• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Sida et mondialisation

Sida et mondialisation

En ouvrant ces nouvelles et premières années du XXIe siècle, nous voulons sonner l’alerte et engager un combat contre un ennemi peut-être plus subtil et plus perfide, en tout cas aussi meurtrier que le SIDA : la mondialisation. Expliquons un peu cette affirmation abrupte qui va nous réveiller brutalement des fêtes d’anniversaire de l’Europe.

Ces six premières années du XXIe siècle sonnent la continuité d’une nouvelle ère. Il est temps de sonner l’alerte et d’engager un combat contre un ennemi peut-être plus subtil et plus perfide, en tous cas, aussi meurtrier que le SIDA : la mondialisation.

SYSTEMES DE DEFENSE

Nous observons et nous savons que tout organisme vivant ne peut subsister et se développer que s’il est protégé contre les agressions de l’environnement par un système de défense. La cellule la plus élémentaire entoure son noyau d’une membrane. Tous les végétaux comme tous les animaux se défendent également par une écorce, une peau, une fourrure, une toison, des écailles, des plumes... Ce système de défense va même plus loin, puisque certaines plantes disposent de dispositifs de protection supplémentaires : des épines, des propriétés urticantes qui agressent celui qui les effleure ; chez les animaux, ce sont les griffes, les crocs, les cornes, les sabots, les dents ou dards venimeux...

L’homme dont la biologie s’enracine dans la branche des vertébrés et dans la grande classe des mammifères n’échappe pas à cette loi générale des êtres vivants. Toutefois, il arrive au monde plus démuni que les autres animaux : quelques heures après leur mise bas, le chevreau ou le veau se dressent sur leurs pattes, commencent à téter et même à gambader. Au contraire, le petit d’homme met près d’un an avant de commencer à se redresser et à marcher. De plus, il est vulnérable au froid et sa mère doit l’emmailloter. Mais ces vêtements dont l’homme s’habille ne font que compléter et prolonger la toute première protection que lui a donnée la nature : la peau. C’est la peau qui le protège contre les traumatismes et la pénétration des germes nocifs et des poisons ; c’est elle aussi qui l’abrite contre les effets destructeurs de la lumière solaire. La preuve, c’est que, même une brûlure assez légère (1er degré), mais très étendue, peut être mortelle.

Chez l’homme, qui est aussi doué de raison et capable de penser et de réfléchir, le système de défense ne s’arrête pas à la biologie. Chacun de nous, en fonction de son histoire, de sa culture et de sa personnalité, se protège par des défenses psychologiques. Le timide se retranchera derrière un sourire silencieux ; un bavardage bruyant ou un costume provocant cacheront la fragilité de celui qui joue les durs. Inversement, celui qui n’est pas capable de se défendre devient le bouc émissaire, le souffre-douleur du groupe. Beaucoup de maladies mentales et autres formes de dépression proviennent de cette incapacité de certaines personnes à se protéger contre les agressions des autres ou de l’environnement. Cela peut aboutir à la folie totale de ces gens qu’on croise dans certaines villes, s’exprimant à haute voix ou faisant les cent pas tout en gesticulant, parfois se retrouvent également tout nus aujourd’hui dans les rues : leur personnalité qui a perdu tout système de défense a été détruite.

A un autre niveau, on pourrait encore montrer comment les groupes humains ont aussi développé leurs systèmes de défense ; que ce soit la cellule sociale de base, la famille plus ou moins étendue ou, à l’autre extrême, la nation moderne ; entre les deux, tous les types de groupes sociaux mettent en place des dispositifs de défense appropriés. Chaque société a ses habitudes, ses coutumes, ses principes, ses lois écrites ou non, qui organisent et codifient la vie en société pour éviter ou limiter les conflits et qui viennent protéger les individus comme les associations ou les institutions. Toute une panoplie répressive vient compléter ce système de défense. A mesure que les hommes ont étendu et marqué leur territoire pour devenir des peuples et des nations, ils ont mis en place un dispositif de défense : forces de l’ordre à l’intérieur ; forces armées pour défendre les frontières.

