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Accueil du site > Tribune Libre > Réponse d’un profane à Thomas Piketty : La 3ᵉ voie

Réponse d’un profane à Thomas Piketty : La 3ᵉ voie

Les inégalités sociales n’ont pas d’autre histoire que celle de la relation économie-démographie. Et si nous ignorons cela, nous ne pourrons jamais :

— ni les maîtriser

— ni éradiquer la pauvreté profonde

— ni nous réconcilier avec notre environnement.

Richesse et pauvreté en tout, existent l’une par l’autre et sont relatives, comme elles l'ont toujours été. Par ailleurs, où que ce soit et sous tous les régimes politiques, un pauvre ne peut enfanter que des pauvres, comme un riche ne peut donner naissance qu’à des riches ; quels que soient les aléas heureux ou malheureux de l’existence de chacun par la suite.

Les hasards de sa naissance insèrent chacun dans la pyramide sociale selon ses antécédents génétiques, sociaux et culturels, situation que la lutte des classes n’a jamais ni nulle part changé d’un iota, avec ou sans suppression de l’héritage. Une telle mesure ne conduirait d'ailleurs qu’à accroître la richesse collective autrement que par les voies habituelles que sont la confiscation pure et simple ou l’impôt, sans modifier le caractère incontournablement pyramidal de la richesse comme de la société, lequel refuse toute forme d’égalité.

N'est-il pas par contre remarquable que nul expert en sciences humaines ait jamais dénoncé le fait que si l’enrichissement individuel comme collectif n’ont aucune limites autres que celles de l’ambition de ceux qui le convoitent et les ressources dont ils sont tirés, LA PAUVRETÉ A LA SIENNE, QUI EST LE NIVEAU ZÉRO DE LA RICHESSE ?

C’est cette irrémédiable condition qu’il faut vaincre ; non par des combats primitifs qui en l’ignorant ne font que l’aggraver depuis toujours, mais en “isolant” la pauvreté profonde de ce niveau zéro de la richesse. L’instauration d’un revenu universel minimum et inconditionnel, annulant l’effet d’inégalités sociales qui ne peuvent et n’ont fait qu’augmenter depuis la nuit des temps en suivant systématiquement l’évolution constante du binôme démographie-économie (avec toutes conséquences sur la croissance et partant sur l’environnement) pourrait par contre être LA solution ; la lutte des classes ne faisant que ramener l’être humain au statut de l’insecte qui se heurte obstinément à la vitre dont il est prisonnier sans la voir, pour finir par ne plus concevoir que le renversement illusoire de la pyramide sociale pour mettre fin à des inégalités sociales fondamentalement attachées à la condition humaine..

Faute d'arguments crédibles ; leurs espérances dans la lutte des classes déçues, l'atteinte de cet idéal d’égalité qui reposerait sur la disparition des riches leur apparaît comme l'ultime issue. Fantasme des partisans d’un égalitarisme exigeant la mort des nantis, la base de la pyramide sociale écraserait ainsi la société sous son poids, jusqu’à obtenir un nivellement généralisé, évacuant les riches dans le triomphe des pauvres. Que les uns n’existent que par les autres et que ce triomphe, allant à contre- courant du progrès, risque être celui de la pauvreté davantage que des pauvres, conduisant à la misère pour tous avant de sombrer dans l’inexistence sociale et la barbarie d’une fin de civilisation qui ne s’annonce pas sous les meilleurs augures, n’est qu’un détail qu’il suffirait de régler le moment venu. Quoi qu’il en soit, la pyramide inversée a ceci de remarquable qu’elle n’est plus une pyramide et tient davantage de l’entonnoir que de ce polyèdre universellement reconnu comme représentatif de toute organisation hiérarchisée et faite d’interdépendance entre ses habitants.

