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Tourisme

Avant il y avait des pays et des peuples ; ils étaient étrangers, ils parlaient une langue que nous ne comprenions pas, échangeaient une monnaie dans laquelle nous nous perdions en de vaines comparaisons avec la nôtre, il fallait passer des frontières pour aller admirer leurs paysages et les regarder, eux, tout en espérant les rencontrer.
Il nous fallait préparer le départ, envisager l'itinéraire, rêver le séjour puis le réaliser.

Tout le monde n'en avait pas les moyens et sans moyens tout le monde n'en avait pas le courage.

On appelait ça, des voyages.

Le voyage était le trajet dont le but évitait l'errance, dont le prétexte aiguisait le regard ; celui qui partait savait qu'il serait submergé par l'exotisme, l'étrangeté, la fatigue ; il savait qu'il devait sérier ses choix pour pouvoir les goûter.

L'aisance venant aux européens du nord, ces virées lointaines se firent de plus en plus aisées et attirèrent de plus en plus de gens auxquels étaient offerts des séjours « clés en main » tout en maintenant l'illusion de l'aventure.

Le voyage ne fut plus que quelques heures passées dans un espace confiné ou rien ne peut se passer d'autre qu'une prise d'otages ou un crash ! Un temps que l'on tue en mangeant du tout prêt sous cellophane, en buvant, en regardant un film, en sommeillant, en travaillant sur son portable quand on est un habitué, tout cela en se gelant.
En dessous, à quelques mille mètres, la terre défile ; on en aperçoit quelques lueurs.

On débarque, hagard et pour ne pas perdre pied, il faut garder son personnage, son rôle, ce qui est facilité par le fait qu'on part rarement seul.

La suite n'est que visites de musées vivants, en 3D, le farniente à la plage, au bord de la piscine ou dans des salons luxueux où de jolies femmes vous servent ou vous incitent.

On a gagné le confort, fini les cafards dans les hôtels, l'eau froide d'une douche parcimonieuse, une nourriture, que les estomacs habitués aux frites et hamburgers digèrent difficilement.

Les pourvoyeurs de sensations douces ont fait leur beurre ; ils ont construit des hôtels, partout les mêmes ; bref, ils ont inventé puis entériner le tourisme !

Avec le tourisme, les occidentaux ont tué toutes les cultures insulaires et fragiles, ont perverti tous les peuples, ont saccagé toute diversité humaine, bien plus sûrement qu'avec leur colonisation armée.

Je veux bien croire qu'il ne faille pas battre sa coulpe pour les horreurs commises par nos ancêtres sur tous les peuples du monde mais j'affirme que la moindre personne qui a pris l'avion pour se payer des vacances dans les pays du sud, est complice d'une exploitation et d'une sournoise destruction : que vaut l'esclavage des petites gens qui servent les touristes pour le compte de riches occidentaux ( ou australiens) comparé à l'esclavage des noirs qui ont bâti la richesse de l'Amérique ?

À voir tout le monde basculer dans les abîmes du tout argent donne un tournis étrange...

L'argent n'a plus qu'utilité à détruire, polluer, asservir...

 

Avant, la France était un pays qui accueillait puis s'appropriait les esprits et les artistes les plus éminents ; ébullition intellectuelle et politique, artistique et scientifique ; le peuple n'était pas à la traîne avec une culture régionale riche et vivante.

Le France a établi sa grandeur sur ces faits et sur sa langue, belle et difficile, beaucoup plus que sur ses colonies.

Aujourd'hui, elle est devenue un pays touristique : elle vend son passé et ses trésors, elle vend ses domaines et ses terres, elle vend son âme.

Elle brade son capital.

Les touristes s'y pressent, nombreux, autant que ses habitants, ils viennent se faire servir ; ils veulent le soleil, les paysages, les musées et le patrimoine.

Les européens du nord s'installent en colonies, deviennent les seigneurs d'une agriculture difficile dans des régions où le soleil est généreux et le sol poussiéreux.

La population autochtone ne se double pas d'une nuée hétérogène d'hommes curieux et amoureux, mais elle accueille, de plus en plus mal d'ailleurs, les nantis d'une classe sociale uniforme et apatride.

