier ».

Dans ces fameuses expériences, Milgram conviait des personnes (appelées « sujets naïfs ») à participer à une expérience sur l’effet de la punition (choc électrique) sur l’apprentissage. En fait, il n’en était rien et il s’agissait d’une étude sur la soumission à l’autorité. Lors de son arrivée, le sujet se retrouvait avec une deuxième personne, qui était un compère de l’expérimentateur (i.e. un complice). Après un tirage au sort truqué, le sujet naïf se retrouvait à occuper le rôle de l’enseignant ; il se retrouvait face à une console très impressionnante sur laquelle figuraient 30 boutons électriques gradués de 15 volts à 450 volts (cf. photo ci-dessous). Sous chacun de ces boutons figuraient des indications telles que « Choc Léger », « Choc Modéré », « Attention : Choc Dangereux » et finalement, pour les intensités les plus élevées, « XXX », désignant un choc mortel. De plus, afin qu’il puisse se faire une idée de l’intensité des chocs électriques, chaque sujet naïf recevait un choc de faible intensité (environ 40 volts) et devait déterminer l’intensité de ce choc.

Ensuite, le compère était installé sur une chaise électrique, et des électrodes lui étaient branchées au niveau des bras. Au début de l’expérience, l’enseignant (i.e. le sujet naïf) avait pour consigne de lire une liste de paires de mots à l’élève (i.e. le compère). Par exemple, l’enseignant lisait la paire « ciel-bleu » et l’élève devait l’apprendre. Une fois, cette phase terminée, on passait à la phase expérimentale proprement dite, où l’enseignant lisait le premier mot de la paire (« ciel ») et l’élève, selon un plan préétabli, réussissait ou échouait intentionnellement à rappeler le deuxième mot (« bleu »). En cas de succès de l’élève, l’enseignant devait passer au mot suivant. En revanche, en cas d’échec, il devait envoyer un choc électrique ; à chaque erreur, le choc envoyé augmentait de 15 volts pour atteindre un choc maximal de 450 volts. La procédure était standardisée, c’est-à-dire qu’elle suivait un déroulement préétabli et identique pour chaque sujet naïf. À partir d’un choc de 150 volts, l’élève simulait une douleur telle qu’il demandait à arrêter l’expérience. À 300 volts, il agonisait et refusait de répondre. À 330 volts, on ne l’entendait plus. Bien sûr aucun choc réel n’était envoyé ; l’élève était un acteur qui simulait tous ses comportements et réactions. Mais le sujet « naïf », lui, n’en savait strictement rien, et il avait bel et bien l’impression d’envoyer de vrais chocs électriques.

Comment allaient réagir les participants ? Allaient-ils obéir à l’expérimentateur (vêtu d’une blouse blanche) qui demandait inlassablement d’envoyer le choc électrique ou allaient-ils se rebeller et refuser d’envoyer les chocs ?

Bien sûr, vous pouvez vous poser la question et essayer de trouver la réponse dans votre for intérieur. En général, on est assez rapidement convaincu qu’il nous serait impossible de faire du mal à quelqu’un et de prendre le risque de le tuer, alors qu’il ne nous a absolument rien fait et qu’une mauvaise performance mnésique ne mérite en aucun cas de telles sanctions et douleurs. Milgram, avant de réaliser son expérience, avait également pris soin de consulter l’expertise de plusieurs psychiatres et leurs réponses étaient unanimes : seuls quelques sujets (moins de1%) devraient aller jusqu’au bout de cette expérience, exclusivement des déséquilibrés mentaux. Autrement dit, aucune chance pour qu’un grand nombre d’individus aillent jusqu’au bout : infliger un choc potentiellement mortel de 450 volts.

Quels sont les résultats ? Dans la première étude (celle présentée ci-dessus), deux personnes sur trois (exactement 65% des participants) ont été jusqu’au bout de cette expérience en appuyant sur le bouton de 450 volts. Bien sûr, ils ne l’ont pas fait dans la joie, la plupart était même angoissée et stressée, mais ils ont appuyé !

Cette expérience a été répliquée un grand nombre de fois, dans plusieurs pays, et les résultats sont les mêmes, sinon plus dramatiques encore...

Les implications de cette étude sont évidentes. La majorité des personnes sont capables du pire, même dans des conditions qui ne menacent pas directement leur intégrité physique. Il est important et rassurant de noter que 35% des sujets (1 personne sur 3) ont résisté et n’ont pas obéi. Toutefois, on peut se demander si des variations minimes de cette expérience ne pourraient pas conduire la quasi-totalité des sujets à obéir. Ceci nous amène à aborder un deuxième volet de la recherche en psychologie sociale, celui de la méthodologie permettant d’isoler des variables à l’origine des comportements. Voyons rapidement une notion élémentaire.

Pour déterminer une relation causale, la méthode expérimentale consiste à faire varier une variable I (i.e. la variable indépendante) pour observer les effets sur une deuxième variable D (i.e. la variable dépendante). Si en manipulant la variable I, j’observe un effet sur la variable D, alors je peux dire qu’il existe une relation de cause à effet entre I et D. Appliquons ce principe très simple à notre propos. Quelles sont les variables qui pourraient favoriser une soumission quasi totale ? Si en manipulant une variable I, on observe un accroissement de la soumission à l’autorité (variable D), on pourra dire que cette variable I est un facteur qui a un effet causal sur la soumission à l’autorité.

