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Accueil du site > Tribune Libre > Stagiaires Non ! Sauteurs d’obstacles Oui !

Stagiaires Non ! Sauteurs d’obstacles Oui !

Ca commence en 4ème de collège la partie de saut d’obstacle. Un « stage » d’une semaine en entreprise au mois de décembre... Je cite Catherine Moisan : (...) Quand on parle d’orientation professionnelle, il importe de bien distinguer ce qui relève de l’orientation vers un métier, qui achemine vers un choix définitif contraignant, et ce qui relève d’un mode d’apprentissage particulier. On confond souvent les deux (...)[1]
 
Ca continu au lycée, je vais parler des lycées professionnels. Pour valider un Bac pro, l’élève doit trouver son stage... - (...) Faire un stage permet de se faire une idée par soi-même de ce que peut être le monde de l’entreprise, et d’apprendre à s’y intégrer. Il y a en effet un désir très prégnant de savoir comment se comporter sur le marché du travail, désir qui peut passer par la demande de stages ou par la création de cours spécialisés comme ci-dessous : - Une matière qui pourrait s’appeler " relations sociales et professionnelles " : réussir un entretien d’embauche, savoir être à l’écoute des autres, la présentation physique ; ce qui concerne le relationnel spécifique : intégration dans le milieu professionnel (...)[2]
 
Bac pro en poche, le lycéen devenu étudiant doit se coltiner avec les stages en Formation en Alternance. (...) Il ne suffit pas d’être bachelier et motivé pour s’inscrire dans une formation en alternance. Beaucoup de candidats voient leur dossier refusé, car ils ne trouvent pas d’employeur : le “mariage” ne se fait pas pour la moitié d’entre eux. On est loin des discours enthousiastes de nos gouvernants (...)[3]
 
Finalement vers 20 ans et quelques, notre sauteur d’obstacle pourra avec énormément de chance obtenir un contrat de travail, qui bien sûr épanouira sa vie et tout ça et tout ça...
Si je fais bien le compte, vers l’âge de 13 ans débute le jeu de quille pour se terminer vers 20 ans, avec un Bac + 2 - pas grand-chose. Mouais, je les trouve bien sympa nos djeunes de se plier à tant de frénésie, pour en fin de course se retrouver avec un job qu’ils garderont au mieux 20 ans payé au Smic-clopinettes, puis, âge « senior » aidant tomberont dans le cycle – licenciement – chômage – fins de droits – RMI, clodo... C’est lumineux tout ça, et vachement excitant comme gentillette vie non ? Quand je vous dis que nous malmenons nos loupiots !
 
Not Président-avis, ne disait-il pas en février 2007 : « que l’âge d’or de l’école de la république ait pris fin en mai 68 ; date à laquelle tout le système des valeurs de l’école (...) s’est effondré » et que lui s’il est élu entreprendra « une révolution de l’école », « la démocratisation de la culture »[4] Ouais, si c’est une « révolution » qu’il a entrepris depuis 2 ans ½, ça doit être en tapinois, en plus avec son niveau ras les Marguerittes Sarkozy se pose là comme « exemple ». Seulement le Darcos y a foutu ses grosses tatanes et maintenant le Lucky Chatel dans l’Educ NA... Quant aux 10zaines de milliers de postes sucrés depuis quelques années n’en parlons pas ; puisque après tout une école aujourd’hui se gère comme une entreprise, alors, je reviens à mes sauteurs d’obstacles en quête d’un stage.
 
Des exemples à foison...
- « J’ai envoyé une vingtaine de candidatures, et je n’ai que des réponses négatives ». (...) Annabelle, 19 ans, donne spontanément les limites d’une formation en alternance qu’elle désire ardemment : personne ne peut forcer un employeur à recruter une candidate, si motivée soit-elle. Des jeunes Réunionnais sont même obligés de passer des petites annonces pour trouver un patron ! Et c’est bien là le paradoxe des formations en alternance (apprentissage ou professionnalisation), désormais devenues la tarte à la crème des discours gouvernementaux (...)[5]
 