Certes notre PIB s'accroît lui aussi, mais pas en proportion. Hormis quelques propriétaires terriens dont les mas, les châteaux les demeures ont « de la classe » et qui, pour les transformer en chambres ou tables d'hôtes, en gîtes, ont reçu du contribuable un bon poids de deniers, hormis quelques patrons d'hôtellerie et de restauration, peu de gens s'engraissent sur cette manne.

Je n'ignore pas tous les emplois précaires des saisonniers des domaines ci-dessus nommés, du sport et des loisirs sans oublier les gardiens de parking, les gardiens de plages, les marchands de glace, les marchandes de fleurs, les cracheurs de feu, les marchés de tout et rien, et tous les musicos débutants qui poussent la chansonnette aux terrasses.

Je n'ignore pas grand chose de tout cet argent brassé à cette occasion mais je sais qu'un peuple a perdu son âme que de plus riches que lui a vendue.

Et quand on n'a plus d'âme, on est dans l'errance matérialiste.

Il ne reste plus que des individus épars, éloignés les uns des autres par des intérêts contradictoires ou rivaux, un monde sans lien, dans toutes les contrées du sud et du bord de mer.

Nous n'entretenons plus notre patrimoine pour honorer notre culture, comme on honore ses ancêtres mais nous les transformons en objets de consommation : notre passé est devenu un lucre et peu importe la trahison.

Cette catastrophe écologique et sociale ne se contente pas de vider nos territoires de leur vie, mais elle pollue, construit, bétonne, goudronne, uniformise un paysage jusqu'à la nausée.

Les touristes arrivent en avion, en voiture ou en train ; il a fallu leur construire des voies ferrées pour des locomotives qui les amènent à grande vitesse tant ils sont pressés et importants et l'on vante ce mode de transport ( que Dieu sans doute soi-même propulse avec son petit doigt) mais on oublie que les territoires de ceux qui n'ont pas eu l' heur de naître humains sont séparés à jamais et qu'il ne transporte chez ces humains que des spécimens fortunés.

Il a fallu leur construire des aéroports, des autoroutes, des routes, des bretelles, des ponts, des viaducs ( merveilleux ouvrages au demeurant) ; il a fallu exproprier des dizaines, des centaines de petits propriétaires, de petits paysans.

Il a fallu construire des golfs, des piscines, des pelouses, des ports, des marinas pour que ce petit monde s'égaye, puisse reprendre des forces pour, en rentrant chez lui, continuer de faire tourner le monde à l'envers.

C'est ce qu'on appelle l'économie.

Alors, les autochtones appauvris, dépossédés, envahis, partagent l'eau, payent des impôts exorbitants, augmentent leur budget loisirs ou nourriture de vingt à cinquante pour cent pendant tout le temps où leurs congénères aisés du nord croient bon de venir encombrer leurs routes, s'exposer aux UV, étuver sous la canicule et rouler à vélo à midi...

Et puisque ces riches ont rendu le prix de la moindre baraque inaccessible aux locaux, les plus malins ou les plus aisés d'entre eux vont au Maroc reproduire le schéma !

Les moins malins ou les moins aisés se ruinent en loyers ou restent à la rue.

Mais... tout cela donne du public aux festivals et grattouille le nombril d'imbéciles qui, pour l'instant s'en tirent bien et s'illusionnent encore sur « la grandeur de leur pays » !

 

Quant à l'Espagne, je laisse la parole à Luis Sepulveda, dans son article du Monde Diplomatique d'août :

 

extraits :

« … Pas un qui ne se délecte d'affirmer que le tourisme est la première ( ou la deuxième pour les plus placides) industrie du pays, pas un pour rappeler que la manne touristique est sujette à des contingences extérieures à la volonté de ceux qui la convoitent et qu'elle génère, outre la fortune du patronat hôtelier, un complexe d'infériorité qui abîme la société toute entière. Ce n'est pas la même chose d'habiter un pays en pointe dans l'innovation technologique ou un pays de domestiques, de cuisiniers et de réceptionnistes. »

« … La corruption apparut dans la vie politique espagnole comme l'essence même du picaresque(1) : je te finance ta campagne électorale et tu m'accordes des permis de construire sur les terrains de ta commune.