L’inversion de la pyramide sociale n'est rien d'autre que sa déformation, par l’illusion d’une idéologie sommaire prétendant hisser à un sommet qui n’en est plus un, la masse des individus en constituant la base ; négation extrême de ces individus en tant que tels, au profit d’un pouvoir d'abord fondé sur le nombre. C’est aussi oublier un peu facilement que si tous nous profitons – aussi inégalement que ce soit – de millénaires de progrès, ce dernier résulte des impulsions d’une élite, pour le meilleur et pour le pire, ce qui en fait précisément l’élite. Qu’une partie de cette élite puisse usurper sa position de leader ou en abuser ; qu’il arrive à certains de ses représentants d’opérer dans l’imposture et l’incompétence, est un tout autre constat que ne dément pas une élite intellectuelle soumise à la dictature de ses sentiments, telle que la lui inspire un marxisme dépassé.

La pyramide sociale inversée ne fait qu’exprimer une volonté de soumission de la raison à la force, de l’intelligence à l’instinct, de la civilisation à la barbarie, sachant au demeurant que les révolutionnaires les plus radicaux et les pires anarchistes, sont eux-mêmes structurés pyramidalement, avec leurs chefs, voire leurs riches (instigateurs, fomentateurs et meneurs en constituant l’élite) – le premier d’entre eux siégeant au sommet –, puis leurs cadres et leurs exécutants aux niveaux intermédiaires, même quand il arrive que les uns et les autres participent également à l’action.

Le renversement de la pyramide est un geste dicté par l’angoisse existentielle et la conception morbide d’un désespoir social tournant le dos à la réalité plutôt que de l’affronter. Hors du temps et de la raison, il préfigure cette désincarnation à laquelle nous aboutissons tous ; ce néant où la politique pas davantage que l’économie, la sociologie ou la démographie, l’ordre que l’anarchie ou que la pire des idéologies, n’ont plus leur place.

Que les chemins du progrès et de son partage soient, ici et maintenant, semés d’embûches et que les pouvoirs, notamment religieux, politique, intellectuel, médiatiques… en soient comptables, rien ne paraît plus vrai ni plus légitime, mais n’est-il pas d’attitude plus sensée que celle qui consiste à vouloir mettre fin, à n’importe quel prix, à une évolution conduisant, en dépit de ses lenteurs et de ses ratées, au mieux être souhaité par le plus grand nombre ?

La pyramide sociale ayant au moins le mérite d’être une représentation réaliste et suffisamment compréhensible, y compris par ceux qui la contestent, l’impossibilité absolue de la détruire peut les conduire à envisager son utopique retournement. Mais à quoi d’autre celui-ci pourrait-il conduire, qu’à en édifier une autre ? Les exemples de l’aboutissement d’une telle utopie sont aussi nombreux que les tentatives avortées d’instauration du pouvoir absolu de la base (dictature du prolétariat) : depuis les innombrables jacqueries qu’a connu de tous temps le monde jusqu'à la révolution bolchevique et à l’effondrement du bloc soviétique ; du fiasco de Cuba à l’évolution du communisme en Chine, en passant par bien d’autres pays, sans oublier le point d’orgue en la matière que fut le Cambodge de Pol-Pot et de ses Khmers rouges.

Il faut se souvenir que 12 ans après cette tentative de renversement de la pyramide sociale que fut sa Révolution qu’elle voulait universelle, la France avait un empereur, puis a connu d’autres monarchies et de nouvelles républiques, dont l’actuelle, qui ne satisfait pas davantage le citoyen que les précédentes ; en attendant la suivante. Démonstration s’il en est que la révolte n’apporte de changement que là où se joue une partie de chaises musicales, un pouvoir remplaçant l’autre. Mouvante mais impérissable, la structure de la société demeure la même et la masse qu’elle organise et qui croît sans cesse en nombre et en richesse, ne fait que changer de maîtres ou s’en donne l’illusion, avec l’aide de sciences et de techniques seules réellement porteuses de nos avancées sociales.

Une révolution chasse l’autre et aucune n’a jamais rien durablement changé à l’ordre fondamental des choses, pas plus qu'à la nature humaine. D’ailleurs, qui de nos jours peut sérieusement imaginer qu’au lendemain de l’aboutissement de la lutte finale, le grand partage ayant eu lieu, la terre ne serait pas peuplée de ceux qui sauraient faire fructifier leur part et de ceux pour qui elle sera toujours insuffisante ? Sauf bien entendu régime dictatorial – avec lui aussi un sommet dominant sa base – encore plus insupportable à l’homme que les pires inégalités.