Ce n’est pas une tarte à la crème cher auteur de l’article, c’est un coup de pied au cul oui ! Passer une annonce pour obtenir un stage, non rémunéré... Ca me rappelle ce petit documentaire visible sur Dailymotion[6] intitulé « Les gentils stagiaires » - De l’insinuation massive du stage dans le marché du travail comme forme sophistiquée d’exploitation. Personne ne s’en plaint et surtout pas les médias, grands consommateurs de stagiaires... », Ouais, exploitation, rendant le futur employé bien souple du dos, bien courbettes, bien « j’tiens à ma place ». 
C’est le sentiment qui en ressort, l’école n’est plus un creuset pour former des « hommes et des femmes éduqués », mais un futur bureau de recrutement pour employés, cadres dociles. D’ailleurs ça sert à quoi de connaître la Renaissance Italienne ? Alors, que Renault sort sa nouvelle XXX, qui permettra de créer 500 postes en France et 5000 en Slovaquie, alors vite-vite, il en va de ma survie de décrocher un poste dans cette industrie florissante, subventionnée à mort mais qui paye à coups de Smic. Et dire que nos grands-parents se sont battus pour que nous, en arrivions là ; de la bonne viande à canon industrielle.
Un livre m’avait marqué, c’est en Anglais, le titre d’ailleurs est étrange : « The disadvantage of being educate  », écrit déjà dans les années 30 aux Etats-Unis : (l’inconvénient d’être éduqué) L’auteur développait la théorie selon laquelle former des citoyens cultivés devenait improductif lorsqu’une société n’était tournée seulement vers la production et par extension, la consommation. L’auteur avait bien cerné la problématique. Alors, à part une infime partie de nos lycéens qui suivront un cursus grandes écoles, qu’est ce qu’on en a à battre d’avoir des charcutiers disserter sur le bien fondé de la loi de l’évolution, ou un chaudronnier parlant de Béla Bartók.
 
- (...) De plus en plus, l’alternance concerne des diplômes post-bac, qui correspondent aux exigences des entreprises... (...) Voilà qui relativise les discours enthousiastes du gouvernement sur la formation en entreprise : jeunes, parents et entrepreneurs y sont favorables, mais les places y sont chères. On ne peut en vouloir aux employeurs : “Il faut que la relation se noue entre le jeune et l’entreprise, qu’on ait face à soi un jeune qui a les yeux qui brillent” analyse Isabelle Verrougstraete, responsable du service “apprentissage” à la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion (...)...
Un jeune qui a les yeux qui brillent, ben voyons ! Devrait même danser la biguine, et embrasser le cul de « l’employeur » Pas étonnant que le « déchet » est de X % élevé ; les + de 50 ans qui lirez cet article, auriez vous accepté de telles conditions à « votre époque dorée ? »
 
Rapprocher l’Ecole de la « vraie vie »
(...) Tout au moins des réalités socioprofessionnelles, c’est aussi une revendication non seulement des parents, mais aussi des élèves eux-mêmes (...)[7]
Allez pensons utile, à quoi peut servir l’anglais, si ce n’est pour décrypter des chansons à la con de Jackson, ou la fiche technique du MP3, ou encore à la rédaction d’un courrier commercial ; en plus profs et parents poussent dans cette direction, donc, c’est le cercle parfait : le monde de l’école noyauté par les entreprises, les universités emboitent le pas, quant aux futurs chercheurs... Ca sert à quoi un chercheur qui émet des théories nébuleuses, alors qu’il ferait mieux de penser utile, des nouveaux « produits » par exemple ? Ce phénomène est probant aux States, qui depuis 20 ans doivent dépecer les cervelles d’autres pays qui auraient bien besoin de leurs penseurs at home vu que les Universities ne forment plus que des Traders, Avocats d’affaires et autres gougnafiers....
Le Grand remède traditionnel que les élèves invoquent de toutes leurs fibres bachoteuses pour comprendre « la vie » est :
 - (...) L’expérience de la vie professionnelle par des stages, même quand on a pris une voie générale. Faire un stage permet de se faire une idée par soi-même de ce que peut être le monde de l’entreprise, et d’apprendre à s’y intégrer. Il y a en effet un désir très prégnant de savoir comment se comporter sur le marché du travail (...)[8]
L’entreprise permet de se faire une idée sur soi même... Le monde de l’entreprise... Apprendre à s’y intégrer... Désir prégnant... Marché du travail... Que c’est original, j’suis sûr qu’à 16 an on doit saliver grave juste en lisant l’énoncé, et de se faire une vraie opinion sur soi même - être un con, et pour la vie, comme papa maman - Pas étonnant que nos djeunes pètent un câble devant ce menu de vie pas spécialement ragoutant !
 