Des épouvantails urbains se mirent à pousser un peu partout, comme Seseña, la ville fantôme du désert de Tolède : treize mille cinq cents appartements, sans eau, ni gaz, ni infrastructures, sans habitants non plus, à l'exception de quelques naufragés et des tourbillons de sable.

Les banques avaient fait grimpé artificiellement le prix de cette verrue immobilière avant de la céder à l'un des entrepreneurs les plus riches d'Espagne, Fransisco Hernando Contreras, dit « ' l' Égouttier »- un personnage très picaresque, analphabète devenu milliardaire grâce à l'évacuation des excréments. »

« … La fièvre immobilière et la corruption afférente se concrétisèrent par des aéroports grandioses où jamais un avion n'atterrit, par des lignes de trains à grande vitesse qu'aucun passager n'a empruntées, par des circuits de course automobile où forniquent les lapins, par des maisons de la culture pharaoniques qui servent de volières aux pigeons. Au milieu de tout cela, les banques affichaient des bilans comptables les plus triomphaux de l'histoire. »

 

(1) : Le roman picaresque apparaît en Espagne au cours du XVIe siècle. Son protagoniste central est le picaro, un antihéros d'extraction populaire généralement sans scrupules.

 

Alors, pour ceux qui ont le courage de partir en avion, de remplir des formulaires à n'en plus finir, d' écrire des professions de foi, expliquer qu'ils ne sont ni homosexuels ni terroristes, de ne pas pouvoir emporter ne serait-ce qu'une bouteille d'eau ou leur opinel : bonnes vacances !


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32 réactions à cet article    


  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 17 août 2012 10:38

    Le casque colonial étant aujourd’hui démodé ,beaucoup de touristes le portent à l’intérieur de la tete, afin de protéger leurs idées reçues quant aux autochtones.
    Salut Alinea .


    • alinea Alinea 17 août 2012 10:49

      Bien vu Aïta !


    • Fergus Fergus 18 août 2012 10:00

      Bonjour à tous.

      Pas si simple. A bien y regarder, il n’y a pas grande différence entre le comportement de certains « voyageurs » d’hier amenés en chaise à porteurs ou à dos de mulet sur les sites et les « touristes » d’aujourd’hui. Tous n’étaient pas des Byron.

      Avec à la clé, de grandes et terribles questions : de quel droit, souvent élitiste, pouvons-nous faire le ménage entre les différentes formes de découverte de cet ailleurs auquel la majorité aspire ? De quel droit pouvons-nous décider de ce qui est bon pour les autochtones lorsqu’ils choisissent un modèle qui est étranger à leur culture ?

      Autre chose : tous les populations autochtones ne pâtissent pas du fait de l’augmentation du prix de l’immobilier, beaucoup de savoyards, qui vivaient chichement d’un élevage peu rentable dans des villages condamnés se sont ainsi enrichis grâce à la prospérité amenée par l’or blanc. Et cela vaut également pour nombre de stations balnéaires. Bref, rien simple !


    • alinea Alinea 18 août 2012 10:40

      Fergus : il y a un rapport net entre le nombre de touristes et le nombre d’habitants dans une région : en Savoie, on accueille des marcheurs ; ce n’est pas l’invasion ; mais l’invasion, ça choque et ça encombre les autochtones qui, en très grande majorité n’en gagne rien, mais c’est ponctuel ; le tourisme comme « fond de commerce », à la longue, ça détruit une culture, ça oui.
      J’ai parlé dans un post en dessous des touristes anglais ( surtout anglais et pour cause !) qui se faisaient servir, les porteurs et tout ça.
      Je déteste tout ça où ou quand que ce soit !
      Au niveau d’un pays -et pas simplement des pays pauvres- je trouve que l’industrie de service est la plus avilissante ; non pas que la réceptionniste ou le livreur soit lui-même avili, il faut se comprendre, mais l’ensemble d’un peuple au service de quelques-uns !!pouah
      Je pense que les gens ont beaucoup mieux à faire : un homme libre ne sert ni se fait servir ! ou : qu’un homme ne soit jamais assez opulent pour pouvoir en acheter un autre ou un homme assez pauvre pour se vendre.. ( ça c’est Rousseau !)


