COP21, comment éviter un nouveau rendez-vous raté pour l’écologie ?
A l'approche de la COP 21 à Paris, les premiers débats et enjeux environnementaux à venir apparaissent. A mesure que les pays annoncent leurs engagements, les inquiétudes sur la suffisance des efforts consentis réapparaissent. Les énergies renouvelables se placent indubitablement au cœur de toutes stratégies énergétiques qui s’inscriraient dans une démarche de développement durable. Mais il existe un terrain intermédiaire susceptible d'aider les pays à réduire leurs émissions durant la période "tampon" de transition vers le vert. Des énergies alternatives telles le gaz naturel sont des solutions à envisager dans cette perspective de cocktail énergétique.
La conférence Paris-Climat sur les changements climatiques, la COP 21, 2015 aura lieu en fin d'année. Les enjeux soulevés par ce sommet sont essentiels : elle devrait déboucher sur un accord contraignant visant à maintenir le réchauffement global de la planète sous les 2°C d’ici 2100 par rapport à l’ère préindustrielle.
A la conférence de Lima sur le climat, les parties - pays ou groupes de pays - s’étaient engagées à produire leurs propres contributions nationales à la lutte contre le changement climatique. Les membres les plus développés de la Convention de l’ONU sur le climat devaient préciser et quantifier leurs efforts et objectifs en matière de réduction d’émission de gaz à effet de serre pour après 2020 avant le 31 mars 2015, pour avancer sur la construction de l’accord climat qui remplacera le protocole de Kyoto.
Sur les 195 pays ou parties de la convention climat, seuls 33 ont à ce jour annoncé leur contribution en temps et en heure. Les bons élèves se font rares : la Suisse, l’Union européenne, la Norvège et le Mexique. Les Etats-Unis (2ème plus gros émetteurs derrière la Chine) et la Russie (5ème derrière l’Union européenne et l’Inde) l’ont communiquée in extremis. Des pays très émetteurs de gaz à effet de serre, comme la Chine (plus de 25 % des émissions), le Japon, le Brésil, le Canada et l’Australie, n’ont en revanche pas respecté l’échéance. Mauvaise augure ? Une action désolidarisée et timide est le meilleur moyen d'assister à un nouveau fiasco environnemental.
Vers un nouveau fiasco environnemental ?
Il existe en effet un certain nombre de risques inhérents à la stratégie de la bande à part. Il est par exemple difficile d’oublier le sommet de Copenhague, véritable tour de Babel où chacun y allait de son petit prêche afin de défendre ses intérêts, perdant de vue que l'intérêt commun est tout de même de préserver notre planète.
Certains pays développés ont même depuis annoncé souhaiter en finir avec le protocole de Kyoto. Les pays africains souhaitent le prolonger jusqu'en 2020 et la Chine, l'Inde et le Brésil leur ont emboîté le pas. Leur objectif était assez clair : préserver les retombées financières que le protocole offrait aux pays du sud. Des avantages que les pays occidentaux contestaient à certaines puissances, comme la Chine, dont le niveau de développement a fortement grimpé depuis les années 1990. Le fossé qui s'est creusé entre les pays développés et les autres a finalement empêché tout accord sérieux, chaque partie cherchant à contraindre l'autre sans lui-même prendre d'engagement susceptible de faire l'objet d'une sanction.
Des engagements inégaux
L’annonce d’un objectif climatique par les pays implique notamment de prévoir la transition énergétique vers des énergies non émettrices de CO2. C’est une démarche complexe qui nécessite un exercice de prospective économique et technologique, que les pays doivent planifier en termes de coûts et d’investissements.
Les premiers engagements sont globalement similaires : l’Union européenne (12 % des émissions) s'engage à une baisse de 40 % des gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990, la Suisse vise 50 % de réduction de ses émissions et la Russie 25 à 30 %. Pour les Etats-Unis, la contribution reprend l’annonce faite en novembre dernier lors de l’accord avec la Chine : une réduction de 26 à 28 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025 par rapport à 2005.
Une annonce un peu décevante, sur la même ligne que la politique environnementale australienne. Le pays n’a en effet pas été très ambitieux et s’est, lui aussi, fixé un objectif pour 2030 situé dans la fourchette de 26 à 28 % comparés aux niveaux de 2005. Si l’Australie ne rejette que 1,3 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, c’est un des plus gros émetteurs de la planète par habitant en raison de l'importance de son secteur minier et de sa dépendance à l'électricité produite grâce au charbon.
La situation est urgente
Selon le Groupe intergouvernemental des experts sur l’évolution du climat (GIEC), les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas cessé d’augmenter alors qu’elles devraient être réduites de 40 % à 70 % d’ici 2050 pour contenir l’augmentation de température au-dessous des 2°C d’ici la fin du siècle. Les contributions annoncées, qui représentent environ un tiers des émissions mondiales, ne sont donc pas à la hauteur des besoins. La leçon à tirer du sommet de Copenhague est qu'à viser trop haut, généralement on échoue. Et il ne faut pas commettre une nouvelle fois cette erreur.
Certains semblent en effet plus pressés de penser le monde de demain que de trouver des moyens de l'atteindre. Aussi, faut-il organiser la transition. Baisse du nucléaire dans le mix énergétique, diminution de la consommation des énergies fossiles, développement des énergies vertes, réduction des émissions de gaz à effet de serre, autant d'objectifs louables. Mais l'abandon des énergies fossiles du jour au lendemain est impossible, et il fait organiser la dépendance de façon à impacter l'environnement le moins possible.
Rome ne s’est pas faite en un jour, la transition énergétique non plus
L'exemple australien est éloquent car ses émissions sont dues à une utilisation d'énergies fossiles particulièrement polluantes. Or, il existe une variété d'énergies fossile bien moins émettrices que le charbon ou encore le pétrole qui devrait se voir allouer une place accrue dans notre cocktail énergétique. Souvent relégué au même rang que le pétrole et le charbon, le gaz naturel n’en reste pas moins une énergie fossile à part qui souffre d’un amalgame trop rapidement fait entre elle et ses énergies cousines.
Car le gaz naturel est bel et bien une énergie propre, particularité qui s’explique tout d’abord par sa combustion. Ce processus produit en effet majoritairement de la vapeur d’eau et ne dégage ni fumée, ni particules. Pour des volumes équivalents, produire du gaz naturel dégage deux à trois fois moins d’oxyde d’azote que le fioul et le charbon et 30 % de moins de CO2.
En acceptant de lui accorder la part belle dans la transition, de nombreux états faciliteraient grandement la tenue de leurs objectifs, et pourraient même les revoir à la hausse. Le gaz naturel peut se targuer de posséder la meilleure efficacité énergétique des énergies fossiles. Il a également le double avantage écologique et économique d’abonder sur la planète. D’après les prévisions de l’AIE, le gaz devrait représenter plus de 25 % de la demande mondiale en énergie d’ici 2035, contre 21 % aujourd’hui. De quoi laisser à la communauté internationale une marge de manœuvre conséquente pour installer un modèle énergétique en phase avec les problématiques environnementales actuelles.
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