En fait, la pyramide sociale inversée n’est pas davantage une pyramide que la représentation d’une société, ni même d’un projet de société. Elle est tout au plus une utopie, sortie d’esprits s’imaginant qu’il suffit de modifier la représentation d’un état de fait pour modifier ce dernier, à la manière de ceux qui suppriment leurs opposants, brûlent les écrits de ceux qui les contredisent ou mettent simplement en cause leurs certitudes ; ou encore s’imaginent éradiquer ce qu’ils considèrent comme des maux en soustrayant des dictionnaires et des constitutions les mots qui les désignent.

C’est son incommensurable vanité et la frustration qui conduisent l’homme à nier sa condition et à négliger que richesse et pauvreté, toujours relatives et existant l’une par l’autre, structurent la société. Après les hasards de la naissance de chacun, ses capacités faites de courage, de talent, d’ambition, de chance, de désir d’innover et d’entreprendre, de goût du risque, etc. sont des différences que le nombre suffit à rendre toujours plus difficiles à compenser intelligemment et durablement.

 

— Le même article avec illustrations

https://docs.google.com/document/d/1SBCbKMInQ3x0nEhB1EkU-LGXi0FR2GhMb2RjqHihhYw/edit

— Avec ou sans G7, Piketty et bien d’autres, vaincre la pauvreté et les inégalités sociales, rien ne change !

https://docs.google.com/document/d/1AH7rPVc27X7P52rgIpaaQo-gzhDhRVWHkETb_GuRW0I/edit

— Pour un Revenu Universel Minimum et Inconditionnel – Le RUMI

https://docs.google.com/document/d/1zaf8g5oOnn31v-pyjiNjBL5wLcYrT2PbKvZwum3BWqA/edit

— https://pyramidologiesociale.blogspot.com


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14 réactions à cet article    


  • confiture 1er octobre 2019 18:06

    déja publié



      • Claude Courty Claudec 1er octobre 2019 18:15

        @Séraphin Lampion

        Ça vaut d’être d’être Conseiller municipal de Moulinsart et copain de Haddock, non ?
         


      • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 1er octobre 2019 19:04

        oh mais oui


      • Désintox Désintox 1er octobre 2019 23:48

        Comme si nous n’avions le choix qu’entre l’égalité parfaite et des inégalités extrêmes.

        Le débat sur l’amplitude des inégalités qu’on peut tolérer ou non est parfaitement légitime. La mauvaise santé de la société nous montre que leur niveau est très excessif.


        • Claude Courty Claudec 2 octobre 2019 03:24

          @ Désintox

          N’est-ce pas précisément parce que nous n’avons pas le choix, que nous aurions dû cesser depuis longtemps de nous comporter comme si nous l’avions ?

          Pour ce qui est de son état de santé, je crois pour ma part que c’est parce que celui de la société (sa prospérité générale) est démesurément “bon” – il peut se mesurer à l’hypertrophie de la pyramide sociale (population) et de sa richesse collective aussi excessive que mal partagée pour d’incontournables raisons structurelles – qu’elle est atteinte d’une apoplexie (Arrêt plus ou moins complet de toutes les fonctions cérébrales provoquant la perte de la connaissance, la paralysie totale ou partielle sans suspension de la respiration et de la circulation du sang, selon le TLF/CNRS) qui aboutira au collapsus amplement annoncé.

          En attendant, dans une ignorance, voire un refus obstinée de sa propre condition, l’homme se livre à l’une de ses occupations favorites qui est la désignation de coupables.


          • Captain Marlo Fifi Brind_acier 2 octobre 2019 09:33

            @Claudec
            Si la France n’a pas encore connu le destin funeste de l’ Espagne ou de la Grèce, elle le doit au modèle social issu du CNR, particulièrement redistributif.

            Au lieu de le défendre par la sortie de l’ UE, il se trouve de bonnes âmes, surtout à Gauche, qui essayent de trouver des subterfuges pour après le désastre.
            Histoire de se donner bonne conscience, sans doute.