    • alinea Alinea 18 août 2012 12:00

      C’est quoi la vraie vie Sabine ? Être bien intégré à cette société, assez protégé pour n’avoir ni combats à mener pour sa liberté, ni indignation face à l’injustice ? Ni tristesse devant la destruction du bien commun ? Ni nostalgie ?
      Tout va bien pour moi, donc tout va bien ?
      Alors je ne suis pas dans la vraie vie ; et depuis ma fausse vie, je dénonce le pouvoir et ses abus, et l’inconscience des consentants...


    • alinea Alinea 18 août 2012 13:18

      Sabine : ce qui coule dans mes veines, ici et maintenant, quand j’écris, c’est mon intellect ; quand je suis sur mon cheval, c’est ma vigilance et le bonheur sensuel et physique ; quand je fais à manger pour mes amis, c’est l’affection, l’amitié, le plaisir de donner ; quand je caresse, c’est ma sensualité, quand je fais l’amour, c’est ma sexualité ; quand je trie des taureaux, c’est un peu tout ça et mon mental.... le « ici et maintenant » est insaisissable, il fait partie d’un tout ou tout est lié en diverses proportions !
      Je n’ai que rarement envie d’écrire sur la sensualité, la sexualité.
      Toute pensée naît d’un ressenti ; en tout cas chez moi, il n’y a pas de rupture et mon ressenti, c’est vrai, est nostalgique ; c’est ce qui me protège de la haine, de la rancoeur.
      Nous sommes un et multiples et c’est bien ainsi. Enfin, je trouve que c’est bien ainsi.


    • Abou Antoun Abou Antoun 17 août 2012 11:23

      Il y a le tourisme organisé et ... le voyage. De nos jours, voyager devient de plus en plus difficile, on est souvent pris pour un touriste.


      • Fergus Fergus 18 août 2012 10:04

        Bonjour Abou Antoun.

        Difficile distinguer le touriste du voyageur, sauf à deviner les motivations de personnes que l’on ne connaît pas. Personnellement, je distingue plutôt entre ceux qui vont vers leurs pôles d’intérêt en organisant eux-mêmes leur voyage, et ceux qui s’agglutinent dans des centres de vacances.


      • joletaxi 17 août 2012 11:56

        j’ai lu l’article jusqu« au bout, car cela fait du bien de temps à autre de se replonger dans tous les poncifs de la bobo attitude et de la réflexion écologique responsable.

        Le tourisme de masse... quelle horreur.
        Pensez donc, des imbéciles qui acceptent de bosser comme des forçats,pour une poignée de lentilles, et tout cela pour attraper un mélanome sur des plages surpeuplées.
        Ah le bon temps où des gens riches( à cette époque les forçats gagnaient non pas une poignée de lentilles mais 2/3 lentilles qui permettaient de survivre)et cultivés, se lançaient dans des expéditions hasardeuses aux confins du monde connu.Pas de populace, cloitrée dans des taudis ou des cités ouvrières,pour venir gâcher le plaisir de découvrir des populations authentiques, crevant elles aussi de misère.
        Bref, la misère seule est acceptable.

        De ce que moi j’en vois, c’est plutôt agréable de voyager, dans le confort actuel.De trouver d’excellents h^tels, de visiter des sites même »arrangés(à votre avis Pompëi c’est disneyland)
        C’est plutôt un grand progrès de permettre à une population de plus en plus grande de s’offrir un dépaysement, même trop artificiel à votre goût.
        Et pour avoir été dans ma jeunesse un de ces « esclaves » au service du client fortuné, je n’en ai gardé moi aucune rancoeur, il n’y a pas de sots métier.
        Et s’il n’y avait pas de manne touristique, ils vivraient de quoi, vos autochtones authentiques ?

        Vous citez le Maroc:bon exemple.
        Non seulement le tourisme est une source de richesses pour ces pays, mais ne vous y tropez pas, c’est aussi le germe des « printemps arabes », des échanges, des investissements en tout genre.
        Comme d’hab, les écolos sont des gens qui n’ont qu’une idée:que le monde reste en l’état, ils vont même jusqu’à envisager de « figer » le climat.

