Rendez-moi ma part de catho !

La cote de confiance du satrape touche le fond de la piscine. 22% des français croient encore en lui selon le dernier sondage en date. On ne rit plus du tout du côté du faubourg Saint-Honoré. A force d'accumuler les bourdes et de multiplier les preuves d'incompétence, il y a désormais le feu au lac. Faut vite trouver un pompier de service. Mais Hortefeux est cramé, MAM incinérée, Boillon en slip et Fillon toujours transparent. Heureusement, il reste Patrick Buisson, le conseiller spécial, jamais à cours d'une idée douteuse. C'est lui, l'ancien dirigeant de Minute, le baveux d'extrême droite, qui, d'après le résident de la république himself, l'avait fait gagner aux présidentielles de 2007... Et ce, en chassant honteusement sur les terres du Front National.

Quand tout fout le camp, quoi de plus naturel que de stigmatiser les peurs les plus viles. Le bonhomme à la monture cerclée est passé maître dans l'art de la chose. Le bourbier nauséabond sur l'identité nationale, dans lequel s'était piteusement enlisé Eric Besson, c'était déjà une de ses trouvailles. A la veille du houleux débat sur l'Islam lancé par Copé et rebaptisé rapidement, après moult protestations au sein même de la majorité, débat sur la laïcité, le fumeux stratège a remis le couvert en soufflant au chanoine de Latran d'effectuer un tour de France des hauts-lieux du cléricalisme.

Ainsi jeudi, l'agité du château visitait la cathédrale du Puy-en-Velay, étape incontournable du pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle. Dans ce bled culte des grenouilles de bénitier, il a vanté les mérites de la chrétienté, affirmant qu'elle avait laissé à la France "un magnifique héritage de civilisation." Il a déclaré que le "premier devoir" est de "conserver et restaurer" cet héritage, une "mission à laquelle l'Etat ne peut et ne doit se dérober".

La messe est dite. L'héritage de la chrétienté doit être restauré par l'état ! Ni plus ni moins. Et comme pour mieux justifier ce véritable pavé dans la mare laïco-républicaine, il a naïvement ajouter dans un ixième haussement d'épaules : "président de la République laïque, je peux dire cela parce que c'est la vérité". On comprend désormais parfaitement le ton que va prendre le pseudo-débat sur la laïcité. La chrétienté sera érigée en modèle de référence et face à elle, l'Islam jouera le rôle de vilain petit canard. Rien de nouveau sous le soleil de Satan...

Petit détail à divulguer : à l'instar de Brice H., son ami de trente ans, Sarkozy n'aime pas les "auvergnats". Queques mois après son élection de 2007, il se serait laissé aller en présence de de Bertie Ahern et de Fredrik Reinfeldt, respectivement premiers ministres d'Irlande et de Suède à l'époque, à une charge aussi confuse que choquante contre les musulmans. Il avait dénoncé leur "trop grand nombre en Europe" et annoncé de manière prophétique un "choc des civilisations". Même Eric Zemmour aurait bu du petit lait à l'écoute de cette diatribe...

Comme par hasard, quelques heures avant le très habité discours du Puy-en-Vezelay, Luc Chatel, voix de son maître et ministre de l'Education Nationale, annonce que les mères musulmanes portant le voile se verront interdire d'accompagner les sorties scolaires de leurs enfants. On parle bien d'un simple voile et non de la burka. La veille, Laurent Wauquiez, autre perroquet et ministre des Affaires européennes, estimait que la France devait "assumer son identité, son histoire et ses racines chrétiennes". Ajoutons à cette harmonie lyrique que la laiteuse Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Ecologie confiait récemment à l'hebdomadaire chrétien La vie une saillie quasi-mystique : "les liens entre écologie et spiritualité sont multiples. Dans le passé, il y a eu un autre point de tangence entre les deux concepts, moins présent dans le débat public ces temps-ci : l’émerveillement devant la Création."

On sent confusément que tout ce petit monde, à défaut d'avoir des idées pour sortir la France du marasme, essaie par tous les moyens de lui dicter des bondieuseries. L'idée est évidemment de récupérer l'électorat bigot qui s'est lassé de la vulgarité et du comportement bling bling du chef de l'état, qui n'a pas vraiment apprécié l'épisode estival de la chasse aux Roms et qui se laisserait bien tenter par une séquence Marine. Rendez-moi ma part de catho semble crier à la blonde héritière un Sarkozy déliquescent. Cerise sur le gâteux, il assistera le 1er mai prochain à la béatification de Jean-Paul II. Histoire d' enfoncer un peu plus le clou, le comble pour un chrétien !