Comme Milgram (1974) le faisait remarquer, la plupart des responsables hiérarchiques ne réalisent pas directement les actes néfastes ; ils demandent à des subalternes de réaliser le « sale travail » et diluent ainsi leur propre responsabilité, du moins psychologiquement. Par conséquent, toute chose susceptible de créer une distance entre le sujet et la victime devrait aboutir à une diminution de la tension vécue par le sujet et à un accroissement de sa soumission. Milgram a testé cette hypothèse dans une variante de son expérience. Dans cette variante, ce n’était plus le sujet naïf qui devait administrer les chocs à la victime, mais un autre participant (en réalité, un complice). La tâche du sujet naïf consistait à demander au deuxième participant d’envoyer le choc. Le sujet naïf pouvait donc accepter ou refuser de donner l’ordre d’appuyer. Ici, le sujet naïf accomplit une action secondaire, indispensable au déroulement de l’expérience : s’il ne donne pas l’ordre, le choc ne sera pas envoyé. Dans cette condition, le taux d’obéissance grimpe à 92,5% ! Autrement dit, l’augmentation de la distance entre le bourreau et sa victime, par la création d’un intermédiaire, facilite l’obéissance et la réalisation de comportements extrêmes.

Cette variante de l’expérience de Milgram illustre la démarche méthodologique utilisée par les psychologues sociaux pour isoler les mécanismes et les variables causales. Cette démarche est spécifique à la méthode expérimentale, qui n’est pas propre à la psychologie sociale, mais à toutes les disciplines scientifiques (e.g. biologie, chimie, physique). L’utilisation de cette méthode, associée à des tests statistiques, permet de garantir que les résultats ne sont pas le fruit du hasard, mais réplicables (i.e. reproductibles) et fiables. Lorsqu’un chercheur en psychologie sociale expérimentale révèle qu’une variable X est responsable de l’apparition d’une variable Y, il ne le dit pas « sous garantie de bonne foi », mais sur la base d’un protocole scientifique lui ayant permis de valider ou d’invalider son hypothèse de départ. Cette démarche est donc une garantie sérieuse que le citoyen ne peut ignorer.

Notre principal objectif était de fournir une illustration de l’étude scientifique des comportements. Les études de Stanley Milgram datent de plus de 40 ans, il est donc inutile de vous dire qu’entre temps, de nombreuses choses ont été découvertes. Les études de Milgram portent sur les comportements extrêmes et ne sont pas représentatives de la variété des thèmes étudiés par la psychologie sociale. Nous avons choisi cet exemple parce que Milgram favorisait la simplicité dans l’élaboration de ses expériences, et que cet exemple nous paraissait approprié pour présenter la démarche expérimentale de façon claire. Un autre intérêt de l’expérience de Milgram est qu’elle est illustrative de la « pensée » psychosociale qui consiste à prendre en compte les explications contextuelles des comportements (en plus des explications issues de la personnalité des individus). Celles et ceux intéressés pourront consulter avec intérêt certains des ouvrages généralistes présentés ci-dessous. Certains passages de l’expérience de Milgram sont également accessibles sur internet (cf. liens ci-dessous). Enfin, www.psychologie-sociale.org est le site francophone de référence sur lequel vous pourrez trouver nombreuses informations relatives à la psychologie sociale.

Michaël Dambrun*, Fabrice Gabarrot**, & Pierre De Oliveira*

* Université Blaise Pascal, LAPSCO UMR CNRS, Clermont-Ferrand, France
** Université de Genève, Suisse.

Pour aller plus loin :

Sur la soumission à l’autorité et autres thématiques proches :

  • Extraits vidéo de l’expérience de Milgram :

Expérience de Milgram
I comme Icare (partie1)
I comme Icare (partie2)

  • Ressources internet :

http://www.stanleymilgram.com
http://www.lucifereffect.com
http://www.prisonexp.org

  • Ouvrages :

Milgram, S. (1974). Soumission à l’autorité. Paris : Calman-Lévy.

Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois (2006). La Soumission librement consentie : Comment amener les gens à faire librement ce qu’ils doivent faire ? Presses Universitaires de France.

Robert Cialdini (2004). Influence et Manipulation : comprendre et maîtriser les mécanismes et les techniques de persuasion. First Editions.

Nicolas Guégen (2004). Psychologie de la manipulation et de la soumission. Dunod.

Sur la psychologie sociale :

  • Ressources internet :

www.psychologie-sociale.org
www.socialpsychology.org

  • Ouvrages :

Aïssani, Y. (2003). La Psychologie sociale. Paris : Colin.

Cerclé, A. & Somat, A. (1999). Manuel de psychologie sociale. Paris : Dunod.

Ciccotti, S. (2004). 150 petites expériences de psychologie. Paris : Dunod.

Doise, W., Deschamps, J. C., & Mugny, G. (1992). Psychologie sociale expérimentale. Paris : Armand Colin.