        C’est à la fois consternant et à tout point de vue idiot et dangereux.


        • alinea Alinea 17 août 2012 12:59

          Ça tombe bien ! Je n’ai pas le pouvoir !


        • LE CHAT LE CHAT 17 août 2012 15:29

          ne pas oublier que les touristes ne sont pas seulement de riches occidentaux ou australiens , blancs , donc forcément coupables à tes yeux !
          une bonne partie des touristes est maintenant constituée des chinois , japonais , coréens !!!!


          • alinea Alinea 17 août 2012 15:56

            C’est exact le chat, mais... ? mode de vie occidental, valeurs occidentales, et, classes sociales ? Moyennes supérieures ! Je n’ai rien contre les blancs en particulier mais contre un monde mortifère !
            Ce n’est pas une question de culpabilité ! les gens vivent dans le système et se foutent éperdument de ses effets sur quoique que ce soit d’autres à condition qu’ils en profitent, eux !


          • Guy BELLOY Guy BELLOY 17 août 2012 15:34

            Bien vu Alinea. Le littoral méditéranéen espagnol, véritable ceinture de béton, de fureur et de bruits est le résultat de ces promoteurs criminels qui ont défiguré leur pays et qui maintenant, avec l’aide des financiers, l’ont acculé au bord du gouffre.


            • alinea Alinea 17 août 2012 16:20

              Guy : tout cas on peut dire que c’est bien dommage pour l’Espagne ! Je ne sais pas s’il y a eu des mouvements contre ce saccage, mais c’est une véritable catastrophe.
              Il y en a chez nous qui voudraient nous faire prendre le même chemin : L’aéroport de Notre dame des Landes, et puis des petits bouts d’autoroutes par ci par là ; sans compter le TGV, cette merveille qui semble faire l’unanimité !


            • L'enfoiré L’enfoiré 17 août 2012 15:44

              Bonjour Alinéa,
               Il y a deux ans, je me posais la même question « Pourquoi partons-nous en voyage ? »
               smiley


              • L'enfoiré L’enfoiré 17 août 2012 15:56

                Puis il y a celui de l’année passée, qui faisait référence à une étudiante qui en avait fait son cheval de bataille pour une thèse « Tout touristiquement vôtre ».
                Ce qui veut dire, qu’il y a tant à dire sur les vacances et les voyages.
                Dans le passé, l’homme a commencé par être nomade, puis il s’est sédentarisé progressivement. Mais le nomadisme existe toujours. Cela s’appelle depuis immigration ou émigration...
                 smiley


              • alinea Alinea 17 août 2012 16:14

                L’enfoiré : j’ai lu votre premier lien ; j’approuve.
                je dirais qu’avant les voyageurs vivaient des choses extraordinaires sans s’en rendre compte : ils vivaient l’instant ; certains le racontaient ; aujourd’hui, en « voyage » les gens ne vivent que de l’ordinaire et se font croire, en le photographiant et en le montrant, qu’ils ont vécu quelque chose d’extraordinaire !
                je lirai le deuxième tout à l’heure !!


              • joletaxi 17 août 2012 17:55

                avant les voyageurs vivaient des choses extraordinaires

                ben voyons, une petite poignée de gens riches

                J’ai connu un grand voyageur de cette époque(son épouse est morte au Brésil d’une maladie locale, comme quoi, on peut dire qu’elle a vécu des choses extraordinaires)
                Elle me racontait son voyage en Inde, qui suite à un déraillement d’un train , s’était prolongé à dos d’éléphants, pour finr dans le palais d’un Marahja local.
                Belle épopée,dont le prix à tout point de vue est sidéral, et qui à mes yeux n’a guère plus de valeur que l’expédition de Mme Michu lorsqu’elle descend les gorges du Verdon en kayak.

                Vous êtes camarguaise ?
                Encore maintenant, on se rend compte à quel point quelques familles ont régenté cette région, et le tourisme fait sauter ces carcans.
                La côte est bétonnée ? C’est un scandale.Mieux vaut avoir un désert économique, comme sur les côtes de gallice,restées très natures, et dont l’arrière pays est un désert tout court.