SYSTEMES D’ECHANGES

Toutefois ces systèmes de défense ne sont pas clos sur eux-mêmes ; ils ne sont pas une muraille infranchissable ni une carapace étanche. Bien plus, ils constituent en même temps des dispositifs d’échanges.

Revenons à la peau : elle ne protège pas seulement nos tissus des agressions extérieures ; elle est aussi le lieu d’échanges importants : par la transpiration, elle élimine des déchets de l’organisme, mais surtout elle joue un rôle régulateur de la température du corps. Nous respirons aussi par la peau. Essayez de vous enfermer complètement dans un sac plastique qui empêche tout échange de votre organisme avec l’extérieur - même si vous dégagez le nez et la bouche pour respirer - vous ne pourrez pas y rester très longtemps sans trouble sérieux.

De la même manière, on pourrait voir comment chacun des systèmes qui constituent notre organisme sont à la fois autonomes et en communication avec les autres : la nourriture transformée par le tube digestif peut passer dans le système sanguin au niveau des vellosités de l’intestin. Après avoir nourri les tissus, le sang vient s’oxygéner dans le système respiratoire à travers les alvéoles pulmonaires. Ainsi de suite : par tout un jeu de zones de transit et d’échanges, de procédures, l’organisme vivant juxtapose des systèmes à la fois indépendants et communiquants.

Il faudrait aussi évoquer ici un des fondements des sociétés humaines : les alliances entre groupes basées sur les échanges matrimoniaux et la circulation des femmes. Ainsi fonctionne l’homme, être biologique et social, grâce à des systèmes de défense qui sont en même temps des dispositifs d’échanges.

LA MONDIALISATION

Mais qu’il y a-t-il de commun entre le sida et la mondialisation ? D’abord, qu’est-ce que la mondialisation ? On peut comprendre ce mot dans deux sens : la convergence de l’humanité et le libre-échange et le marché.

LE SIDA

La mondialisation prise au 2e sens apparaît comme une forme de sida pour l’ensemble de l’humanité aujourd’hui. En effet, qu’est-ce que le syndrome de l’immuno-déficience acquise (sida) ? Tout simplement, l’affaiblissement ou la perte du système immunitaire qui est le système général de défense de l’organisme humain. Dans un autre article ces deux thèmes seront exposés plus explicitement.

La mondialisation est le processus qui pousse les hommes, depuis qu’ils existent, à entrer en relation les uns avec les autres, rapproche les hommes et leur permet de mieux se connaître. Le syndrome de l’immuno-déficience acquise (sida) affaiblit le système immunitaire, en fait tout le système général de défense de l’organisme humain.

LA MONDIALISATION

1. La convergence de l’humanité

Dans un premier sens, la mondialisation est le processus qui pousse les hommes, depuis qu’ils existent, à entrer en relation les uns avec les autres, que ce soit sous la forme d’échanges pacifiques, commerciaux, de connaissances et d’alliance ou à travers des guerres et des conquêtes, que ce soit par curiosité, par cupidité ou par sympathie. Il faudrait faire ici l’histoire des transports avec le développement des routes qui ont permis la circulation de plus en plus rapide, d’abord terrestre, puis maritime et, récemment, aérienne ; des moyens de transport qui ont évolué de pair, depuis les premiers chars jusqu’aux avions supersoniques et aux navettes spatiales, en passant par la diligence, l’automobile et les chemins de fer. Il faudrait faire aussi l’histoire des conquêtes et des guerres, des emprunts et des colonisations. Il faudrait enfin étudier les progrès vertigineux des techniques de communication depuis le porteur de message à pied puis à cheval, le tam-tam et le téléphone jusqu’aux e-mails via internet, en passant par toutes les formes de courrier, la télévision et le cinéma...

Cette mondialisation, marquée par les échanges et les progrès scientifiques et techniques, rapproche les hommes et leur permet de mieux se connaître. C’est un mouvement très fort et potentiellement très positif vers l’unification de l’humanité.