Drozda-Senkowska, E. (1999). Psychologie sociale expérimentale. Paris : Armand Colin.

Gergen, K. L., & Gergen, M. M. (1984). Psychologie sociale. Montréal : Etudes Vivantes.

Joule, R.-V., & Beauvois (1987). Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens. Grenoble : PUG.

Leyens, J.P. & Yzerbyt, V. (1997). Psychologie sociale. Bruxelles : Mardaga.

Moscovici, S. (1984). Psychologie sociale. Paris : PUF.

Vallerand, R. (1994). Les Fondements de la psychologie sociale. Gaëtan Morin Editeur.

  • Pour participer à une étude de psychologie sociale :

Etude sur les perceptions sociales dans le monde du travail : http://wwwpsy.univ-bpclermont.fr:90/enquete1/index.php


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28 réactions à cet article    


  • Christophe Christophe 7 novembre 2007 12:44

    Vous abordez l’approche scientifique mais nullement formelle. Si l’expérimentation tend à montrer des liens de causalité, cela n’implique nullement que des liens de causalité impliquent un quantificateur universel. C’est l’une des problématiques majeures des sciences sociales.

    Comme Milgram (1974) le faisait remarquer, la plupart des responsables hiérarchiques ne réalisent pas directement les actes néfastes ; ils demandent à des subalternes de réaliser le « sale travail » et diluent ainsi leur propre responsabilité, du moins psychologiquement.

    Sur ce point, je vous rejoins d’un point de vue psychologique pour des sujets n’ayant aucune notion de ce qu’est une responsabilité. En effet, nous pouvons démontrer formellement que, dans toute société organisée hiérarchiquement, le fait de faire en sorte que une tâche soit réalisée par influence, introduit un lien de responsabilité entre celui qui a la responsabilité de faire en sorte que la tâche soit accomplie (il en reste donc responsable) et celui qui réalise cette tâche ; mais en aucun cas un transfert de responsabilité qui n’existe pas formellement.

    Toute société organisée est basée sur une foultitude de liens de responsabilité d’un niveau n à un niveau n-1 mais aucunement de liens de transfert de responsabilité. smiley


    • passe-moi les jumelles 7 novembre 2007 14:32

      Il ne faudrait pas oublier non plus que le rationalisme est la pire forme de fanatisme qui puisse être et dont découlent tous les autres ... Le désir de mettre en équation la société et l’individu pour le faire marcher au pas est le rêve de tout tyran.

      Cette petite étude aurait du reste certainement été très appréciée des nazis eux mêmes qui en étaient très friands ...


    • Christophe Christophe 7 novembre 2007 16:10

      Mais ce qui est appréciable dans les sciences sociales est justement de nous montrer les limites des formalismes et donc du rationalisme ! Elles portent en elles une désillusion du rationalisme qui est loin de me déplaire.

      Mais l’approche scientifique sur les bases d’expériences tendent à passer rapidement, pour les besoins plus scientistes que scientifiques, de quantificateurs existentiels à des quantificateurs universaux.

      Nous pourrions dire que la compréhension humaine est vague et intuitive et ne se laisse pas modéliser aisément, voir pas du tout ! smiley


    • Gazi BORAT 8 novembre 2007 08:47

      @ passez-moi les jumelles

      « Cette étude aurait été appréciée de Nazis.. »

      Elle a été, par contre, particulièrement appréciée à la « Scoll of the Americas »

      http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/ameriquelatine/ecoleus

      http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_militaire_des_Am%C3%A9riques

      http://www.ainfos.ca/02/apr/ainfos00010.html

      .. dont les enseignants se sont toujours intéressés aux travaux (dont ils étaient parfois commanditaires) des universités californiennes..

      Guantanamo en est le résultat..

      gAZi bORAt http://www.amnistia.net/librairi/amnistia/n11/ecoltort.htm


    • Gil 12 novembre 2007 11:15

      Bonjour « passesmoiles jumelles »,

      Si « ...le rationalisme est la pire forme de fanatisme qui puisse être et dont découlent tous les autres », que dire de « l’irrationnalisme » ?

      Le problème n’est pas la capacité à être rationnel, la rationnalité n’est qu’un moyen. C’est l’objectif recherché qui fera que cette rationnalité sera utile ou nuisible : un dictateur peut en effet être très rationnel, mais heureusement qu’un médecin par exemple, l’est également... Imaginez cinq minutes le toubib « irrationnel » qui osculte votre voûte plantaire pour soigner une angine ! smiley

      Donc, vive la rationnalité !


    • le Plouc 13 novembre 2007 12:09

      pourquoi ces reactions négatives sur le commentaire ci dessus ? L’Homme a toujours été tenté d’utiliser les moyens à sa disposition pour asservir ses contemporains (voir le cas de l’atome...) Penser que ces sciences ne seront utilisées qu’à des fin louables relève de la naiveté... Quand au partage de responsabilité hierarchique , qui est celui qui paie le plus cher dans un tribunal ? celui qui a commis l’acte ou celui qui le commandite ?