                Mais rien ne vaut le tourisme à vélo, au village voisin....


                • alinea Alinea 17 août 2012 18:19

                  joletaxi : voyez-vous, c’est sûr qu’on part d’un point alors qu’il faut tout remettre en question.
                  Les riches qui voyageaient avant, je pense, faisaient du tourisme ; peu nombreux ils n’abîmaient pas grand chose sauf à aller dans « leurs » colonies !
                  Non, il y a eu des voyageurs pauvres.
                  C’est comme tout, le voyage mais aujourd’hui est à la portée de tous, ou presque, de pouvoir envahir un lieu.
                  Je ne parle que peu de l’Europe : sauf la France et l’Espagne qui meurent de cette industrie.
                  Je ne suis pas bobo, je suis du peuple, je ne voyage pas ; je suis camarguaise de coeur et je vois, depuis pas si longtemps que cela, la catastrophe sur cette terre, sur cette culture.
                  Nous vivons dans un monde où la culture du peuple a été confisquée : cette culture existait partout, pas seulement au bord de mer ; et partout cette culture a été anéantie.
                  C’est ce qui me blesse ; et comme je vous l’ai dit, je n’y peux rien !
                  Et posons nous la question de savoir si, fondamentalement, les gens, les travailleurs, ont besoin de vacances : pourquoi ont-ils besoin de vacances et de se raconter des histoires ?
                  N’est-c-pas le monde en amont, qui rend le boulot débile et débilitant, qu’il faudrait revoir ? Votre discours ne tient que si on tient pour acquis que le boulot est un boulot de con, mal payé et qu’il faut bien s’égayer ( entre parenthèse, je ne parle que des classes moyennes supérieures dans cet article) ; je ne tiens pas ce fait pour acquis : j’espère que le jour viendra où chacun n’aura plus besoin de défouloir consumériste pour décompresser ; parce qu’ils ne seront pas compressés !
                  Enfin bon... ne me dites pas que je ne vais pas refaire le monde, je le sais ! mais je n’accepte aucun acquis, aucune idée reçue qui ne me convient pas !!
                  Bien à vous


                • alinea Alinea 17 août 2012 18:39

                  Juste une petite chose encore, et quelle !, que j’ai oublié de mentionner ici ( j’en parle dans l’article), c’est que tout ce cirque n’a pas été un engouement spontané du peuple, non, il est orchestré par des multinationales, transport, hôtellerie, restauration... : c’est une industrie, qui comme toutes les industries, exploitent ! et entubent...


                • Fergus Fergus 18 août 2012 17:29

                  @ Alinea.

                  Ce n’est pas la culture du peuple qui a été confisqué, c’est malheureusement le peuple qui lui a tourné le dos en écoutant les sirènes du libéralisme, un renoncement intéressé et parfois carrément cupide. Que cela ait été un jeu de dupes pour la majorité dans la plupart des cas, c’est vrai, et cela illustre précisément la force du libéralisme ; faiire croire à chacun qu’il peut être gagnant. Et les gens, tels des moutons de Panurge, gobent ce discours et s’engouffrent de leur plein gré dans la voie de la destruction.

                  @ Joletaxi.

                  Entre la Gallice, superbe région sauvage, et l’Andalousie, province défigurée sur ses côtes, il peut y avolir un juste milieu, non ?


                • alinea Alinea 18 août 2012 19:10

                  Vous avez malheureusement raison Fergus, et je le vois tous les jours autour de moi, ce peu d’attachement des autochtones à leurs terres qu’ils vendent au plus offrant (ici un milliardaire qui est propriétaire déjà de plus d’hectares que n’en contient la commune, sur trois communes !). Je ne sais pourquoi ceci m’est tellement douloureux et pourquoi, par ailleurs j’ai tant de mal à les « condamner ».
                  Il se peut que je me réfugie dans une certaine globalité de pensée, pour ne pas sombrer.
                  Merci en tout cas de votre message.