Donc, de la maternelle au passage du Master, là je parle pour les + costauds, et ben la route est tracée, pis on bosse, fait des mômes aussi mal traités que soi même, pis on crève. Voilà.
 
- Allons, bienheureux jeune homme ! Crois-m’en et aussi l’inscription du temple de Delphes : « connais-toi toi-même » ! Pauvre Platon… Il est vrai qu’à son époque y’avait pas IBM, BNP et autres malotrus, c’était « l’apprentissage », le vrai, celui qui fait éclore les « belles têtes », pis, soi on devenait citoyen de la cité, soit on guerroyait, soit on pensait…
Je pense moi, que tout ce Bazard est un laminage de cerveaux organisé par ceux qui n’ont jamais dû rechercher un stage… Dans des entreprises gérées par papa, tonton et autres ascendants bien placés.
 
- (...) Plus de 300 étudiants de 2e, 3e ou 4e année, membres de la junior entreprise de leur école sont venus au MEDEF rencontrer Laurence Parisot. Un entretien spontané, direct et légèrement décalé (...)[9] - Mais non ! Pas « décalé » que c’est,mais des jeunes gens déjà bien placés qui pour être certain d’être de bons nervis, et ben, font de la lèche à la patronne des patrons. Ces « stagiaires » là, pour eux ce n’est pas le parcours de saut d’obstacle, mais celui du parcours du saut de baise main – mes hommages Madame – brosse à reluire déjà – future « élite »...
Qui parlait d’égalité des chances ? Je sais, j’enfonce une porte ouverte, mais, comme le système est bien rodé, alors, il est bien de le souligner de temps à autre.
 
Il serait bien de se dire que : Le vrai épanouissement d’un individu passe d’abord par l’ouverture sur le monde... Pas le monde de l’entreprise, non ! Le Monde, celui qui tourne quoi !
 
 
Le Père Siffleur - GéZé/09/09/ - Les Ediles c’est comme les Idoles, ça va ca vient...
(Confucius et moi)
Merci Chimulus pour ton dessin -
 
 
 
 
 
 
 

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7 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 2 octobre 2009 11:52

    cet ete, j’ai achete un vieux bouquin de math de 1937
    niveau cm2 ........ de l’epoque pour preparer le certificat d’etude
    niveau actuel ...... presque le bac
    et avec des problemes lies a la vie courante
    on est tombe tres bas


    • Traroth Traroth 2 octobre 2009 16:17

      Niveau bac ? Ca parle d’équations différentielles, d’intégrales, de nombres complexes ? De statistiques ? De probabilités ?
      Moi, c’est le genre de choses que j’ai étudié en terminale. Et c’était au début des années 90, pas au XIXe siècle.


    • foufouille foufouille 2 octobre 2009 19:05

      @ tratoth
      ce genre de chose existait pas
      achete en un, tu vera qu’on t’as pas appris ca
      « niveau bac » dans le sens ou ce diplome suffit pour ta vie d’adulte car s’est applique a la vie reelle


    • Traroth Traroth 4 octobre 2009 11:30

      Bref, on est loin du niveau actuel du bac. CQFD.

      Le bac, contrairement au certificat d’études, n’a jamais eu pour but de préparer à la « vie adulte ».


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 2 octobre 2009 14:17

      Bonjour,

      Cet article m’a fait penser à « Profession Stagiaire » de Guillaume Evin et d’Emilie Maume. Ou comment un processus destiné au départ à permettre l’insertion progressive de futurs diplômés (n’oublions pas que les stages étaient l’apanage des écoles d’ingénieurs à leur origine) s’est massifié au point de créer un phénomène incontrôlable et dévalorisant (un comble !).

      Cordialement


      • Yohan Yohan 2 octobre 2009 17:26

        Sur certaines banques d’emploi, on trouve des offres qui ressemblent à des offres d’emploi à s’y méprendre et qui n’ont sont pas. Mêmes exigences pour le mouton à cinq pattes et cerise sur le gateau, ce n’est qu’une offre de stage. Bientôt il faudra payer pour travailler.


        • Neosysteme Neosysteme 3 octobre 2009 10:31

          Et oui, dans le cochon tout est bon...

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