    • Vincent Frédéric Stéphane 7 novembre 2007 15:01

      Merci pour cet article. Je connaissais l’expérience via le film avec Yves Montand dont j’ai oublié le nom mais pas la seconde version de l’expérience qui fait monter le « taux de salaud » à 92,5%.

      Une question me taraude... L’effet feed-back a-t-il été évalué. Je m’explique. Une chose est de « laisser la nature humaine parler », une autre est d’agir en connaissance de cause. Je crois beaucoup en la prise de conscience pour corriger nos travers « naturels ». Quel serait le « taux de salauds » dans une population consciente que 92,5% de ses membres sont des salauds en puissance ?

      J’illustre mon propos. Un jour, j’ai vu le fil « Mon oncle d’Amérique » d’Alain Resnais. J’ai vu les rats en cage apprendre à vivre avec une décharge électrique qui les perturbe régulièrement. J’ai vu que si le rat ne peut agir pour avoir l’impression d’échapper à la décharge, il meurt tandis que si on lui donne l’occasion de se battre avec un congénère, il se porte très bien. A partir de ce jour, j’ai fait attention à mon comportement et me suis interdit, de plus en plus efficacement, de faire souffrir quand je souffrais. J’avais pris conscience que le réflexe pouvait être dépassé et je pense avoir évolué positivement de manière consciente. Si je n’avais pas vu les expériences d’Henry Laborit, j’en serais resté à multiplier les emmerdes comme d’autres multiplient les petits pains.


      • xray 7 novembre 2007 16:27

        Les émeutes de novembre 2005

        http://echofrance111.blogspot.com/


        • Emile Mourey Emile Mourey 7 novembre 2007 19:57

          @ l’auteur

          Votre article est intéressant mais j’y apporterais quelques nuances.

          Il faut noter en effet que dans l’expérience de Milgram, le sujet est dit « naïf », qu’il est placé dans un environnement inhabituel et déstabilisateur. En outre, l’expérimentateur (vêtu d’une blouse blanche) lui demande « inlassablement » d’envoyer le choc électrique. Il s’agit là d’une situation de type hypnotique, c’est-à-dire d’un état modifié de la conscience alors que dans le cas d’Eichmann et des bourreaux nazis, il s’agit de responsables parfaitement conscients de leurs actes.

          Que le peuple allemand ait été abusé, c’est bien évident. Que la partie « naïve » de cette population ait été hypnotisée « presque scientifiquement » par leur « Führer », cela relève de la psychologie des foules. Mais qu’une élite consciente l’ait porté au pouvoir et accompagné jusqu’à la mise en place des camps d’extermination, cela relève de l’idéologie politique, notamment sur cette idée complètement absurde qu’il fallait « purifier » le peuple de ses éléments juifs pour que la nouvelle société nationale socialiste puisse se construire. Je pense que pour des criminels comme Eichmann, c’était en quelque sorte un prix à payer qui les dédouanait, selon eux, sur le plan moral et non une soumission aveugle à une autorité.

          Il y a une nuance très importante à faire entre les actions inhumaines que commet l’individu fruste quand il est entrainé dans la foule ou quand il se sent porté par elle (j’ai assisté - de loin - à des manifestations de foule et je sais ce dont je parle) et les actions inhumaines qui sont pensées par des idéologues en pleine dérive intellectuelle.

          Enfin, afin de lever toute ambiguïté, j’ajoute que le règlement de discipline générale des armées françaises précise que le subordonné doit refuser d’exécuter un ordre manifestement illégal et qu’il doit aussitôt en rendre compte à un échelon élevé du commandement.

          E. Mourey


          • Fabrice Gabarrot 7 novembre 2007 22:32

            Bonjour,

            Même si je suis en partie d’accord avec certaines de vos remarques, notamment celles qui visent à souligner la différence entre les dirigeants et idéologues nazis, et la population ou les militaires, je me dois tout de même de corriger une petite incompréhension de votre part.

            « Il faut noter en effet que dans l’expérience de Milgram, le sujet est dit »naïf« , qu’il est placé dans un environnement inhabituel et déstabilisateur. En outre, l’expérimentateur (vêtu d’une blouse blanche) lui demande »inlassablement« d’envoyer le choc électrique. Il s’agit là d’une situation de type hypnotique, c’est-à-dire d’un état modifié de la conscience alors que dans le cas d’Eichmann et des bourreaux nazis, il s’agit de responsables parfaitement conscients de leurs actes. »

            La situation dans laquelle se trouvaient les participants de l’expérience de Milgram n’était pas à proprement parler une situation induisant de la suggestion hypnotique. La situation était standardisée, et l’expérimentateur n’avait pas pour tâche de « demander »inlassablement« d’envoyer le choc électrique ». Il disposait de 4 injonctions standard qu’il devait dire si le participant se montrait hésitant, et l’expérience s’arrêtait après 3 refus du participants d’aller plus loin. Dans les liens qui sont proposés à la fin de l’article figurent des vidéos d’archives de l’expérience de Milgram, et il vous sera possible de constater que les participants ne sont pas dans un état hypnotique.

            Bonne journée, et bonne lecture.

            Fabrice.


