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Accueil du site > Tribune Libre > Politiques & citoyens > Plus vite, plus haut, plus fort (Citius, altius, fortius)**

Plus vite, plus haut, plus fort (Citius, altius, fortius)**

En contrepoint à la triste fin du feuilleton des Bleus qui s’analyse comme la défaite d’un ménage mal assorti entre l’argent et le monde associatif, les athlètes français viennent, à Barcelone, d’infliger au travers de leurs résultats mais surtout par leur esprit et leur manière, un cinglant démenti aux lamentables déclarations du président de la République. Selon lui, la politique d’intégration poursuivie en France depuis cinquante ans aurait été un échec. Et de nous proposer dans la foulée un nouveau fatras juridico politique dont la clef de voûte serait une espèce permis à points permanent pour rester Français. Points négatifs bien sûr car les points positifs ne s’accumulent pas et, contre toute logique, les Français « de souche » (?) ne seront pas déchus de leur nationalité même s’ils sont condamnés !

A Barcelone, nos athlètes ont foulé aux pieds ce genre d’élucubrations : ils incarnent la France de l’avenir, ils nous ont fait redécouvrir le panache, la générosité, l’intelligence. Ils sont dans le positif, l’action, l’exemple, la cohérence mais, pour être collectifs, ils n’abandonnent pas pour autant leurs projets personnels.
C’est un peu le fil rouge de toutes leurs déclarations : « L’équipe d’abord, parce que c’est bon d’être ensemble et que c’est efficace. Mais moi aussi, je compte et je me réalise au travers le la performance ». En termes plus construits, il leur paraît absurde d’opposer l’individualisme et le collectif. De même, pensons-nous, toute entreprise politique visant, au travers de la communication permanente, à faire du citoyen un simple consommateur de produits et d’idéologie est promise à l’échec ultime, ce qui ne l’empêchera pas de faire beaucoup de dégâts en attendant.

Mais c’est la manière, surtout, qui frappe. Quel plaisir de voit des athlètes venus d’ailleurs mais souvent de la sphère culturelle française (et qu’importe, d’ailleurs !) ou déjà implantés depuis une ou plusieurs générations dans notre pays, s’identifier à leur région sportive d’adoption et porter fort les espoirs sportifs de leurs camarades qui les aident à leur tour dans ce combat permanent contre soi-même qu’est le sport de haut niveau. Ils chantent leur Marseillaise chacun à leur façon mais avec foi et plaisir, pas sur le ton constipé du « Maréchal, nous voilà ! ».
Le sport ne représente certes pas tout le corps social et il peut être détourné à des fins de propagande par certains régimes. L’UMP ne s’est d’ailleurs pas privée d’y faire appel en y puisant une partie de des ministres bons ou mauvais, pour redorer son image politique.

Mais quand il se libère de la politique et du fric, le sport est l’image même d’une nation. Il mobilise et fédère sa jeunesse, valorise ses qualités naturelles, symbolise l’alliance du corps et de l’intelligence du corps social. Il est un pilier de l’éducation et, tout au long de la vie, contribue au maintien de l’équilibre personnel du citoyen, donc d’un meilleure exercice de sa citoyenneté. Aussi reflète-t-il, s’il est authentique, la capacité d’action d’un pays.
La France black-blanc-beur (mais n’oublions pas tout de même notre composante asiatique !), la vraie, c’est celle de Barcelone, ville qui fut aussi -est-ce un hasard- le refuge du gouvernement démocratique de la République espagnole. Et il nous faut non seulement l’accepter mais la revendiquer haut et fort.

La vérité, c’est que la France, comme tous les autres pays d‘Europe grands ou petits, est devenue non pas multiculturelle mais uniculturelle. Elle a d’ores et déjà intégré, et Barcelone le prouve, des millions de gens qui ont eux-mêmes créé par alliance ou descendance des familles bien françaises. Elles le sont, dans l’esprit, parfois bien davantage que des Français « de souche » qui firent, voici cinquante ans et même après, de très grosses bêtises. Le nier, prétendre revenir en arrière ou instaurer une nationalité sur la base d’un abracadabrantesque permis à points, n’est pas seulement ridicule et absurde, c’est très dangereux.
.
L’identité française, ce doit être précisément de ne pas céder aux vieux démons qui infectent à nouveau l’Europe, encore moins de les encourager. C’est d’avancer vers une France nouvelle qui, loin du nombrilisme racial et de l’obsession individualiste et consommatrice, recherche la solution de ses difficultés et le progrès social par le haut. C’est ainsi qu’elle se profilera hardiment dans une compétition internationale qui est loin de se limiter à la seule et apatride compétition économique. De cela, même les dirigeants américains ont pris conscience et mènent aujourd’hui une politique équilibrée et courageuse.
La compétition internationale, l’athlétisme économique et politique, c’est bien autre chose que la chasse à l’étranger ou aux voix de droite, le démantèlement du service public ou la communication tenant lieu de politique. C’est toute une ingénierie sous-tendue par une pensée politique forte, pacifique mais sans complexe, enrichie par l’expérience de l’Histoire