                • JP94 17 août 2012 19:50

                  Il me semble qu’au début le tourisme a été l’apanage de la gentry britannique , qui l’a inventé et a lancé la mode au 19ème siècle . Normal , vu le climat local , ni soleil l’été ni neige l’hiver , bref , le néant . Et puis , loin de ses propres miséreux ouf !... Alors on se grandit par l’alpinisme et aussi par la Conquête symbolique ou non de pays exotiques ... tout ça c’est le début du tourisme ... et effectivement , lorsque le tourisme s’est démocratisé , la population a aussi hérité - mais à un degré moindre , des idées sous-jacentes à son modèle aristocratique .
                  Alors pourquoi ce tourisme formaté ? ma foi il faut bien remplir les caisses d’easy jet , compagnie britannique aussi et 4ème compagnie en Europe .
                  Il fallait bien aussi « valoriser » le territoire espagnol : des lois votées ad hoc - pas comme en Corse ou en Camargue où de « mauvaises »lois ont tout bloqué ! Restaient aux investisseurs européens et espagnols ce terrain en friche mais juteux ; l’Espagne .
                  Ce ne sont pas les touristes qui y ont pensé , c’est la finance européenne ...
                  Après , il faut un rapide retour sur investissement , donc ...

                  Ensuite , on invente un choix pour le peuple ,(tandis que les vrais riches , eux se choisissent des destinations plus personnelles ou plus traditionnelles ; Monaco , Saint- Trop’)
                  Est-ce que ce tourisme enrichit la population locale ? pas nécessairement . La manne financière va nourrir des circuits de spéculation et au bout du compte la bulle éclate et l’Espagne est en plein dans la Crise ,la Tunisie , de même etc ... par contre , certains ont bien rempli leur compte en banque et vont bâtir ailleurs des projets du même tonneau .

                  Les gens suivent ... en fonction du revenu octroyé ...tout ça dans le meilleur des Mondes

                  Cela me rappelle une très marrante BD de Dino Attanasio sur ce genre de voyage sur-mesure , où les deux héros se retrouvaient contraints ( enfin hypnotisés ) de coudre des habits la nuit dans une sorte de club Med ceinturé de barbelés . le départ de ce voyage économique se faisait dans un petit aéroport éloigné comme pour Ryan Air ...mais la BD doit dater des années 70 , pourtant !

                  Un autre tourisme existe et doit se développer , mais démocratiser les vacances est un projet de très vaste ampleur , qui a trait aux choix de société , à l’éducation , au pouvoir d’achat ...Il existe donc des voyages solidaires , où l’on partage la vie de la population . Mais ces voyages très intéressants ne bénéficient pas de la publicité des agences qui ne relaient qu’un marché fondé sur la rentabilité .


                  • alinea Alinea 17 août 2012 21:32

                    Oui, j’ai entendu parler de ça ; après, il y a le problème de la langue, quand même ; pour les jeunes il y a pas mal de choix, un que j’aime beaucoup, c’est aller travailler dans des fermes contre le gîte et le couvert. Ce n’est pas une invention ! aujourd’hui, il faut que ce soit organisé ; ( et j’ai oublié le nom anglo-saxon, à cause surement de ma mauvaise volonté !) ; il manque de spontanéité dans notre monde parce que le petit malin qui pense à quelque chose croit toujours devoir en faire un objet de consommation !!
                    Je suis d’accord avec votre article bien sûr...merci


                  • Constant danslayreur 17 août 2012 23:25

                    Ave Alinea,

                    Je suis originaire du paradis (enfin... mes grands parents quoi), je ne suis donc pas chez moi sur votre planète et en théorie ma vie devait avoir pour finalité de m’acheter un billet retour...