          • Emile Mourey Emile Mourey 8 novembre 2007 11:40

            @ Fabrice Gabarrot

            Vous dites que « La situation dans laquelle se trouvaient les participants de l’expérience de Milgram n’était pas à proprement parler une situation induisant de la suggestion hypnotique ».

            Peut-être. Mais en confrontant le film « cinéma de reconstitution » et l’archive (sans le son), il y a une notable différence. Dans le film, je rejoindrais plutôt l’avis des psychiatres, à savoir que « quelques sujets (moins de1%) devraient aller jusqu’au bout de cette expérience, exclusivement des déséquilibrés mentaux ».En effet, le sujet mis en scène ne brille pas par son intelligence. Dans l’archive, je ne peux expliquer le comportement du sujet que parce qu’il se trouve pris dans la même idéologie que les médecins nazis qui voulaient faire avancer la science en expérimentant sur l’homme. D’après Wikipédia : idéologie, ensemble plus ou moins systématisé d’idées, d’opinions, de croyances, constituant une doctrine, qui influence le comportement individuel ou collectif.

            Le terme idéologie n’est pas forcément péjoratif. C’est ce qu’on y met qui compte et ce qu’on y met ne peut être, selon moi, que culturel. Plus que de la sociologie, cela relevait hier de la religion, cela relève aujourd’hui de la philosophie, d’où l’importance pour l’homme politique d’écouter le philosophe, de façon à conduire la société dans le sens des valeurs choisies.

            En revanche, le comportement des foules ou de l’individu étudié dans et par rapport à une collectivité mérite bien d’être étudié scientifiquement car si dans le premier cas, je peux expliquer le phénomène, le second cas me pose des questions. C’est le domaine de la psychologie des foules, foules bêtes et hurlantes massacrant après une indépendance, comme je l’ai vu de loin - Ouezzane, Maroc - un ancien garde-champêtre suspecté de collaboration, et cela avec tous les raffinements inimaginables de la cruauté.


          • Dominique 7 novembre 2007 20:47

            L’auteur est enseignant chercheur, enseignant chercheur smiley Et il écrit un papier indigne d’un étudiant de troisième année en psycho... Lorsque j’ai fait mes études, n’importe lequel d’entre nous écrivant un tel papier se serait fait saquer et ridiculiser.

            Je passe sur une orthographe déplorable (de par devient de parT, tyran tirant, etc.) mais je ne peux qu’être soufflée de la tendance de l’auteur à politiser et moraliser le champ des sciences humaines et de la psycho sociale : « les données issues de la psychologie sociale se révèlent une ressource citoyenne » ; vos profs ne vous ont pas appris que manifester du jugement était le pire ennemi de l’expérimentation et de la recherche en psychologie ? La psychologie sociale vise à comprendre les ressorts motivationnels de la conduite humaine (comportement est réducteur, vous chercherez la différence entre ces deux termes si ça vous chante) et c’est tout, et c’est déjà beaucoup, nous n’avons pas vocation à concurrencer Mennie Gregoire.

            Enfin, parler de Milgram comme pivot de la pensée de la psycho sociale, c’est un peu comme penser la sociologie à l’aune de Durkheim ou Weber, c’est un bon début, mais c’est un peu daté, non ?

            Bref, allez donc faire un tour du côté de Palo Alto, de Cornell, de Arthur T Hall, de Watzlawick et consorts, ça vous fera peut-être progresser et ça vous évitera d’être la risée de l’université française. Pitoyable...


            • Fabrice Gabarrot 7 novembre 2007 22:55

              Bonjour,

              Merci pour ce commentaire hautement constructif qui souligne à la fois votre ouverture d’esprit et l’importance que vous accordez à la volonté de vulgariser le savoir scientifique.

              « je ne peux qu’être soufflée de la tendance de l’auteur à politiser et moraliser le champ des sciences humaines et de la psycho sociale »

              Moi, ce qui me laisse sans voix c’est de constater qu’aujourd’hui encore, malgré les avancées de l’épistémologie et de la sociologie des sciences, il existe encore des gens pour croire que les sciences (qu’elles soient sociales ou naturelles) puissent être dénuées de toute idéologie politique. A moi de vous renvoyer à de saines lectures telles que Latour, Gibbons, ou encore Nowotny

              « Enfin, parler de Milgram comme pivot de la pensée de la psycho sociale, c’est un peu comme penser la sociologie à l’aune de Durkheim ou Weber, c’est un bon début, mais c’est un peu daté, non ? »

              L’intérêt de l’article n’étant pas de faire une présentation exhaustive des dernières recherches en psychologie sociale expérimentale, mais bien de présenter à un public non initié la démarche expérimentale de façon intéressante et attractive, je trouve que le choix de Michaël d’illustrer cette méthode à l’aide de l’expérience de Milgram très judicieux.

              Petite question au passage : Est-ce bien de Arthur T. Hall vers lequel vous nous renvoyez et pas de Edward T. Hall (l’auteur de « The Silent Language », « The Hidden Dimension », ou encore « Beyond Culture ») ?

              Bonne journée, et bonne lecture.