A leur manière et avec la manière, les athlètes français ont, à Barcelone, montré l’exemple et ouvert la piste : ni individualisme ni collectivisme, pas de complexe d’être Français, du travail, de la créativité. De même que le sportif n’est rien sans un soutien technique et moral mais qu’un appareil sportif n’est rien sans athlètes, un pays qui s’assume doit croire en lui-même, cesser de botter en touche à toute occasion et de s’inventer des boucs émissaires. La France doit ressembler à aux athlètes de Barcelone, aux footballeuses de l’équipe nationale ou aux Bleuets, non aux Bleus du Mondial, étouffés et gangrenés par l’argent. Mais pour comprendre tout cela il faut l’étoffe d’un homme ou d’une femme d’état et il semble que dans ce pays, on ait depuis des années réussi à faire oublier ce que c’était.


** La devise olympique en latin…quoique ce soient les Grecs qui aient inventé les Jeux et qu’un Français, Pierre de Coubertin, les ait réactualisés.

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14 réactions à cet article    


  • paul mohad dhib 19 août 2010 09:27

    compétition = guerre.............pour gagner.....même origine...dans nos cerveaux !


    • Gabriel Gabriel 19 août 2010 11:00

      Bonjour Paul,

      On ne change pas les rayures d’un zèbre, pas facile de réveiller celui qui est gavé de somnifères télévisuels . A part cela, est ce que le soleil d’Irlande arrive à percer tes nuages celtiques ?
      Amicalement

    • paul mohad dhib 19 août 2010 12:02

      Salut Gabriel...
      j’ai tendance a penser que la gavage télévisuel est volontaire....je ne sais pas..
      sinon,l’Irlande va bien oui.....
      amicalement....


    • BABAYAYA BABAYAYA 19 août 2010 10:27

      N’oublions tout de même pas aussi nos nageurs, 21 médailles, 

      l’équipe de voile olympique, championne du monde depuis dimanche, 
      notre fabuleuse équipe de hand-ball, 
      nos rugbymen, se plaçant systématiquement dans les 4 meilleures équipes du monde 
      pendant la coupe du même nom...
      etc... etc... etc...

      ah oui depuis 1998, il n’y a plus que le foot aux yeux des médias, j’oubliais....

      • Fergus Fergus 19 août 2010 10:42

        Je n’ai qu’un mot à dire sur les résultats des athlètes et des nageurs : stupéfiants !!!


        • Fergus Fergus 19 août 2010 18:07

          Je rappelle à cet égard que l’équipe de France d’athlétisme était au fond du trou ces dernières années, que ce soit en Championnats d’Europe et du Monde ou aux Jeux Olympiques. Or voilà qu’elle obtient subitement des résultats prodigieux, du jamais vu ! Mieux : elle ridiculise les grands pays de sport que sont la Russie, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. Ces pays que les dirigeants français regardaient d’un œil torve en disant, en guise d’explication, lorsque nous étions dominés : « C’est la preuve que nos athlètes sont propres » ! « Être propre » signifiait donc « être surclassé ». Et voilà que nous surclassons ceux qui jusque là étaient « sales ». Bizarre, bizarre !


        • dieudo 19 août 2010 11:18

          « Pratiqué avec sérieux, le sport n’a rien à voir avec le fair-play. Il déborde de jalousie haineuse, de bestialité, du mépris de toute règle, de plaisir sadique et de violence ; en d’autres mots, c’est la guerre, les fusils en moins. »
          [ George Orwell ]


          • paul mohad dhib 19 août 2010 12:00

            oui dieudo....je te rejoins..
            mais amicalement hors compétition....car la nouvelle est que : il est tout a fait possible de ne pas être compétitif,...donc de mettre fin aux guerres, violences ,injustices, etc etc ...........