                    En théorie... Parce que je réalise au bout de 45 ans qu’en bon touriste, j’ai passé ma vie à faire tout plein de dégâts et donc à dépenser toutes mes économies. Du coup le retour à la mère patrie, je crois que je peux faire une croix dessus... smiley

                    Si c’était à refaire, je crois qu’au lieu de l’ouvrir à tout bout de champ, je ferais un plus grand effort d’écoute... enfin j’essaierais quoi smiley


                    • Constant danslayreur 17 août 2012 23:32

                      Pas que j’oublie,
                      Si c’était à refaire je prendrais des cours de chant, rien que pour chanter ça à ma fille http://www.youtube.com/watch?v=-bTovETTcpk&nbsp ;&nbsp ;


                    • alinea Alinea 17 août 2012 23:55

                      Constant danslayreur ; voyez ! aujourd’hui je n’ai pas déformé votre pseudo !
                      Je n’ai rien compris à votre commentaire ! Enfin, je ne sais pas à quel degré me situer !!!
                      C’est où le paradis : Tahiti ?
                      Quant à Renaud : pas besoin de cours de chant pour faire ce qu’il fait ; un peu de conviction suffira !!
                      À bientôt !


                      • Constant danslayreur 18 août 2012 00:21

                         smiley C’était juste un clin d’œil en rapport avec un prêche écouté autrefois à mille lieues de l’image du barbu hirsute...
                        Il y était question d’Adam et d’Eve et puis du constat tout bête que les bipèdes n’étaient finalement pas chez eux sur Terre (des touristes quoi) et que tout ce dont ils étaient capables de bonté, devait tendre à enfin les ramener chez eux...

                        Pardon... l’oreillette... Lolaaaaaaaaa, chuis qu’un fantôôôme quand tu vaaas où j’suis paaaaaaaas, tu sais ma môme je suis Morgane de toi

                        C’est malin voila qu’il pleut maintenant !

                        PS : Ne vous inquiétez pas pour le pseudo il est assumé mais alors vraiment... Bonne nuit


                      • alinea Alinea 18 août 2012 00:30

                        C’est bien ce que vous dites... j’ai écrit un texte il y a longtemps sur nos ancêtres, le paradis et tout ça.
                        Donc, parce que nous sommes tous touristes ! On peut se permettre n’importe quoi ? C’est ça ? aïe !!
                        Bonne nuit itou.


                      • Constant danslayreur 18 août 2012 06:06

                        Bonjour Alinea
                        « Donc, parce que nous sommes tous touristes ! On peut se permettre n’importe quoi ? C’est ça ? aïe !! »

                        Mais non voyons je n’ai jamais dit ça même si contrairement à vous, je peux être effectivement enclin à fermer les yeux sur les dégâts à mère nature que peuvent occasionner des déplacements en avion par exemple, tant qu’ils permettent et d’un de donner du travail à une partie des autochtones et de deux de faire (dans le meilleur des cas), découvrir à l’arrivant qu’il n’est pas le nombril du monde et que d’autres que lui, ailleurs, aux us parfois très différentes peuvent exister, si si.

                        Bref au risque de vous choquer et l’un dans l’autre, je considère que le tourisme (hors celui sexuel évidemment) est très positif.

                        Maintenant que dans la masse il y ait de gros beaufs destructeurs arrogants et nuisibles, sûrement mais ils le sont de toutes les manières indifféremment dans le pays d’accueil comme en bas de chez eux alors...


                      • alinea Alinea 18 août 2012 10:53

                        Constant : en réalité, mon article dénonçait ( et de toutes façons c’est trop tard !!le mal est fait) la destruction des cultures minoritaires, je dirais, par le capitalisme ultra libéral qui a comme armes, non seulement la propagande et tout le reste, mais le tourisme ! Je ne dis pas que chacun doit rester chez soi et ne rien savoir des autres ! L’industrie du tourisme est entre les mains de multi nationales, ce n’est pas une énergie ou une curiosité spontanée ; C’est un pouvoir, avec des petits soldats en shorts !
                        Quant à l’article de Sepulveda, en trois phrases il en dénonce tous les aspects proprement écologiques... ;


                      • colza 18 août 2012 08:57

                        Bonjour, Constant danslayreur

                        Vous dites : « Maintenant que dans la masse il y ait de gros beaufs destructeurs arrogants et nuisibles, sûrement mais ils le sont de toutes les manières indifféremment dans le pays d’accueil comme en bas de chez eux alors... »
                        Je dirais même qu’ils sont bien plus nuisibles en bas de chez eux, parce qu’ils le sont tous les jours, avec constance et détermination. 

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