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La rhétorique de George Bush

Devant une situation de plus en plus instable en Irak, le président américain use d’arguments de plus en contestables pour justifier la présence américaine sur place.

Lors d‘une conférence de presse tenue hier suite aux menaces proférées par le numéro 2 d’Al-Qaida, Ayman Al-Zawahiri, George Bush a notamment déclaré "Les déclarations du numéro deux d’Al-Qaida montrent clairement que l’Irak fait partie de la guerre contre le terrorisme et que nous sommes en guerre

Et puis il a ajouté (c’est moi qui souligne) « Nous mettons en échec les terroristes dans des endroits comme l’Irak pour ne pas avoir à les affronter chez nous et nous apportons la liberté et la démocratie dans des endroits du monde qui souhaitent ardemment la démocratie et la liberté".

On savait que George Bush était capable de nombreuses contorsions sémantiques pour justifier la guerre en Irak mais là on reste un peu abasourdi. Tout d’abord les irakiens qui meurent par dizaines chaque jour seront contents d’avoir la confirmation que leur vie ne compte pas beaucoup par rapport à celle d’un américain, puisque en « confinant » le terrorisme en Irak il ne se déploierait pas ailleurs. Ensuite les madrilènes et les londoniens, sans oublier les marocains, les turcs ou les égyptiens, morts au cours de 2 dernières années seront heureux d’apprendre que le terrorisme est mis en échec. On n’avait malheureusement pas eu cette impression. Enfin dans une rhétorique perverse le président américain semble justifier la présence des troupes américaines en Irak en parlant de guerre contre le terrorisme alors qu’avant l’arrivée des troupes américaines sur place il n’y avait pas de terrorisme. La boucle est bouclée, l’effet, le terrorisme, créé la cause, le déploiement des troupes américaines en Irak.

Mais au delà des déclarations de G. Bush tentant encore une fois de justifier une guerre menée sur la base d’un certain nombre de mensonges, c’est bien la question du bilan final de la guerre en Irak qui devra être posée un jour. A ce stade ce bilan, humain, politique, stratégique est désastreux :

  • plusieurs dizaines de milliers de morts civils (100000 ? chiffres annoncés par certaines ONG ou évoqué dans un article de la très sérieuse revue The Lancet fin 2004),
  • une insécurité inouïe se traduisant par des attentats quotidiens faisant des dizaines de victimes, et témoignant d’une guerre civile larvée entre Sunnites et Chiites,
  • un processus politique dont l’issue reste très incertaine, et ce d’autant plus que les américains commencent à parler de retrait (que se passe-t-il le jour où ils partent ?)
  • une nouvelle base arrière, logistique et idéologique, pour le terrorisme international, avec phénomène connexe un marché des enlèvements qui s’est développé sur place
  • déjà plus de 1800 soldats américains morts - sans parler des autres membres de la coalition.

Alors oui, Saddam Hussein a été renversé, capturé et sera jugé. Mais à la question : est-ce positif ? on découvre avec terreur que la réponse, aujourd’hui, ne peut pas être affirmative.


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2 réactions à cet article    


  • grellety (---.---.54.70) 5 août 2005 16:10

    Ce qui est certain, c’est que le cercle est vicieux, qu’il tourne, et que donc, logiquement, on est en droit de se demander si ce cauchemar se terminera. Dans le manichéisme, Georges et Oussama sont copains comme cochons ! Ils sont les deux faces d’une même pièce, et d’un même piège, POUR NOUS, les CIVILS. Car ce sont, partout, les civils, qui meurent - et ce depuis la seconde guerre mondiale et le tristement célèbre Hiroshima. Et nous les civils, comme des moutons, nous nous taisons ; parce qu’il faudrait que nous aussi, comme des citoyens israëliens modèles (je précise que je ne suis pas juif ni sioniste), nous soyons un tant soit peu des « guerriers », afin d’avoir le courage de combattre ceux qui nous tuent. Dans une démocratie, il est facile, lorsque les élections se présentent, de révoquer ceux qui nous ont mené sur des voies d’échec. Mais dans une dictature ? qu’elle soit d’Etat ou terroriste ? Dans les pays arabes et musulmans, les fondamentalistes mettent la pression, et les citoyens arabes et musulmans ne leur mettent pas la pression (attraper quelques islamistes, leur raser la barbe, les promener dans les rues pour les humilier, ...). Or ces guerriers ET ces assassins ne connaissent que leur langage, la force. Georges Bush a été réélu, mais ne pourra pas rempiler dans trois ans. Mais Ben Laden ? Et Zarquaoui ? etc... Ils sont pour combien de temps ? Saddam Hussein était, en tant que Président de l’Irak, emblématique de cette main mise sempiternelle sur le pouvoir. Et cette région bloquée est depuis la guerre mise en mouvement - dans les deux sens (l’ouverture politique et social dans certains pays, le renforcement du fondamentalisme dans d’autres). Mais la solution à cette situation irakienne ET internationale n’est pas entre les mains de « l’homme le plus puissant de la planète ». De ce point de vue, il est impuissant. Il ne décide pas de tout, ne peut pas tout. Il peut perdre cette guerre contre le terrorisme, mais ce serait les civils qui perdraient. Je ne nous le souhaite pas. Georges Bush n’est pas LA cause de cette situation ; cette responsabilité est partagée, entre des illuminés fanatiques qui ne respectent rien (même la vie d’un musulman ne vaut pas grand chose pour eux), des leaders politiques arabes et musulmans corrompus, un prolongement de la colonisation occidentale par d’autres moyens, ... Plutôt que de focaliser sur Georges Bush qui n’a aucune idée de la violence en Irak, plutôt de se focaliser sur lui (comme ce fut le cas, avec l’échec que vous savez, lors des dernières élections), ou sur Ben Laden et Al-Qaeda, il faudrait que les civils, là où ils sont, interviennent publiquement et demandent le dépôt des armes. Nous devons adresser un message aux parties et demander que les armes soient déposées (et pour les pays occidentaux, il serait temps de s’engager dans un véritable programme de désarmement nucléaire car nous n’avons aucune crédibilité auprès de l’Iran et des sympathisants de l’Iran dans l’affaire actuelle).

    1 - Que Georges Bush accélère le retrait des forces militaires américaines 2 - que Tony Blair l’imite 3 - que les criminels non irakiens rentrent chez eux 4 - que l’organisation Al Qaeda renonce à des crimes visant des civils innocents, quelle que soit leur nationalité et leur religion


    • SS (---.---.41.20) 5 août 2005 20:41

      Bush est contre le Regime du Terreur. Comparez, s’il Vous plait, l’article : « la guerre contre le terrorisme et que nous sommes en guerre »( loc. cit. ). Rien de nouveau sous la soleille du Louis XIV et ses successeurs Francais. L’histoire de la France connait deux ecoles : La Reaction de l’Ancien Regime avec Chateaubriand, Mirabeaux et les Physiocrates et a l’autre cote toutes Les Terroristes : Michelin, Say et ceux qui donnent une mise en relief ( - il faut etre absolument moderne ? - ) terroristique de la Revolution des Sans-Culottes, du Regime Brumaire.

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