          • dieudo 19 août 2010 15:37

            Bonjour Paul
            Nous sommes le produit de ce conditionnement imbécile qui du berceau à l’age adulte nous prépare à la compétition, à la concurrence bestiale de tous contre tous pour le plus grand bonheur de l’ordre établi !
            Le spectacle des gladiateurs des temps modernes n’est autre que le dernier opium des peuples,tout est dénaturé par l’esprit marchand ! que reste il de cette prétendue éthique sportive dont les petits commentateurs autorisés nous parlent ?


          • Fergus Fergus 19 août 2010 17:51

            Bonjour, Dieudo et Paul.

            Au risque d’être en désaccord avec vous deux, le sport n’est pas pour moi synonyme de confrontation « bestiale ». Du moins lorsqu’il est pratiqué en amateur pour le plaisir. Encore qu’il y ait parfois là aussi quelques débordements, à l’image de ce qui se passe chez les pros. Mais ce n’est pas le cas général et, en plus de trois décennies de compétition, je n’ai pas le souvenir d’incidents sérieux. Qui plus est, il existe de nombreux sports où la courtoisie est exemplaire en toutes circonstances, par exemple le tir à l’arc. Preuve que ce n’est pas la compétition qui pose problème, mais ce que l’on en fait !


          • paul mohad dhib 19 août 2010 18:52

            Salut Fergus....
            tu vas bien... ?.on en avait parle tous les deux je crois....
            j’aimerais que ce soit vrai ce que tu dis, mais si les humains gardent la compétition dans l’esprit ils auront toujours et aussi le mauvais cote, je le vois comme cela, est ce juste ? si oui....c’est alors dramatique....car on aura toujours la même panoplie qui va de 1 a 100 sur l’échelle des problèmes crées....c’est délicat...
            et ca rejoins le : moraliser le capitalisme....pareil , y a t’il un bon capitalisme comme une bonne compétition ? ma vision est : non....
            mais les humains ne vont pas aussi loin dans une transformation radicale,
             d’ailleurs on peut se dire : même supposée amicale pourquoi créer de la compétition ?
             dans ma vision des choses, un humain non compétitif est également totalement coopératif, ne cherche pas plus que les autres etc etc ..ca va en fait tres tres loin, pour moi dans ma vision du moment....
            je ne parle pas d’interdire vois tu..ce qui ne resoud absolument rien du tout....j’évoque le sujet...pour le connaitre , en voir le tableau entier....
            amicalement..
            au fait tu es venu en Irlande cette année ???
            amicalement..


          • paul mohad dhib 19 août 2010 18:53

            re salut dieudo...

            oui je partage ton point de vue.....
            amicalement


          • Fergus Fergus 19 août 2010 19:36

            Salut, Paul.

            Je comprends d’autant mieux ta position que je suis moi-même navré lorsque je constate des débordements dans le sport. Après tout, tu as peut-être raison...

            Cela dit, je constate que la compétition est partout, y compris lorsqu’elle n’est pas codifiée. On la trouve dans le travail, parfois totalement inconsciente chez ceux qui s’y adonnent. On la trouve même dans la famille, des frères et soeurs pouvant être en compétition pour le leadership de la fratrie ou pour toute autre raison plus ou moins avouable.

            Un monde sans gagnants ni perdants serait évidemment la panacée, mais cela n’est pas possible. Il suffit à cet égard de voir, dans le règne animal, comment certains oiseaux à peine éclos, avec encore des morceaux de coquille collés au duvet, se donnent un mal fou pour expédier hors du nid les oeufs non encore éclos. Effrayant et pourtant bien réel !

            Pour ce qui est de l’Irlande, oui, nous y sommes retournés en mai, mon épouse et moi, et notamment dans le Burren et le Connemara après une virée dans le Kerry. Nous avons profité de ce voyage pour visiter Inisheer après avoir visité Inshmore il y a quelques années. Cela dit, nous rêvons de visiter un jour les îles Skellig.

            Amicalement.


          • paul mohad dhib 19 août 2010 20:45

            Salut fergus...
            bien reçu et lu...
            la prochaine fois quand tu viens on se contacte avant et on se fait une soirée..
            sinon sur le sujet de la compétition...bon rien a rajouter, mais a explorer, la vérité sur le sujet existe..au delà des opinions...alors on s’en empare tout simplement..et on regarde...a part cela pour le moment je ne vois rien d’autre a faire....
            amicalement
            @+
            ps : the Skellig islands..not bad at all !
            all the best..

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