2. Le libre-échange et le marché

Dans un deuxième sens, la mondialisation n’est plus seulement un ensemble de faits qui ont marqué l’histoire humaine ; c’est une idée, idée selon laquelle les marchés sont, à la longue, l’instrument de la meilleure répartition des ressources pour un développement harmonieux du monde. C’est le credo libéral américain qui, depuis l’effondrement de l’URSS, règne sans concurrence ni contrepoids idéologique et s’impose sans résistance à toute la planète, propagé par les organes du système financier international, le FMI et la Banque mondiale, et les grands organismes comme l’Organisation mondiale du commerce, organes surpranationaux qui ont supplanté le pouvoir des Etats. En effet, le moteur principal de la mondialisation est l’optimisation à l’échelle planétaire du capital financier, devenue la valeur suprême.

L’attitude libérale consiste à laisser la société fonctionner naturellement. Comme ces sectes qui considèrent que le corps humain est naturellement sain et récusent toute médecine, le libéralisme sait que, livré à lui-même, le corps social déborde de vitalité. L’Etat le détraque par ses lois et réglementations, tout comme le médecin perturbe dangereusement l’équilibre biologique à coups d’intervention chimiques ou chirurgicales. Le militant du libéralisme sert passionnément sa foi en l’ordre naturel des choses qui se manifeste dans la supériorité de la spontanéité du marché.

Qu’on l’appelle libéralisation, déréglementation, dérégulation, globalisation, privatisation ou diminution du domaine de l’Etat, cette mondialisation passe par l’abolition des subventions, la suppression des barrières douanières, l’entrée obligatoire de tous les pays dans le marché avec ses lois fondamentales, la concurrence et la compétitivité. Le principe est simple : en supprimant les subventions qui faussent les prix, en annulant les protections douanières, en abolissant les accords privilégiés liant certains pays, par exemple entre la CE et les pays des ACP, autrement dit, en laissant jouer librement les forces du marché, le meilleur équilibre s’établira pour le plus grand profit de tous et de chacun.

Pourtant, si on y regarde de plus près, on s’aperçoit que ces grands principes généraux ne s’appliquent pas également à tout le monde : ils s’imposent aux pays en développement en général et aux pays en difficulté en particulier. Par contre, les plus puissants, les Etats-Unis en tête, n’hésitent pas à brandir la menace du rétablissement de barrières douanières et autres réglementations quand ils jugent que leurs intérêts sont menacés.

La déflagration financière qui a ébranlé l’ensemble de la planète à partir de l’Asie du Sud-Est dans les années 1990 et qui n’a sans doute pas encore fini de développer ses ondes de choc illustre parfaitement la mondialisation et ses méfaits.

D’abord, il faut s’étonner de l’aveuglement des spécialistes : les prophètes de la finance, grands prêtres du FMI et de la Banque mondiale, ont eux-mêmes été surpris par la soudaineté et l’importance de la faillite monétaire de l’Asie du Sud-Est et du Japon : à quatre mois d’intervalle, ils ont revu de 50% à la baisse leurs propres prévisions de la croissance mondiale. Ces sages experts ont tout d’un coup donné l’impression de gens qui avaient perdu la tête, faisant des recommandations contradictoires à l’Indonésie et à l’URSS.

Elle fait « la preuve qu’un marché financier mondialisé, sans bornes ni gendarmes, peut en un délai très bref précipiter dans le chaos la vie économique de la moitié de l’humanité, et, par ricochet, la planète entière. La mondialisation est en train de mettre les peuples du monde en état d’insécurité généralisée ; elle contourne et rabaisse les nations et leurs Etats en tant que lieux pertinents de l’exercice de la démocratie et garants du bien commun ». Les énormes transferts de fonds spéculatifs qui dépassent les ressources des Etats eux-mêmes et des banques centrales déséquilibrent les économies nationales et ruinent les entreprises avec toutes les conséquences sociales que cela entraîne, à commencer par le chômage.