              Fabrice


            • dup 8 novembre 2007 09:26

              merci pour ces lignes et textes qui éclairent les mécanismes cachés de la servitude volontaire . Plus que jamais est vrai le ’pensez par vous même’ .

              n’acceptez jamais qu’une quelconque institution vienne vous dire : « vous pouvez lire ceci,mais pas cela .Elles n’en ont pas le droit ,et il ne faut pas le leur .Ecoutez le poète Louis Calaferte :  »N’ obeissez pas. N’ obeissez pas. N’ obeissez pas. Vous n’avez de supérieur nulle part. L’obeissance est une maladie. Vous ne devez obéissance à personne - qu’à la vie."


              • Krokodilo Krokodilo 8 novembre 2007 09:48

                Ne faites pas attention au commentaire hautain et méprisant de Dominique, cette expérience fascinante devrait effectvement être davantage vulgarisée, jusqu’à être enseignée et connue de tous les élèves, car elle nous en apprend beaucoup sur nous-même et sur le fonctionnement de toute barbarie passée ou à venir...

                En outre, quelle imagination il fallait pour concevoir ce protocole reproductible partout ! Et dans le film « I comme Icare », le spectateur lui-même est cobaye de l’expérience, moins intensément peut-être, mais il est amené comme le personnage à se demander à quel moment il a fini par trouver cette expérience un peu malsaine, même sur des volontaires.


                • Proudhon Proudhon 11 novembre 2007 20:25

                  je voulais rebondir sur cette phrase de l’article qui cite Hannah Arendt.

                  « L’explication privilégiée à l’époque met en avant des explications en termes de personnalité pathologique, comme en témoigne la surprise d’Hannah Arendt face à la personnalité, somme toute banale, d’Adolf Eichmann, responsable nazi. Alors qu’elle s’attendait à voir un homme incroyablement cruel, barbare, pervers, une personnification du mal, elle se retrouve face à un homme qu’elle présente comme quelqu’un de médiocre, avant tout préoccupé par sa carrière, « un bourgeois, ni bohème, ni criminel sexuel, ni fanatique pervers, pas même un aventurier ». »

                  Je m’excuse mais H A mélange la réalité de la personnalité et ce qu’elle veut laisser apparaître. Eichmann savait très bien qu’il risquait sa tête et il a laissé paraître de lui-même ce qu’il a bien voulu. Prendre les nazis pour des médiocres et des imbéciles est une singulière grosse erreur. mais hannah Arendt n’est plus à une erreur prêt.

                  C’est elle qui disait :

                  "Pour Arendt, l’histoire se caractérise par une fragile succession d’actes imprévisibles et irréversibles. Chaque acte engage la responsabilité de son auteur et déplace le monde dans des contrées encore inconnues. Il n’est jamais possible de calculer (par une savante pratique du billard à 3 bandes) ce qui va advenir, et les destins à la hauteur desquels il s’agit d’être. Il est seulement possible d’innover, de lancer de nouvelles initiatives, de voir ce qu’elles créent dans le monde puis d’ajuster, de recommencer de nouvelles innovations. L’argumentation par une obligation historique me semble non seulement illégitime mais dangereuse "

                  Je m’excuse, je ne suis qu’un citoyen lambda mais dire et croire que l’histoire se résume à une fragile succession d’actes imprévisibles et irréversibles est vraiment du n’importe quoi et suppose une méconnaissance totale de l’histoire officielle et spirituelle du monde.

                  L’histoire du monde dans son ensemble prouve que la grande majorité des actes et effets historiques sont préparés par avance par nos machiavéliques dirigeants et leurs maîtres. Les opinions publiques sont façonnées avec l’aide des médias et autres laquais. L’exemple de la guerre en Irak est frappant. Et ils sont nombreux. Surtout quand les dossiers sont déclassifiés, souvent en partie seulement.


                  • Fabrice Gabarrot 18 novembre 2007 15:07

                    Bonjour Proudhon,

                    Votre commentaire souligne exactement la position dominante de l’époque concernant les déterminants des exactions perpétrées par les Nazis, à savoir, une personnalité perverse. Ce que nous voulions mettre en avant dans la citation de Arendt n’était pas son opinion concernant l’impression que Eichmann lui aurait laissé, mais bel et bien une illustration du fait que la population attribuait principalement les causes du comportement des soldats nazis à une personnalité particulière.

                    L’expérience de Milgram, en mettant en avant l’extrémité des comportements que l’on peut adopter par « simple » soumission à une autorité, permet d’affirmer que la personnalité n’est pas le seul déterminant de ceux-ci, et que des facteurs autres que les facteurs idiosyncrasiques généralement mobilisés dans l’explication des comportements sont, au moins en partie, responsables de ces derniers.

                    Bonne journée, et bonne lecture.

                    Fabrice.


                  • moebius 11 novembre 2007 20:49

                    ..peut on scientifiquement étudier les comportements sociaux ?... et vous nous rendez compte d’une expérience ayant un rapport avec la torture ! Mais oui il est tout a fait possible d’orienter favorablement notre avenir. Monsieur l’auteur de cet article débile vous etes un con ou un plaisantin ? j’opte pour la deuxiéme option


                    • moebius 11 novembre 2007 20:49

                      ..peut on scientifiquement étudier les comportements sociaux ?... et vous nous rendez compte d’une expérience ayant un rapport avec la torture ! Mais oui il est tout a fait possible d’orienter favorablement notre avenir. Monsieur l’auteur de cet article débile vous etes un con ou un plaisantin ? j’opte pour la deuxiéme option


                      • ddacoudre ddacoudre 11 novembre 2007 21:01

                        Bonjour dambrun.