            C’est ce modèle social auquel les Français sont particulièrement attachés, que le néolibéralisme européen veut voir disparaître, et réforme après réforme, chaque morceau de ces acquis sociaux passe à la trappe.
            C’est ce que le MEDEF demande depuis 1945.

            Chaque année, la Commission européenne envoie une feuille de route au gouvernement français, pour qu’il détruise le droit du travail, la sécurité sociale, les retraites par répartition, qu’il fasse des économies budgétaires (sauf pour les riches), qu’il bloque les salaires et les pensions, qu’il privatise (cela s’appelle « recettes exceptionnelles » en novlangue bruxelloise) etc


          • Sparker Sparker 2 octobre 2019 10:25

            @Fifi Brind_acier

            "C’est ce modèle social auquel les Français sont particulièrement attachés,

            "

            Apparemment il s’adapte bien au macronisme, le peuple français...
            Les trente glorieuses ont fait beaucoup de mal et il reste des traces.


          • Captain Marlo Fifi Brind_acier 2 octobre 2019 11:32

            @Claudec
            Les Gilets jaunes et le mécontentement persistant ont dû vous échapper ...
            Mais ils n’ont pas échappé au gouvernement.

            Matignon a commandé pour 13,9 millions d’euros de sondages.
            Le gouvernement surveille l’opinion publique comme le lait sur le feu. Macron devait faire passer la réforme des retraites cet automne, elle est repoussée après les élections municipales. Si les sondages montraient l’accord de la population, elle serait déjà votée.


          • Désintox Désintox 2 octobre 2019 13:37

            @Claudec
            Seule la réduction des inégalités permettra de s’attaquer aux pathologies de la société  : drogue, délinquance, haines, chômage, pauvreté, misère, surconsommation, pollutions, réchauffement, isolement etc.


          • Claude Courty Claudec 2 octobre 2019 17:52

            @Fifi Brind_acier

            Qui dit le contraire ?
            Le problème est d’employer des moyens plus intelligents qu’une lute des classes dont l’impuissance est prouvée par 2 000 ans d’histoire


          • Claude Courty Claudec 2 octobre 2019 10:08

            L’avenir de l’humanité est dorénavant d’ordre planétaire et se confirme chaque jour un peu plus comme tel, en raison d’une irréversible mondialisation, ou globalisation, résultant elle-même d’un progrès – notamment en termes de communications, d’échanges et de circulation des individus – répondant à leur désir de toujours améliorer leur condition.

            Toutes les nations sont entrées dans cette spirale, avec ou sans l’Europe et autres pouvoirs, quels qu’ils soient.

            Quant à l’Espagne et à la Grèce, leur rétablissement semble en bonne voie, précisément grâce à cette globalisation qui pour elles, comme pour la France, commence avec l’Europe mais ne s’y limite pas.

            Ceci dit, d’autres dangers bien plus importants guettent cette civilisation en voie de mondialisation.


            • Captain Marlo Fifi Brind_acier 2 octobre 2019 11:36

              @Claudec
              L’avenir de l’humanité est dorénavant d’ordre planétaire


               
              Je crois que vous confondez vos désirs avec la réalité.
              Les Français sont le peuple le plus opposé du monde à la mondialisation !


            • Claude Courty Claudec 2 octobre 2019 17:59

              @Fifi Brind_acier

              Qui a parlé de désirs ou de préférence pour la globalisation  ? Je nen manifeste aucune, me contentant de rappeler une évolution et une situation mondiale irréversibles, que leurs répercutions plaisent ou non, aux Français comme aux citoyens de toutes les nations, car toutes sont concernées.

              Quant aux gilets jaunes, ils ne sont qu’une infime partie de tous ceux qui réagissent à cet état de fait partout sur la planète, après avoir été tous demandeurs d’un progrès dont ils sont maintenant victimes (et ce n’est qu’un début). Des manifestations, des grèves et des défilés dont les membres ont une conscience plus ou moins précise de la nature et surtout de l’origine exacte de leurs revendications, il y en a partout dans le monde et ce n’est pas un pays qui représente moins de 1% de la population mondiale qui y changera quoi que ce soit, en dépit de ce qui lui reste de leadership.

              Le vin est tiré, il faut le boire.

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