LE SIDA

Ce qui vient d’être exposé montre clairement que la mondialisation prise au 2e sens apparaît comme une forme de sida pour l’ensemble de l’humanité aujourd’hui. En effet, qu’est-ce que le syndrome de l’immuno-déficience acquise (sida) ? Tout simplement, l’affaiblissement ou la perte du système immunitaire qui est le système général de défense de l’organisme humain. Ainsi, exposé à toutes les agressions extérieures et intérieures sans pouvoir se défendre, il est miné par la moindre maladie : une mauvaise toux, une diarrhée, une éruption de furoncles, une infection quelconque, une poussée de tuberculose... deviennent mortelles. Et jusqu’à maintenant, faute de remèdes pour restaurer le système de défense ou de vaccin pour prévenir sa perte, il n’y a pas d’autre issue que la mort.

En prônant l’abolition généralisée des systèmes de défense des collectivités nationales ou des entreprises, le libéralisme occidental est en train de transmettre à l’ensemble du monde une forme de SIDA extrêmement discrète mais non moins dangereuse et qui peut être fatale à l’équilibre précaire qui règne entre les nations. Tous les groupes humains sont livrés, sans défense, aux lois du marché, c’est-à-dire du plus fort : c’est, à moyen terme, l’extermination généralisée programmée. Extermination qui peut être physique suite à la désorganisation des sociétés qui peuvent disparaître dans toutes formes de convulsions ; mais aussi promotion de l’homme unidimensionel, disparition des différences et des diversités qui font la richesse et la variété de la race humaine et de ses cultures. Jusqu’à ce que les plus forts eux-mêmes sombrent à leur tour, victimes de leur délire et de leur folie. Car, réellement, le monde actuel a perdu la tête, grisé par la recherche effréné de l’argent.

CONCLUSION

On l’a vu au début de cette réflexion, tout organisme vivant doit être protégé par un système de défense qui est aussi son système d’échange avec l’extérieur. C’est aussi vrai socialement que biologiquement. Vouloir le supprimer, c’est condamner la planète à un sida économico-financier universel qui détruira peu à peu toutes les structures et composantes de l’humanité, à commencer par les plus faibles ; comme toujours, les plus forts se trouvant au-dessus des lois qu’eux-mêmes imposent aux autres.

Il ne s’agit pas, pour chaque nation, de refuser le premier aspect de la mondialisation en s’enfermant sur elle-même et en tournant le dos à l’histoire. Il ne s’agit pas non plus de rejeter en bloc toute idée de libéralisation des relations internationales, qu’elles soient commerciales ou financières. Par contre, il faut organiser vigoureusement la défense contre l’idéologie qui se cache derrière le concept de mondialisation et qui préconise l’abolition de toutes les protections. Cela suppose une information et une réflexion sur ce qui se passe actuellement dans le monde pour qu’une opinion se forme et organise des formes de résistance et de pression sur les gouvernements pour qu’ils ne capitulent pas devant la loi du plus fort. C’est un combat difficile et de tous les instants qu’il s’agit d’entreprendre qui suppose une grande unité et une forte solidarité entre les pays les plus menacés. Mais il y va de l’avenir de l’humanité : autant le sida menace la race humaine par la contagion individuelle, autant la mondialisation peut anéantir les sociétés humaines elles-mêmes si elles ne se défendent pas. « Les pères fondateurs de la république américaine avaient raison de répéter que l’inertie d’un peuple constitue la plus grande menace contre la liberté ».

Les années à venir ne pourront être bonnes que si nous sommes lucides et vigilants sur ces menaces déjà réelles afin de ne pas les subir ni d’en faire les frais. Nous adressons et formulons ce souhait à tous les lecteurs (lectrices) d’Agoravox et à tous les surfeurs d’internet.

Jean-Louis MAROLLEAU & Antoine LABEL NGONGO


Moyenne des avis sur cet article :  3.93/5   (15 votes)




Réagissez à l'article

2 réactions à cet article    


  • chmoll chmoll 29 mars 2007 06:43

    j’comprend moi moi, y a d’plus en plus de personnes atteintes du sida

    pourtant faut quelques s’condes pour mettre une capote (avec un chausse pied c’est plus long)

    alors conscient ou inconscient ?


    • neru 20 juillet 2007 14:10

      J’ai rarement lu un article d’une qualité aussi médiocre, avec autant de raccourcis et des analyses plutôt douteuses.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès