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Accueil du site > Tribune Libre > Sports : mort du champion du monde de parapente
#10 des Tendances

Sports : mort du champion du monde de parapente

Le parapentiste Timo Leonetti, 22 ans, champion du monde de l’XContest 2022 et 2023, recordman de distance et de vitesse a été victime d'un accident jeudi 13 juin 2024 lors des championnats de France à Passy, Haute-Savoie (Alpes du Nord). Transporté dans un état critique à l’hôpital d’Annecy il n'a pas survécu à ses blessures. La Fédération française de vol libre a annoncé son décès samedi 15 juin et a suspendu, par mesure de précaution toutes les compétitions sportives de parapente (distance et delta) jusqu'au 7 juillet 2024.

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Voler est l'un des plus vieux rêves de l'homme. En 1738 Daniel Bernoulli ouvre la voie à la conception d'une aile volante avec sa théorie sur la dynamique des fluides. A la fin du XIX° siècle l'ingénieur allemand Otto Lilienthal effectue un millier de vols planés à partir d’une colline dans un appareil fait de baguettes de saule recouvertes d'un tissu « ciré » ; il décède en 1896 lors d'une chute de son engin. Au début des années soixante l'ingénieur Francis Rogallo travaille sur une voile triangulaire qui permettrait aux capsules du projet Mercury d'atterrir sur un terrain d'aviation.

Le 1 mars 1964 l'ingénieur Domina Jalbert dépose le brevet du Parafoil, une aile rectangulaire souple à double surface composée de cellules formant des caissons avec des nervures ou cloisons verticales reliant l’extrados à l’intrados. Le libriste ne saute pas dans le vide comme en base jumping, il court pour gonfler la voile et créer de la portance. Comparé à un parachute, le Parafoil offre une plus grande maniabilité, une meilleure finesse et un meilleur contrôle de la vitesse de descente. Le premier modèle à 5 caissons rebute par le choc ressenti lors du déploiement des suspentes et de la voile. L'ajout d'un glisseur de traînée (slider) en toile entre les suspentes remédie au problème en freinant l'ouverture. Le brevet est déposé en 1966. Dave Barish et Dan Poynter effectuent des démonstrations du slope soaring (vol de pente) sur un tremplin de saut à ski.

Le 4 juillet 1969 Bill Bennett suspendu à une aile Rogallo (aile volante) tractée par un canot à moteur s'en libère et survole la statue de la Liberté. L'année suivante les Parafoils comportent 5, 7 ou 9 caissons. La voile principale et de secours sont regroupées dans un seul sac harnais, en cas d'incident il faut dégrafer la voile principale avant d'activer celle de secours. En 1971 Steve Snyder commercialise la voile sous le nom de Paraplane. Ce type de voile est utilisée l'année suivante aux Championnats de France de Parachutisme. Au mois de septembre 1974 un Français remporte le premier championnat européen de Deltaplane. L'aile Delta est confrontée au Parafoil moins volumineux, plus léger et plus grisant. En 1975 l'équipe américaine de précision d'atterrissage utilise le Parafoil dans une compétition internationale. En 1978 un membre du para-club d’Annemasse (Haute-Savoie) décolle de la montagne du Perthuiset (commune de Mieussy) et se pose sur le terrain de football de Mieussy. La Fédération Française de Parachutisme va contribuer au développement de l'activité et en poser une première réglementation. Lui succède la Fédération française de vol libre qui comprend le vol libre delta et le parapente.

