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Accueil du site > Tribune Libre > Pratiquer un sport de vieux pendant la COVID-19

Pratiquer un sport de vieux pendant la COVID-19

Prise 1

Depuis l'arrivée de la COVID-19, les livreurs de médicaments se suivent mais ne se ressemblent pas. Le premier qui s'est présenté, un pur inconnu en campagne, a sonné mais n'est pas entré. J'ai dû aller chercher le petit sac de médicament dehors. Il me l'a tendu d'un bras si tendu qu'on aurait dit un nouveau mouvement de Bruce Lee.

C'est à s'ennuyer de notre "régulier" qui entrait en sifflant, vantait les odeurs du souper et le temps superbe ou merdique. Il a dû est envoyé au front dans les villages voisins. Mais je me doute qu'on l'a entraîné à une nouvelle réalité : la distance. Et avec elle, la froideur et le silence.

La COVID-19 fait perdre des emplois, mais elle en crée. Les vieux ne vont plus à la pharmacie. Alors, il faut d'autres livreurs. Quelques uns des personnels ( j'adore cette perle parmi les trouvailles des appellations bizarroïdes aux fins de classement des travailleurs) de la pharmacie vont sans doute aller au chômage.

Prise 2

Quelques jours plus tard, même scénario avec un nouveau livreur. Dans un village de 3,550 âmes et quelques dizaines d'ânes, il est surprenant de voir des visages nouveaux. Il a l'air gentil. On voit tout de suite qu'il a été formé à la même procédure que le premier. Il a tendu son bras de toute sa longueur pour que je saisisse le sac. Il avait sonné, n'était pas entré et m'a demandé de dévoiler mon identité. Au nom qu'il avait prononcé, c'est certain : c'était moi. Alors le "moi" s'est étiré le bras pour attraper le petit sac. Il était malingre avec un bras tellement long que je me suis dit qu'il n'y avait pas que la justice qui avait le bras long : certains livreurs aussi.

Prise 3

Ayant saisi que nous étions en crise et qu'il fallait se distancer les uns des autres je me suis souvenu que j'avais retrouvé, l'été dernier, dans le garage, le vieux gant de Baseball de mon fils. Alors, j'attendrai le troisième livreur d'un gant ferme. Après tout, qui me dit qu'un livreur qui va visiter 50 malades par jour n'est pas plus dangereux que moi. Alors je le guetterai, surveillerai son auto, puis je sortirai avec mon gant et je lui demanderai de me le lancer à au moins 4 ou 5 mètres.

Je sais, j'aurai l'air stupide. Mais la COVID-19 c'est tout un sport. Et en campagne, si tu veux survivre, il faut davantage se méfier des "gant-dira-t-on".

Gaëtan Pelletier

En prime, une pensée :

Médicament : substance en poudre, en gélule, en comprimé ou en liquide, bon pour la maladie, mais mauvais pour la santé.


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4 réactions à cet article    


  • velosolex velosolex 16 mai 2020 14:54

    Comme la voiture du facteur approchait, j’ai voulu aller chercher la lettre qu’il avait en main, plutôt que de la faire aller jusqu’à la boite aux lettres.

    A son air stupéfait, j’ai devine qu’il y avait un blême. Il m’a tendu la lettre, en allogeant lui aussi le bras, en reculant sa tête, comme un soldat la remettant à son officier, mais s’en claquer des talons. 

    Tout cela me laisse un peu stupéfait !

    Il y a plusieurs façons d’être malade. Il me semble qu’on perd nos défenses immunitaires, et en tout cas notre équilibre mental, en surjouant pareillement. Je vis moi dans les monts d’Arrée, un des espaces les mons habités et les moins touchés de France...J’ai entendu ce matin à la radio que les gamins de soignants étaient parquées maintenant que les autres ont repris les cours, parfois dans des classes spéciales. Les enseignants sont ils devenus dingues, pour ressusciter l’apartheid ? Après avoir fustigé le centralisme, certains le ressuscitent de la pire manière, en marchant au pas de l’oie confiné, quel que soit le poulailler où l’on vit !

    Ce n’est plus gare au gorille, mais gare au mammouth !


    • Gaëtan Pelletier Gaëtan Pelletier 16 mai 2020 16:08

      Oui, on surjoue un peu... Ici, dans mon petit village, on a déjà cette distance. Mais il y a la crainte ou le devoir de se distancer davantage smiley . Ici également c’est un endroit les moins touchés. On verra dans quelques mois, si les touristes arrivent, s’il ne faut pas se distancer d’eux qui fuient en campagne. Quand ils en ont les moyens. Les pauvres de Montréal n’ont pas cette chance. 

      Bonne journée ! 


      • ETTORE ETTORE 18 mai 2020 14:26

        Le seul sens qui est exacerbé en ces temps occlusifs, est l’ouïe !

        Et qu’est ce qu’on entend comme jérémiades à longueur de journée !

        A force, les autres sens, le toucher ( verboten), la vue (occultée des autres), la parole (étouffée), la respiration ( entravée)

        (Alors qu’on nous jurait mordicus que seul le goût et l’odeur étaient absents)

        Tout cela crée un déséquilibre, que l’ouïe ne peut résorber à elle seule.

        Alors, je crains que l’on ne devienne hypersensible, dans les temps à venir, à ce qu’on nous raconte, et que l’on veuille faire la part belle à tous les « sens » qui maintenant sont prisonniers.


        • Gaëtan Pelletier Gaëtan Pelletier 18 mai 2020 16:04

          Bien d’accord. Avec la télé 24 heures, la radio et les « spécialistes », on risque de souffrir d’une écoeurite aigue. 

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