                        C’est très bien de vulgariser cette expérience sur la soumission.

                        Je me suis intéressé aux mécanismes qui guident nos comportements me rapprochant ainsi des mécanismes neuropsychiques je lis les études qui rapportent les progrès de notre connaissances sur le sujet pour un essai en cours d’écriture, dans lequel je veux tenter de faire comprendre que notre existence ne dépend pas de nous, mais nous en sommes un facteur guidé par des mécanismes biologiques appartenant au vivant et au-delà à l’univers.

                        La cognition présente beaucoup d’intérêt depuis Hermann von Helmholtz un physicien physiologiste (1821 1894). Donc je lis souvent des articles sur le sujet mais je suis plus curieux de l’intrication des comportements qui façonnent ce qui vont servir d’étude. Ainsi sur l’étude de Milgram ce qui m’a interrogé c’est la constante des comportements 1 sur 3, j’ai rebondit sur la conséquence qui peut en être tirer pour constater que le fait social pour exister et former des sociétés organisées doit s’appuyer sur se genre de mécanisme d’obéissance. Le tiers réfractaire constituant les éléments émancipateurs chargés d’assurer l’évolution du fait social.

                        J’ai relié cela à l’étude de Calhoun sur une colonie de rats vivant en sur nombre dans un espace restreint, donc la démonstration indique que soumis à cette situation là les dominants alpha tirent leur bille pour vivre suivant leur instinct, tandis que les bêtas en tension permanente par surpopulation et par insécurité perdent leur repères instinctifs et finissent par vivre ce que Calhoun à appelé un cloaque. Il en ressort l’obligation d’instituer des règles culturelles pour ne pas vivre ce cloaque, et ces règles se propagent au travers du conditionnement mis en évidence par Pavlov, sans pour autant de dégager de lois de la physique liées à l’entropie où à la théorie du chaos qui constituent aussi notre environnement et auxquelles nous ne pouvons échapper et qui aident aussi à comprendre certains de nos comportement Merci pour cet article dans une époque où la guerre de la manipulation des esprits est ouverte comme jamais car nous disposons de technologies performantes et d’études sérieuses sur les nos mécanismes cognitifs.

                        Cordialement.


                        • moebius 11 novembre 2007 22:07

                          vous avez un petit vélo dans la tete ? vous parlez bien de mécanisme ? quel dérailleurs ? et quel type de freins ? vous travaillez sans doute dans un garage ? non vous n’etes pas des plaisantins...


                          • moebius 11 novembre 2007 22:08

                            ..mais de doux réveurs..


                          • moebius 11 novembre 2007 22:24

                            ..comiques... caricaturale en tout cas.. vous avez le sens de l’humour...une colonie de rats, et votre chien bave t’il toujours autant ? des hamsters peut etre un poisson rouge qui tourne en rond dans un bocal, un train électrique ? c’est vous qui faite de pub à la télé revétu d’une blouse blanche pour un dentifrice ? Vous donnez le curieux sentiment d’avoir une maitrise mécanique des comportement humain. Comme c’est impressionnant ! mais si c’est comme ça que vous prenez votre pied ? à chacun ses gouts.


                          • ddacoudre ddacoudre 12 novembre 2007 19:22

                            Bonjour moebus

                            Ta participation est restreinte, mais tout est toujours bon pour susciter un intérêt.

                            En l’espèce cette référence au vélo est très intéressante. L’on pourrait croire que le vélo existe indépendamment de l’homme, c’est-à-dire de ces sens et de sa capacité cognitive, Or, le développement de la pensée « créatrice » passe par trois étapes. Ces étapes sont, la saturation, l’incubation et l’illumination suivant la conception de Hermann von Helmholtz un physicien physiologiste (1821 1894). Le conscient, l’inconscient, et le préconscient ou « l’antichambre de la conscience », dans la première topique de Freud (1856 1939) remplacé par une seconde, çà, moi, surmoi, suivit par celle de Piaget, l’assimilation, l’accommodation, l’équilibration. Je ne les cite que pour les références historiques spatiales.

                            Nous pourrions donc penser que le mécanisme simple du vélocipède soit une opération du saint esprit (aucune mal vaillance dans le choix de ce comparatif), ou venu subitement de nulle part dans l’esprit d’une personne, sans que les mots choisit pour le définir est le construire ne soient en rapport avec la cognition et les émotions captées de la perception du monde.

                            Nous les occidentaux nous examinons le plus souvent notre système cérébral, mais il y a plus comme l’expliquent Francisco Valera et Umberto Maturana (l’inscription corporelle de l’esprit, racine biologique de la compréhension humaine), et les asiatiques situent le centre des perceptions au niveau du ki et tant d’autres voies.