Jalbert reçoit la médaille d'or du parachutisme de la Fédération Aéronautique Internationale en 1984. Laurent de Kalbermatten, champion de Suisse de Deltaplane 1974, présente une voile à 7 caissons avec un coefficient de finesse de 2,8 (distance horizontale parcourue sur la perte d'altitude) en 1985. L'année suivante, « la Randonneuse », une voile à 9 caissons confectionnée dans un tissu non poreux et avec des suspentes statiques permet de gagner un point de finesse supplémentaire. Le parapentisme (terme apparu en 1988) ne va cesser d’évoluer tant au niveau du matériel qu’au niveau de la pratique. Le parapente permet aux parachutistes de s'entrainer sans avoir à utiliser l’avion en s'élançant du haut d'une montagne, d'enchaîner plusieurs vols à partir de points hauts, et aux alpinistes de redescendre rapidement sans d'efforts. En 1988 Jean-Marc Boivin s'élance en parapente de l'Everest. La portance diminue avec l'altitude et la température, à 4000 m et 15°C par exemple, la perte est de 22 % (√1,225/0,819 bar d'ou Po x 1,22). Les premiers Championnats du monde de parapente se déroulent à Kössen (Autriche) en 1989.

Les voiles homologuées sont classées : A, B, C, D, CC ; « A » conseillée aux débutants, B et C aux parapentistes confirmés, D aux compétiteurs, et CC aux pilotes expérimentés (les mini-voiles sont réservées aux speed flying et speed riding). Plus la cotation est élevée, plus la voile est réactive et performante mais perd en sécurité, et plus son allongement est grand. Celui-ci correspond au carré de l'envergure divisée par la surface. Une voile de 15 m et de 25 m2 à un allongement de 5,62 (152 / 25) ce qui correspond à une voile B+ dont la maîtrise requiert environ 70 vols (une voile C a un allongement de 5,8 à 6,7). Pour voler seul un stage de 10 jours suffit (environ 1400 €). La FFVL délivre le brevet initial environ 30 vols - pilote 200 vols - pilote confirmé (tandem, monitorat). N'importe qui peut en France s'élancer dans les airs sans brevet... A déconseiller !

Le choix d'une voile doit se porter sur un modèle adapté à la discipline, au niveau de pilotage du libriste et à son poids. Le Poids Total Volant permet de connaître la taille de voile à sélectionner. Le PTV correspond au poids du matériel (aile, parachute de secours, équipement) et à celui du parapentiste. Si une voile « chargée » est plus rapide et plus réactive, elle a un taux de chute minimum supérieur. Le parapentiste peut « tomber comme une pierre ». Un parapente n’est pas freiné par l'air comme un parachute. L'extrados de la voile étant plus long que l'intrados, l'air y passe plus vite et crée une dépression sur l'extrados permettant la sustentation. L’intrados contribue à 1/3 de la portance, l'extrados à 2/3. La portance augmente avec la vitesse, la surface et la courbure de la voile. « La portance est proportionnelle au produit du carré de la vitesse relative de l'air et de la surface de l'aile " (équation de Bernoulli). La portance est influencée par l'incidence (angle de la voile qui rencontre le flux d'air). Lorsque cet angle dépasse une certaine valeur, l'écoulement de l'air sur l'extrados devient turbulent, la portance diminue, la voile décroche.

Préparation d'un saut : étendre la voile et les suspentes sur un sol dégagé de préférence légèrement pentu (accord du propriétaire) - démêler le parapente - installer la sellette - s'assurer du bon état des différentes parties (périodicité des contrôles) - consulter le bulletin météo et les Notam - procéder aux dernières vérifications pré-vol. Le décollage se fait face au vent après s'être assuré de sa vitesse et que l'espace au sol et dans les airs est libre. Le libriste emporte un « variomètre » (altimètre- accéléromètre), un walky-talky (fréquence de sécurité 143,7875 Mhz) et un GPS (obligatoire en compétition) qui leur donne la vitesse/sol, localise les balises, enregistre la « trace » et qui peut être programmé pour un plan de vol, d'assurer le tracking par un tiers au sol, et de visualiser ses vols en 3D. Quelques logiciels (gratuits) permettent de s'initier au parapente assis derrière son PC.

