Quelques nouvelles des Papous
On connait mal l'Indonésie, mais on connait encore moins bien la Papouasie qui, comme bien des territoires de "peuples premiers" a été disloquée par les puissances colonialistes et a bien du mal à retrouver son unité dans le cadre des états modernes hérités de ce passé colonial.
Or, pour comprendre les communiqués de presse, il faut être très attentif aux nuances pour ne pas se fourvoyer car, par exemple, la dénomination "Papouasie Occidentale" peut désigner, suivant le contexte, deux territoires distincts :
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La moitié ouest de la Nouvelle-Guinée est souvent appelée aussi Papouasie Occidentale. Il s'agit d'un un territoire annexé en 1969 à la suite d'un référendum considéré comme frauduleux par nombre d'observateurs, qui s'étend sur 420 540 km² et correspond au territoire de la Nouvelle-Guinée néerlandaise. La principale ville, bâtie lors de la colonisation hollandaise, appelée alors Hollandia, a été rebaptisée Jayapura par la junte militaire indonésienne, mais les indépendantistes papous lui préfèrent le nom de Port Numbay. Ce territoire fait actuellement l'objet d'un conflit indépendantiste.
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Une province indonésienne, créée en 2003 et qui s'appelle Papua Barat, nom qui peut également se traduire en français par Papouasie Occidentale. La principale ville est Manokwari. C'est cette province qui fait l'objet de l'article.
Les séparatistes de Papua Barat ont publié des photos et des vidéos d'un homme qui, selon eux, est le pilote néo-zélandais qu'ils ont pris en otage la semaine dernière.
Phillip Mark Mehrtens de Christchurch, pilote de la compagnie aérienne indonésienne Susi Air, a été enlevé par des combattants de l'indépendance de l'Armée de libération de la Papouasie occidentale, la branche armée du Mouvement de Papouasie libre, qui ont pris d'assaut son avion monomoteur peu après son atterrissage sur un petit piste à Paro dans le district reculé de Nduga.
L'avion, transportant cinq passagers, devait récupérer 15 ouvriers du bâtiment qui construisaient un dispensaire à Paro après qu'un groupe de rebelles séparatistes dirigé par Egianus Kogoya ait menacé de les tuer, a déclaré Namia Gwijangge, chef du district indonésien de Nduga.
"Notre plan d'évacuation des travailleurs a provoqué la colère des rebelles, qui ont réagi en mettant le feu à l'avion et en saisissant le pilote", a déclaré M. Gwijangge, qui était d'ailleurs l'un des passagers. "Nous regrettons profondément cet incident."
L'avion est le seul moyen pratique d'accéder à de nombreuses parties de la région montagneuse.
Les rebelles ont libéré les cinq passagers parce qu'il s'agit de Papous indigènes, a déclaré le porte-parole des rebelles Sebby Sambom qui a envoyé mardi à l'Associated Press des vidéos et des photos montrant un groupe d'hommes armés, dirigé par M. Kogoya, mettant le feu à l'avion sur la piste.
Assis dans le cockpit de l'avion, M. Kogoya a déclaré avoir pris le pilote en otage dans le cadre de la lutte "pour libérer la Papouasie" de l'Indonésie.
Mardi, une autre vidéo montrait un homme identifié comme M. Mehrtens debout dans une forêt entouré d'un groupe de personnes armées de fusils, de lances et d'arcs et de flèches. Dans une troisième vidéo, l'homme a reçu l'ordre des rebelles de dire : "L'Indonésie doit reconnaître que la Papouasie est indépendante".
"Je l'ai pris en otage pour l'indépendance de la Papouasie, pas pour me procurer de la nourriture ou des boissons", a déclaré M. Kogoya dans la vidéo avec l'homme debout à côté de lui. "Il sera en sécurité avec moi tant que l'Indonésie n'utilisera pas ses armes, que ce soit dans les airs ou au sol."
Le ministre indonésien chargé de la coordination des affaires politiques, de la sécurité et des affaires juridiques, Mohammad Mahfud, a déclaré que le gouvernement mettait tout en œuvre pour persuader les rebelles de libérer M. Mehrtens "parce que la priorité est la sécurité de l'otage".
"Prendre des civils en otage pour quelque raison que ce soit est inacceptable", a déclaré M. Mahfud dans une vidéo mardi soir. Il a déclaré que la persuasion est la meilleure méthode pour assurer la sécurité des otages, mais que "le gouvernement n'exclut pas d'autres efforts".
Il a rappelé la position du gouvernement selon laquelle la Papouasie fait partie de l'Indonésie en déclarant : "La Papouasie restera à jamais une partie légitime de l'état unitaire de la République d'Indonésie".
Le ministère néo-zélandais des affaires étrangères et du commerce a déclaré aujourd'hui qu'il était au courant des photos et des vidéos en circulation "mais ne commentera pas davantage à ce stade".
À suivre...
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