                            Alors penser que les mots qui se sont définis pour signifier soient autres chose que le produit de néologismes, c’est avoir l’idée très flatteuse de nos aptitudes et supposer que nous pouvons en inventer, je te propose donc d’essayer.

                            Ainsi le vélo est ses mécanismes, j’en suis désolé ont d’abord circulé dans notre tête, c’est pour cela que tu utilises l’expression, car tu ne pourrais pas y faire référence si tu ne le possédais pas.

                            Pour la pub en blouse blanche, j’endosse celle-ci car je n’ai pas celle de docteur es science, ce n’est pas que je ne serais pas capable de copier des pages entières de mots savent qui remplissent ma bibliothèque sur la cognition ou sur les quanta, mais ce n’est pas le but de ces échanges.

                            Merci pour tes commentaires et comme tu peux l’observer de quelque chose qui se voulait négatif peut en sortir une petite lumière.

                            Derrière ce propos il n’y a rien d’irrévérencieux car il y a longtemps que j’ai compris qu’il n’y a rien qui n’existe sans une raison d’être, sinon la nature ou dieu pour les croyants ne le retiendrait pas.

                            Cordialement.


                          • Gil 12 novembre 2007 10:40

                            Bonjour Mr Dambrun,

                            L’expérience de Milgram est certes intéressante, mais je suis sûr que n’importe quel stratège militaire en connaissait les résultats depuis les temps antiques. La soumission à l’autorité ayant été de tous temps cruciale dans la gestion d’une armée, Jules César devait déjà en savoir plus long que Milgram sur la question.

                            Cette expérience me serait apparue plus intéressante si le « naïf » s’était vu confier la blouse blanche et la responsabilité de mener l’expérimentation. On aurait obtenu des statistiques sur la capacité des cadres intermédiaires à se soumettre, et à soumettre, à l’autorité.

                            On peut aussi approcher ces questions de soumission de groupes sociaux par une approche de faits historiques : étude d’archives militaires (révoltes ou non de « poilus » dans les tranchées, désorganisations en cours de batailles...), comportements dans les camps de prisonniers, etc... mais aussi en ouvrant plus largement le champs sur des questions comme celle du contrat social (Rousseau était sûrement un psychosociologue avant l’heure...).

                            Si la soumission est l’objectif recherché, alors l’étude de la motivation à se soumettre parait plus intéressante. On peut par exemple se demander quelle serait la méthode la plus efficace pour l’obtention d’une obéissance optimum selon un contexte et une durée déterminée. On devrait trouver je pense que l’adhésion à une communauté d’objectif serait la meilleure réponse. Mais bon, il faudrait sûrement expérimenter pour le prouver.

                            La question du contrat social peut finalement être abordée comme un contrat d’objectifs définis sur la base d’un vivre ensemble possible par le partage d’un minimum de valeurs communes, et d’une articulation acceptée entre des positions de prise de responsabilité et de soumissions, chacun devant s’épanouir à un niveau de responsabilité qui lui convient.

                            La question de la critique de l’autorité est liée à la frustration. Dans l’idéal, celle-ci doit pouvoir s’exprimer sans remise en question de l’autorité. Pourtant, chacun est prompt à critiquer l’autorité, mais bien souvent peu enclin à se tenir prêt à assumer la responsabilité de celui qui la détient. Typiquement, un groupe quelconque va assez aisément critiquer un responsable détenteur de l’autorité, mais peu de ses membres seront candidat à l’accession à un niveau supérieur de responsabilité.


                            • Fabrice Gabarrot 13 novembre 2007 10:41

                              Bonjour,

                              « Cette expérience me serait apparue plus intéressante si le »naïf« s’était vu confier la blouse blanche et la responsabilité de mener l’expérimentation. On aurait obtenu des statistiques sur la capacité des cadres intermédiaires à se soumettre, et à soumettre, à l’autorité. »

                              C’est le cas. Dans l’article, nous présentons une variante de l’expérience de Milgram dans laquelle le participant naïf se voit attribuer un un rôle d’intermédiaire entre l’expérimentateur et la personne qui va administrer les chocs électriques. Lorsque le participant est dans cette position « d’assistant de l’expérimentateur », le taux de soumission (mesuré par le pourcentage de personnes allant jusqu’au bout de l’expérience, soit 450V) monte à 92.5%.

                              Bonne journée et bonne lecture.

                              Fabrice.


                            • Gil 13 novembre 2007 13:45

                              Bonjour Fabrice,

                              Vous avez tout à fait raison : j’ai lu l’article un peu trop vite... merci pour cette remarque.


                            • JB 16 avril 2008 11:38

                               

                              Bonjour,

                              Vous posez une excellente question. Ma réponse : on peut effectivement étudier scientifiquement les comportements sociaux et je l’ai fait en ce qui concerne les processus d’enseignement de la physique. Pour y parvenir il faut utiliser LA démarche expérimentale, oui, il y en a un modèle qui convient pour toutes les sciences expérimentales. Vous trouverez le détail de mon travail sur le site :

                              http://www.courville.org/mediawiki/index.php/Brenasin

                              En espérant que cela vous rende service.

                              Cordialement

                              JB

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