Au décollage l'air canalisé à travers les cellules augmente la portance jusqu'à atteindre la vitesse de vol. La vitesse à laquelle la voile se déplace par rapport au sol correspond à la « vitesse air " majorée ou minorée de la vitesse du vent. Le vent résulte d'une différence de pression atmosphérique entre deux points, et de la rotation de la terre. La trajectoire d'une voile résulte de son déplacement dans l’air et des vents (horizontaux ou verticaux). La brise est un phénomène local origine thermique, l'air chaud s'élève par convection et crée un appel d'air de la couche inférieure. En s'élevant, l'air se refroidit et sa densité augmente (densité de l'air : 0°C 1.293 kg/m3, 15°C 1,225, 20°C 1,204, 30°C 1,164). Le soleil n'est pas un astre fixe, les faces Est sont les premières ensoleillées, puis celles Sud à midi, et Ouest l'après-midi. Selon la saison, l'heure de la journée et le profil du relief, la partie haute d'un massif peut être ensoleillée (air ascendant) et sa partie basse être plongée dans l'ombre (descendant ou brise catabatique). Lorsque l'air se retrouve canalisé entre deux parois ou vallées, le déplacement des molécules d'air s'en retrouve accéléré ce qui peut poser un problème surtout avec une voile « lente ».

Quelques détails supplémentaires sur le fonctionnement d'une voile me semblent indispensables à qui veut en comprendre le fonctionnement. Un parapente peut tourner autour de trois axes : lacet (axe vertical) ou rotation - roulis (axe longitudinal), l’aile s'incline à gauche ou à droite - tangage (axe latéral), l’aile plonge vers l’avant ou se cabre vers l’arrière. Le libriste se doit d'anticiper les mouvements de la masse d'air (dérive, manche à air, fumée s'élevant du sol). Une voile n'a pas de gouverne, pour changer de direction le parapentiste doit en incliner l'extrémité, et contrôler la vitesse air en modifiant l’incidence de sa voile avec les commandes de freins. La vitesse minimum d'une aile est d'une vingtaine de km/h, la vitesse maxi d'une cinquantaine de km/h (un Deltaplane peut atteindre les 100 km/h). Une aile qui avance de 10 mètres par seconde (Vh) en perdant un mètre en une seconde (Vv) à un coefficient de 10 /1 = 10 (f = Vh / Vv ou Dh / Dv). La finesse air dépend de la vitesse air (angle d’incidence), la finesse sol est égale à l'addition ou soustraction de la vitesse de la masse d’air à celle du parapente. Si le vent décroit généralement à l'approche du sol, se méfier d'un phénomène de cisaillement (couches de directions différentes). Le lecteur désireux de poursuivre sa lecture peut consulter l'article du 01/11/2019 www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-debuts-du-parachutisme-218961

Le parapentiste peut pratiquer le vol sur site, il s'élance et se maintient dans les airs en profitant des ascendances thermiques alentours sans chercher à s'y maintenir le plus longtemps et en conservant toujours son point de départ et d’atterrissage visible. Le cross ou vol de distance consiste à rester dans les airs le plus longtemps possible en parcourant la plus grande distance (le record dépasse les six-cents kilomètres). Le soaring (planer) utilise la brise qui remonte le long d’un relief pour le survoler (la dune du Pyla est réputée pour cette pratique). Le vol acrobatique, le plus exigeant, consiste à enchaîner des figures impressionnantes : looping, wing-over, vrille, split, roll- over, infinity, etc., toutes amorçées à partir du décrochage de l'aile pour une prise de vitesse importante. Le parapentiste peut encaisser 5G et la faute ne pardonne pas. Selon les premières informations, Timo Leonetti aurait été victime de la fermeture de sa voile suite à une turbulence soudaine. Phénomène aérologique ou turbulence d'un concurent ?

La voltige resta interdite jusqu'en 1996, et les premières voiles n'étaient pas homologuées pour. En 1994 le parapentiste français Sébastien Bourquin dit qu'il est capable de voler en marche arrière sans risquer de tomber dans sa voile (décrochage) ! Hiver 1999 la FFVL organise la première rencontre de glisse extrême : free ride, freestyle, vitesse et parapente acrobatique à Vars (Hautes Alpes). Les années 2000 voient l'arrivée de nouvelles voiles permettant des figures audacieuses et d'inciter à une prise de risques...

Pour l'année 2023 la FFVL a enregistré : 161 accidents sans conséquences pour le pilote (licencié) - 74 accidents biplace, passager seulement blessé - 23 accidents multi-victimes pilote passager - 282 accidents avec moins de 48 h d'hospitalisation. Blessures de niveau 1 (légèrement blessé) 282 - plus de 48 h d’hospitalisation et/ou séquelles invalidantes 182. Accidents graves de niveau 2 (blessé lourd) 182 - décès 17. Le nombre de décès chez les non-licenciés est estimé au même chiffre de 17. Une enquête interne a été confiée la direction technique nationale de la FFVL : « pour analyser nos règles et procédures et, si nécessaire, les ajuster afin de sécuriser nos pilotes et tous ceux qui s'engagent dans ces événements pour leur réalisation ». Une correction, une précision, une remarque ?

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6 réactions à cet article    


  • Seth 2 juillet 15:17

    Et que s’est il passé exactement lors de son saut pour qu’il défuncte ?


    • Zolko Zolko 3 juillet 21:09

      @Seth : il a eu un accident, les secours ont mis des heures pour arriver, et il est décédé dans l’ambulance. On ne sait pas quel accident exactement, ni pourquoi


    • Croa Croa 2 juillet 18:34

      Le terme franglais « soaring » se traduit par vol à voile et non pas par planer.


      • Croa Croa 2 juillet 18:36

        Le titre de l’article n’a rien à voir avec ce qui y est développé.


        • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 3 juillet 23:37

          Bizarre cet article qui n’a effectivement aucun rapport avec le titre. Pourquoi avoir accumulé une quantité d’informations techniques qui sont approximatives ou fausses ? Tout manuel de vol libre donne des définitions rigoureuses pour : finesse d’une voile, taux de chute... N’importe quel numéro de Parapente Magazine vous donnera des essais de voiles récentes qui donnent une idée précise des performances actuelles des parapentes.

          De nombreuses affirmations sont fausses. Exemple : « Le vol acrobatique, le plus exigeant, consiste à enchaîner des figures impressionnantes : looping, wing-over, vrille, split, roll- over, infinity, etc., toutes amorçées à partir du décrochage de l’aile ».

          La plupart des figures acrobatiques se font sans aucun décrochage. Mais il faudrait préciser qu’une voile qui décroche ne vole plus : elle tombe. Il arrive de ne décrocher qu’une demi-aile ce qui provoque une vrille puisqu’il n’y a qu’une seule demi-aile qui vole.

          J’avoue humblement que je n’ai rien compris à certains passages comme celui-ci :  "Une aile qui avance de 10 mètres par seconde (Vh) en perdant un mètre en une seconde (Vv) à un coefficient de 10 /1 = 10 (f = Vh / Vv ou Dh / Dv). La finesse air dépend de la vitesse air (angle d’incidence), la finesse sol est égale à l’addition ou soustraction de la vitesse de la masse d’air à celle du parapente. "

          La finesse d’un planeur, deltaplane ou parapente ne tient compte ni de la vitesse ni du temps. Il s’agit du rapport entre la perte d’altitude et la distance parcourue. La finesse donnée d’un engin suppose un vent nul. Les planeurs ont plus de finesse que les deltas et ces derniers ont plus de finesse que les parapentes.

          La vitesse-air est la vitesse de l’engin dans l’air. Elle est la même que la vitesse sol quand il n’y a aucun vent.


          • Géronimo howakhan Géronimo howakhan 4 juillet 05:33

            Salutations,

            je cite : Voler est l’un des plus vieux rêves de l’homme

            non, de certains seulement, une minorité ? je pense que oui mais ? d’ailleurs l’homme ne vole pas, la machine oui..

            en ces temps d’écroulement de l’occident et du réveil des colonisés est ce important ?

            mes respects.

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